36 | « Allons dévoiler notre talent au monde »
N O L A
___________
APRÈS QU'ON EUT TOUS SURVÉCU à la crise d'hystérie d'Hortense — quand le fromage de la pizza de Dorian s'était retrouvé sur la sienne — nous avions décidé de nous balader encore un peu dans les rues. Nous avions le temps, le dernier bus ne partait que dans deux bonnes heures.
— Sans blague, répéta encore une fois Dorian, en état de choc. Tu n'aimes pas le fromage ? Pas du tout ? Alors, pas de fondu ? Pas de raclette ? Pas de tartiflette ? Pas de macaronis au fromage ou de croque-monsieurs ?
— Je mets du jambon, du gruyère parce que je le supporte et un peu de beurre dans mes croque-monsieurs, précisa Hortense.
— Dans ce cas on appelle ça un sandwich jambon-beurre revisité, coupa Dorian avec dédain.
La vérité c'était que quand j'invitais Hortense à manger une raclette, elle ne mangeait que des pommes de terres et de la charcuterie. Quant aux autres plats cités par Dorian et où il était impossible d'enlever le fromage : elle se préparait des pâtes à côté.
Hortense n'eut même pas le temps de répliquer que l'attention de Dorian fut attirée par autre chose.
— OOHH, regardez !
Le métisse pointa du doigt, une espèce de bar dont l'enseigne lumineuse indiquait le terme karaoké.
— On va y faire un tour ? supplia Dorian.
— Pourquoi pas, répondit Jules en regardant l'heure sur son téléphone portable. On a le temps avant de prendre le bus.
Nous entrâmes donc dans le bar-karaoké. Visiblement, ce dernier semblait avoir voulu reprendre un peu l'ambiance d'une boîte de nuit : la lumière était tamisée, des néons et autres projecteurs étaient braqués sur une mini-scène haute d'une quinzaine de centimètre où reposaient quatre microphones sur des trépieds.
Par reflex, je me bouchai les oreilles juste après être entrée : l'actuel chanteur chantait horriblement faux. Il semblait à fond dans sa chanson, yeux fermés et bouche collée au micro, une main sur le cœur, il hurlait — plus qu'il ne chantait — une chanson de Céline Dion.
Je ne me débouchai les oreilles qu'après qu'il soit descendu de la scène après avoir salué le public — qui se contenta d'applaudir poliment avec des sourires forcés.
— Bien, après cette prestation euh extraordinaire, lança le présentateur avec un sourire. Ça va être dur de passer après ce jeune homme. Alors, qui veut chanter maintenant ? Tous les styles de musiques et toutes les chansons sont autorisés ici.
— J'y vais, hurla Dorian en se précipitant vers la scène, avant de se prendre les pieds dans ses lacets et de s'écrouler sur une chaise dans un énorme fracas.
Je pouffai de rire tandis qu'Hortense — en bonne maladroite qu'elle était — compatissait à la situation de Dorian. Mais avant qu'elle ne le rejoigne pour l'aider, le métisse s'était déjà relevé. Il enfonça de nouveau sa casquette sur sa tête et s'avança avec détermination vers la scène. Je remarquai avec soulagement qu'il n'avait pas perdu son sourire.
— Alors, alors, jeune homme, reprit l'animateur en invité Dorian à monter sur scène. Comment tu t'appelles ?
— Dorian, répondit le métisse après un petit raclement de gorge très professionnel.
— Et bien, Dorian, que vas-tu nous chanter ce soir ?
S'il fit mine de réfléchir quelques secondes, je ne savais pas pourquoi, mais j'étais sûre qu'il avait déjà trouvé sa chanson avant de monter sur scène. Le métisse murmura quelque chose dans l'oreille du présentateur, puis il quitta la scène et le dj mit en route la musique.
Dès les premières notes, je haussai un sourcil et tournai la tête vers Maël et Jules qui se retenaient d'éclater de rire.
— C'est une blague ? lâcha Hortense, les yeux ronds comme des billes.
— Pas du tout, ricana Jules.
— Dorian adore les années quatre-vingt, souffla Maël avec un petit clin d'œil.
Nous nous retournâmes vers la scène au moment ou Dorian commençait à chanter.
— Vivre sous l'équateur du Brésil, entre Cuba et Manille, commença à chanter Dorian.
Étonnamment, il chantait plutôt bien. Mais cela restait tout de même étonnant qu'un gars de dix-huit et du vingt-et-unième siècle choisisse une chanson pareille. Étonnant mais cool. Je ne pus m'empêcher de sursauter quand Dorian arriva au refrain et éclatai de rire en le voyant se donner à fond.
— SOUS LES SUNLIGHTS DES TROPIQUES, L'AMOUR SE RACONTE EN MUSIQUE. ON A TOUTE LA NUIT POUR S'AIMER, EN ATTENDANT VIENS DANSER, hurla Dorian en enchaînant par une espèce de déhanché sans doute censé représenter une danse hawaïenne.
Après que les gens présents dans le bar aient applaudi la prestation, Dorian nous rejoignit avec un sourire jusqu'aux oreilles.
— Alors ? s'exclama t-il avec une once de fierté dans la voix, le menton relevé, mains sur les hanches. Comment vous m'avez trouvé ?
— Impressionnant.
— Époustouflant.
— Renversant.
— Moyennement, termina Hortense en ne trouvant pas d'autres mots pour compléter la chaîne.
Dorian haussa un sourcil, plissa les yeux et toisa ma meilleure amie de son regard sombre.
