Chapitre VIII

- Allo ?

- Princesse !

- C'est une erreur.

Alors que je m'apprête à raccrocher, la voix dans le combiné reprend d'un air amusé.

- C'est comme ça qu'on remercie son sauveur ?

Après un bref instant de réflexion, je devine l'identité de mon interlocuteur.

- M... Matthew ? Mais comment ...?

- J'ai profité de ton sommeil pour subtiliser des informations dans ton téléphone, comme ce numéro par exemple.

Non mais c'est pas vrai ! Quel culot ! Comment a t-il pu oser ?

Je prends la direction de Central Park. De nuit, c'est désert et je sais que Chaussette va pouvoir courir librement, et me défendre si le besoin s'en fait ressentir ...

- C'est une blague ? Qu'est ce que tu as pris d'autre ?

- Et si tu voyais par toi même ?

- Non, pas maintenant, je suis occupée.

La conversation est aussitôt coupée par des tonalités qui raisonnent dans mon oreille et je regarde mon écran, complètement abasourdie par son comportement.

- Non mais pour qui il se prend, lui ?

- Je ne sais pas, un goujat peut être ?

Je me retourne brusquement en criant. Il est là, à rire à gorge déployée. La peur que je viens de ressentir me fait monter une bouffée d'adrénaline, si bien que m'a main s'abat violemment contre sa joue dans un bruit sourd avant même que je ne m'aperçoive de mon geste. Puis je presse ma poitrine, comme pour tenter de calmer mon coeur qui tambourine si fort qu'il risque d'imploser.

Il se met à rire de plus belle, ce qui a le don de m'agacer.

- Mademoiselle a du caractère ?

- Tu me suis ?

Il me regarde un instant, dubitatif. Un nouveau sourire cruel se dessine sur ses lèvres, et il ajoute en m'adressant un clin d'oeil complice.

- J'avais quelque chose à régler dans le coin, mais quand je t'ai vu, je me suis dis que ça pouvait attendre. Et puis, j'aime suivre de charmantes jeunes filles dans les parcs déserts pour les surprendre ...

Au même moment, Chaussette revient avec un bâton qu'il dépose aux pieds de Matthew pour qu'il lui renvoi. "Traitre" pensé-je, tu parles d'un chien de garde !

- Salut toi, comment tu t'appelles ? Lui demande t'il en le caressant sur le haut de la tête.

- Chaussette.

Il tourne son visage dans ma direction avant de reprendre.

- Elle est très belle. Pas autant que toi cela dit.

Il essaye encore de jouer de ses charmes, mais pour le coup, c'est raté, et je croise mes bras sur ma poitrine pour manifester mon mécontentement.

- Bien que je sois particulièrement flattée d'être comparée à mon chien, je tiens à souligner le fait que celui-ci est un mâle.

Il me lance un regard emprunt d'incompréhension et de perplexité. Oui, c'est une Chaussette masculine, et alors ? Mais il ne dit rien, et se retourne pour lancer le fameux bâton en affichant le même sourire que ceux des enfants qui s'amusent avec un chien quand leurs parents refusent d'en adopter. Il ne se moque pas de son petit nom et je l'en remercie intérieurement. Cela me rend toujours triste que l'on s'amuse de mon chien, et je deviens comme une maman ours prête à défendre son bébé, je sors de mes gonds.

- Je t'appelais tout à l'heure pour te proposer que l'on aille dîner ensemble demain soir, qu'en dis-tu ?

Mon cerveau est en pleine ébullition. Dois-je accepter de le revoir ? Est-ce qu'il se passe quelque chose avec Harry qui devrait m'empêcher d'avoir un rendez-vous avec un autre homme ? J'ai l'impression de jouer sur deux tableaux, cela ne me ressemble vraiment pas ... Je repense au mouvement de recul qu'Harry a eu lorsqu'il était sur le point de m'embrasser. Non, il n'y a rien entre nous. Et je me souviens également que Matthew m'a sauvé l'autre soir, d'autant qu'il me perturbe toujours autant, à la faible lueur des lampadaires. Il dégage une aura très attractive, je meures d'envie de me blottir dans ses bras en faisant glisser mes doigts dans sa chevelure brune. J'ai vraiment envie de le connaitre d'avantage, et après tout, je dois bien profiter de ma vie de célibataire, non ?

- Avec plaisir.

Malgré l'obscurité, je parviens à distinguer la blancheur de ses dents lorsqu'il sourit. Il est ravi. Et cela m'enchante tout autant.

- Alors je te récupérerai devant chez toi, à vingt heures. Mets ta plus jolie robe, je me darderai de te l'enlever. Tu es si appétissante.

