0. Xénomorphe
La créature flotte dans cet immense tube. Elle est à demi-consciente, recroquevillée en position foetale. Il y a du mouvement devant elle. Péniblement, elle relève la tête, son long crâne cogne contre le verre derrière elle. Ils sont deux. Elle ressent leur chaleur, elle qui a si froid dans ce liquide gelé.
"Elle est consciente ?"
L'un d'eux approche son visage jusqu'à coller son nez sur le tube. Sa respiration créée de la buée sur la surface dure. Il doit être si chaud. Il la fixe et la détaille, ses yeux bougent dans tous les sens. Il est bouffi et transpire abondamment. Il sent fort et elle le sent. Il a peur car il sait ce qu'elle est.
"Oui et non, Monsieur. Elle se réveille parfois et ouvre les yeux. Elle a aussi des spasmes musculaires mais ça s'arrête là.
Et les autres ?"
Totalement inconscientes. On a perdu le sujet 36. Ses organes ont lâché les uns après les autres. 45 et 83 sont sur la même voie."
L'homme se recule et s'en va. Elle le suit du regard et voit les autres tubes devant lesquelles ils s'arrêtent. Combien y en-a-t-il ? Elle ne sait pas compter mais elle sait qu'il y a beaucoup de ses frères. Il les sent. Ils dorment tous. Sauf un. Un peu plus loin l'un des sujets se réveillent aussi. Il cogne sa tête contre la paroie. Puis son immense main s'aplatit sur le surface et sa queue fouette le liquide qui l'entoure. Il veut sortir. Il a mal. Il cri et elle l'entend. Les deux hommes se rapprochent du tube en question et elle ressent leurs craintes. Ils savent que s'il s'échappe ...
La créature a du mal à rester consciente. Ce liquide a quelque chose de particulier. Elle déroule sa queue qui entourent ses jambes et déploie ses longues pattes. Elle est complètement engourdie mais elle doit sortir. Elle ne peut pas rester ici. Elle entend un cri. SON cri. ELLE l'appelle.
Son frère s'agite aussi de plus en plus, alors elle suit le mouvement. Elle frappe la surface dure mais rien ne se passe. De l'autre côté de la salle, l'autre créature a fissuré le verre. Il va réussir. Mais les deux hommes paniquent. L'un des deux se rue sur un micro dépassant d'une console et hurle.
"Code orange. Je répète Code Orange. Deux sujets sont agités. 21 a fissuré son tube."
Elle n'entend pas la réponse, de toute façon elle ne la comprend pas. L'autre homme appuie des boutons à gauche du tube. Soudain une fumée s'échappe du haut du tube par un système de gros cylindre. Le voyant jaune au dessus de tube passe au bleu et alors que l'humain se recule, la créature voit son frère figé dans une substance solide. Elle ne sent plus les battements de son coeur. Il ne bouge plus.
En revanche, elle entend distinctement les battements des palpitants humains. Ils suintent la peur et elle aime ça. Elle décide d'attendre. D'attendre son heure. Elle trouvera bien un moyen de sortir. Un moment propice à l'évasion. Et la première chose qu'elle fera une fois hors de ce tube, c'est de tuer ces deux humains qui la maintiennent emprisonnée. Elle referme les yeux et avec le temps, le calme revient. Elle restera immobile.
Elle ne sait pas combien de temps elle a attendu mais quand elle rouvre les yeux et se remet à bouger, la salle est plongée dans l'obscurité. La seule source de lumière est la légère brillance jaune des tubes. Elle tourne sa tête lentement dans tous les sens. Où est-elle ? Elle hurle toujours. Son frère a disparu. La place du tube est vide. Du mouvement sur sa gauche. C'est un homme. Il est assis et ronfle, son sang pulse lentement. Il dort. Comme tous ses autres frères.
