Nathan flaira une odeur apaisante. Du parfum ou du produit détergent. Des draps douillets l’enveloppaient d’une chaleur supportable. Il ouvrit les yeux.
Un plafond beige apparut. Une ampoule l’irradiait et agressait sa vue. Pourtant, il la fixa, l’air ailleurs en bloquant toute question censée de son esprit. Un acide lui mangea le cerveau et il comprit qu’il était affreusement faible. Il tenta de bouger sa main, mais rien à faire. À part ses doigts, son corps ne lui obéissait plus. Il paniqua. Le sang gonfla ses veines et son ventre dansa plus que d’habitude. Alors il attendit que cela passe (cela passait toujours) et détailla la pièce dans laquelle il se trouvait.
Il y avait une fenêtre à guillotine à l’extrémité et les rayons d’un soleil vif perçaient la vitre. Le ciel était maquillé de nuage aussi blanc que la neige. Comme lorsqu’il roulait à vélo avec ses amis durant les grandes vacances. Cette pensée lui proposa une tristesse qu’il refusa. Les murs étaient plus beiges que blancs et une porte en bois se trouvait sur sa gauche. Il y avait une petite ouverture plus bas protégée par un simple petit cadre de verre. Derrière, on voyait un carrelage d’un bleu… électrique.
Et là, il se rappela de tout. De ce rêve en pleine nuit, des masques noirs, du combat, et… de la mort de Jannick. Des larmes roulèrent et tachèrent les draps. Ses pupilles s’affolaient dans toutes les directions, tandis que des images de plus en plus atroces s’affichaient comme par magie. Il pensa, une fraction de seconde, ne pas vouloir de tous ces révisions. Mais ce serait qu’une solution partielle. Il écrasa ses paupières et épura ses yeux. Il se rappela de sa colère et de Jo. Les détails de son visage écrabouillé s’implantaient devant lui et, quoiqu’il désirait de tout cœur les supprimer, ils demeuraient figer. Il se souvenait de ce désir ardent d’exterminer ces gens et de sa joie éprouvée en réalisant qu’il pouvait y arriver.
Il avait tué des gens et il s’en foutait royalement. Pour Jannick et son cadavre de barbecue au charbon, il fallait que cela soit la vérité. Mais il se mentait. C’était tout de même des humains avec des cœurs et du sang. Il pencha la tête avant de rejoindre les ténèbres. Mais il ouvrit les yeux trente secondes plus tard en se rappelant de cette phrase : « Je suis ta mère, Nathan ».
Bordel ! pourquoi se souvenait-il de ça que maintenant ? Où se trouvait-il ? Était-il tombé entre les mains des gardiens ? Si oui, leur QG valait le décor d’une salle d’hôtel. Et voix-de-ferraille, où était-il ? Enfin, où était-elle ?
Nathan fit appel à tout son courage pour se redresser. N’était-il pas supposé représenter une créature aux forces exagérées ? Le cœur en tambour, il scruta encore la chambre sous cette nouvelle angle et tenta de dégoter des indices. Que dalle ! Il enleva les draps avec des bras tremblants, et entreprit quelques pas sur la terre ferme. Résultat, il embrassa le sol. La panique l’envahit.
Comment pouvait-il être aux antipodes de forme en l’espace d’une nuit ? On l’avait surement dû l’administrer un sédatif ou un composé qui neutralisait ses forces. Son imagination était là et, malgré tout, cela lui fit plaisir. Une minute au sol, il ne pouvait toujours pas se relever, alors il rampa vers la fenêtre. Il sua abondamment et, une fois accroché au rebord de sa cible, il dut insister pour se mettre sur pieds. Il se trouvait à une altitude vertigineuse. Une route saturée de voitures se trouvait en bas. La circulation était assez dense et les couleurs bougeaient à perdre haleine. Des cônes de signalisation se succédaient le long des trottoirs. De sa position, il percevait des affiches lumineuses qui imposaient des publicités pour des boissons et autres dingueries. Un bâtiment haut de six étages faisait face au sien. Pas de doute possible, il était bel et bien dans une zone urbaine. Et s’il se fiait à la densité de la circulation, une très grande. Une secte secrète devant séquestrer des monstres devait surement se situer dans une région reculée. Néanmoins, il se souvint que ce monde ne possédait aucune logique.
Il délaissa son observertoire et partit en éclaireur des autres chambres. Ses pieds chancelaient toujours, il s’accrochait donc au mur pour se déplacer. Lorsqu’il ouvrit la porte, il atterrit dans ce qui semblait un salon décoré sur fond rouge. Le sofa devant cette grande télé clouée au mur, ces petites statues de buste de dames, le cercle au plafond, les rideaux qui cachaient surement un petit balcon, tous étaient rouges.
Une petite table se trouvait à l’extrémité de la pièce et supportait les restes d’un plat. Le silence le gêna autant que le vide, alors il tituba vers le canapé, attrapa la télécommande et alluma l’écran. Il tomba sur une femme aux sourires angéliques, mais au teint chargé de mascara qui présentait la météo. Il pensa au mot pervers quand ses yeux s’attardèrent sur sa poitrine généreuse.
Il zappa les chaines, puis ferma la télé. Il tournait en rond, mais que faire d’autre ? La volonté de garder son calme s’épuisait au fil des secondes, et la phrase fatidique résonnait de plus en plus fort dans sa tête. « Je suis ta mère, Nathan ».
Il n’y avait pas de double sens ou de message subliminal, mais comment toucher une info aussi capitale ? Cela répondrait à tellement de questions et en créerait tant d’autres qu’il redoutait la confirmation.
Jannick traversa encore son esprit. Ce Jannick qui tenait ses cheveux blonds souvent en bataille. Qui fumait sa clope tôt le matin et tard le soir. Qui cuisinait mieux les steaks que les spaghettis. Qui chiait en pleine nature et qui lui foutait des raclées d’enfer. Ce Jannick qui semblait trainer un passé accablant digne des plus grand badboy des dark romances. Pourquoi à t il fallut qu’il meure ?
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