26

Le soleil avait déjà commencé à décliner lentement dans le ciel, laissant supposer que la journée touchait à sa fin et que l'après-midi commençait doucement à devenir le soir, laissant même déjà apparaître quelques étoiles dans le ciel qui s'assombrissait. Le silence qui régnait, entre coupé uniquement par le bruissement du feuillage des arbres causé par une petite brise, était reposant et serein, mais semblait paradoxalement également porter de mauvais présages. Au loin, quelques corbeaux croassèrent, accentuant cette sensation et donnant à l'ensemble du paysage un certain aspect macabre qui effraya Harry.

L'enfant avançait lentement, le visage baissé sur le sol, mais en prenant garde de toujours apercevoir Severus du coin des yeux qui marchait juste devant lui. Il avait mal aux jambes, avait faim, et était terriblement fatigué. Mais Harry n'osait pas dire quoi que ce soit, tendu par le possible rejet de Severus, le souvenir de la dernière fois encore bien trop présente dans son esprit. Et c'était sans parler du fait que l'homme semblait perdu dans ses pensées, perturbé par il ne savait quoi.

Harry se remémora les événements précédents. Lui, tenant le monsieur dans ses bras pendant que ce dernier pleurait pour il ne savait quelle raison. Puis, l'homme avait fini par le repousser, son visage dénué de toute expression. Il s'était levé et avait commencé à marcher vers il ne savait trop quoi, n'adressant plus aucun regard à l'enfant, et Harry, qui avait supposé qu'il devait être fatigué tout simplement, s'était empressé de récupérer la baguette abandonnée au sol et avait emboîté le pas à Severus. Aucune parole n'avait été échangée depuis. Et Harry était quand même effrayé par le mutisme de l'homme, n'ayant absolument aucune idée de comment faire pour lui redonner le sourire. Lui rendre sa baguette été un bon début, mais l'enfant ne savait pas comment s'y prendre.

Alors il se contenta de le suivre en attendant le bon moment et en faisant tout pour ne pas perdre l'homme des yeux, peu enclin à revivre son expérience de la veille. Peu à peu, la forêt autour d'eux avait commencé à laisser place à des plaines de plus en plus vastes, parsemées ici et là de quelques habitations excentrées et solitaires. Ils ne croisèrent personne sur leur chemin et finalement, après une bonne heure de marche, le panneau indiquant la ville de Skipton apparut face à eux.

Severus marqua un petit temps d'arrêt face à la ville qui se présentait devant eux. Ils étaient encore terriblement loin de Poudlard, et il était toujours incapable de se transplaner, lui et l'enfant, à Prés-au-Lard. Sentant l'enfant à proximité de lui, Severus se décala d'un pas, recommençant à refuser tout contact avec le gamin. La perte de contrôle de ses émotions était un accident dû à sa faiblesse passagère, mais il devait se reprendre, de nouveau repousser l'enfant loin de lui pour ne pas prendre le risque de le blesser par accident. Car oui, Severus était persuadé que maintenir un contact constant avec le gamin finirait par avoir un effet néfaste sur ce dernier. L'homme avait peur de finir par perdre le contrôle, de faire du mal à cet enfant, de prendre le risque de le blesser. Et il ne le supporterait pas. Alors Severus avait décidé de reprendre le plus de distance possible entre lui et Harry.

Du coin de l'œil, il vit Harry le regarder avec intérêt, attendant de savoir ce qu'ils allaient faire maintenant. Et il ne put rien faire d'autre que de détourner la tête complètement pour ne plus voir ses grands yeux verts qui le fixaient avec une confiance aveugle. Comment cet enfant pouvait-il encore le regarder comme si rien ne s'était passé ? Parfois, Severus aimerait plus que tout être capable d'agir comme Harry, de pardonner, d'aimer, de faire confiance aussi facilement.

Sans un seul mot, sans un seul regard vers l'enfant, Severus recommença à marcher, lentement pour permettre à Harry de le suivre sans trop de difficulté, faisant tout le nécessaire pour ne pas de nouveau semer le petit comme la veille. Il ne s'était même pas réellement excusé pour cela...

Progressant sans trop de difficulté, les rues étant pratiquement vides à cette heure avancée de l'après-midi, ils finirent par rapidement atteindre le centre-ville de Skipton, puis prirent directement la direction d'un petit hôtel où ils pourraient passer la nuit. Alors qu'ils arrivaient à un croisement, Harry regarda sur sa gauche, et s'arrêta immédiatement.