La créature retate le verre, elle a une idée. Elle approche sa tête et colle sa bouche. Elle l'ouvre lentement, du liquide s'infiltre dans sa gueule. Elle n'aime pas mais elle doit essayer. Elle ouvre la gueule dévoilant une rangé de crocs acérés, une seconde gueule tout aussi dangereuse en sort, peut être plus avec la vitesse d'attaque. Elle frappe. Une fois, deux fois, trois fois. Un bong sourd retentit. La quatrième, un bruit aigüe l'accompagne. Une fissure fend le verre. Elle regarde l'humain, il dort toujours mais son rythme cardiaque a changé. Elle ratape. Encore et encore. Cette fois, le verre craque et de l'eau s'écoule de la fente. Des bulles lui effleure la tête. Elle y est presque.
Mais une sirène retentit accompagnée de gyrophares rouges. L'humain se réveille en sursaut et son regard s'agrandit d'effroie. Comment a -t-il fait pour ne pas entendre ?! Lui et la créature se jauge l'espace d'un instant. Puis il se lève et avise les boutons à la gauche de l'appareil. La créature se souvient. Elle ne lui laissera pas le temps d'agir.
Une course s'engage alors entre l'homme et la bête. Mais l'humain ne fut pas assez rapide. Au moment où ses doigts effleurent le plastique des touches, le verre explose répandant tout son contenu. La créature est libérée du liquide poisseux mais quelque chose la retient encore. Elle sent une dureté dans son dos qu'elle n'avait pas remarqué lorsqu'elle flottait. L'humain est tombé au sol, il tremble. Elle se tourne vers lui et essaye de l'attraper mais il replia les jambes et l'évite de justesse.
Il se relève et cours au loin pour mettre de la distance entre lui et le monstre. Il empoigne le micro et cri dedans car la sirène couvre sa voix.
"Un Xéno s'est libéré ! Il a pété son putain de tube ! Envoyez les Chiens !"
Il se fige car sur le mur en face de lui, une ombre grandit. La créature s'est relevé et feule en montrant les crocs. Elle avance mais est retenu par un long câble qui semble solide. En tout cas, il tient malgré la force du xéno. Pourtant, son sang va davantage se glacer quand des rideaux de fer se baisse les portes.
"Mais qu'est-ce que vous foutez ?! Hurle-t-il au comble de l'horreur."
Il va jusqu'à la porte et frappe de toutes ses forces sur le métal qui ne bronche pas. Sa respiration est erratique. Il sait que personne ne viendra car il sait que personne ne peut l'arrêter. Il sait aussi qu'il est mort. Il ne peut rien contre elle. MAis il refuse de se retourner, il reste donc face au métal comme un enfant au poteau.
La créature s'est relevée et essaie de retirer le tube avec ses longs doigts mais elle ne parvient à l'atteindre. Elle s'énerve et fouette tout ce qui l'entoure jusqu'à ce que la pointe acérée de sa queue face exploser une autre tube. Elle comprend alors l'importance de cette nouvelle arme. C'est comme si elle renaissait. Elle apprend à vivre et à survivre. Son frère tombe au sol, la chute lui fait reprendre conscience. La créature relance sa queue et cette fois ci, elle touche sa cible. Le tube se coupe et elle est libre, entièrement libre. Elle en profite pour déchirer celui qui retient l'autre xéno. Puis elle se tourne vers l'humain. Il ne bouge pas et reste planté là.
Elle s'approche et se place dans son dos. Il sait qu'elle est là. Il s'est figé et ne prononce pas un bruit. Il tremble. Elle grogne en regardant le rideau de métal, la sortie est là, derrière ce mur froid et dur. Elle avance sa main aux longs doigts pourvus de griffes et la pose sur la surface métallique. Elle appuie mais rien ne bouge. Un cri sort de sa gorge et effraie l'humain qui sursaute, cri et se laisse tomber à genoux.
