23 | « Subis la vengeance de Vaisselle Woman ! »

H O R T E N S E

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             — NOLA ! Viens m'aider à faire la vaisselle ! m'égosillai-je, tenant dans les bras un large bac rempli d'assiettes, de couverts et de verres sales.

La tente sembla remuer légèrement et bientôt, la fermeture-éclair de la porte en toile glissa avec difficulté, dévoilant une Nola plus apte à faire une sieste qu'autre chose. La brune s'étira légèrement et bailla allègrement. Elle tenta de se relever mais s'emmêla les jambes dans les différentes épaisseurs de la porte, avant d'atterrir tête la première dans le sable.

— Je hais ma vie..., grogna-t-elle en crachant les grains de sable qui s'étaient glissés entre ses lèvres.

— Dis-toi que ça aurait pu être pire. T'aurais très bien pu t'étaler contre une des sardines et te l'enfoncer entre les côtes, répliquai-je en haussant les épaules.

Nola se releva et me jeta un petit regard exaspéré. Pour seule réponse, je lui tendis un autre bac comme le mien, rempli de bols, de saladiers et où deux éponges et une bouteille de liquide vaisselle se battaient en duel. Nola s'en empara en râlant légèrement et m'emboîta le pas. Nous nous mîmes en route jusqu'aux toilettes communes, et chacune s'empara d'un évier en gré. Vu l'heure qu'il était, personne ne se trouvait près de nous et c'était tant mieux : je détestais lorsque des oreilles indiscrètes étaient là pour écouter tout ce que nous disions.

— Pourquoi on n'a pas tout simplement acheté des couverts, des gobelets et des assiettes jetables ? Ça aurait été largement plus pratique, se plaignit Nola en s'emparant d'une des éponges.

Si vous devez savoir quelque chose, c'est que Nola et les tâches ménagères, ça fait cinquante-trois. Depuis le début de notre séjour, elle les évite comme la peste et à chaque fois que l'on mangeait avec les garçons, c'était toujours Jules qui m'accompagnait. Bon, je ne dis pas non plus que récurer des assiettes est une passion pour moi. De plus, je vivais très mal le fait de ne pas porter de gants : toucher de la nourriture — surtout celle des autres — avait toujours été une épreuve pour mon petit être légèrement hypocondriaque. Mais disons qu'il fallait bien que quelqu'un se dévoue pour les tâches ingrates et étrangement, ce n'était jamais Nola.

— Ah c'est horrible ! lâchai-je alors que mon doigt venait de plonger en plein dans un petit tas de mayonnaise.

Ah oui, vous devez aussi savoir que je hais par dessus tout, les sauces telles que la mayonnaise, la béarnaise, la sauce tartare... Alors les toucher... C'est juste une torture de plus !

Nola tourna vivement la tête dans ma direction, intriguée par mon cri de détresse. Elle fronça les sourcils mais son expression soucieuse se mua rapidement en amusement. Un petit rire s'échappa furtivement de ses lèvres, puis un deuxième, jusqu'à ce qu'elle parte de nouveau dans un de ses fous rires incontrôlables, dont elle seule avait le secret. Je lui tirai la langue et rinçai rapidement mon doigt souillé de sauce, aussi grasse qu'un pot de Nutella laissé à l'abandon en plein soleil. Une fois que je fus sûre de m'être débarrassée de la mayonnaise, je me tournai vers Nola.

— Te fous pas de ma gueule, toi ! m'exclamai-je en la fusillant du regard.

Nola se tenait désormais fermement au rebord du lavabo, les yeux plissés et le corps à moitié plié en deux. Elle était tellement hilare, que plus aucun son ne sortait de sa bouche. Si vous voulez mon avis, on aurait dit une otarie — ou non, un phoque ! — muette. Personnellement, je ne serais pas surprise de la voir frapper dans ses mains comme un de ces animaux aquatiques le ferait.

— Ah non mais c'est trop drôle..., souffla-t-elle en reprenant son souffle. Je viendrai plus souvent faire la vaisselle avec toi, juste pour te voir te faire agresser par de la nourriture !

Pour toute réponse, j'imbibai mon éponge verte d'eau et la lançai dans sa direction, sans réellement prendre la peine de viser au préalable. Le petit carré de mousse vola dans les airs et heurta de plein fouet la joue droite de ma meilleure amie. Le visage de cette dernière se déforma suite au choc, et cette dernière ouvrit instinctivement la bouche, choquée. Je laissai échapper un petit rire moqueur, tandis qu'elle se baissait pour ramasser la chose qui venait de l'agresser. Elle s'essuya distraitement la joue du revers de la main et coupa l'eau de son robinet.

— Tu veux vraiment jouer à ça ? Avec moi ? demanda-t-elle, un petit rictus au coin des lèvres.

Et sans que j'eusse le temps de répliquer, Nola me rendit mon projectile, projectile qui atterrit en plein sur ma tête. Je sentis l'eau qu'il contenait se déverser le long de mes racines, et quelques gouttes glisser le long de mes tempes. Je me débarrassai rageusement de l'éponge et m'emparai d'un verre, que je remplis à ras bord, juste avant de le jeter à la figure de Nola. Cette dernière cracha l'eau qui était entrée dans sa bouche et essuya prestement ses yeux : ce n'était encore qu'une question de temps avant que son mascara ne coule.

