24 | « Tu vas mordre la poussière Vaisselle Woman ! »
N O L A
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— JE VAIS T'ÉCRABOUILLER LA FACE, HORTENSE !
— Tu peux toujours courir ! Tu m'attraperas jamais ! rétorqua ma meilleure amie en appuyant une nouvelle fois sur sa bouteille de liquide vaisselle.
Un nouveau jet de savon fusa dans les airs et atterrit, cette fois-ci, en plein dans mon œil. Je fermai les yeux instinctivement et sentis que le produit commençait à me démanger la cornée. Lorsque je les rouvris, Hortense et son arme fatale s'étaient volatilisées. Je lâchai alors un cri de rage, suivi d'une plainte de douleur et courus jusqu'au lavabo le plus proche. Il fallait à tout prix que je me débarrasse de ce fichu liquide vaisselle ! Il était hors de question que je m'avoue vaincue face à ce microbe !
L'eau coulait à longs flots du robinet lorsque je penchai la tête en avant. Je tentai, du mieux que je le pouvais, de nettoyer ma cornée, mais à chaque fois qu'une goutte s'approchait de ma pupille, mon œil se refermait l'instant d'après. C'était donc agacée que je quittai les toilettes communes, avec un œil irrité et aussi rouge que si j'avais consommé une quelconque substance illicite.
— Hortense ! Où est-ce que tu te caches encore ?! m'égosillai-je alors que je passais devant le mobil home d'une famille d'étrangers.
La mère, une petit femme rondelette, releva brusquement la tête de ses pommes de terre et me fixa étrangement. À ses côtés, son mari, affalé sur une chaise de plage vert fluo et aux pieds à moitié rouillé, émit un énième ronflement, ce qui la fit sursauter. Enfin, leurs deux fils, deux petits blonds en maillot de bain, se courraient après en hurlant des mots qui m'étaient totalement inconnus. J'en esquivai de justesse un, détournai le regard de ces vacanciers et poursuivis ma course.
Soudain, une silhouette de petite taille et svelte passa devant moi : Hortense. Ses cheveux mouillés et pleins de mousse collaient au sommet de son crâne, et les rayons du soleil se reflétaient dedans. Lorsqu'elle se faufila derrière un buisson, j'en profitai pour la suivre et me tiens prête à attaquer. Un tuyau d'arrosage se trouvait non loin de là et j'aurais mis ma main à couper qu'elle cherchait à s'en emparer. Au moment où elle sauta hors du talus, je me lançai à sa suite et la plaquai au sol avant qu'elle n'atteigne son but.
— Lâche-moi ! ordonna-t-elle en se tortillant comme un asticot déterré.
— Jamais ! Tu vas mordre la poussière Vaisselle Woman ! répliquai-je en appuyant légèrement sur son crâne avant de me relever.
J'effectuai de grandes enjambées, désireuse de m'éloigner le plus possible d'Hortense et de son liquide vaisselle. Malheureusement, alors qu'il ne me restait plus que quelque pas à effectuer avant d'atteindre le tuyau d'arrosage vert, cette charogne tendit le bras en avant et emprisonna ma cheville de sa poigne crochue.
— Rêve pas, tu l'auras jamais, grogna-t-elle avant de tirer de toute ses forces sur mon articulation.
Ma jambe partit en arrière et je remerciai le ciel de m'avoir donnée la bonne idée de m'accrocher au poteau le plus proche. Hortense se révolta de plus bel et entraîna une nouvelle fois ma jambe vers elle. Néanmoins, je tenais bon et l'instant d'après, j'avais réussi à me délivrer de son emprise. Je sprintai donc jusqu'au tuyau d'arrosage, le décrocha de son support avec hâte et le pointa vers ma meilleure amie.
— Hasta la vista, baby ! m'exclamai-je une dernière fois avant d'ouvrir en grand le robinet.
Un rire dément s'échappa de mes lèvres suite à cette réplique culte — volée à ce bon vieil Arnold — et un sentiment de satisfaction s'insinua finalement en moi. Je l'avais coincée ! Je l'avais enfin battue ! Mais qu'est-ce que je suis forte ! Mais qu'est-ce que je suis for-te !
— Putain Nola ! Qu'est-ce que tu fous là ?! rugit une voix en face de moi.
Je me figeai immédiatement, les bras toujours levés et tenant le tuyau dans mes paumes. Mes yeux s'écarquillèrent au fur et à mesure que je comprenais qu'il ne s'agissait pas d'Hortense, et que j'étais probablement en train d'asperger une autre personne. Tout à coup, une main se posa sur mon épaule et je tournai la tête vers elle. Ma meilleure amie se tenait là, un petit sourire satisfait au bord des lèvres. Elle hocha de la tête, comme si elle souhaitait confirmer l'hypothèse qui venait de se former dans mon cerveau.
