chapitre 13

Le visage d'Ibtissem se décompose, et Madi demande :

-Pourquoi tu fais ça ? C'est toi...

Elle ne termine pas sa phrase, qui était pourtant ponctuée de grands gestes de ses bras, qui tombent comme des soufflés sur les côtés.

-C'est moi quoi ? souffle Ibtissem, l'air complètement perdu, et Madi secoue la tête.

-Tu peux pas faire ça, tu... tu peux pas m'embrasser, tu es beaucoup trop bien pour moi ! s'exclame-t-elle, et elle le pense du plus profond de son être.

-Mais qu'est-ce que tu racontes ?

-C'est juste... c'est comme ça. Moi tout ce que je sais faire, c'est des guirlandes lumineuses, et toi tu sais faire tous les gâteaux du monde à la fraise...

-Madi...

-Tu vois bien que ce n'est pas équitable, et toi tu... tu sais faire des photos, et tu as des cheveux colorés et t'es vraiment trop belle et juste une personne incroyable et...

-Madi.

Cette dernière s'arrête et reprend son souffle, le cœur battant. Elle n'est pas sûre de vouloir entendre la réponse d'Ibtissem. Elle ajoute d'une petite voix :

-Mais qu'est-ce que j'ai à t'apporter ?

-T'as vraiment pas d'estime de toi si tu penses que la seule chose que tu peux apporter à quelqu'un, c'est ta guirlande de coeurs, Madi. Depuis quand il y a une hiérarchie comme ça ? Depuis quand savoir faire des gâteaux rend plus importante une personne par rapport à une autre ? Tu la trouves objective, ta description de la situation ? Parce qu'à moi, il me semble que tu as oublié tous les dessins que j'ai vu sur tes murs, par exemple, ou le fait que toi t'es archi mignonne. Donc déjà, il n'y a pas d'histoire de l'une trop bien pour embrasser l'autre, et en plus, je pense que si on joue à ce jeu, c'est toi la gagnante.

Comme pour clôturer le discours d'Ibtissem, le four sonne, indiquant que les macarons sont cuits. Madi n'ose pas bouger, et Ibtissem ajoute :

-En tout cas, moi tu me plais.

Sur ces mots, elle se tourne vers la porte et quitte la pièce, Madi sur les talons. La mère d'Ibtissem lui sourit quand elles passent devant elle, et une fois dans la cuisine, les deux jeunes femmes n'ont toujours pas échangé un mot.

Ibtissem sort les coques du four et les laisse refroidir sur une plaque. Elle sort de la confiture de fraises du frigo et quand elle ouvre le pot, Madi se fait la réflexion que c'est exactement ce qu'Ibtissem sent. C'est l'odeur qui est venue chatouiller ses narines lorsqu'elles se sont embrassées, il y a quelques minutes maintenant. Madi regrette presque d'avoir interrompu le moment. Presque, parce qu'elle est contente d'avoir dit ce qu'elle avait sur le cœur. Sauf que maintenant, elle n'est pas sûre d'oser faire le premier pas pour répondre à Ibtissem que c'est réciproque. Qu'elle lui plaît aussi. Et encore moins d'oser l'embrasser.

Toujours sans parler, Ibtissem sort deux cuillères à café et en pose une devant Madi. Celle-ci la regarde étaler la confiture sur une coque, puis ajouter une deuxième coque par-dessus pour former le macaron.

Madi l'imite, et elles confectionnent les macarons sans échanger un mot. A la fin, il reste une coque seule, et Madi la saisit dès qu'elle la voit, avant de déposer une couche de confiture et de le casser en deux, pour tendre la moitié à Ibtissem.

Elle hésite quelques instants avant de lever les yeux pour rencontrer ceux de la pâtissière, qui la regarde déjà d'un air interrogateur.

-Moi aussi je parlais de toi. Quand j'ai dit que je n'étais pas là juste pour les gâteaux.

Le cœur de Madi s'accélère. Elle ignore comment Ibtissem va réagir, et même si elle ne s'attend à rien, elle est prise de court quand celle-ci dit :

-D'accord.

Madi prend son courage à deux mains en réalisant qu'elle n'a rien à perdre et ajoute :

-Et tu me plais aussi.

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Il ne reste qu'un chapitre :)

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