63 | « Pourquoi mon ruban il est violet ? J'aime pas le violet »

H O R T E N S E
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          JE N'ARRIVAIS TOUJOURS PAS À CROIRE que Nola et Jules venaient d'élaborer un plan, pour que l'on se retrouve tous les deux avec Maël. Enfin, disons que j'avais du mal à croire que leur idée toute pourrie venait de marcher et que désormais, je devais me cramponner à Maël comme si ma vie en dépendait.

Aucun son ne traversait la barrière de mes lèvres, ni des siennes. J'étais fort remontée contre Nola — ça devenait une habitude à force — et Jules : comment pouvaient-ils me faire subir cela alors qu'ils savaient très bien que j'avais de plus en plus de mal à supporter Pauline depuis son arrivée ? Et là, devoir discuter avec Maël de manière forcée, c'était vraiment le pompon !

— Me demande surtout pas si ça va ? lâchai-je alors que le jet-ski sautait par dessus les quelques vagues de la Méditerranée.

—Tout va bien Hortense ? reprit ce dernier d'un air moqueur et je refusai de répondre à sa question.

Les vagues passèrent, de même que les minutes, et alors que nos amis s'amusaient comme des enfants en plein Disneyland, Maël et moi demeurions silencieux, évitant au mieux de nous adresser la parole. J'avais tenté de ne pas m'accrocher à lui mais plutôt au semblant de siège arrière, hélas, je m'étais vite rendue compte que je n'allais guère tarder à chuter si je faisais cela. Aussi étais-je résignée à tenir Maël à la taille, mais sachez que je n'en avais guère envie.

Au bout de quelques minutes, Maël s'arrêta brusquement et visiblement sans raison apparente. Puis il se tourna vers moi et soupira. Je fronçai les sourcils, intriguée, et croisai les bras sur ma poitrine, en signe de défense.

— C'est quoi cette histoire avec Noé encore ? demanda-t-il d'un air exaspéré.

— C'est quoi cette histoire avec Pauline encore ? ne pus-je m'empêcher de répéter et Maël leva les yeux au ciel.

— Bon, ok. Qu'est-ce que tu veux Hortense à la fin ?

— Hum... Que t'arrête de me prendre pour une conne serait probablement un bon début, rétorquai-je en lui adressant un large sourire.

Résigné, Maël leva les mains en signe d'apaisement et je penchai la tête sur le côté, attendant avec impatience ce qu'il allait encore déballer comme conneries.

— C'est vrai que c'était pas cool d'inviter Pauline, avoua le blond en se grattant la nuque.

— C'était pas cool non plus de te la taper alors qu'on était juste à côté aussi, je me trompe ? Parce que bon, à part Dorian qui avait ses boules Quies, nous on a tout entendu et franchement, t'as l'air de t'y prendre comme un manche !

Maël parut offusqué suite à ma dernière réplique et si cela n'avait tenu qu'à moi — et si on n'était pas en plein milieu de la mer — je serais descendue du jet-ski et en vitesse ! Néanmoins, il valait encore mieux subir l'humeur massacrante de Maël que de devoir nager sur plus de deux cents mètres.

— Et toi, ça a l'air de bien te plaire de bouffer les lèvres de l'allemand ? T'es tombée bien bas Hortense...

— Comment oses-tu ?! m'offusquai-je en le frappant au niveau du torse. Si j'ai fait ça en plus, c'était parce que Dorian avait dit à Pauline que j'avais flirté avec un garçon blond. Alors excuse-moi, mais je t'ai plutôt rendu service sur ce coup là !

Maël ouvrit la bouche, stupéfait et cligna rapidement des yeux pendant quelques instants. Satisfaite — mais non moins remontée à cause de tous les événements récents — j'en profitai pour me laisser glisser du jet-ski à l'arrêt, avant de retomber dans l'onde cristalline de la plage de Sainte-Maxime.

Finalement, j'en étais venue à la conclusion que je préférais nager plutôt que de rester avec ce mec qui me pompait l'air.