— Excuse-moi ! hurlai-je avant de couper l'eau.
Devant moi, trempé de la tête aux pieds, la bouche entrouverte et l'air éberlué, se trouvait un Jules totalement désemparé. Ses cheveux auparavant relevés retombaient désormais devant ses yeux et sa mèche collait à son front. Je me débarrassai prestement de l'arme du crime en la refilant à Hortense, et m'approcha à grands pas du brun — tout en me retenant de partir dans un énorme fou-rire.
— Nola : zéro ; Vaisselle Woman : un.
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— Vous êtes vraiment sûrs de votre coup là ? questionna Hortense, assise en tailleur sur une chaise, un bol de Chocapics sans lait dans les mains.
— Bah oui ! Je vois pas pourquoi on pourrait pas aller fêter notre premiere semaine à Montdesbois ? rétorqua Dorian en attrapant un peigne.
Un jour s'était écoulé, depuis qu'Hortense et moi-même nous étions lancées dans une bataille à base de liquide vaisselle et de tuyau d'arrosage. La journée d'hier avait été beaucoup plus calme que les cinq précédentes : chacun avait vaqué à ses occupations sans faire attention aux autres. Jules semblait s'être remis de sa douche froide et avait gambadé toute la journée dans le camping. Maël et Dorian s'étaient rendus au lac de Montdesbois et avaient passé toute l'après-midi au snack-bar à manger des glaces. Ils nous avaient demandées si on voulait les accompagner, mais Hortense avait aussitôt décliné, prétextant une journée entre filles.
Résultat des comptes, on a regardé l'intégral d'Harry Potter en mangeant des chips et des cookies.
— T'as pas envie d'aller en boîte, Hortense ? Si t'as peur de te faire aborder, je me ferai un plaisir de rester avec toi durant toute la soirée, lança Maël en sortant de la tente.
Pour toute réponse, la brune s'empara d'une poignée de céréales et la balança dans la direction du jeune homme. Hélas, elle manqua cruellement de précision et les pauvres Chocapics atterrirent sur le chemin de terre séparant nos deux campements. Jules passa au même instant et les écrasa par inadvertance : franchement, c'est moche de gâcher la nourriture les gars. Surtout des Chocapics.
Bon, comme vous l'aviez compris, ce soir nous sortions. Dorian avait dégoté l'adresse d'une discothèque située près du camping, dans une petite ville aux alentours de Montdesbois. Il avait alors convaincu tout le monde de s'y rendre le soir-même, bien qu'Hortense soit tout de même encore dubitative. Après tout, je la comprenais : elle n'était jamais allée dans ce genre d'endroit et était plutôt du genre à flipper dans les endroits confinés comme ceux-là.
Hortense avait tendance à devenir claustrophobe par moment, ce qui, pour le cas, allait être une véritable plaie pour la soirée que nous venions de planifier. Néanmoins, je savais qu'elle allait finir par craquer, car elle craquait toujours face à mon charme irrésistiblement divin.
— En vrai je vois pas pourquoi tu flippes, Hortense, finit par dire Jules en réajustant son polo vert. Tu vas voir, on va trop s'éclater là-bas et puis, si tu t'inquiètes pour le retour, Dorian boit jamais et c'est notre chauffeur attitré quand on revient de soirées arrosées.
— Hum..., grogna ma meilleure amie en plantant sa cuillère dans son bol. Vous me promettez qu'il m'arrivera rien et que je ne me ferai pas chopper à l'entrée parce que j'ai que seize ans et demi ?
— Promis. De toute façon, on est majeur pour la plupart donc t'es sous notre responsabilité, ajoutai-je en me saisissant de mon portable qui traînait sur la table.
Hortense parut réfléchir encore pendant quelques instants. Elle avait posé la main sur son menton et fixait le vide, d'un air absent. Le vent s'engouffra dans sa tignasse brune et une mèche vint se coller à sa joue. Elle reprit ses esprits à cet instant et se redressa vivement, manquant de peu de faire tomber le bol qui siégeait sur ses genoux. Ses orbes turquoises se déplacèrent dans ma direction et elle hocha doucement de la tête.
— Je marche.
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Hey !
J'espère que le chapitre vous aura plu, même s'il ne se passe pas grand chose (l'action arrive, je vous le promet !).
Du coup, suite à vos retours (merci d'ailleurs), on a décidé de mettre aussi une publication facultative le Lundi. Elle pourra changer étant donné qu'il s'agit en général d'un jour où je suis occupée. Aussi, ne vous attendez peut-être pas à une régularité digne des plus grands !
Bref. Sur ce, on vous laisse !
Bonne journée / soirée à tous !
-missIndecise
& chercheusedemots
chapitre de :
-missIndecise
exceptionnellement
musique :
Good Vibes —Basada
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