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Face à lui, deux grandes lumières se rapprochaient à grande vitesse...
Et Harry était toujours incapable de faire le moindre geste, bien trop pétrifié par la terrible réalisation qu'il venait de faire. Le monsieur l'avait abandonné, et il était perdu tout seul. Cette réalisation était tout ce qu'il avait d'important à ses yeux, si bien que la perspective de se faire de nouveau enlever ne lui effleura même pas l'esprit. Pour Harry, le pire qui puisse lui arriver était que Severus ne veuille plus de lui, qu'il ne l'emmène plus avec lui dans un bel endroit, et qu'il ne puisse plus voir ses gens si gentils dont on lui avait tant parlé.
L'enfant regardait les phares se rapprocher de lui, sans cligner des yeux, le regard vide et résigné par ce qui allait lui arriver. Et bien qu'il n'ait que quatre ans, il se doutait bien que la plupart des rencontres qui se faisaient en pleine nuit, au milieu d'une forêt perdue, n'était jamais, ou presque, des rencontres qui finissaient bien. Mais Harry s'en fichait pas mal. Personne ne voulait de lui, il le savait, et le monsieur le lui avait bien prouvé une fois de plus. Il était un anormal que tout le monde repoussait. Personne ne peut aimer un anormal...
Les mots de l'oncle Vernon sonnaient comme une sentence dans son esprit. Il l'avait bien prévenu après tout, mais non, Harry n'avait pas pu s'y résoudre, il y avait cru, il s'était accroché au peu d'espoir qu'il avait d'être en fait un petit garçon tout à fait normal, mais il s'en était mordu les doigts, et la réalité lui faisait tellement mal. Mais Harry n'arrivait plus à pleurer. Il était triste d'être perdu, d'être seul, et surtout que le monsieur lui ai menti et l'ai abandonné. Mais il ne parvenait pas à pleurer sur son sort. On l'avait prévenu à plusieurs reprises, et il n'y avait pas cru...
Un crissement de pneu se fit entendre à quelques mètres de lui. Harry fixait toujours le véhicule sans le voir, éblouit par les phares blancs qui lui empêchait de voir quoi que ce soit. Son instinct de survie lui disait de courir, d'essayer de s'enfuir, mais son esprit d'enfant qui venait d'être blessé si profondément ne parvenait pas à lier le désir de fuir avec l'action. Fuir pour aller où de toute façon ? Il ne savait pas. Il ne voulait pas savoir. Ce qu'il voulait, c'était le monsieur en noir. Mais ce n'était pas possible, le monsieur l'avait abandonné...
Un bruit de portière que l'on ouvre violemment le fit sursauter sans qu'il ne s'en rende compte, son instinct toujours désireux de le pousser à la fuite.
-Oh mon dieu...
Une autre portière s'ouvrit sans que Harry ne change d'état ni d'expression. Il voulait le monsieur en noir, rien d'autre, mais il ne viendrait pas. Il l'avait abandonné, tout seul. Il ne voulait plus de lui. Pourquoi est-ce que ça faisait si mal dans son cœur ? Harry s'était dit plusieurs fois que cela finirait par arriver, il s'y était préparé, alors pourquoi cela faisait-il si mal ?
Des bruits de pas, des chaussures claquant sur le sol dur de la route, mais Harry ne bougeait toujours pas.
-Charles, ce n'est qu'un enfant... Comment s'est-il retrouvé ici ?
Sans qu'il ne sache vraiment pourquoi, Harry se retrouva face à une femme d'une trentaine d'année qui le fixait avec inquiétude, chose qu'il ne comprit pas. Pourquoi quelqu'un serait inquiet pour lui, l'anormal ? La femme amorça un petit geste de la main dans sa direction, mais Harry se recula d'un pas s'en sans rendre compte, son instinct de conservation reprenant le pas sur tout le reste pendant un court instant. La femme en paru peiné mais ne tenta pas une nouvelle fois d'amorcer le contact, à la place, elle s'accroupit face à lui pour se retrouver à sa hauteur, plaçant ses yeux au niveau de ceux de l'enfant. Mais Harry ne parvenait pas à les voir, encore éblouit par les phares du véhicule derrière elle.
-N'ai pas peur. Je ne te ferais aucun mal... Commença la femme avec douceur.
