34 | « Je fais un mètre soixante-dix, pas quatre, alors lance moins haut ! »
N O L A
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ENFIN UN PEU D'ACTION après deux jours passés à bronzer au bord de la piscine, et à se baigner dans le lac. Hortense commençait déjà à râler à propos du fait qu'elle avait eu sa dose aquatique pour toute l'année, et qu'on allait finir avec des pieds et des mains palmés, si on continuait à passer nos journées dans l'eau.
C'était après l'avoir entendue râler pour la énième fois depuis le début de la matinée, que Maël avait eu la merveilleuse idée de nous emmener à la plage. Ok, c'est de l'eau aussi. Mais qui refuserait une journée à la plage ? Surtout que celle de Fréjus n'est qu'à 34 km, soit moins d'une heure en bus !
— J'ai chaud, gémit Dorian, à côté de moi, en tentant de ventiler de l'air avec ses mains — sans succès.
La climatisation du bus était en panne, et nous étions actuellement en train de cuire comme des poulets rôtis derrière les vitres.
— Tranquille, rassura Hortense en regardant la montre qu'elle portait au poignet — et que je lui avais offerte pour son anniversaire l'année dernière d'ailleurs. Il nous reste que dix minutes de bus environ, on arrive bientôt.
J'essuyai la sueur qui perlait sur mon front avant de poser ma carte sur la pile. Ça faisait une bonne demi-heure déjà qu'avec Maël et Jules, nous jouions aux cartes — au président plus précisément — et je commençais à en avoir marre. Surtout que je n'arrêtais pas de perdre.
— On est arrivés ! s'exclama finalement Dorian en levant le poing en l'air pour montrer sa joie — me frappant l'arrière de la tête au passage.
— Allez tous à l'eau ! lança Jules en descendant le premier du bus.
Nous nous précipitâmes sur la plage — exceptée Hortense, qui prit le temps de marcher tranquillement pour ne pas se casser la figure comme au lac. Après un regard appuyé à Maël, je lui pointai Hortense à la traîne du doigt.
Le blondinet sembla comprendre ce que j'essayais de lui dire, car il ralentit le pas pour attendre ma meilleure amie. Satisfaite, je balançai mes affaires sur le sable et courus vers l'eau salée suivie de Dorian et de Jules.
— Une partie de frisbee ça vous tente ? proposa Dorian, les mains sur les hanches, après que les deux retardataires nous aient rejoints. Noé m'a prêté le sien.
— Hors de question ! objecta Hortense en croisant les bras.
— Hortense, soupirai-je. On parle d'un frisbee normal. Moldu. Il va pas te mordre ou te voler après tu sais.
Ma meilleure amie secoua tout de même la tête de droite à gauche, son habituel air buté esquissé sur son faciès.
— Non, je garde de très mauvais souvenir de cet engin. Je ne veux pas jouer avec ce truc, c'est dangereux et c'est tout.
— Un beach volley ? tenta Jules. Noé nous a aussi prêté un ballon au cas où.
— Vous lui avez emprunté toutes ses affaires de plage en fait ? lâchai-je alors que les trois garçons arboraient maintenant un air innocent.
Cette fois, Hortense se montra bien plus enthousiaste. Dorian courut jusqu'à l'endroit où nous avions posé nos affaires pour chercher le ballon.
Sans rien vous cacher, avec Hortense on était super nulles au volley.
— Maël ! râlai-je alors que le ballon passait au dessus de ma tête pour la énième fois consécutive. Je fais un mètre soixante-dix, pas quatre, alors lance moins haut !
Le blondinet s'excusa avec une moue adorable, alors que je continuais de râler en nageant pour aller chercher le ballon. Mal m'en prit car j'avalai par mégarde de l'eau salée. Après avoir crachoté pendant cinq bonnes minutes, accrochée au ballon comme une moule à son rocher, je remarquai une structure gonflable d'un rose bonbon qu'on ne pouvait pas louper, un peu plus à gauche de l'endroit où nous étions installés.
