06

Severus se rapprocha furtivement de la grande bâtisse, faisant appel à tout son savoir-faire pour ne pas être vu ni entendu par le groupe qui patrouillait dans les couloirs. La nuit l'aidant grandement, il parvenait à se dissimuler presque entièrement aux yeux de tous, et dissimuler la présence de sa magie ne lui demandait plus aucun effort depuis le temps qu'il s'y employait. Un bruit de pas s'approchant de lui le mit aussitôt sur ses gardes, le forçant à se cacher derrière un pan de mur, entièrement dissimulé dans l'ombre et immobile.

Après avoir passé la journée entière à observer les lieux, Severus était finalement parvenu à repérer la pièce dans laquelle était détenu le jeune Potter : une petite chambre au troisième étage, totalement démeublée mis à part un lit sans drap ni couverture, couvert par une fine couche de poussière. Il avait également pu découvrir que l'enfant était gardé par un total de six sorciers qu'il ne connaissait pas, dont les noms ne lui disaient absolument rien. La journée était passée bien rapidement, occupé comme il était à se balader d'une fenêtre à une autre pour tenter de voir, ou d'entendre des choses qui lui seraient utiles.

Severus était passé à l'action dès que le manteau noir du crépuscule s'était posé sur les lieux, lui assurant une quasi-totale invisibilité. N'ayant pas spécialement de plan, son seul but était d'atteindre la pièce où était retenu Harry, le sortir de là et le ramener avec lui jusqu'à Dumbledore. Rien de bien complexe pour lui, ancien mangemort qui savait plus que tout passer inaperçu aux yeux du monde.

À peine quelques secondes suffirent au maître des potions pour pénétrer dans la grande bâtisse, totalement abandonnée, en partie délabrée, les murs et le sol entièrement couverts de poussière et de débris. Un manoir d'ancien temps qui avait été abandonné par les propriétaires suite à la ruine de leur famille probablement. Seuls quelques meubles richement sculptés étaient encore présents, désormais en piteux état d'avoir été abandonnés ainsi aux ravages du temps, des intempéries et des nuisibles, vestige d'un ancien temps désormais révolu.

Dès que les pas se furent suffisamment éloignés de lui, Severus reprit sa marche silencieuse, se dirigeant sans aucune hésitation vers le grand escalier aux marches abîmées et grinçantes. Avançant rapidement mais surement, l'homme redoubla d'attention, tendant l'oreille, se figeant un instant au moindre petit bruit, au moindre petit mouvement qui lui parvenait. Une marche grinça. Plus forte que les autres dans ce silence de plomb. Severus se figea. Aucun bruit. Aucun mouvement. Il reprit sa marche, son cœur battant d'autant plus fortement dans sa poitrine. La sueur perlant toujours sur son front, dans son cou et son dos.

Cela fut terriblement angoissant, stressant, épuisant, mais finalement, après des minutes de tension intense, Severus parvint enfin à atteindre son but, faisant face à une porte qui, contrairement au reste du manoir, tenait parfaitement sur ses gonds et était en bon état. Rien de bien étonnant étant donné que le but était de retenir captif une personne dans cette pièce. Une rapide inspection de la porte permit au professeur de voir qu'aucun sortilège n'avait été placé pour l'empêcher d'entrer dans la pièce.

-Alohomora.

Dans un petit déclic, le loquet s'ouvrit lui permettant de pénétrer dans la pièce, aussi sombre et poussiéreuse que le reste du bâtiment. Apparemment, personne n'avait pris la peine de rester pour surveiller l'enfant, probablement bien trop sûr de leur coup. Avec le plus de discrétion possible, Severus se rapprocha de la petite masse couchée sur le lit, recroquevillée et gémissante. Harry était en train de pleurer silencieusement. Quoi de plus normal après ce qu'il avait vécu ses derniers jours. Ayant gardé la petite couverture soigneusement rapetissée dans sa poche, le professeur se décida à la sortir, lui redonner sa taille normale. Pour la poser délicatement sur l'enfant qui sursauta à son contact, se redressant le plus possible pour tenter d'apercevoir qui était venu à sa rencontre.