Je suis véritablement stupéfaite par les derniers mots qui viennent de sortir de sa bouche. C'est la deuxième fois qu'il me voit et déjà il m'annonce la suite des événements qu'il me réserve ! Quel toupet !

- Matthew, ne me fais pas regretter d'avoir accepté. Je ne suis pas une glace que l'on peut déguster, alors garde tes remarques salaces pour ton esprit tourmenté.

Plus je le contredis, plus il sourit et semble d'apprécier ce petit jeu qui s'installe entre nous. « On ne me provoque jamais », ce sont les mots qu'il a prononcé le jour où je me suis réveillée chez lui et qui n'ont jamais quitté mon esprit depuis lors. Je l'intrigue parce que je ne me laisse pas marcher sur les pieds. Que se passera t-il quand je ne l'intriguerai plus ? C'est bien moi ça ! Notre potentielle histoire n'a même pas encore commencé que je redoute la rupture ! Je me sens idiote.

- On va bien s'amuser.

Il me regarde d'un oeil lubrique, passant sa langue sur ses lèvres. Je dois bien reconnaître que même si je suis un peu effrayée en cet instant à cause de notre solitude, de l'ambiance nocturne et de ses dernières déclarations, ce geste est loin de me laisser de marbre.

- Matthew ! Ris-je nerveusement en lui assenant un petit coup sur l'épaule.

Durant notre conversation, nous avons peu à peu regagné mon immeuble. Chaussette me fait comprendre qu'il a faim. J'aimerai bien continuer cette rencontre impromptue en lui proposant de monter, mais il va sans aucun doute mal interpréter l'invitation, alors je me ravise, un peu déçue.

- Ne m'oublie pas demain soir, Princesse.

Comment pourrais-je l'oublier ? Matthew n'est pas le genre d'homme que l'on peut facilement sortir de notre esprit.

- Je sens que je vais me prendre une gifle, mais tant pis. J'en rêve depuis que je t'ai vu.

Avant que je ne réalise le sens de ses mots, il me saisit par la taille et m'attire contre son torse puissant. Je devrais effectivement le gifler, mais je ne le fais pas. Sûrement parce que j'en ai tout autant envie, et je lui rends son baiser qui se fait plus intense, plus fougueux et désireux. Il caresse mon dos de ses mains, avant de prendre mon visage entre elles lorsqu'il me plaque contre la porte de l'immeuble. Je ne peux m'empêcher de le toucher aussi, les doigts d'une de mes mains s'enroulent enfin dans ses cheveux particulièrement doux, tandis que je fouille ses muscles, ses pectoraux parfaitement dessinés dont je rêve depuis que je l'ai vu sortir de sa piscine, de l'autre main. Ce souvenir ne fait qu'accentuer le désir qui nait dangereusement en moi en cet instant. Je l'entends pousser un grognement lorsque je le pousse à se rapprocher d'avantage de moi, ses hanches s'incorporant aux miennes. Je n'ai plus aucune raison, plus aucune mesure, et je ne lui dis rien lorsqu'il vient agripper mes fesses de ses mains puissantes pour me presser d'avantage contre lui. Je ne vois pas comment nous pourrions être plus proche en cet instant avec toutes les couches de vêtements qui nous séparent.

Les aboiements de Chaussette qui retentissent nous font l'effet d'une douche froide. Matthew se décolle de moi, et Chaussette vient s'asseoir sur mes pieds tout en fixant Matthew, comme pour me protéger. « C'est maintenant que tu te réveilles pour me protéger toi ? Tu ne pouvais pas choisir un autre moment ! » le grondé-je en silence. Matthew caresse gentiment la tête de Chaussette, surement pour lui faire comprendre qu'il m'attaquait pas. Puis, il prend la direction opposée et me lance nonchalamment.

- Vingt heures !

Si Fanny était là, elle serait fière de moi : c'est un véritable défilé d'homme dans ma vie. Mayson quant à lui se serait fait plus moralisateur, c'est pourquoi on aurait gardé le secret comme deux petites filles qui cachent une bêtise à leurs parents.

En me réveillant ce dimanche, je décide de proposer à Laura de prendre le déjeuner avec moi. Je ressens une véritable affection pour elle. Nous avons plusieurs fois discuté ensemble, notamment pendant nos pauses, si bien qu'un lien d'amitié commence à se tisser entre nous.

