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   Elle pointa la mercedez à sa gauche. Nathan aperçut les tas d'arbres à l'intérieur de la propriété. Un manoir disait-elle ? Un parc botanique sonnerait mieux. Il entra dans la voiture.

  La blonde le fixa beaucoup durant le trajet. Nathan aurait pu imaginer qu'il détenait une belle gueule, néanmoins, cela ne convaincrait personne. Même pas lui. Elle était surement au courant pour lui. Le trac le rongeait tant qu'il refusait de bouger. Cette situation ne lui plaisait pas.

— Pourriez-vous arrêter de me regarder, mademoiselle ?

  Cette dernière afficha un air surpris durant un bref instant.

— Veuillez me pardonner !

  La voiture s'arrêta quelques instants après, et la majordome les invita à sortir. Une fontaine décorée par de petits cupidons jouait avec l'eau. Derrière, une douzaine de marches amenait devant un bâtiment rectangulaire et sans aucune touche de folie. Des murs gris, de larges fenêtres et un toit en cône. La maison pourrait dater du 18 iem siècle. Cela compressa l'estomac de Nathan. Il regarda Rhoda pour se rassurer et suivit la femme aux allures de duchesse.

   Le décor intérieur l'étonnait et contrastait avec l'extérieur. Les murs remplis de tableaux transpiraient l'évasion. Ou quelque chose qui s'y apparentait. La nature semblait être le thème central de toutes les peintures. Un coucher de soleil, une rivière, une montagne enneigée, une rizière. Cela lui rappelaient les photographies accrocher aux murs qui logeaient l'escalier de sa maison ou celle des Osborn.

   Cela l'aida à enchainer les pas. Le collectionneur de ces beaux tableaux ne pouvait pas être aussi horrible qu'on le disait. Il traversa le long hall en écoutant le bruit de ses pas, jeta quelques coups d'œil au joli fessier de sa guide et s'arrêta devant une petite porte rouge. Son cœur loupa un bon. Son père se trouvait derrière cette porte. Cet être horrible que Rhoda décrivait tant. Le numéro un des monstra non grata.

   Il se trompait. Aucun homme ne se trouvait dans l'immense salon. Une femme, oui. Elle était tout de noire vêtue et siégeait sur un canapé aussi long qu'un bus. Une fine pipe pendait entre ses lèvres. Quand elle leva les yeux vers lui, elle poussa une fumée blanche avec désinvolture.

— Nos chers invités sont enfin arrivés, déclara-t-elle en se mettant debout. Ce n’est pas trop tôt ! Merci Camille, tu peux nous laisser.

   La supposée Camille quitta la pièce non sans jeter un dernier regard à Nathan. Néanmoins, ce dernier ne le remarqua pas. Cette femme devant lui occupait toutes ses pensées.

   Rhoda jeta le sac qu'elle trimbalait sur le carrelage et devança son fils. Elle était assez détendue pour prétendre qu'elle connaissait ce personnage atypique. La fumeuse possédait quelques cheveux grisonnant. Sa peau noire luisait et ses yeux renvoyaient de la malice.

— Où est-il ? demanda Rhoda avec fermeté.

— Du calme ma chère. On ne peut être plus pressés que le roi.

— Quel roi ?

   Elle l'ignora.

— Alors c'est toi l'objet de tout ce remue-ménage.

   Elle se dirigea vers Nathan en glissant ses pieds sur le carrelage, et l'examina. Nathan pâlit sous ses yeux. Il redoutait les moindres gestes de cette femme, car à quelques centimètres d'elle, il pouvait affirmer qu'elle était dangereuse.

— Moi c'est Zuri Okonjo. Fumeuse de pipe à temps partiel et sorcière redoutable.

   Les lèvres de Nathan s'ouvrirent pour avaler toute l'insolence de cette présentation. Son sang se solidifia dans ses veines et un vent froid tapissa son dos.

— Ne reste pas la bouche ouverte, petit. C'est un manque de respect.

  Il ferma aussitôt la bouche et se mordit la langue.

— Laisse-le tranquille ! balança Rhoda. Sinon, je t'éclate vieille truie.

   Nathan n'arrivait toujours pas à parler. Comprehensible. Après tout, il avait une sorcière devant elle. Sans baguette magique, mais peut-être qu'elle avait été à poudlard et côtoyé Dumbledor. Ah ! Ah ! La bonne blague.

— Vous… vous êtes une… sorcière ? balbutia-t-il, mi-apeuré, mi-fasciné.

— Cela t'étonne ?

— Un peu.

   La fumeuse afficha un rire fendu à l'extrême et montra ses dents blanches. Elle sentait bon. Ses cheveux étaient bien entretenus. Les détails qui formaient le tout de cette femme s'opposaient à la représentation d'une sorcière dans la tête de Nathan.

— Tu voudrais voir un tour de magie ?

  Il réfléchit sérieusement à cette idée, cependant, après tout ce qui s'était enchainé ces dernières semaines, valait mieux aller mollo.

— Non.

— Tantpis pour toi Gamin.

   Rhoda soupira et râla que ce connard de Théo ignorait le sens du mot ponctualité. Ce à quoi la sorcière répliqua que ce connard lui avait défoncé la chatte. Ce à quoi Rhoda répondit que sa chatte n'était pas un réservoir à démon. Etc.

   Les deux femmes ne s'aimaient pas. Peut-être que la sorcière était la femme de son père. Cela expliquerait tout. Les querelles amoureuses ne devaient pas échapper à ce monde si effrayant. Nathan imagina une lutte à coup de sort et à coup d'épée. Cela devrait être marrant à observer. Néanmoins, Zuri ne semblait pas du genre à se quereller pour ça.

— Êtes-vous recherché par les gardiens, madame Zuri ? demanda-t-il

— Mais bien sûr que oui. Pour qui tu me prends ?

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