Sans le voir en raison de l'obscurité, Severus se doutait bien que le petit était terrorisé. N'esquissant aucun geste vers Harry pour ne pas l'effrayer davantage, l'homme se contenta de s'accroupir pour se mettre à sa hauteur et resta un instant à regarder ce petit être qui lui rendait son regard, effrayé, perdu, ne comprenant pas ce qui lui arrive, serrant sa couverture qu'il avait indéniablement reconnu dès qu'elle l'avait touché.

-Tu es qui monsieur ?

La voix de l'enfant était tremblante, entrecoupée de sanglots qu'il essayait désespérément de cacher. Il essayait d'être fort malgré la situation dans laquelle il se trouvait, et, sans qu'il ne sache pourquoi, cela rendit Severus fier de lui.

-Je viens te chercher Harry.

L'enfant se tendit aussitôt, effectuant un petit geste de recul sous la peur. De toute évidence, cela n'avait pas été les bons mots à employer... Sentant sa bêtise, Severus ne put s'empêcher de baisser le regard, ressentant une pointe de honte commencer à le dévorer. Même d'un enfant, il ne parvenait pas à gagner la confiance... Rien de bien étonnant après tout, son physique n'était pas très engageant, et sa tenue aussi sombre que stricte ne laissait pas la place à de la sympathie.

-Je suis... Un ami de ta maman...

Avait-il le droit de se présenter ainsi ? Après ce qu'il avait fait ? Certainement pas. Mais c'était là le seul moyen possible pour espérer que l'enfant l'écoute et finisse par le suivre.

-C'est elle qui m'a envoyé te chercher, continua Severus toujours sur un ton le plus doux et rassurant possible. Elle m'a aussi demandé de te ramener ta couverture pour te rassurer.

Dans un sursaut, l'enfant se rapprocha de lui, surprenant le professeur qui ne s'était pas attendu à une réaction positive aussi rapidement. Le petit garçon plantait ses yeux dans ceux du maître des potions avec excitation.

-C'est vrai ? C'est maman qui t'a dit de venir monsieur ?

-Oui.

-Mais alors... Toi aussi tu es un anormal monsieur ? Comme moi ?

Sachant pertinemment que ce n'était pas le moment, Severus ne pouvait pas repousser l'enfant en refusant de répondre à ses questions. Il devait à tout prix se montrer compréhensif et amical. Le maître des potions comprit de quoi voulait parler Harry, lui-même ayant dû faire face à ce genre d'appellations pendant son enfance. Le petit garçon était persuadé qu'il n'était pas normal, qu'il n'était pas comme les autres.

-Je suis comme toi. Et comme ta maman. C'est pour ça que tu dois me faire confiance quand je te dis que c'est elle qui m'envoie.

L'enfant sourit. Un véritable sourire comme il en avait rarement fait. Quelqu'un était venu le chercher, quelqu'un que sa maman lui avait envoyé pour le sauver, le protéger. Harry n'avait jamais été aussi heureux de toute sa vie.

La joie ne fut que passagère.

-Je ne comprends pas monsieur... Comment est-ce que maman a pu vous demander de venir ? Maman, elle est plus là. Maman, elle est morte...

Severus baissa la tête, un poids supplémentaire venant de s'ajouter sur ses épaules déjà bien chargé.

-Oui, Harry... Ta maman n'est plus avec nous. Mais avant de partir, elle m'a demandé de toujours veiller sur toi, de ne jamais t'abandonner. Tu peux avoir confiance en cette couverture Harry, elle vient de ta maman et de personne d'autre.

-Alors c'est vraiment maman qui t'envoie monsieur ?

-Oui...

-Tu vas me ramener auprès de maman alors ?

Le cœur de Severus, déjà bien bas, sombra définitivement dans sa poitrine dans un endroit où il ne pourrait probablement jamais le retrouver... Cet enfant comprenait que ses parents étaient morts, mais il ne comprenait pas ce que cela impliquait, le concept de vie et de mort étant trop flou pour un garçon de seulement quatre ans.

-Non... Je ne peux pas... Ta maman est dans un endroit où tu ne pourras pas la rejoindre... Pas avant très très longtemps, quand tu seras devenu très très vieux...

-Mais maman elle, elle y est. Et elle n'est pas très très vieille d'abord ! Ma maman est très très jolie je le sais !

