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— Non ! hurla-t-il encore.
L’assaillant en mauvaise posture enleva son masque et dévoila un visage tonifié par la colère. C’était un homme dans la trentaine avec des mèches noires qui chatouillaient ses sourcils.
— T’en fais pas Jo, rassura-t-il. Attaque cette bête !
Jannick enfonça ses crocs dans sa chair. Le sang pompa. Jo fit un pas en arrière.
— Qu’est-ce que tu branles ? Attaque, bordel ! Il en va de notre honneur.
Ce n’était pas le moment, mais Nathan questionna sur cette obstination à mourir. Un vent monumental de plus. Il s’approcha avec l’intention de tout calmer, poussé par les boums-boums incessants de ces cœurs qui quémandaient de l’aide. Cependant, un autre son retint son attention. Une lumière bleue jaillit devant lui tandis que les hurlements de Jannick déchirèrent la nuit.
Paniqué, il força ses yeux à s’habituer aux rayons et remarqua son ami qui gisait au sol, tremblant de tous les poils de son corps. L’épée dans sa muscle brillait désormais d’un bleu éclatant. Des éclairs ? Le temps se distordait et le sol l’engloutissait. Le vent venait de tourner et transportait une odeur de chair brulée.
— Arrêtez ça ! Vous allez le tuer !
Il essayait encore de toucher leur humanité. Nathan décida d’enlever l’épée lui-même, mais Jo ne lui laissa pas ce privilège. Ce dernier planta son arme dans son ventre avant d’y décharger des milliers de watts. Sa chair se raidit et une douleur insurmontable grilla ses neurones. Il voulait hurler, mais sa mâchoire durcie l’empêchait. Ses doigts touchèrent le bout de l’arme sans pouvoir le déloger de son bide. Il suffoquait.
Allait-il mourir ici ? Ainsi ? Où était donc celle qui devait la protéger ? Et pourquoi fallait-il que Jannick meure ? Il aurait tant voulu le sauver.
L’image d’Aoki apparut en dégradé dans sa tête. Il avait tant de raison à vivre. Les éclairs finirent par s’arrêter et il regretta de ne pas avoir succombé. Les brulures de sa chair atteignaient le paroxysme de la douleur. Et il n’entendait plus Jannick. Il tenta de relever la tête, mais ce geste réclamait trop d’effort. Il resta là, couché sur le dos à regarder le ciel sans le voir.
— Bordel, ça va me faire de méchantes cicatrices.
— Je croyais que tu ne tenais pas à ton bras.
— Ah lâche-moi, veux-tu ? Dis donc Carla, tu n’y es pas allé de main morte avec lui.
Le vent fit chanter quelques branches d’arbres.
Carla ? Il y avait donc une troisième arrivante ?
— Et alors, s’enquit la nouvelle.
— On va avoir droit à des félicitations. On vient quand même de tuer Jannick Andresen et capturer mini numéro un.
Nathan poussa un sanglot et les larmes gonflèrent ses paupières. JANNICK ÉTAIT MORT ? Impossible. Même s’il venait de baiser avec l’éclair, quelque chose de si insignifiant ne pouvait pas le tuer. Ses pensées restaient enveloppées d’un pessimiste qui ne cadrait pas avec la réalité.
— Il n’est pas mort, lâcha-t-il.
Ce qu’il disait n’avait aucun fond. Peut-être que le courant avait mis son cerveau à l’envers. Pourtant, il continuait de répéter cette phrase jusqu’à attirer l’attention des agresseurs.
— Bien sûr, que non. Il est parti rejoindre ses compères en enfer.
Nathan ne l’avait pas remarqué, mais ses brulures cicatrisaient déjà. Toutefois, cela restait sans importance. Seuls ses mots comptaient et agaçaient son esprit. Il tenta à nouveau de bouger la tête, et cette fois-ci, il réussit. Jannick, étendue sur le sol, ne bougeait plus et avait repris sa forme humaine. Sa chaire n’avait plus rien de normal et son corps semblait enfler. Nathan enfonça ses crocs dans sa lèvre inférieure et se blessa. Il espérait que tout ça ne soit qu’un cauchemar. Une image saugrenue de ses peurs. Mais il venait de recevoir de milliers de kilowatts sans pour autant émerger. C’était bel et bien la réalité. Il tenta de se relever, mais l’on passa en l’interrupteur et le courant s’amusa dans son corps.
La douleur était grandiose, pourtant il attrapa l’épée, la retira et la jeta. Les lumières bleues continuaient de s’y s’agiter. Marcher lui faisait mal, mais il enchaina les pas vers le corps fumant de son ami. Autant que la distance rapetissait, autant que les détails sordides se révélaient. La peau cramée, les lésions, les yeux coulants, et les cheveux charbonnés.
Son estomac monta dans sa gorge. Il se rappela alors que son sang pouvait servir d'additifs. Peut-être qu’il pourrait lui redonner vie et l’aider à cicatriser. Pfff ! Il n'était pas Jésus et de plus, il n'entendait plus les battement de son cœur. Pas de doute possible. Jannick était bel et bien mort. Ses pieds furent pris de faiblesse et il tomba sur ses genoux en hurlant.
— Il n’est pas mort, enchaina-t-il sur un ton convaincant. Il n’est pas mort.
Il plaqua ses mains sur ses yeux et enfonça ses ongles dans son front. Du sang coula vers sa bouche. La folie le gagnait et la scène criait alarme. Les chasseurs en étaient conscients et ils restaient silencieux en sentant la chaleur montée. Des petits cailloux bougèrent au gré d’une force invisible et les arbres entrèrent dans une colère noire. Leurs bruits incessants s’accentuaient en crescendo.
Toutefois, la principale anomalie qui accaparait leur attention était Nathan. La couleur de ses lignes prenait de l’ampleur jusqu’à virer sur du rouge électrique et brutal.
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