Lui - Samedi 25 Octobre 2014
Ça ne doit pas être possible d'imaginer plus heureux que moi en ce moment. Je suis sur les nuages. Avec Amandine. On touche les étoiles. Elles brillent tant que je ne vois plus les poussières. On danse sur les nuages, Amandine et moi. Amandine et moi !!
De plaisanterie en plaisanterie, je sais plus trop comment, on en est arrivé à Amandine qui m'avouait quelque chose que je n'ai cessé d'espérer et pourtant auquel je n'arrive toujours pas à croire. Ça avait beau être ce que je voulais depuis le début, elle m'aurait dit qu'elle passait ses week-ends à égorger des cochons pour fabriquer du saucisson, que ça m'aurait moins étonné. En fait, quand Amandine a dit qu'on n'en était pas là de notre relation, je n'y croyais toujours pas. Je ne croyais toujours pas qu'elle pensait vraiment qu'on pouvait avoir une relation ; qu'elle puisse le vouloir. J'aurais pu laisser agir l'Armando de d'habitude : faire semblant de ne pas comprendre, dévier la conversation, me cacher derrière ma gêne. La conversation gênante aurait été évitée, et Amandine et moi on ne se serait jamais revus. Quel gâchis !
Dire que c'est ce que j'ai failli faire. On était seuls dans la cour, à peindre au sol un immense plateau de jeu pour la dernière activité du jour pendant que les autres s'occupaient à l'intérieur de construire des pions et les différentes épreuves. Mon téléphone à sonné, et quand j'ai raccroché Amandine a arrêté de peindre et s'est approchée de moi. Et là, Amandine a proposé d'habiter avec moi. Mais c'était juste une plaisanterie. Elle ne le pensait pas vraiment. Quoi que, peut être que ça veut quand même dire que ça a traversé son esprit. Et je sais plus trop comment, on en est arrivé à Amandine qui sortait son allusion à notre relation qu'on n'avait pas encore mais qu'on peut maintenant avoir grâce à cette allusion même.
Amandine m'a sorti son allusion, et j'ai flippé : j'ai juste lancé un ridicule « Je comprends », sans me mouiller. Bien sûr, je ne comprenais rien du tout. Mais elle a insisté. Elle m'a demandé ce que j'en pensais. Et là, je me suis dit qu'il fallait que je me ressaisisse. Je ne pouvais pas me débiner une fois de plus. Au fond de moi, je savais qu'elle ne pouvait plus plaisanter. Je savais que si c'était une plaisanterie, elle ne m'aurait pas demandé si je comprenais et ce que j'en pensais. Mais, au fond de moi, j'avais quand même toujours un doute.
Mais, cette fois, je ne pouvais pas laisser le doute gagner. Je devais trouver un sursaut de courage. Je ne pouvais pas laisser le doute tuer dans l'œuf toute cette beauté. Il y avait silence, et Amandine a mordu sa lèvre. Je voyais bien qu'elle était aussi gênée que moi, et je ne pouvais pas la laisser seule. En réalisant ça, j'ai été pris d'un accès de tendresse, et je n'ai plus eu besoin du courage que je ne trouvais pas. A ce moment là, le doute s'est tu : on était dans la même barque rouillée elle et moi. Quand j'ai approché mon doigt de ses cheveux, c'était la tendresse qui parlait ; pas le courage.
Amandine m'a laissé faire, et c'était toute la confirmation dont j'avais besoin. Amandine, elle est tellement magique ! Amandine, elle a tellement de choses à apporter dans mon Univers et dans l'Univers entier. Amandine, elle a tellement tellement de choses à donner ! Amandine, tu prends ce qu'elle voudra bien te donner, et t'as déjà un trésor inestimable entre les mains. Et j'arrivais pas à croire que j'avais ce trésor entre les mains ! J'arrivais pas à croire qu'Amandine elle voulait me donner tout ça à moi ! Et pourtant, au milieu des plaisanteries, à la limite de la limite de mes doutes infiniment petits, au milieu des doutes disproportionnés d'Amandine, au cœur des nuages, je réalisais que c'était le cas.
Et moi, je me sentais si petit et j'avais du mal à voir ce qu'elle pouvait me trouver ; ce que je pouvais lui donner. Mais c'était Amandine ; et on pouvait lui faire confiance pour savoir ce qu'elle voulait et avoir en elle des raisons à ces décisions. Si elle voulait bien de moi, c'est probablement que je devais le mériter, d'une façon ou d'une autre. En me disant ça, je me suis demandé s'il était possible qu'une fille comme Amandine puisse aussi avoir ce genre de choses. Alors, j'ai su ce que je pouvais lui donner.
Je pouvais essayer de lui dire ce que je voyais en elle ; essayer de lui montrer à quel point elle est formidable. Maintenant que je n'avais plus peur qu'elle trouve mes sentiments ridicules, qu'elle ne les partage pas, je pouvais lui dire ce que je mourrais d'envie de lui dire depuis le début. Mais tout ce qui est sorti de ma bouche, c'est une stupide métaphore sur les nuages. C'était ce qui retranscrivait le mieux ce que je ressentais, mais je me suis quand même senti sacrément idiot. Alors, j'ai essayé de lui expliquer ce que je voulais vraiment dire.
C'était juste une métaphore de la perception du monde, de l'approche de la vie. De la légèreté emplie de sens et de poésie. De l'enthousiasme qui te fait t'envoler toujours plus haut. Loin du monde et des préoccupations qui y sont liées. L'esprit libre, la tête dans les nuages. Dans un monde beau et magique. Dans un monde qui n'appartient qu'à nous. Un monde qu'on aura créé nous. Je sais pas. Je trouve la métaphore beaucoup plus parlante. Mais Amandine, je crois qu'elle a préféré les explications.
En fait, je ne sais pas vraiment si elle les a aimées, mais je sais que ça lui a fait quelque chose. Ça l'a au moins perturbée, parce qu'elle en a fait tomber le seau de peinture qu'elle avait dans les mains. De la peinture bleu a éclaboussé de partout, venant tâcher Amandine toute entière, ainsi que le plateau de jeu qu'on était en train de créer. Mais ce n'était pas grave, parce qu'on était heureux. Amandine a trouvé un moyen d'intégrer les tâches sur le plateau dans le jeu lui-même. Quand à celles sur ses vêtements, on s'est contentés de les ignorer. Mais, a vrai dire, je trouvais que ça apportait plutôt une amélioration. Parce qu'ils étaient sacrément moches, ses vêtements roses et blancs !
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