65 | « Nola, on n'est pas dans Alerte à Malibu »

H O R T E N S E
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          NE ME DEMANDEZ PAS CE QUI S'EST PASSÉ HIER, car franchement, je n'en sais fichtrement rien. Est-ce que j'ai envie de savoir ? Mon mal de tête me crit que non, mais à en juger par l'absence de Pauline ce matin au petit-déjeuner, je ne peux que conclure que la soirée de la veille s'est déroulée à merveille.

— C'est une bonne journée, m'exclamai-je, les poings sur les hanches, contemplant les emplacements de camping qui se remplissaient à côté des nôtres.

À ce moment-là, Dorian déboula de nul part, son t-shirt enfilé de travers, en proie à une panique qui m'était devenue familière, au fil des jours s'étant écoulés depuis notre arrivée au camping Les Trois Dauphins. Le métisse buta contre une des sardines de sa tente deluxe, avant de s'étaler contre le sable en poussant un cri de diva.

— Ouais, une très bonne journée même, ajoutai-je alors que Jules, résigné à aider son boulet d'ami, se précipitait vers Dorian.

Je me rassis sur ma chaise suite à cette pensée et attrapai le paquet de Chocapics de Nola — elle avait le don de toujours le laisser traîner n'importe où celui-là.

Comme j'en avais fait part précédemment, je n'avais absolument aucun souvenir de la soirée de la veille. Je me rappellais juste que je portais un ruban violet, mais à vrai dire, cela ne relevait guère d'un exploit — le-dit ruban étant toujours accroché à mon poignet. Nola n'avait rien voulu me dire, mais à en juger par le regard mi-amusé mi-exaspéré qu'elle m'avait lancée ce matin, j'en avais conclu que les choses avaient pris une tournure... Inattendue.

Pour faire plus simple, quelque chose avait fait que Pauline nous avait tout simplement quitté ce matin aux aurores, et vu l'air de Maël, j'en avais conclu qu'il avait finalement conclu que ce caniche était tout simplement toxique pour lui. En constatant l'absence de Pauline en me levant, je m'étais demandée si j'y étais pour quelque chose dans cette histoire. Néanmoins, vu le grand sourire que venait de m'adresser le blond, j'étais presque sûre et certaine que pour une fois, rien n'était de ma faute.

Ou alors Maël prévoyait juste ma mort prochaine.

— Hortense ! Tu veux pas bouger tes fesses et ramener la trousse de secours ? Dorian va perdre son orteil si ça continue ! s'écria Jules et Nola, à l'entente du prénom du métisse, déboula de nul part.

Sérieusement, on dirait qu'elle avait développé un sixième sens capable de détecter les moindres conneries du jeune homme.

— J'arrive ! soufflai-je avec un manque de volonté certain, levant les yeux au ciel face à l'hyperbole qu'avait employé Jules.

La trousse de secours : c'était un bien grand mot pour désigner un paquet de pansements Monoprix et une petite bouteille d'alcool à soixante-dix degrés. Mais après tout, on n'avait pas prévu de s'en servir tous les matins, ainsi Nola avait jugé que ce matériel rudimentaire était largement suffisant, et que si jamais on avait un problème, on n'aurait qu'à aller faire des courses à la supérette.

— Tiens, déclarai-je en tendant un coton imbibé d'alcool à Jules.

Le brun me remercia d'un signe de la tête et ses iris chocolats dérivèrent dans la direction de Nola pendant quelques instants. Bordel, ma main à couper qu'il s'était passé — ou avait failli se passer — quelque chose entre ces deux-là, lors de la soirée dans les bois de Montdesbois. Vous savez quoi ? Je crois bien qu'une petite discussion entre filles va s'imposer dans très peu de temps.

— Il s'est fait quoi ? questionna Maël en passant la tête au dessus de l'épaule de Jules. Dorian, dis-moi que tu t'es pas encore pété le petit doigt de pied ? râla le blond en se désolant d'ores et déjà.

— J'ai glissé chef, trouva simplement à redire le métisse et j'esquissai un petit sourire suite à sa réplique.

La bonne nouvelle, c'était que Dorian semblait être encore en entier — il allait juste avoir un bleu au pied et une petite entaille légère — ce qui, vraiment, relevait d'un exploit. Aussi le métisse put-il bientôt se redresser et sautilla jusqu'à la chaise de camping la plus proche. Nous nous laissâmes tomber à côté de lui, rassurés de voir que notre chauffeur attitré, ne conservait aucune blessure majeure de son plongeon de diva.

