Chapitre XVI

Je me dépêche d'ouvrir la porte, terriblement enthousiaste.

- Fanny !

Ma soeur se jette dans mes bras. Ses boucles me chatouillent le visage et je sens de nouveau quelques larmes qui sont entrain de s'échapper. Je l'attrape par les épaules pour la regarder. Elle est bronzée ce qui fait ressortir ses yeux verts, et je peux remarquer, malgré la pénombre, qu'elle a fait une coloration qui tire vers le roux. Adieu son blond californien radieux, et place à la fougue du roux.

- Mais que fais-tu ici ?

Je l'aide à attraper ses valises sur le palier pour les mettre à l'intérieur.

- J'avais envie de te voir, alors j'ai sauté dans le premier avion et me voilà pour le week end !

- Et, d'où te vient ce teint halé ?

- Oh ... Zac et moi sommes partis une semaine dans les Caraïbes.

- Zac ?

- Oui, c'était mon petit ami.

Encore un.

- Pourquoi « c'était » ?

J'utilise mes doigts pour mimer des guillemets lorsque je la cite.

- Parce qu'on s'est séparés hier, à l'hôtel. Il s'avère qu'il a couché avec ma prétendue amie, Melody avant qu'on ne parte en vacances.

- Donc, tu as sauté dans le premier avion pour venir ici et te changer les idées ?

- Un peu, mais surtout pour te voir !

Fanny est toujours très naturelle, et même si me voir n'est pas la seule raison de sa venue, cela me fait plaisir qu'elle soit là, et encore plus qu'elle se confie à moi sur ses problèmes. Je vais chercher des verres et du jus de fruit dans le frigo, quand elle prend place sur le sofa, face à la télévision dont j'ai baissé le son.

- Comment tu te sens ?

Je prends des nouvelles de Fanny sur son état, à chaque fois qu'une de ses relations s'achève, elle passe par une courte période de tristesse exacerbée. Fanny est plus amoureuse de l'idée d'aimer que de la personne qui partage sa vie.

- Etonnamment, bien.

Alors là, elle me scie.

- Mais encore ?

- Et bien ... Je suis blessée parce que je n'ai pas perdu qu'un amour, j'ai aussi perdu une amitié, mais je n'ai pas de regret. J'ai passé de bons moments avec Zac, et je suis heureuse d'avoir mis moi-même un terme à notre histoire.

Elle a énormément murie, et cela me surprend beaucoup. Je replis mes jambes en tailleur, et vois que Fanny faisait de même. Elle boit une gorgée avant de reprendre.

- Evidement que je suis triste, mais je ne vais pas pleurer pour lui, pas cette fois-ci. Honnêtement, pourquoi est-ce que je pleurerais pour un type qui m'a trahi ?

Sa réflexion me touche, en un sens. Je vois ma petite soeur évoluer sous mes yeux encore ébahis, et je suis incroyablement fière d'elle.

- Tu as raison. Tu finiras par trouver le bon, Fanny.

- Je sais, Edye.

Les yeux de Fanny fixent un point sans vraiment le voir. Elle est encore émue, et c'est compréhensible, mais elle fait preuve d'une force que je ne lui connaissais pas.

- Sinon, comment ça va à la maison ?

- Oh, tu sais, papa et maman vont bon train ! Ils sont heureux et cela fait du bien de les voir ainsi. Ils demandent souvent si nous avons eu de tes nouvelles. Tu leur manques beaucoup, penses à leur rendre visite un de ses quatre !

- Cela fait parti de mes projets. Et Mayson ?

- Il est vraiment triste. Il ne le dit pas, mais ton départ l'a beaucoup affecté.

Je sens un pincement au coeur. Mon frère est mal, et c'est de ma faute.

- Même si je suis là pour lui, nous savons toutes les deux que tu es celle dont il était la plus proche ! Je le suspecte de vouloir s'installer ici.

- Tu crois ?

J'affiche un large sourire, cette perspective m'enthousiasme au plus haut point ! Je n'ai pas de famille ici, et même si j'ai plusieurs amies, il m'arrive de me sentir seule. La présence de Mayson serait un point d'ancrage pour moi. Elle incline la tête sur le côté, et un étrange sourire s'étire sur ses lèvres. Je peux deviner à la lueur de son regard qu'elle ne va pas tarder à me poser une question qui la démange.

- Alors ? Comment va le beau fils de ton patron ?

Fanny a toujours était de nature curieuse. Mais j'ai encore beaucoup trop de doutes pour pouvoir en rire aujourd'hui.

- Je suppose qu'il va bien.

- Tu supposes ?

- Oui, il a travaillé chez lui aujourd'hui, alors je ne peux pas le savoir.

Fanny me fait de grands yeux ronds, elle aspire légèrement l'intérieur de ses joues en ouvrant faiblement la bouche. Cela lui donne un air faussement étonné.

- Tu vas me dire que tu n'as rien tenté avec lui alors qu'il te plait ?

- Je n'ai pas envie de parler de ça pour l'instant, Fanny.

- Tu as vraiment besoin que je te donne des cours en matière d'homme.

