chapitre 2

Ibtissem n'a aucune patience. Ça a toujours été comme ça, aussi loin qu'elle se rappelle, et aussi loin que sa mère peut en témoigner, c'est-à-dire, depuis toujours. Elle ne sait pas attendre, elle ne sait pas rester concentrée sur une activité trop longtemps, elle ne sait pas s'asseoir et regarder un film.

Il n'y a qu'une activité qui contredit l'affirmation précédente : la pâtisserie.

Quand Ibtissem pâtisse, elle se transforme. Elle est patiente, concentrée, attentive. Plus rien n'existe autour d'elle hormis ses ingrédients, ses ustensiles et son four.

C'est pourquoi elle ne voit le message de Madi que presque deux heures après qu'il ait été envoyé ; une fois que ses cookies aux fraises sont au four.

Elle ne s'y attend tellement pas qu'elle cligne des yeux plusieurs fois en voyant la notification sur son écran, et une fois qu'elle clique dessus, elle relit le message plusieurs fois, pour être sûre qu'elle n'est pas en train de rêver. Quelqu'un veut lui acheter sa perforatrice de cœur. Ce qui est une bonne nouvelle, car elle ne l'utilise pas. À tel point d'ailleurs qu'elle ignore totalement où celle-ci se trouve.

Ce n'est pas vraiment le genre d'Ibtissem de paniquer, alors elle répond simplement en disant que oui, la perforatrice de cœur est toujours disponible, et que la personne peut venir la chercher quand elle veut. La personne de l'autre côté de l'écran est plus vive qu'elle, car moins d'une minute après, elle annonce qu'elle sera là dans une vingtaine de minutes. Ibtissem commence à réaliser qu'il faudrait qu'elle cherche l'objet convoité avant l'arrivée de la personne, mais en même temps, elle ne veut pas laisser ses cookies sans surveillance. Tant pis, elle cherchera plus tard.

Trente minutes plus tard, on sonne à la porte, et c'est au même moment que le four se met à sonner, annonçant à Ibtissem que sa deuxième fournée de cookies est prête. La jeune femme hésite, et finalement, elle court ouvrir la porte, et retourne rapidement à son four. Accueillir des gens, d'accord, mais pas au risque de perdre ses pâtisseries.

-Entre, je dois sortir ça du four !

La personne ne répond rien--où du moins, Ibtissem ne l'entend pas--, et elle sort sa plaque du four, avant de laisser les cookies refroidir sur une grille. Elle ressort sa tête de la cuisine, et sourit en voyant qu'une jeune femme attend devant la porte, l'air un peu gêné.

-Désolée, mes cookies aux fraises sont prêts.

-Aux fraises, répète la jeune femme comme si elle ne comprenait pas ces mots, et Ibtissem acquiesce avec un sourire.

-Ouais, mes cookies aux fraises. Une de mes spécialités. Ibtissem, enchantée.

-Madi, répondit la jeune femme. J'adore tes cheveux.

Comme par réflexe, Ibtissem baisse les yeux vers ses cheveux. Elle se souvient qu'elle a récemment coloré ses pointes de bleu et de rose, et comme à chaque fois que cela lui traverse l'esprit, elle est heureuse.

-Merci !

Madi sourit, et Ibtissem se met à rire.

-Tu as des feuilles dans les cheveux.

Madi fronce les sourcils et passe sa main dans ses cheveux : deux petites feuilles de buissons tombent, et Madi se baisse pour les ramasser, gênée.

-On monte ? lance Ibtissem, et sans attendre de réponse, elle commence à gravir les marches qui mènent jusqu'à sa chambre. Madi met quelques secondes à réagir et finit par la suivre.

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