46 | « Shakira. Elle est beaucoup plus badass que les sardines »
N O L A
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CE MATIN JE ME RÉVEILLAI avec une merveilleuse idée en tête. De bonne humeur, j'attrapai un short et un tee-shirt propre avant de m'extirper difficilement de la tente. Je posai juste à temps mes lunettes de soleil sur mon nez — une minute de plus et un rayon de soleil m'aurait carbonisée la rétine.
Hortense était assise sur une des chaises de plage qu'on avait apporté, en train de prendre son petit-déjeuner. Elle avait placé sa main en visière au-dessus de ses yeux et tirait une tête de trois mètres de long, aussi en conclus-je que le soleil avait malheureusement carbonisé sa rétine et qu'elle lui en tenait rigueur. J'haussai les épaules en saluant d'un geste de la main Jules, qui dégustait un croissant, avant de m'asseoir en face de ma meilleure amie.
— Qui a bouffé tous mes Chocapics ? m'enquis-je en saisissant le paquet de céréales vide.
Ma meilleure amie haussa les épaules et me désigna la tente des garçons d'un signe de tête.
— Dorian, sûrement.
Ma bonne humeur disparut immédiatement alors que je contemplais tristement mon paquet de céréales complètement vide ; il n'en restait même pas une miette.
— RIP mes Chocapics, murmurai-je en déposant doucement la boîte à côté de moi.
Hortense leva les yeux au ciel, mais plutôt que de faire un commentaire elle se contenta de boire une gorgée de jus d'orange.
— J'ai une super proposition ! m'exclamai-je soudain en me rappelant l'idée qui avait germé dans ma petite tête à mon réveil.
— Je ne volerai plus de sauci..., commença Hortense avant que je ne la coupe brusquement.
— On s'en fout du saucisson, enfin non, mais c'est pas de ça que je voulais te parler ! Et, aussi, on s'en fout des garçons ! Aujourd'hui, c'est journée fille. Et tu sais ce qu'on va faire ?
— Non... lâcha Hortense en plissant les yeux.
Elle s'attendait visiblement à ce je lui propose à nouveau un plan tout aussi farfelu que grandiose. Hélas, depuis l'épisode du cabanon d'hier, j'avais jugé qu'il était bon de me calmer un peu de ce côté-là, et je crois que Dorian en pense tout autant — le pauvre, il a le bras couvert d'hématomes à cause des gosses de la veille.
— On va faire un tour en ville !
Je commençai alors à ranger toutes les affaires du petit-déjeuner, et pressai Hortense à s'habiller — ce qu'elle fit à la vitesse d'un escargot.
— Tu ne comptes quand même pas voler des fringues ? demanda-t-elle d'une voix soupçonneuse.
Qu'est ce que je vous disais.
— Hé, oh, autant que les sous que j'ai reçu à mes dix-huit ans servent à quelque chose. En plus, j'ai vraiment besoin d'acheter des Chocapics. Je ne tiendrai pas longtemps sans, et dans ce trou perdu il n'y a pas de vraies Chocapics.
Hortense pouffa légèrement et accéléra nettement le mouvement car cinq minutes plus tard elle était prête. Une fois montées dans ma petite clio rouge, nous quittâmes enfin le camping Les Trois Dauphins.
Pour quitter Montdesbois et rejoindre la ville la plus proche, nous dûmes traverser le village. Sans le vouloir, je croisai le regard du boucher qui sortait de son magasin. Je n'attendis même pas qu'il me reconnaisse et appuyai sur l'accélérateur — dépassant inexorablement la limite des cinquante kilomètres heures autorisés.
— Hé, oh ! Tu vas trop vite, on est encore dans le village je te rappelle, protesta Hortense en me forçant à ralentir.
— Ouais, ouais, marmonnai-je.
— T'as eu ton permis dans un Kinder surprise ou quoi ?
Un sourire naquit sur mes lèvres et ma main droite lâcha le volant pour lever mon majeur en direction de ma meilleure amie, assise à côté. Hortense ricana légèrement avant d'allumer le poste radio qui n'émit que des grésillements.
— On capte pas la radio ici, se plaignit-elle.
— Sans blague ? La seule chose qu'on capte à Montdesbois c'est les vaches.