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Le soir-même avait lieu la fête dans les bois de Montdesbois. Noé et Ulysse nous avaient expliqués que le village organisait cette soirée chaque année et que pour la première fois, elle était réservée aux dix-huit ans et plus.

N'ayant point encore atteint cet âge mystique, de même que Noé et toute sa bande, je me voyais passer ma soirée à jouer au Président sur une table, pendant que Nola s'éclatait avec les garçons et le caniche. Néanmoins, c'était sans compter sur l'intervention de Julie, qui avait précisé que personne n'était là pour vérifier l'âge des participants, et que par conséquent, il suffisait de faire un peu plus âgé pour rentrer aisément.

C'était ainsi que je m'étais retrouvée à me maquiller près des toilettes du camping, Nola à mes côtés. Le miroir moucheté n'offrait guère le meilleur des reflets, mais après tout, tant que j'arrivais à globalement discerner ce que j'étais en train de faire, cela me suffisait.

— Putain !

Nola venait pour la centième fois de se planter son mascara dans l'œil. Exaspérée, ma meilleure amie referma le tube d'un coup sec et se tourna vers moi, avec d'autres projets en tête.

— Alors... Ça s'est arrangé avec Maël ? me taquina cette dernière en s'appuyant contre le lavabo en pierre.

— Autant que cela peut s'arranger lorsque l'on critique les ébats sexuels de la personne concernée, ripostai-je après avoir fini de parfaire mon rouge à lèvres.

— Oh non... T'as pas osé ? s'enquit Nola, une main devant la bouche, au bord du fou-rire.

— "On a tout entendu et franchement, t'as l'air de t'y prendre comme un manche", répétai-je en me retenant de rire et Nola explosa à mes côtés.

Quelques vacanciers passèrent près de nous et nous dévisagèrent, Nola et moi. Aussi leur adressai-je en petit signe de la main — en mode reine d'Angleterre — et ces derniers détournèrent le regard, se lamentant sûrement à propos de la jeunesse d'aujourd'hui. Enfin, lorsqu'elle eut repris ses esprits, Nola tapa dans ma main en me confiant que j'avais bien joué sur ce coup là.

— Par contre Nola, évite de nous foncer dedans avec un jet-ski à l'avenir. Parce que bon, t'es un sacré danger public ! déclairai-je en me saisissant du démaquillant de Nola. Bouge pas que je t'enlève ça, parce que là tu ressembles vraiment à un panda.

— Je pencherais plus pour un raton-laveur, objecta Nola.

Et nous éclatâmes de rire une énième fois.

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La file près du stand d'accueil, de la fête dans les bois de Montdesbois, s'étirait déjà sur plusieurs mètres lorsque nous arrivâmes sur les coups de vingt heure. Ulysse et sa bande nous attendaient depuis plusieurs minutes désormais et on aurait sûrement été à l'heure, si Pauline et Jules ne s'étaient pas disputés pour avoir le lisseur en premier.

Noé m'avait expliquée dans le courant de l'après-midi qu'on se verrait chacun attribuer un ruban d'une couleur bien précise à notre arrivée. Il m'avait aussi indiqué qu'une autre personne portait le bracelet correspondant et que le but de cette fête, était de la retrouver. La fête dans les bois de Montdesbois n'était ni plus ni moins qu'un évènement comparable à un site de rencontres.

Mais étrangement, je trouvais ce concept fort sympathique — contrairement à Dorian qui avait commencé à stresser dès lors qu'il avait appris le fonctionnement de tout ce cirque. Peut-être avait-il peur de se voir attribuer le même bracelet que Diane ? Hormis Nola, nul ne pouvait le savoir.

Mon tour arriva quelques instants plus tard et alors que la jeune métisse du stand finissait de m'accrocher le ruban autour du poignet, je me tournai vers Nola, légèrement frustrée.

— Pourquoi mon ruban il est violet ? J'aime pas le violet, murmurai-je sous l'air exaspéré de ma meilleure amie.

— Bouge Hortense tu fais chier, me répondit Nola.

Et je suis presque sûre et certaine que ce fut la dernière chose de cette soirée dont je me rappelai.

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chapitre de :
-missIndecise

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