— Plus de peur que de mal, soufflai-je et Nola hocha de la tête.

— Ouais, approuva Jules avant de passer une main dans ses cheveux. Au fait, est-ce que quelqu'un aurait une idée d'activité pour cette après-midi ? Parce que personnellement, je trouve que le dimanche y a toujours trop de gosses à la piscine.

— On pourrait aller faire une balade à cheval ? Jouer au volley ou encore faire du badminton ? proposa Maël en grignotant quelques Chocapics abandonnés.

— Une balade à cheval, ce serait vraiment trop cool mais le dimanche ça va être difficile de trouver un centre ouvert, ripostai-je en esquissant une moue légèrement contrariée. Par contre, je propose qu'on fasse ça demain.

— Hortense, on est fauchés, jugea bon d'ajouter Nola et je me pinçai les lèvres suite à cela.

— Dorian, t'as une idée d'activité qu'on pourrait faire et qui n'impliquerait pas de dépenser de l'argent ? demanda Jules et le métisse se redressa, l'air très professionnel.

— Alors. Vous voyez le lac de Montdesbois ? Et bien j'ai remarqué qu'il y avait une aire située un peu à l'écart, débuta Dorian en posant les deux mains sur la table.

— Euh... Tu sais que dans ce genre d'aire il se passe des choses pas très catholiques ? lâchai-je, ne voyant guère où Dorian voulait en venir, enfin si, mais j'espérais que là n'était pas la question.

Maël écarquilla les yeux et se retint immédiatement de rire, de même que Jules et Nola, qui évitaient soigneusement de croiser le regard de l'autre — quand je vous disais qu'il y avait eu quelque chose la veille. Même Dorian paraissait terriblement gêné.

Bon sang, mais que s'était-il passé durant cette fichue soirée ?!

— Je pense pas que Dorian avait ce genre d'image en tête, intervint Nola et j'aurais presque pu entendre le soupir de soulagement du métisse.

— En gros, j'ai vu qu'il y avait des lianes accrochées aux arbres et les vacanciers s'amusaient à se jeter dans le lac en mode Tarzan, finit le métisse et j'ouvris la bouche, laissant échapper un petit "ahhhh".

Je considérai sa proposition pendant quelques instants, mes doigts pianotant contre la table de fortune. L'idée de Dorian sonnait comme une activité cool et déstressante, de plus, elle semblait contenter le grand enfant fan de Tarzan, qui régnait au sein de l'âme de notre ami. Néanmoins, je sentais déjà les problèmes arriver à trois kilomètres : une habitude me diriez-vous ? Et bien sachez qu'on ne s'y faisait réellement jamais.

— Vous en pensez quoi ? Ça vous dit ou pas ? redemanda Dorian en se tordant les doigts nerveusement.

— Carrément, assura Jules et Maël partit chercher ses lunettes de soleil.

Nola sembla elle aussi apprécier la proposition de Dorian — le contraire m'aurait étonnée d'ailleurs — et un sourire se dessina sur ses lèvres. L'instant d'après, elle se précipitait vers la tente que nous partagions toutes les deux et je m'empressai de la rejoindre. Lorsque je pénétrai dans notre modeste demeure, Nola retournait l'intégralité de sa valise, recherchant avec hâte quelque chose qui m'échappait totalement.

Du moins, jusqu'à ce qu'elle ne sorte un maillot de bain une pièce rouge de sa valise, un air triomphant sur son visage hâlé.

— Nola, on n'est pas dans Alerte à Malibu.

Je sais, espèce de veracrasse. Mais vu l'activité qu'on va faire cette après-midi, je préfère assurer mes arrières et éviter que mon maillot de bain ne se défasse à chaque saut, expliqua la brune d'un air très convaincu.

— Je suis sûre que y en a un que ça gênerait pas, répliquai-je et Nola fronça les sourcils. Rohh Nola ! Fais pas l'innocente ! J'ai deviné qu'il y avait eu un truc entre toi et Jules !

— Non tu sais rien, maintenant je vais me changer, alors laisse-moi, protesta ma meilleure amie en me virant de la tente et en fermant la porte derrière elle.

Je me relevai en époussettant mes genoux plein de sable et jetai un coup d'œil dans la direction de Jules. Le brun semblait bien trop enjoué pour que la situation paraisse normale. Ma main à couper qu'il y avait anguille sous roche...

— Tu te cacheras pas longtemps, Nola... Et toi non plus, espèce de poupée Ken fait du camping.

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Désolée de ne pas avoir publié hier, mais j'étais très très occupée mdrr.

chapitre de :
-missIndecise

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