Hortense esquissa un sourire suite à ma réplique et entreprit de fouiller dans la boîte à gants à la recherche d'un quelconque CD abandonné. Elle en trouva deux — que ma mère avait dû poser dans ma voiture car elle ne savait pas où les ranger — un de Shakira, et l'autre de Patrick Sébastien.
— Tu veux écouter lequel ?
Je baissai rapidement les yeux vers les CDs avant de me reconcentrer sur la route dans un grognement.
— Shakira. Elle est beaucoup plus badass que les sardines.
Hortense approuva vigoureusement de la tête et mit le disque dans le lecteur CD de la voiture. Deux secondes plus tard, elle se dandinait en rythme sur "Waka Waka" en chantant à tue-tête le refrain. Après avoir hurlé en cœur les trois minutes que durait la chanson "Je l'aime à mourir", nous arrivâmes au centre-ville de Fayence — la ville la plus proche de Montdesbois.
— Il y a un parking souterrain, m'indiqua Hortense en pointant un panneau du doigt.
Après m'y être reprise à deux fois pour me garer convenablement, nous sortîmes de la voiture et prîmes l'ascenseur qui emmenait directement au centre commercial. Heureusement, nous étions lundi donc la plupart des gens travaillaient et seuls les jeunes comme nous — qui n'avaient pas trouvé de travail d'été, ou qui n'avaient rien d'autres à faire — se retrouvaient dans les magasins.
— On commence par quoi ?
Nous échangeâmes un regard et prîmes la direction du Zara, situé juste en face des portes de l'ascenseur. De toute façon, il était tôt et nous avions le temps de faire tous les magasins du centre commercial en long, en large et en travers avant de rentrer dans notre campagne.
— Oh, j'ai une idée, m'exclamai-je alors qu'avec Hortense on flânait dans les rayons sans réelle motivation.
À vrai dire, aucune de nous n'était vraiment attirée par le shopping ; c'était cool quand il n'y avait pas beaucoup de monde, mais on se lassait vite des magasins et on avait tendance à n'y aller que quand on était réellement à court de vêtements.
— Vas-y, marmonna Hortense en devinant que je préparais — comme à mon habitude — un mauvais coup.
— On doit chacune concocter une tenue pour l'autre, genre super moche, et elle devra la porter toute la journée.
— T'es folle, tu t'es prit pour Kylie Jenner ou quoi, lâcha Hortense en levant les yeux au plafond. On a déjà pas énormément d'argent sur nous, on va pas en plus le gaspiller pour des conneries.
— Écoute-moi jusqu'à la fin sale gosse, grondai-je. On a un délai max de trente jours pour rendre un vêtement en parfait état et se faire rembourser, j'pense pas qu'en quelques heures on arrive à les abîmer. Allez, ça va être drôle !
Hortense marmonna que j'avais une drôle de définition du mot drôle mais accepta néanmoins — elle aussi ne se voyait pas simplement faire du lèche-vitrines pendant toute une journée.
Nous nous séparâmes dans les rayons du H&M qu'on avait dégoté — moins cher que Zara et possédant des articles tout aussi originaux — en quête de la perle rare.
Je farfouillais dans les rayons en quête de quelque chose d'extrêmement coloré — Hortense portait un peu de couleur mais modérément, or, moi je cherchais du flashy. Je lâchai un cri de joie en découvrant une longue chemise orange carotte — étant donné qu'elle était déboutonné j'en avais déduit qu'elle se portait sûrement en temps qu'une sorte de veste.
Plus qu'à trouver le reste de la tenue, Hortense allait être magnifique.
— Oh, pas mal ça, lâchai-je devant un pantalon pattes d'éléphants.
Il était blanc cassé avec des petites fleurs rouges le long de la jambe : un vrai vêtement hippie. Pour aller avec, je trouvai un débardeur kaki crop-top — Hortense détestait tout ce qui était court — et un grand chapeau de paille trouvé près des caisses.
Ravie de mes trouvailles, je rejoignis ma meilleure amie donc je voyais la tête brune dépasser par dessus les rayons de vêtements.
— Alors ? demandai-je. T'as trouvé tout ce qu'il fallait ?
— Ouais, répondit-elle avec un sourire en coin. Prépare-toi à souffrir !
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chapitre de :
chercheusedemots
musique :
Waka Waka — Shakira
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