Je ris, plutôt gênée par sa remarque qu'autre chose. Déjà que Laura est sur mon dos au sujet d'Harry, si Fanny s'y met aussi, je vais finir par ne plus pouvoir m'en sortir. Surtout que Fanny n'a aucune idée de ce qu'il s'est passé avec Harry, et elle serait surprise de savoir que le mystérieux Matthew me fait aussi tourner la tête.

Nous finissons par discuter de sujets plus légers durant plusieurs heures avant d'aller nous coucher. J'ai une chambre supplémentaire dans laquelle Fanny va pouvoir dormir le reste du week end.

    Ce n'est pas le réveil qui me tire de mon sommeil, mais Chaussette qui pleure. En regardant l'horloge, je peux constater, à mon grand étonnement qu'il est onze heures et quart. À cette heure, il réclame pour sortir. Je prends soin de ne pas réveiller Fanny qui dort à point fermé, et sors promener mon chien. Sur le retour, je passe dans une boulangerie française florissante pour prendre des viennoiseries pour le petit déjeuné.

    Lorsque j'ouvre la porte d'entrée, je la vois assise, ses deux petits yeux s'ouvrirant difficilement.

- Debout marmotte ! Il est midi et on va prendre le petit déjeuné !

- Hum ...

Nous nous attablons, je n'ai pas besoin de prendre des gants le matin, si je veux discuter avec Fanny, elle est disposée à parler à n'importe quel moment de la journée, même en dormant ! C'est un vrai moulin à parole.

- Bien dormi ?

- Oui, mais j'ai rêvé de Zac ... Merci pour le petit déjeuné Edye, demain ce sera pour moi !

- Et demain tu dormiras encore. Tu veux me parler de ton rêve ?

Elle secoue la tête en signe de désapprobation tout en prenant un gros morceau de pain au chocolat entre ses dents.

- Dis moi, tu as une robe de cocktail dans ta valise ?

Fanny lève des yeux interrogateurs vers moi, je dois déchiffrer sa réponse puisque sa bouche est remplie de nourriture.

- Bien, alors nous irons faire les boutiques cet après-midi pour nous en trouver à toutes les deux !

Elle déglutit rapidement.

- Pourquoi en avons-nous besoin ?

- Ce soir il y a le cocktail annuel du cabinet dans lequel je travaille.

- Donc je vais rencontrer ton mystérieux supérieur ?

- Il n'est pas encore mon supérieur, et oui, tu vas le rencontrer, mais pas un mot ou je te tue.

- À vos ordres mon général !

    Nous faisons ce qui me semble être toutes les boutiques de New-York. Je suis épuisée et il n'est que quinze heures. Nous avons toutes les deux trouvé nos tenues idéales, mais nous ne voulons pas nous les montrer pour garder l'effet de surprise et préférons retourner à l'appartement se reposer un peu avant les festivités.

    En fin d'après-midi, nous commençons à nous préparer. Fanny retravaille ses boucles de façon à ce qu'elles soient plus disciplinées et plus floues. Je la maquille, et opte pour un maquillage relativement léger, une poudre irisé sur les paupières avec un trait de liner soulignant parfaitement son regard, et sa bouche recouverte d'un rouge à lèvre mat bordeaux. Lorsqu'elle sort de la salle de bain, je n'en reviens pas. Elle est magnifique dans une robe longue et fluide bleu dur. Quelques strass sont parsemés sur le décolleté de la robe à bretelles. Sa robe est si longue qu'on ne voit pas ses petits escarpins.

- Fanny, tu es magnifique, une vraie enchanteresse !

- Merci ...

Puis elle lève son regard vers moi, son expression change.

- Mon dieu, Edye, tu es si belle !

Elle me détaille de la tête aux pieds. J'ai fais une coque avec mes cheveux sur le sommet de mon crâne, ce qui permet de bien voir mon smocky eye et mes lèvres légèrement rosées. Mes yeux verts sont parfaitement mis en valeur de la sorte. Ma robe est longue et noire, le dos est tout en dentelle, et cette transparence continue sa course jusqu'aux abords de mon ventre, et à l'encolure. Elle est fendue jusque mi-cuisse, et sa longueur permet juste de voir mes escarpins bordeaux. J'ai assortis le tout avec une pochette anthracite qui est suffisamment grande pour y glisser un peu d'argent et mon téléphone. Je ne suis jamais autant sortie que depuis mon arrivée à New-York, toutefois, je vais me rendre dans les locaux où je travaille, alors je ne vais pas nécessairement me sentir dépaysée.

Je reçois un message de Laura me disant qu'elle a hâte de me présenter Chris. Stephanie aussi m'a envoyé un message me disant qu'elle a été convié ainsi que Jamie, et qu'elle s'est accordée la liberté d'inviter Gavin, pour moi. Quel cadeau ! Elle ne doit pas avoir compris que Gavin ne m'intéresse pas du tout, mais je pouvoir mettre à profit cette situation afin de tirer au clair cette histoire avec Matthew. Comment diable peuvent-ils se connaitre d'ailleurs ?

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