chapitre 4

Vingt-quatre heures plus tard, Ibtissem reçoit un message.

Elle n'est pas train de pâtisser, cette fois, mais d'imprimer une photographie qu'elle va ajouter à son mur.

Elle reste les sourcils froncés quelques instants en voyant que "Madi111" lui a envoyé un message sur lepetitachat, puis elle se souvient que la jeune femme n'a aucun autre moyen de la contacter. Elle sourit en voyant que Madi a terminé sa guirlande de cœurs : c'est une bonne nouvelle. Elle ne l'a vu que quelques minutes, finalement, mais elle a pu voir à quel point cette perforatrice de cœur lui était presque vitale. Ce qu'Ibtissem trouve assez ironique, étant donné le traitement qu'elle lui avait réservé quand elle était encore la sienne.

Ni une ni deux, Ibtissem répond à Madi.

fraisette
il faut qu'on se voie pour que tu me la montres. et pour que je te rende tes deux euros.

Madi111
L'argent est à toi.
Demain ?

fraisette
pas de problème pour moi.

Madi111
Je sors de cours à 17 h. On peut se rejoindre au parc des Bâtons ?

fraisette
parfait
à demain :)

Ibtissem pose son téléphone et regarde la pièce de deux euros que Madi a laissés dans sa chambre, posé sur une de ses commodes. Elle lui a pourtant dit qu'elle n'en voulait pas, mais elle aurait dû se douter que Madi ferait ça en voyant qu'elle n'insistait pas. Elle ne voulait vraiment pas de cet argent, pourtant, ce geste la touchait. C'était inhabituel. Qu'elle fasse de la pâtisserie ou de la photographie, tout le monde trouvait toujours quelque chose à redire sur le prix. Trop excessifs. Trop élevé. Moins cher ailleurs. Elle avait tout entendu. Comme si les gens ne se mettaient pas à sa place, ne voyaient que le produit final et pas le travail en amont. Ne voyant pas que des photographie de qualité demande du travail, demande des compétences, demande du matériel. Ne voyant pas que la pâtisserie demande du temps, de la précision, des ingrédients.

Ce n'était que la vente d'une perforatrice de cœurs ; bien loin de son univers de vente habituel. Mais l'insistance de Madi pour payer lui montre que finalement, peut-être qu'il y a des personnes honnêtes dans ce monde.

Et ça lui réchauffe le cœur.

Ibtissem est toujours en avance : un trait qu'elle tient de sa mère. C'est comme ça qu'elle arrive au parc des Bâtons exactement dix minutes avant 17 h. Il ne lui reste plus qu'à attendre Madi assise dans l'herbe, toute seule.

Elle a apporté son appareil photo pour pouvoir prendre quelques clichés en attendant. Pas des photos qui iront sur son mur, mais des photos qu'elle garde bien au chaud dans un classeur.

Elle ne voit pas le temps passer, et sursaute en entendant un petit "salut". Elle relève la tête et sourit en voyant Madi.

-Oh, hey ! T'as réussi à me trouver !

Madi rit avant de soulever une mèche de ses propres cheveux. Ibtissem comprend immédiatement.

-Oh, ouais, mes cheveux. J'oublie, parfois. Comment étaient tes cours ? Qu'est-ce que tu étudies ?

-L'histoire. C'était bien, un peu long. Et toi ? Qu'est-ce que tu fais ? demande Madi en s'asseyant dans l'herbe, à côté d'Ibtissem, qui hausse les épaules.

-Je jongle entre mes deux passions. Je suis encore trop indécise.

-La pâtisserie et la photo, comprend immédiatement Madi, et Ibtissem acquiesça.

-C'est ça. Je fais un peu des deux. Je vends parfois des pâtisseries, je fais payer des shootings. Je crois qu'au fond, je sais laquelle va gagner, mais ça me fait peur d'abandonner l'autre.

-Tu pourras toujours en faire un loisir, répond Madi.

-Ouais. Mais j'aurais moins de temps.

Ibtissem secoue la tête avant de sourire.

-Alors ? Cette guirlande ? Elle est comme tu l'imaginais ?

Madi se met à sourire aussi, et elle plonge sa main dans son sac. Quand elle sort délicatement la guirlande de son sac, Ibtissem ne sait même pas quoi dire. Elle ne sait pas ce que Madi imaginait, mais elle, elle est agréablement surprise.

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