— T'es plutôt mignonne avec des coulées de mascara sous les yeux, me moquai-je en m'accoudant au lavabo.

— Je vais te faire bouffer tes assiettes ! riposta simplement Nola en s'empara d'un saladier plein d'eau mousseuse — et sûrement pas complètement nettoyé.

La brune le retira du lavabo en gré et s'avança dangereusement vers moi, le récipient en plastique dans les mains. C'est à ce moment-là, que je compris qu'il fallait que je commence à courir, du moins, si je souhaitais survivre à cette attaque. Je m'emparai alors de la bouteille de liquide vaisselle — mieux valait tout de même être armée face à une folle dans ce genre — et galopai derrière l'autre rangée de lavabos. Malheureusement pour moi, Nola me suivait de près, un air mauvais esquissé sur son visage. Quant à moi, je poussais de petits cris aiguës à chaque fois qu'elle se rapprochait un peu trop près de moi.

— Je vais t'avoir, Hortense ! Bientôt tu seras trempée de la tête aux pieds, et avec en supplément, un petit masque pour cheveux aux merguezs !

Je redoublai de vitesse suite à ses paroles et tentai tant bien que mal d'échapper à ma meilleure amie, et à sa thalasso gratuite parfumée au barbecue. Néanmoins, la course et moi cela avait toujours fait mille, et c'était le même cas avec l'endurance. Et si Nola pouvait courir un marathon sans problème, moi je m'écroulais au bout des deux cents premiers mètres. C'est donc ainsi que je me retrouvai coincée entre deux lavabos, avec pour seul échappatoire, une confrontation directe avec Nola. Cette dernière jubilait et une lueur de satisfaction luisait dans ses yeux bleus.

— Dis que je suis la reine suprême de la vaisselle et peut-être que je te laisserai en paix, lança Nola en tenant haut son saladier, prête à me le renverser sur la tête.

— Jamais ! rétorquai-je avant de plonger en avant.

Je passai aisément entre ses jambes et me retrouvai rapidement de l'autre côté : finalement, ça pouvait vous sauver la vie d'être souple. Hum... En fait je crois que je viens encore de parler trop vite... Effectivement, la brune avait prévu le coup et au moment où je me relevai, elle renversa l'intégralité de son récipient sur mon dos. Je lâchai un petit hoquet de surprise et me retournai vivement, une nouvelle idée derrière la tête : après tout, ne me restait-il pas ma bote secrète ?

Et c'est ainsi que j'appuyai avec force sur la bouteille de liquide vaisselle, tout en m'égosillant :

— Subis la vengeance de Vaisselle Woman !

Nola se recula immédiatement lorsqu'un premier jet de savon rose bonbon vola dans sa direction. Néanmoins, elle fut tout de même touchée, et en plein sur le nez. Je profitai de son expression de surprise pour me redresser et m'ébrouai, désireuse de retirer le plus d'eau de ma tignasse. La brune laissa échapper un petit cri et se couvrit les yeux : il ne m'en fallut pas plus pour comprendre qu'elle venait de se prendre des gouttes en plein dans les yeux. 

— Je vais t'écrabouiller la face, Hortense ! furent ses dernières paroles avant qu'elle ne se lance à ma poursuite — encore une fois. 

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Hey !
On espère que le chapitre vous aura plu ! N'hésitez pas à nous laisser un petit commentaire ou une petite étoile !

On voulait proposer une troisième publication par semaine, mais on aimerait savoir quel jour vous plairait. Du coup, vous n'avez plus qu'à voter en commentaire pour celui que vous préférez !

— lundi
— mardi
— jeudi
— vendredi
— dimance

La vaisselle, c'était un passage qu'on se devait d'aborder, au même titre que l'on devra le faire avec les courses alimentaires. C'est un peu le b.a.- ba du camping, aussi, on se voyait mal ne pas le mentionner.
Alors, qui va remporter la bataille selon vous ?
Hortense et sa bouteille de liquide vaisselle ?
Nola et ses saladiers d'eau graisseuse ?

Aussi, on voulait vous prévenir qu'on avait participé à un concours il y a pas longtemps, pour la catégorie "coup de cœur"... Sauf qu'on n'a pas gagné mdrrr (#leseum).

Bon bon bon.

Oh ! Petite information concernant la non-activité de "Jaune Tulipe"!
Eh bien, je compte dépublier cette histoire, car voyez-vous, le peu de temps que j'ai de libre, je préfère le consacrer à GDSETH ou encore à autre chose. Ainsi, je n'ai plus réellement la motivation de poursuivre mon autre histoire et j'espère que vous comprendrez mon choix !

Sur ce, on vous laisse !
Bonne journée / soirée à tous !

-missIndecise
& chercheusedemots

chapitre de :
-missIndecise

musique :
I love it — Icona Pop, Charli XCX

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