-Oui Harry... Ta maman est très belle...Et aussi...

Il ne put finir sa phrase. Comment faire comprendre à un petit garçon de quatre ans, que, lui, avait connu sa mère depuis si longtemps, qu'il était amoureux d'elle depuis des années, mais qu'elle ne l'avait pas choisi... Bien que totalement innocent, les mots de l'enfant le blessaient plus qu'il ne l'aurait voulu. S' il découvrait que... Non ! Jamais il ne saurait ce qu'il avait fait, qu'il était responsable de la mort de ses parents. Du moins, pas tant que lui, Severus Snape serait encore en vie. Le petit le regardait avec grand intérêt, attendant la suite des mots de Severus qui ne viendrait jamais.

-Je ne peux pas t'emmener à ta maman, mais je vais t'emmener ailleurs, dans un endroit où tu seras en sécurité et où plein de gens vont t'aimer, je te le promets. Viens maintenant.

Severus se rapprocha de lui, tendant ses mains pour prendre Harry dans ses bras. Au moment où il allait toucher l'enfant, il s'arrêta, son regard s'assombrissant, faisant légèrement reculer l'enfant qui, en voyant son visage si froid, commença à se demander s' il pouvait lui faire confiance.

Mais oui ! C'est maman qui l'envoie !

Severus resta là, attendant un instant. Avait-il seulement le droit ? De le toucher ? Avec ses mains ? Ces mêmes mains tachées de sang qui ont enlevé tellement de vie... Non il ne le pouvait pas. Il était hors de question qu'il souille son âme avec sa noirceur. Jamais il ne prendrait cet enfant dans ses bras, jamais il ne ferait l'affront à Lily de salir son enfant avec sa laideur.

Se relevant de toute sa hauteur pour faire face à l'enfant, il lui intima de le suivre sans faire de bruit, de ne pas le quitter d'une semelle et que, quoi qu'il arrive, il obéisse aux moindres de ses ordres. Harry, pour toute réponse, descendit du lit, resserra sa couverture, et commença à le suivre docilement sans faire un seul bruit.

L'enfant le suivit aussi vite que ses petites jambes le lui permettaient, toujours enroulé dans sa couverture qu'il refusait de relâcher. Ce fut lorsqu'ils arrivèrent au rez-de-chaussée sans aucun encombre que le drame arriva. Se prenant les pieds dedans, il finit par s'écrouler tête la première de tout son long, poussant un cri de surprise, puis de douleur quand il rencontra violemment le sol. Severus se retourna aussitôt, se rapprochant de Harry pour voir s'il ne s'était pas fait trop mal. Des voix retentirent autour de lui.

Ils étaient repérés.

Et encerclé.

Un homme s'approcha de lui, pointant sa baguette sur Severus, s'apprêtant à lui lancer un sort, un sourire mauvais plaqué sur le visage.

-Maudit mangemort ! Dit-il d'une petite voix menaçante. Tu croyais vraiment pouvoir nous le piquer comme ça ? Pauvre idiot...

C'était dangereux, mais il n'avait pas le choix. Pour l'enfant de Lily... Non... Pour Harry. Severus sortit sa baguette, et d'un informulé, envoya l'homme volé à l'autre bout de la pièce, invoqua une bulle de protection autour de l'enfant et ordonna de sortir de la maison sans lui. D'abord réticent, Harry se résout à obéir, courant aussi vite qu'il le pouvait. Mais dès qu'il eut atteint la porte d'entrée, il ne put pas faire un pas de plus et se retourna, regardant l'homme en noir avec appréhension. Il ne savait pas quoi faire. Ni où aller. Alors Harry regarda le combat sans le comprendre. Il regarda l'homme en noir envoyer voler les autres avec un morceau de bois. Puis courir vers lui, se tenant le bras droit.

Ne pensant à rien d'autre qu'à fuir, Severus courra vers Harry qui était resté figé à moitié caché par le pan de mur, tenta de visualiser pré-au-lard, avec le peu de force qu'il lui restait. Un sort le toucha dans le dos, lui faisant perdre le fil de ses pensées.

Il attrapa Harry par le bras.

Et transplana.

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