— On dirait le serre-tête du videur, ricanai-je avant de rejoindre mon groupe d'amis.
Hortense et Maël étaient en pleine bataille d'eau, quant aux deux autres compères, ils regardaient les deux tourtereaux d'un air narquois. Ma main à couper que Maël allait se faire chambrer toute la soirée quand ils seraient entre mecs.
— Hé les petits gars ! appelai-je. Ça vous dit d'essayer les structures gonflables ?
Les têtes se tournèrent en même temps vers l'espace rose bonbon et un concert d'exclamations enthousiastes suivi. Après avoir posé le ballon aux serviettes, nous nous dirigeâmes vers l'entrée des structures gonflables.
— 5€ par personne pour trente minutes, lut Jules sur le minuscule panneau — une main en visière pour se protéger du soleil.
— Ça va, intervint Hortense avec un sourire. C'est moins cher qu'à Saint-Tropez.
— Tout est moins cher qu'à Saint-Tropez, ricana Maël.
Après avoir payé l'entrée au gars qui surveillait et posé nos affaires dans un coin, nous nous dépêchâmes de rejoindre la structure gonflable — dont la couleur piquait les yeux on ne va pas se mentir.
Dorian était comme un gamin de cinq ans dans un magasin de jouets pendant la période de Noël : il sautait partout, glissait, tombait dans l'eau avant de remonter et de retomber. Je lâchai un petit rire et attrapai le bras d'Hortense pour qu'elle m'accompagne jusqu'à l'énorme toboggan gonflable.
— On descend à deux ? proposa Hortense avec un petit sourire en coin. Comme à la piscine municipale ?
Si Hortense n'aimait pas l'eau, elle adorait le toboggan autant que moi. Alors quand elle daignait m'accompagner à la piscine de notre ville quand on était petites, on passait nos après-midis à faire des aller-retours au toboggan.
— Allons-y ! lançai-je avec un sourire complice.
La suite ne se passa pas tout à fait comme prévue.
Je n'avais pas prévu que mon maillot de bain — j'avais fait exprès de prendre un vieux pour ne pas abîmer un neuf avec le sel et le sable — était si abîmé que la baleine du haut ressortait à moitié. Je n'avais pas non plus prévu qu'en sautant de partout, elle pourrait ressortir complètement. Et, pour finir, je n'avais pas prévu quelle serait assez pointue — bien que ça fasse sacrément mal quand ça rentrait dans la peau, les filles me comprendront — pour percer la structure gonflable.
Bref, comme d'habitude avec Hortense et moi. On ne prévoit jamais rien et ils ne nous arrivent que des problèmes catastrophiques.
— Oh putain, j'ai l'impression que le toboggan se dégonfle !
— Ce n'est pas qu'une impression ! hurla Hortense en voyant le minuscule trou, que la baleine de mon haut de maillot de bain avait créé, mais qui laissait déjà s'échapper tout l'air de la structure gonflable.
Le problème, était qu'il s'agissait d'une seule et immense structure remplie d'air. Aussi le toboggan était relié au reste. Je vous laisse alors imaginer la suite.
Le plongeoir s'affaissa soudainement, laissant tomber à l'eau ceux qui étaient perchés dessus — Jules et Dorian pour ne citer qu'eux. Le toboggan connu le même sort, et je me retrouvai dans l'eau de mer avant d'avoir eu le temps de dire quidditch, en train de boire la tasse avec Hortense à mes côtés.
J'enlevai les cheveux de mon visage qui m'empêchaient de voir, et écarquillai les yeux en voyant l'énorme structure gonflable, qui ne ressemblait d'ailleurs plus qu'à un malabar mâché tout flasque et tout plat. Dorian, Jules et Maël avaient déjà regagné la plage et nous appelaient en faisant de grands signes des bras.
— Pourquoi ça n'arrive qu'à nous ? demanda Hortense d'une voix calme, et comme résignée à notre sort.
— Le destin nous aime trop, répondis-je simplement.
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chapitre de :
chercheusedemots
musique :
Holiday — Madonna
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