— Parce que tu penses pouvoir faire mieux que moi ?
— Évidemment, répondit Hortense avec assurance en croisant les bras sur sa poitrine. Avec Nola, on va vous montrer ce qu'on sait faire.
Tous les regards de mes amis se posèrent sur moi — qui n'avait absolument rien demandé, je précise — je haussai les épaules en échangeant un regard complice avec Hortense.
— Allons dévoiler notre talent au monde, m'exclamai-je avec entrain.
Nous attendîmes que la chanteuse, qui avait suivi la prestation de Dorian — une femme d'une trentaine d'années dont les faux-cils étaient si longs qu'on ne voyait même plus ses yeux — et qui avait choisit d'interpréter une chanson de Lady Gaga — je vous raconte pas le carnage — descende de scène pour prendre sa place.
Nous n'avions même pas eu besoin de nous concerter avec Hortense pour savoir quelle chanson nous allions choisir de chanter. À vrai dire, c'était peut être l'une des rares chansons que je connaissais par cœur de A à Z et que j'arrivais à chanter sans m'emmêler les pinceaux.
Depuis toutes petites, nous adorons toutes les deux le même film — un peu le film culte de notre enfance, ce n'était pas le meilleur techniquement parlant, mais c'était toujours celui qu'on regardait quand on ne savait pas quoi faire et dont on ne se lassait jamais. D'ailleurs, on avait tellement usé le DVD d'Hortense qu'il avait finit à la poubelle il y a deux ans.
Nous échangeâmes un nouveau regard complice, quand les premières notes de Time of my life du film Dirty Dancing résonnèrent à nos oreilles, avant de commencer à chanter.
— Now I've had the time of my life, débutai-je, une main sur le cœur.
— No, I never felt like this before, renchérit Hortense en effectuant de grands gestes théâtrales.
— Yes I swear it's the truth.
— And I owe it all to you.
D'habitude, on chantait cette chanson dans la salle à manger d'Hortense. Quand on était petites on avait même essayé de reproduire certains pas de danse du film — j'imagine que c'est inutile de préciser qu'on avait jamais réussi le célèbre porté.
— Just remember.
— You're the one thing.
— I can't get enough of.
— So I'll tell you something.
— This could be love !
Les gens du bar avaient l'air d'apprécier la chanson, puisqu'ils se mirent à taper des mains en rythme.
— With my body and soul.
— I want you more than you'll ever know.
— So we'll just let it go.
— Don't be afraid to lose control, no, ajoutèrent finalement les voix de nos trois guignols préférés.
Mon sourire s'élargit en voyant Dorian, Jules et Maël nous rejoindre sur scène et chanter la chanson à tue-tête. Ces gosses étaient décidément pleins de surprises.
— Now I've had the time of my life ! s'égosilla Jules en attrapant les épaules de Maël.
— No, I never felt this way before ! renchérit ce dernier en lui ébouriffant les cheveux.
— Yes I swear it's the truth ! ajoutai-je en me joignant à leur semblant d'étreinte.
— And I owe it all to you ! acheva Dorian après avoir fait tournoyer Hortense sur elle-même.
Alors qu'on rejoignait nos places au fond de la salle sous les applaudissements des clients du karaoké, Jules nous rappela que l'heure tournait et qu'on ferait mieux de rejoindre l'arrêt de bus.
Nous sortîmes donc du bar, alors qu'un jeune d'une quinzaine d'années entamait un rap sur une chanson de Booba. Alors qu'on ne devait mettre que vingt minutes à rejoindre l'arrêt de bus, les boulets que nous étions en mirent cinquante. Quand nous arrivâmes enfin à l'arrêt de bus, le dernier car était déjà parti.
— Génial, marmonna Hortense. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
Le prochain bus n'arriverait qu'à 8h demain matin, nous avions quasiment toute la nuit avant de pouvoir rentrer au camping. Et bien sûr aucun de nous n'avait prit plus de cinq euros sur lui, pas de quoi louer une chambre d'hôtel pour cinq personnes pour une nuit.
— On dort à la rue, soupirai-je.
||°
Je vous vois déjà venir :
non, GDSETH ne vas pas se transformer en High School Musical version campagne !
Bon, sinon, on espère que ces deux chapitres publiés à la suite vous auront plu ! N'hésitez pas à voter et à commenter votre ressenti !
Comment avez-vous trouvé cette sortie karaoké ?
Qui assure le plus entre Dorian et les filles ?
Comment vont-ils rentrer au camping ?
Vont-ils camper sur la plage ou trouver un endroit potable ?
Sinon, pour ceux qui ne me suivent pas et qui se demandent pourquoi deux chapitres ont été publiés ce soir, et bien sachez que je ne serai pas présente sur Wattpad pendant les deux semaines prochaines.
La raison d'une telle absence ?
Mon bac blanc la première semaine de Décembre (celle de mon anniversaire wesh) et vu que j'aimerais me concentrer sur mes révisions, je vais mettre de côté Wattpad jusqu'à ce que ce dernier soit passé !
Aussi, sachez que @chercheusedemo organise une FAQ sur son Rant Book et qu'elle n'a pas beaucoup de questions. Donc je vous invite à vous rendre sur son livre et à bombarder de questions cette sale gosse mdrr !
En attendant, on vous laisse !
-missIndecise
& chercheusedemots
°
chapitre de :
chercheusedemots
musique :
Time of my life — Dirty Dancing soundtrack
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top