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  Nathan se réveilla le lendemain en ayant l'impression d'avoir bien dormi. Ce qui le laissait perplexe. Lorsqu'il quitta le lit, il nota que son corps n'était plus une frite molle. «Au moins une bonne nouvelle pour cette journée merdique», pensa-t-il.

   Il allait rencontrer son père, que l'on présentait comme un monstre sanguinaire, qui faisait des misères à la confrérie des gardiens. Cela le minait le moral. Nathan regarda le ciel à travers la fenêtre de la chambre et perçut les premiers rayons dans le ciel. Il rejoignit Rhoda dans le salon qui faisait sa valise.

— On doit partir maintenant. Attrape tes affaires.

— Ils nous ont retrouvés ? demanda-t-il la tête ailleurs.

   Sa mère lui expliqua que le chauffeur de taxi l'attendait à l'entrée de l'hôtel et qu'il n'était pas de bonne humeur. Nathan alla s'asperger le visage dans le lavabo, de quoi se faire beau. Mais l'odeur de ses aisselles lui indiqua que son corps désirait un bon bain.

   Ses vêtements valsèrent dans la petite pièce de carreaux blancs et il rentra sous la douche avec le refrain d'another love dans la tête. Rhoda apparut une minute plus tard, pour lui demander de se dépêcher. Nathan hurla avant de cacher son intimité.

— Mais ça va pas la tête !

—  Je n’ai rien vu, précisa-t-elle avant de claquer la porte.

   Après avoir enfiler les mêmes vêtements, il rechercha dans la chambre à coucher, un objet à tenir ou à mettre sur son dos, mais il ne trouva rien. Alors, il rejoignit sa mère. Cette dernière avait troqué ses habits en laine pour une veste et un pantalon en cuir noir ainsi qu'une botte, style militaire. Elle avait regardé sa chambre d'hôtel, avant de filer dans les couloirs, comme le lapin blanc dans Alice au pays des merveilles.

Nathan se sentit ridicule à s'essouffler pour un pauvre chauffeur de taxi. Comme s'il pouvait projeter des éclairs si tel passager ne daignait pas de se pointer à l'heure ? Et pourquoi prendre un taxi ? Théo Arris n'était-il pas le monstre le plus recherché du monde ? Un truc qui tournait pas rond. 

   Quand ils poussèrent les battants de la porte d'entrée, un monsieur à la calvitie extrémiste tapotait rageusement des pieds et grattait sa barbe jusqu'au sang. Bien ancré dans la quarantaine, il renvoyait l'allure d'un homme à siroter de l'alcool dans un club de striptease. Rhoda s'excusa pour le retard, l'informa qu'elle le dépannerait avec un pourboire juteux et se jeta dans le taxi. Nathan l'imita avec un sourire timide. Il huma l'odeur renfermée de la bagnole mélangée, admira le p'tit ballon de football qui pendait sur le rétroviseur, et se laissa envahir par le trac. Ses doigts tremblèrent comme s'il venait d'être plongé dans de l'eau gelée, et le reste de son corps eut un soupçon de fièvre.

Contrôle-toi, tout va bien se passer. Ce n'est que ton père.

   La voiture s'ébranla avant de rouler dans les rues de mégalopole qu'était New York. «Les grandes villes ne dormaient jamais». Cette phrase souvent répétée par Edgard, prit tout son sens devant la circulation accrue alors que le soleil n'était pas encore levé. Nathan colla son front sur la vitre et son regard tangua sur le paysage qui défilait. Des voitures, des édifices, des panneaux publicitaires, quelques métros aériens, des gens… Peut-être des vampires. Quand il fut fatigué de voir, il jeta un œil au le chauffeur très concentrer sur la route. Par prudence, il lui demanda gentiment de mettre un peu de musique avant de s'approcher vers sa mère.

— Pourquoi prendre un taxi alors que tu peux faire ton truc, chuchota-t-il.

— Pour ne pas attirer l'attention.

— Comment ça attirer l'attention ? On peut nous suivre avec ta magie.

— Oui et non. Mais tu n'as pas à t'en faire. J'ai pris toutes les précautions.

   Nathan déglutit péniblement. Il voulait attaquer le gros morceau, comme disaient quelques-uns. Il redoutait le pire. Néanmoins, cela ne pouvait pas durer éternellement. Il fallait prendre son courage à deux mains et assumer son statut. Dans une société où l'homme devait être  le roc solide au beau milieu de la tempête, il devait commencer à poser les bases. Et puis, qu'est-ce qui pouvait lui arriver de pire que d'être traqué ?

— Théo n'était pas supposé être  injoignable ? Comment l'as-tu retrouvé ?

   Rhoda tira la bouche en forme de cul de poule, avant de se laisser déchirer par un énorme sourire. De toute évidence, ce qu'elle allait révéler la faisait marrer.

— J'ai mené une petite enquête qui s'est révélée plus que concluante.

   Nathan attendit le reste de son explication qui n'arriva jamais. Il ne pouvait pas se satisfaire d'une phrase aussi simpliste. Cela ne voulait rien dire : mener sa petite  enquête. Toute une corporation dirigeait des recherches sur cet homme ( supposait-il) et elle voulait le faire croire, qu'elle l'avait trouvé comme ça. 

— Bon, reprit sa mère, j'ai eu un peu de chance.

— Sans te manquer de respect ou sous-entendre que tu n'es pas assez intelligente, je pense que trouver le numéro un des monstra non grata ne peut pas avoir la chance comme critère. Limite j'aurais pû accepté un sort de localisation ou un truc du genre, mais là, ça ne me dit rien qui vaille.

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