Et tandis qu'elle tentait de le rassurer de sa voix apaisante, d'autre bruit de pas se rapprochèrent de Harry qui ne parvenait plus à comprendre ce qu'il se passait. Bientôt, un homme s'accroupit lui aussi face à l'enfant n'esquissant aucun geste dans sa direction.
-Comment t'appel tu mon grand ? Demanda le monsieur avec, lui aussi, une voix très apaisante
-Harry...
Harry ne savait pas pourquoi il répondait à ses personnes qu'il ne connaissait pas. Il ne comprenait pas non plus pourquoi son instinct de survie s'était soudainement calmé lorsqu'il avait entendu ses deux voix si sympathiques. Il ne les connaissait pas, ils lui voulaient probablement du mal, et pourtant, Harry, ou plutôt son instinct, n'éprouvait plus le besoin de fuir.
-Tu es perdu ? Demanda la femme face à lui avec un ton toujours aussi rassurant.
-Oui... Le monsieur en noir m'a abandonné...
-Pauvre petit...
-Je veux Severus...
Et cette fois, les larmes commencèrent à couler. Et pour la première fois depuis longtemps, Harry se comporta vraiment comme un enfant de quatre ans, pleurant à chaude larme, des sanglots lui secouant violemment le corps, serrant sa couverture contre lui, la seule chose qui le relié à sa maman, son papa, et aussi, d'une certaine manière, à l'homme en noir. Harry murmurait des morceaux de phrase incohérente ou les mots «monsieur», «abandonné», «anormal» et «promis» revenaient de façon assez fréquente.
-Qui est Severus ? Demande à son tour l'homme.
Les sanglots d'Harry redoublèrent d'intensité, commençant à lui irriter la gorge et à rendre sa poitrine douloureuse. Non, il n'avait jamais pleuré comme ça de toute sa vie, pas même quand tante Pétunia lui avait expliqué une bonne fois pour toutes, et avec des mots terribles, que son papa et sa maman ne l'avait jamais aimé et qu'ils souhaitaient se débarrasser de lui. C'était pour ça que tout le monde se débarrassait de lui. Si même ses propres parents ne voulaient pas de lui, alors pourquoi l'homme en noir aurait voulu de lui. Il lui fallut quelques minutes avant de parvenir à prononcer le moindre mot.
-Severus... Le monsieur en noir... qui m'a sauvé.... Il est venu... Et il... Il m'a sauvé... Il est gentil... Il m'a dit... Il m'a promis... Qu'il m'emmènerait avec lui... Qu'il ne me laisserait pas... Mais il m'a abandonné... Comme... Comme papa... Et maman... Personne ne m'aime... Je suis anormal...
-Non mon cœur, le coupa la femme fermement mais toujours avec autant de douceur. Tu t'es juste perdu. Et Severus doit beaucoup s'inquiéter pour toi. On va le retrouver...
-Mais... Je suis un vilain garçon.... Monsieur ne veut plus de moi... Si papa et maman... Ne voulaient pas de moi... Alors... Pourquoi monsieur lui... Il voudrait de moi... ?
Incapable de répondre à cela, la femme fit la seule chose qui lui sembla logique, et attira Harry dans une étreinte chaleureuse, et si l'enfant se crispa au contact de peur de ressentir la même drôle d'impression que lorsqu'il avait touché Severus, il se laissa finalement aller dans cette étreinte, voyant que rien ne se produisait. Ses larmes coulèrent de plus belle sur son visage rouge et fatigué.
-Severus... Severus... Ne cessait-il de murmurer contre l'épaule de la femme.
Pendant longtemps, le silence de la forêt plongé dans le sommeil ne fut entrecoupé uniquement par les sanglots et les plaintes incessantes de Harry. Dans son dos, la main de la femme effectuait des vas et viens pour la rassurer, le réchauffant également. Après un long moment, Harry commença enfin à se calmer, ses larmes coulant silencieusement sur son visage fatigué, et il se rendit enfin compte qu'il était frigorifié.
-Ne t'inquiète pas Harry, nous allons retrouver Severus. Dit gentiment l'homme à côté de lui.
Harry tourna son visage vers le monsieur qu'il ne voyait toujours pas vraiment.
-Mais il ne veut pas de moi...
-Si Harry. Je pense juste que vous vous êtes séparés tous les deux. Et il doit être très inquiet pour toi. Reprit l'homme.
-C'est vrai ?
-Oui.