Elle se tient devant le restaurant du centre commercial dans lequel nous allons manger. Elle est ravissante dans sa petite robe rouge bordeaux ample avec des ballerines noires, ses cheveux bruns ondulés encadrent harmonieusement son visage. Quand elle m'aperçoit, elle me fait un large sourire accompagné de grands mouvements de bras. Elle semblait ravie au téléphone que je lui propose une sortie entre filles, et visiblement, elle n'a pas déchanté.

- Eden !

- Edye, s'il te plait.

- Ah oui, excuse moi, j'avais oublié.

Nous prenons une table et passons commande. Laura veut un poulet avec une sauce aux fraises, et devant ma grimace quant à ses goûts douteux, elle se sent obligée de se justifier.

- Que veux-tu ? Ce sont les aléas de la grossesse !

Nous nous mettons à rire et elle en profite pour me raconter les dernières paniques de son mari quant au bébé tout en se jetant contre le dossier de sa chaise, visiblement exaspérée.

- Il n'arrive pas à se mettre d'accord sur la couleur des murs pour notre fille, tantôt il veut du rose et la seconde d'après c'est du violet. Il veut lui prendre un ours en peluche, la seconde d'après il se dit qu'un Dauphin serait mieux. C'est un éternel indécis ! Et attends, ce n'est pas le pire ! Il n'ose même plus me faire l'amour de peur de taper le bébé, c'est ridicule et terriblement frustrant ! J'ai beau lui expliquer que la petite ne craint rien, qu'elle est comme dans une bulle, il ne veut rien savoir et ne me touche plus ! Alors on hausse le ton comme deux poules qui piaillent dans un poulailler !

J'imagine parfaitement la scène du père perdu au supermarché, en totale panique en choisissant une simple peluche, ou encore effrayé à l'idée de faire du mal à son bébé par quelconque moyen que ce soit ... Puis, mes pensées s'éclaircissent.

- C'est une fille ?

Ses yeux s'écarquillent quand elle comprend qu'elle vient de révéler ce qu'elle s'efforce de cacher à son entourage depuis plusieurs semaines.

- Non ! J'ai vendu la mèche !

Elle se prend la tête entre ses mains et commence à sangloter. Je n'aurais pas dû relever, il était évident que ses hormones allaient lui jouer des tours ... Alors que je m'apprête à la consoler en lui disant que je garderai le secret, elle relève la tête, comme si de rien était et reprend la parole, un sourire plaqué sur les lèvres.

- Tu veux venir dîner chez nous ce soir ? Je me rends compte que tu ne connais pas physiquement Chris, alors que je te parle de lui tout le temps, et que je lui casse les oreilles en lui comptant nos histoires de boulot !

Cette soudaine saute d'humeur me fait rire, mais je tente de ne rien laisser paraitre face à mon amie. Il ne manquerait plus qu'elle se remette dans tous ses états par ma faute.

- J'aurais bien aimé, mais ...

Elle me regarde, impatiente d'en savoir plus.

- J'ai un rendez-vous.

Maintenant elle est avide d'en connaitre les moindre détails. Elle remonte les coudes sur la table et croise les mains en posant son menton à la jointure. Ce geste, chez elle, signifie qu'elle ne me lâchera pas tant qu'elle ne connaîtra pas absolument toute l'histoire. Je lui raconte notre rencontre dans cette boite de nuit, lorsqu'il m'a sauvé de ce pervers dégoûtant dont le souvenir me fait encore frémir et je me rends compte que je décris Matthew comme un véritable héros ! Je lui parle de mon réveil chez lui et de ma séance « d'espionnage », ce qui ne manque pas de la faire pouffer de rire. Je lui parle également de la soirée dans le parc, hier, et de notre baiser très ... Chaud. Elle me donne l'impression de vivre ce que je lui confis. C'est bon d'avoir une amie à qui parler, à qui se confier.

- Un beau brun mystérieux ... Tu as intérêt à tout me raconter lundi, ou mardi au plus tard !

- Oui, bien sur, mais ce sera lundi parce que je pars en voyage d'affaire en France, dès mardi.

Un silence plane. Puis, elle me pose la question qui lui tourne dans la tête depuis qu'elle a entendu « voyage d'affaire en France ».

- Avec Harry ?

Voilà, nous y sommes.

- Oui, avec Harry.

Laura me regarde d'un oeil perplexe. J'espère qu'elle ne sera pas aussi perspicace que Fanny. Elle me lance un sourire espiègle et replie ses bras sur elle en s'enfonçant dans son siège.

- Alors, tu préfères les blonds ou les bruns ? Il faudrait choisir ma grande !