-Monsieur... Dit-il avec angoisse.

Mais Severus ne l'avait pas entendu et continuait d'avancer lentement.

-Monsieur. Demanda Harry un peu plus fortement.

Mais voyant que cela ne changeait rien, l'enfant courra jusqu'à l'homme pour lui attraper la main. Surpris, Severus se retourna rapidement en enlevant avec force sa main de celle de l'enfant qui recula au geste brusque. Le voyant faire, Severus détourna aussitôt le regard, honteux par son geste. Harry le vit et, ne sachant pas trop pourquoi, il se sentit tout de suite en colère contre l'homme. Pourquoi devait-il avoir honte de quoi que ce soit ? Il l'avait protégé comme personne ne l'avait jamais fait avant.

-Monsieur !

Sans que l'homme n'ai à relever la tête, Harry put voir que cette fois il était attentif à ce qu'il allait lui dire.

-Il y a une pharmacie là-bas monsieur. Vous devez y aller.

-Ce n'est pas nécessaire...

-Mais...

-Ça va aller Harry...

-Severus !

Cette fois, Severus ne put rien faire d'autre que de fixer l'enfant avec surprise suite à cet éclat de voix. Bien sûr, il lui avait permis de l'appeler par son prénom, mais depuis... Qu'ils s'étaient égarés... L'enfant ne l'avait plus appelé ainsi, et il ne pensait pas que cela arriverait de nouveau. Harry le fixait avec détermination et... Colère ? Encore une fois, Severus détourna le regard. Évidemment que le petit était en colère, il l'avait encore laissé de côté, ne l'écoutant pas, ne faisant pas attention à lui ou à son bien-être.

-Tu dois te soigner, reprit le petit. Tu as mal. Tu es fatigué. S'il te plait. Vas-y...

Severus ne prononça pas un seul mot, ne regarda pas de nouveau l'enfant face à lui, mais accepta de prendre la direction de la pharmacie, pour l'enfant. Il devait le faire pour l'enfant. Il ne pouvait pas encore mourir, alors il devait y aller pour que le petit soit rassuré. Tout ce qu'il devait faire désormais ne devait être fait que dans l'intérêt de l'enfant.

Les quelques minutes qui les séparèrent de la pharmacie parurent interminables, aussi bien pour Severus qui commençait réellement à manquer de force que pour Harry que l'inquiétude fatiguait atrocement. Au loin, l'enseigne lumineuse semblait intouchable, s'éloignant un peu plus à chaque pas, seul espoir qui s'effaçait dans l'obscurité et qui semblait imprenable. Finalement, après ce qui parut être des heures à l'enfant, il se retrouva sous l'enseigne tant espéré, puis rapidement dans le bâtiment chauffé qui lui procura aussitôt un sentiment de bien-être.

-Bonsoir monsieur, comment puis-je vous... Oh seigneur !

Le pharmacien, un homme d'un certain âge au crâne déjà dégarni et à l'embonpoint déjà bien senti, se précipita aux côtés de Severus, voulant lui offrir son aide. Mais le professeur le repoussa en grognant quelques mots inintelligibles du bout des lèvres.

-Venez-vous asseoir. Seigneur, que vous est-il donc arrivé ? On dirait que vous avez passé trois nuits dehors dans le plus rude des froids.

La vérité était bien proche de cela, mais Severus se refusa à lui expliquer quoi que ce soit.

-Et avec un enfant en plus... Ça va mon grand ?

-Oui monsieur. Mais il faut aider tonton Severus...

Encore une fois... Harry l'avait encore appelé ainsi... Severus ne savait pas réellement si l'enfant le voyait réellement ainsi malgré tout ce qui c'était passé, ou s'il était assez malin pour ne pas laisser les gens penser qu'il était en compagnie d'une personne qu'il ne connaissait que depuis trois jours. Et bien qu'il soit trop fatigué pour penser à cela, Severus fut certain que la deuxième explication était la bonne, l'enfant ayant déjà montré qu'il était bien plus intelligent et compréhensif que la plupart des gamins de son âge.

