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   Le château d’Angora avait tout d’un mythe. Grosse baraque, style Poudlard pour chasseur. Personne ne connaissait où il se trouvait. Même Théo. À croire qu’elle n’existait pas. Nathan percevait des étincelles dans les yeux de son père lorsqu’il lui racontait toutes ces magouilles infructueuses pour obtenir les coordonnées de ce coffre à trésor. Suivre des masques noirs, en torturer d’autres. Utiliser la magie. Rien à faire. La seule solution possible, disait-il, aurait été de se laisser capturer, mais il n’était pas question de se jeter dans la gueule du loup sans savoir si on pouvait en ressortir. Il enchainait que le château renfermait des tas de secrets dont beaucoup tuerait pour les connaitre. Au fur et à mesure que Nathan écoutait les monologues, il comprenait que sa mission de sauvetage pourrait ne même pas débuter.

— Alors, reprit Zuri. Elle était dissimulée grâce à de la magie.

— C’est ton domaine, non ? Tu as réussi à la localiser ? demanda Nathan d’une voix impatiente.

— Non. Lorsqu’on essaie de dénicher Angora avec de le sorcellerie, en suivant par exemple une créature capturée ou un masque noir, on perd sa trace et, en plus, la magie qui protège le château tue le stalker. Elle est très puissante, tu sais. À part ton père et toi, je n’avais jamais ressenti une aura aussi puissante.

   Ces doses d’informations inutiles ramollissaient son cerveau. Cela le faisait perdre de vue l’essentiel et imposer le caractère impossible de son objectif. Peut-être hors de ce contexte, cela lui aurait fait plaisir de connaitre tous les petits détails qui composait ce château invisible. Mais là, le temps pressait.

— Donc c’est peine perdue, c’est ça ? On ne découvrira jamais.

— Pas forcément, répondit son père. Tout ce qui existe sur cette terre possède un point faible.

— Mais lequel ? On ne peut pas m’envoyer parce que vous perdriez ma trace. On ne peut pas suivre un masque noir.

— Calme-toi gamin ! Il y a bel et bien un moyen, mais c’est risqué.

   Nathan serra les fesses.

— Lequel.

   Zuri regarda Théo et garda le silence. L’adolescent haussa la voix et exigea qu’on lui fasse part de ce soi-disant moyen risqué. Il avait peur, mais un sentiment supérieur l’animait et l’empêchait de douter ou de faire marche arrière. Le devoir.

— Tu peux le lui dire, confirma son père.

   La sorcière déposa sa longue pipe, caressa ses lèvres avec le pouce et pencha vers lui.

— La magie qui protège le château d’Angora est aussi puissante que celle qui est en toi. En vérité, elles sont identiques.

— Et cela veut dire quoi ?

— Cela veut dire qu’il y a des chances pour qu’elle ne te tue pas lorsque tu communiques avec elle.

   Nathan marqua un temps d’arrêt pour digérer cette phrase. Pourquoi disait-elle qu’il y avait des chances ? N’était-il pas supposé être immortel ? Une longue trainée de sueur parcourue le long de sa colonne vertébrale.

— Et combien ?

— Assez.

— Ce n’est pas la réponse que j’attendais.

— Mais c’est ce que tu as.

L’ado déglutit et s’ajusta.

— Et pourquoi est-ce moi qui dois prendre cette responsabilité ? Je viens à peine de découvrir mes capacités et je ne les maitrise pas. Mon père serait le mieux placé non.

   Bon, c’était un coup bas. Mais Nathan résonnait juste. Son vieux père serait la personne la plus adaptée. Et s’il mourait, il pourrait avancer qu’il avait fait son temps. Zuri lui avait souri de ses belles dents blanches, très vite rejoint par Théo.

— J’ai déjà essayé, fiston. Et, de multiples fois au cours des deux derniers siècles, elle me renvoie toujours à la porte.

— Les signaux, qu’ils lui renvoient, viennent de partout. Donc s’en prendre à lui est inutile. La seul moyen de trouver Angora est de passer par son seul point faible. L’humain. Si on veut le dénicher, on doit trouver ta mère.

   Nathan n’aimait pas la façon dont la sorcière prononçait : humain. Elle l’énonçait comme on parlait d’un matériel défectueux. Cependant, il ne pouvait pas lui faire part de son ressenti. Zuri Okonjo, lui raconta que la magie qui empêchait de suivre un masque noir camouflait leurs signaux psychiques. Qu’elle l’englobait en clonant leur présence partout dans le monde ! Toute fois, il existait une énergie que cette dernière ne pouvait ne pouvait masquer.

— L’énergie nascantia.

— Et c’est quoi ?

— L’énergie qui relie un être vivant à sa mère

Un sourire déborda des lèvres de Nathan. Enfin une bonne nouvelle !
— Donc, on pourrait la localiser ?

— Oui. Et comme un angalion peut côtoyer la magie du château sans mourir. Je pense que l’on tient un combo gagnant.

   Le jeune se leva tout excité, prêt à effectuer la dance de la pluie. Peut-être que les histoires où tout se terminait bien n’étaient pas que des histoires. Il pourrait avoir droit à un dénouement heureux dans cette galère pas possible. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentait chanceux. Tout s’accordait bien. Même trop bien.

— Minute papillon, reprit la sorcière. Le sort permettant de localiser l’énergie nascantia est d’une extrême… violence. Et coupler à celle de la magie du château, cela risque d’être insupportable.

   Ah ! Bien sûr. Tout ne pouvait pas trop bien s’enchainer non plus. Il était dans un monde fantastique certes, mais les bonnes fées restaient bien loin de lui. Le jeune garçon ressentit le poids du regard de Théo sur lui et comprit qu’il risquait d’en baver. On n’avait qu’à voir ce brin de tristesse qui maquillait ses yeux. Voilà la première fois que de telles lueurs apparaissaient dans ces yeux. Il s’inquiétait pour lui ? Nathan n’avait pas le cœur à se fondre devant de telle banalité.

— Mais je devrais survivre non ? 

— Oui.

— Et on fait quoi après qu’on ait localisé le château ?

— Si on y arrive. La seule chose que tu aurais à faire c’est de te laisser capturer.

— Quoi ? Je croyais que c’était trop dangereux…

— Laisse-moi finir, coupa son père. Tu entreras dans leur repère pour pouvoir infiltrer quelques amis à nous qui se chargeront du reste du plan.

   L’ignorance ne lui plaisait pas. Elle donnait l’impression qu’un coup de théâtre pouvait se produire.

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