Je ne sais plus où me mettre. Je suis tellement gênée que je me trouve à l'affut d'un trou de souris dans lequel me cacher pour ne plus jamais en sortir. Devant mon silence tandis qu'elle rit franchement, je peux voir le visage de Laura changer totalement d'expression.

- Ne me dis pas que ... Harry te plait ?!

Laura a quasiment crié cette dernière remarque.

- Chuuuuut ! Arrête de crier.

Je regarde de tous les côtés pour m'assurer que personne ne nous ait entendu. Mon Dieu. Je deviens paranoïaque. Personne ici ne me connaît, pourquoi suis-je entrain de me soucier de ce qu'ils sont susceptibles d'entendre ?

- Il ne me laisse pas indifférente, oui.

- Mais encore ?

- Mais rien du tout !

Je marque une pause, sondant le regard de mon amie qui veut bien dire qu'elle sait qu'il y a une suite.

- L'autre fois on a faillit s'embrasser mais il s'est ravisé au dernier moment, j'en ai conclu que pour lui c'était une erreur, alors je me permets d'avoir des rendez-vous avec d'autres hommes. Et puis, en plus d'être bâti comme un apollon, Matthew sait ce qu'il veut. Sa détermination est captivante.

- Matthew ?

- Oui. Son prénom te parles ?

- Tu as un nom de famille ?

- Non, je ... Je n'ai pas pensé à lui demander.

Je me sens un peu bête. Il est vrai que je ne connais pas grand chose à son sujet. A part le fait qu'il soit beau à damner.

- Oui, j'imagine que quand tu te fais fougueusement embrasser dans l'embrasure d'une porte, tu ne penses pas à demander sa carte d'identité ! Tu pourrais faire les feux de l'amour à toi seule !

Elle boit une gorgée de café. Avant de répondre, elle lèche ses lèvres pour en récupérer le nectar susceptible de s'être accroché à sa lip.

- Tu as raison de ne pas te limiter à Harry, il est extrêmement gentil mais bien trop professionnel pour qu'il tente quelque chose. À moins que ce ne soit toi qui prenne les devants.

Me lancer, moi ? J'ai un gros doute sur ma capacité à prendre le taureau par les cornes. Je demeure pensive pendant de longues secondes, face à ma tasse de café devenue soudain particulièrement captivante. Son invitation de l'autre soir n'était pas déjà un premier pas ? Laura interrompt le cours de mes pensées.

- Puisque tu as un rendez-vous, ma belle, il va falloir passer par la case shopping et mise en beauté ! Je vais m'occuper de tout, quand il va te voir, il va tomber à la renverse, tu peux me croire !

Il faut que j'arrête de me torturer l'esprit, Laura a raison de m'embarquer dans cette session shopping.

Non seulement nous faisons les boutiques, mais elle me traine chez l'esthéticienne et la prothésiste ongulaire pour poser un vernis gel bordeaux violine. En fin de journée, elle me pousse même entre les mains d'un coiffeur pour qu'il me fasse un magnifique brushing wavy ; cette coiffure, ainsi que le produit qu'il a appliqué, subliment mes cheveux blonds méchés. Vers dix-huit heures trente, nous nous quittons devant le centre commercial, et je prends la direction de mon appartement à bord d'un taxi jaune. En arrivant, je promène rapidement Chaussette avant de me mettre sous le jet d'eau chaude de la douche pour me détendre en prenant soin de ne pas mouiller mes cheveux. Je me me maquille ensuite, appliquant un dégradé de fard à paupières violet afin d'accentuer le vert de mes yeux, ainsi qu'une pointe de rose sur mes lèvres. J'enfile ensuite mes achats du jour : une robe près du corps et manches longue bleu nuit qui s'arrêtent juste au-dessus des genoux, avec une paire d'escarpins Jimmy Choo gris perle et une pochette bordeaux.

Je me regarde une dernière fois dans le miroir, demandant l'approbation de Chaussette, lorsque la sonnette de mon appartement retentit. Je peux sentir mon pouls s'accélérer ostensiblement avant de sortir. Ce n'est rien qu'un rendez-vous, Edye, détends-toi, tu as déjà dompté de plus gros poissons que ça ! « Mais aucun ne s'appelait Matthew ... » me murmuré-je en silence.

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Coucou tout le monde !
J'espère que H&H Crayton vous plaît ?
Vous commencez à avoir une petite préférence ? Harry ou Matthew ? ;)
N'oubliez pas de mettre cette histoire dans votre liste de lecture pour être au courant des nouveautés, et n'hésitez pas à me laisser des petits commentaires, j'y répondrai avec plaisir ! :D
Bonne lecture à vous ! :*

Calypsote ♥️.

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