Son frère est complètement réveillé à présent, il grogne en regardant les tubes. Il sait qu'il s'y trouvait aussi. Alors comme son frère venait de le faire pour lui, il allait les libérer. Un à un, il brise les prisons de verre. Les xéno tombent au sol et se réveillent les uns après les autres. L'humain prend conscience qu'il se trouve dans une salle remplie de monstres. Il sait qu'il est mort, même s'il respire encore. La créature dans son dos lève la tête et analyse la pièce. Il n'y a aucun moyen de sortir. Le micro se met soudain à grésiller.
"Aldo ? Tu es là ? Non, vous l'avez enfermé avec eux ?! Vous l'avez condamné !!!!"
Aldo se met à pleurer, silencieusement puis il ne retient plus ses plaintes. Il ne gagnera pas la sympathie du monstre mais au moins son coeur s'allègera. Les xéno s'attroupent autour d'un des leurs qui ne se relèvent pas. Il est mort. Il n'a pas survécu en dehors de sa cellule liquide. La créature pousse un son strident comme une plainte. Elle n'est pas triste, elle ne connaît pas la tristesse, mais c'était un de ses frères.
Jusqu'à ce que la solution soit évidente. Elle ne ignore comment elle peut savoir ça, c'est comme un instinct. Quelque chose au fond d'elle lui dit que son sang, leur sang peut les sortir de là. L'instinct de la bête. L'instinct de survie. Elle s'éloigne de l'humain pour rejoindre le cadavre son frère, elle le saisit par la nuque et sans grande difficulté, le traîne jusqu'à la porte. L'humain n'a pas bougé. Qu'en est-il de son instinct de survie ? Non, il n'y a pas de survie possible. La créature le sait tout comme l'humain. Il est résigné. Il attend juste le moment où sa vie cessera sans pourtant arrêter d'espérer qu'il y ait une faible probabilité qu'il s'en sorte grâce à un miracle.
Le monstre lève le cadavre au dessus de l'humain, il est d'ailleurs bousculé par les pattes inertes et la queue lourde qui lui tombe sur les épaules. Ses frères sont regroupés derrière. Dès qu'elle aura fait ce qu'elle a à faire. Ils seront libres pour la retrouver et la protéger. Elle ouvre lentement la gueule, et d'un coup rapide sa seconde mâchoire sort du fond de sa gorge pour éclater la tête du cadavre qui explose en une multitudes de morceaux. La cervelle et le sang vert éclaboussent la porte mais aussi l'humain qui se met à hurler. Dès l'instant où le liquide corrosif touche la peau de l'homme, elle se met à fondre et à cloquer. Il en reçoit beaucoup sur le visage. Sa mort est assez rapide mais pas moins douloureuse. Il tombe inerte au sol, jusqu'au moment où le sol craque et s'effondre sous lui, tout aussi rongé par l'acide. L'homme tombe à l'étage du dessous ... où l'on peut apercevoir d'autre tube. Deux xénomorphes se ruent dans le troue, d'autres des leurs doivent être libéré. Combien sont-ils ? Ils ne le savent pas mais ils sont nombreux.
L'acide a détruit le rideau de fer et ronge la porte mais elle met du temps à s'ouvrir. En fait, elle ne s'ouvre pas. L'acide n'a pas atteint le verrou. La créature jette le cadavre au centre de la porte et de l'acide gicle sur le loquet. Après quelques secondes, c'est chose fait. Dans un bruit de décompression, le métal s'ouvre.
"Ouverture de la porte 66. Annonce une voix féminine robotisée."
Devant eux, un long couloir sombre et éclairé de rouge. Mais ils ne sont pas seuls. D'autres humains s'y trouvent. Ils sont vêtus de noir et tiennent des objets de métal.
"Extermination de toutes les cibles. Hurle l'un d'entre eux."
Les tirs commencent et le xéno reçoit des balles dans la jambes droites. Son sang coulent et ronge le métal. Des frères hurlent, eux aussi touchés. Ce sont des ennemis qui veulent les anéantir. Et les xénomorphes ne se laisseront pas faire. Dans d'horribles feulements, ils s'élancent et attaquent. La survie est leur seul objectif. La famille avant tout.
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