Harry regarda les deux individus face à lui tour à tour, un espoir nouveau brillant au fond de ses prunelles. Severus s'inquiétait pour lui ? Il était perdu, il ne comprenait pas tout, il ne savait pas si s'était vraiment vrai, mais au moins, il avait quelque chose à quoi se raccrocher et c'était tout ce qu'il voulait à cet instant précis. Se laissant faire, en totale confiance, chose qu'il n'aurait probablement pas offerte si facilement si il n'était pas aussi épuisé, Harry se laissa porter dans les bras de l'homme. Il ne broncha absolument pas lorsqu'il se retrouva dans le véhicule, écoutant d'une oreille plus que distraite les quelques mots que s'échangèrent les deux adultes.
-Il dit s'être perdu, commença la femme, mais je ne vois pas comment, il n'y a rien ici à plusieurs kilomètres à la ronde. Il n'aurait pas pu parcourir des kilomètres à pied tout seul sans tomber sur quelqu'un avant nous. Et ce monsieur en noir ? Tu crois que... Il l'a enlevé ?
-Je ne sais pas... Mais je ne pense pas vu comment cet enfant semble tenir à lui...
-Il a dit avoir été abandonné. Contra la femme.
-C'est un enfant Heather. Il a dû percevoir les choses différemment de la réalité. Je pense qu'il y a un malentendu et qu'il s'est imaginé cette histoire d'abandon parce qu'il était terrorisé et qu'il ne parvenait plus vraiment à réfléchir normalement. La panique tout simplement.
Un silence s'ensuivit, court.
-Tu penses que le petit s'est juste perdu ? Reprit Heather qui semblait toujours aussi sceptique sur le sujet.
-Pourquoi appellerait-il cet homme en noir Severus s'il n'était pas quelqu'un de confiance à ses yeux ?
Cette simple remarque finie de balayer les derniers doutes de la femme. En effet, c'était logique, vue sous cet angle. Avec douceur, Charles déposa Harry sur le fauteuil juste à côté de son fils, attachant le petit avec douceur pour ne pas le brusquer, lui qui était déjà à moitié plongé dans le pays des rêves. Une fois que Harry fut correctement installé, Heather vint finalement placer la couverture du petit sur lui procurant une couche de chaleur supplémentaire.
-Il peut être n'importe où dans cette forêt... Remarqua Heather une fois qu'elle eut pris place aux côtés de son mari qui venait de reprendre le volant.
-Je sais, mais Harry ne doit pas avoir plus de cinq ans, il n'a pas pu se perdre trop loin.
Harry, au bord du sommeil, le corps engourdi par la chaleur qui se répandait avec douceur dans ses membres fatigués, écoutait les quelques mots qu'échangeaient les deux adultes sans comprendre leurs significations. Le moteur du véhicule ronronna et ils finirent par se mettre en mouvement. L'enfant lutta pour garder les yeux ouverts, observant au travers de la fenêtre à côté de lui. On lui avait promis que Severus s'inquiétait pour lui, alors il devait sûrement le chercher ?
L'enfant voulait regarder par la fenêtre, observer les alentours pour avoir une chance de l'apercevoir, une chance de crier son nom, une chance de le retrouver et de, de nouveau être à ses côtés.
Le serrer dans ses bras aurait été bien aussi, mais il savait qu'il n'avait pas le droit de le toucher...
Alors juste être avec Severus serait la meilleure chose au monde à ses yeux. Pendant quelques secondes seulement, il parvint à garder les yeux fixer sur le néant de la forêt, espérant plus que tout voir la haute silhouette de l'homme en noir. Mais le sommeil fut bien plus fort que sa volonté pourtant si grande et Harry fini par s'endormir en grognant de mécontentement, sa tête roulant légèrement sur l'épaule du petit garçon à sa droite.
Il voulait tellement retrouver Severus...
Ses yeux lourds se fermèrent d'eux même...
Et il ne vit pas la silhouette sombre écroulée sur le bord de la route vers laquelle ils se dirigeaient.
*****
JOYEUX NOEL A TOUS !!!!!!!
J'espère que vous avez tous été bien gâté. Moi, je vous offre ce nouveau chapitre de "Guilt and Salvation", en espérant que cette histoire vous plaise toujours autant.
Très bonne soirée à ceux qui sont en famille (et ceux qui ne le sont pas aussi d'ailleurs ;)) et à bientôt pour le prochain chapitre.
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