-Oui, ne t'inquiète pas. Je vais aider ton oncle. En entendant, comme tu es un grand garçon, tu peux aller t'asseoir là-bas et lire un des petits livres d'image, d'accord ?

Réticent, Harry finit par obéir, prenant dans ses mains un livre sur les animaux de la ferme, et bien qu'il commença à tourner les pages pour faire bonne impression, toute son attention était reportée sur le pharmacien qui s'affairait autour de Severus, faisant plein de chose que l'enfant ne compris pas. Severus râla, plusieurs fois, mais il se laissa faire, et Harry en fut soulagé, rassuré que l'homme décide enfin à s'occuper de lui. Même s'il disait le contraire, Harry voyait très bien qu'il allait très mal. Il lui avait dit qu'il n'allait pas mourir. Mais Harry ne le croyait pas.

-Vous devez aller à l'hôpital monsieur, votre état est très préoccupant, disait le pharmacien.

-Ce n'est pas nécessaire.

-Monsieur, de ce que je viens de voir de votre état, vous avez une pneumonie aiguë assez sévère qui se développe et qui semble progresser très rapidement. Vous êtes totalement déshydraté et de toute évidence vous n'avez pas reçu suffisamment de nourriture pour permettre à votre corps de reprendre des forces. Quant à un traitement approprié, il est plus que certain que vous n'avez rien pris non plus. Vous devez être placé à l'hôpital pour avoir une chance de vous en sortir sans dommage permanent.

-Je vous dis que ce n'est pas nécessaire... Je prends juste vos médicaments, une nuit de repos dans l'hôtel le plus proche, et dès demain ça ira mieux.

Severus savez très bien que l'homme ne pouvait pas le forcer à se rendre aux urgences, il ne pouvait pas le faire entrer de force, car étant contraire à la loi. Et le pharmacien le savait très bien lui aussi, car il ne tenta pas d'insister davantage, dissuadé par le regard noir du maître des potions. L'homme jeta tout de même un furtif regard vers l'enfant qui les regardait toujours.

-Pour l'enfant, pensez-y. Rajouta-t-il tout de même avant d'encaisser les différentes boîtes de comprimés.

Le froid qui lui fouetta le visage à la sortie de la pharmacie donna un frisson à Harry, mais il était heureux. Severus avait accepté de se soigner, il avait accepté de l'aide et Harry était heureux car c'était lui qui l'y avait forcé, il l'avait enfin aidé, et l'homme irait mieux, il en était sûr.

Le court chemin qui les conduisit jusqu'à l'hôtel fut rapide et silencieux, et de nouveau la chaleur qui frappa Harry lorsqu'il entra dans le grand hall du bâtiment lui fit le plus grand bien. L'endroit était beau mais simple, chaleureux et délicat. Un endroit où Harry pouvait se sentir bien.

-Bonsoir, commença une jeune femme en venant à leur rencontre.

Son sourire se fana aussitôt en voyant l'état de Severus.

-Monsieur, vous allez bien ?

-Juste une chambre avec deux lits. Rien de plus.

-Mais...

-Maintenant.

Le ton ferme de Severus l'empêcha de répondre quoi que ce soit. Et la jeune femme ne put rien faire d'autre que leur tendre la clé d'une chambre et les regarder Severus et Harry se diriger vers leur chambre.

Comme la dernière fois, Severus ouvrit la porte de la chambre, mais au lieu de s'effondrer sur le lit et après avoir pris de nombreux médicaments, il se glissa avec difficulté sous la couverture, la remontant jusque sous son menton, frissonnant de froid et trempé de sueur.

À côté de lui, Harry lui tapota l'épaule comme pour l'encourager, lui rappeler qu'il était là. S'il l'avait pu, Severus aurait repoussé l'enfant pour rompre le contact, mais il ne le pouvait pas. Trop faible, mais surtout, parce qu'il en avait besoin. Il avait besoin de se sentir soutenu, de ne pas être seul, pour continuer à se battre contre ce mal qui le rongeait peu à peu.

-Ça va aller Severus. Les médicaments vont te soigner...

*****
Je voulais m'excuser pour le retard de publication.
Mon lapin a eu des problèmes de santé et a été hospitalisé samedi dernier. Je n'étais donc pas vraiment dans de bonnes conditions pour poster un chapitre...
Voici donc celui ci un peu plus tôt que prévu pour me faire pardonner.
Bonne lecture à tous

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