21 | « Tu penses pas qu'on devrait essayer de les caser ensemble ? »

H O R T E N S E
___________

        RARES ÉTAIENT LES FOIS où j'avais assisté à une pluie d'étoiles filantes. À vrai dire, je ne me souvenais plus vraiment de quand cela datait, mais ce que je savais, c'était que j'allais formuler le plus de vœux possibles ce soir. J'avais toujours apprécié ce qui avait un rapport avec les planètes, les étoiles et l'astrologie. Je trouvais que tout ceci nous dépassait, nous petits êtres insignifiants.

— Y a de la place là-bas ! s'exclama Dorian en pointant du doigt, un espace libre, tout près de la scène.

— On y va dans ce cas ! renchérit Nola en lui emboîtant le pas.

Elle sauta par dessus la glacière verte d'un couple de quadragénaires avec leurs enfants. Dorian tendit les bras et la réceptionna de l'autre côté, le sourire au bord des lèvres. Nola pouffa légèrement et se remit droite : son saut de cabri semblait l'avoir déséquilibrée. Les deux compères parcoururent le restant du trajet au pas de course, et, lorsqu'ils furent arrivés à destination, Dorian s'affala sur le sol en terre battue, sans même prendre la peine d'installer les chaises de camping qu'on avait apporté. Quant à Nola, cette dernière demeurait debout, agitant ses bras dans tous les sens.

— Toujours plus flemmard lui, souffla une voix près de moi.

Je tournai la tête dans sa direction et ne fus pas surprise de trouver Maël — vous savez, je commençais à m'habituer à ses irruptions soudaines. J'hochai de la tête en signe d'acquiescement et Maël me sourit. Je ne pouvais pas clairement voir son visage dans la nuit, mais j'aurais juré qu'il était en train de rougir en ce moment. Comme à chaque fois que je lui parlais. En y réfléchissant un peu, Maël était toujours collé à moi, comme une sangsue. J'avais l'impression que, depuis qu'il m'avait embrassée il y a deux jours, alors que nous revenions d'une course-poursuite des moins banales, il tentait toujours d'être avec moi. Par tous les moyens possibles et inimaginables.

Je le soupçonnais vaguement d'être de mèche avec Nola, mais après tout, je ne les avais jamais réellement vus parler ensemble : je veux dire, que tous les deux. En fait, c'était comme si le fait que je l'avais repoussé la dernière fois, m'avait rendue encore plus attrayante à ses yeux. Ce genre de garçon pouvait avoir toutes les filles à ses pieds s'il le souhaitait, alors peut-être qu'un peu de challenge était tout ce qu'il recherchait.

Et si c'était le cas, je vous jure qu'il n'était pas au bout de ses peines !

— Tu penses pas qu'on devrait essayer de les caser ensemble ? proposai-je d'un ton malicieux en jetant un coup d'œil à Nola et Dorian.

Les deux jeunes adultes étaient encore en train de se chamailler. Dorian tentait en vain d'attraper les chevilles de ma meilleure amie, espérant sûrement la faire tomber. Cette dernière s'agitait dans tous les sens, criant comme une petite fille que Dorian l'embêtait et m'implorant de venir à sa rescousse. Néanmoins, je n'étais pas dupe : les cris qu'elle poussait n'était qu'une excuse pour tendre le bâton et se faire taper de plus bel. Alors je la laissai exécuter son petit manège pendant quelques secondes encore, et lorsque nous arrivâmes tous près d'eux, Nola venait de déplier sa chaise et ne semblait plus être dérangée par Dorian.

— Enfin arrivé ! s'enthousiasma Noé en s'asseyant sur le sol en terre battue.

— Espèce de feignasse..., pouffa Julie en s'asseyant à côté de lui.

Noé rit légèrement et passa son bras autour de ses épaules. La blonde se laissa aller contre son torse et Boucle d'or déposa un doux baiser sur sa tempe. Je fronçai les sourcils : je devais avoir loupé un épisode là... Noé avait présenté Julie comme son amie, enfin, sa meilleure amie avait-t-il précisé par la suite. Alors je voulais bien qu'ils soient proches tous les deux mais bon... Leur comportement s'approchait plus de celui d'un couple qu'autre chose.

— Toi aussi tu veux que je te prenne dans mes bras et que je t'embrasse la tempe ? se moqua Maël alors que je détournai le regard des deux Montdesboisiens.

— Dans tes rêves, rétorquai-je en levant les yeux au ciel, avant de m'asseoir sur la chaise qu'il venait de déplier.

— Eh ! Ma chaise ! se révolta le blond alors que je lui tirai la langue. T'es pas cool Hortense !

— Prends en une autre et fais pas chier..., murmurai-je en lui adressant un petit sourire moqueur.

— Sans façon. Tes genoux ont l'air beaucoup plus confortables de toute façon, riposta Maël en faisant mine de vouloir s'y installer.

Il ne me fallut pas plus d'une seconde pour me relever de la chaise du blond. Ce dernier éclata de rire tandis que je grognais légèrement. Je saisis alors la chaise que l'on m'avait attribuée et me plaçai très loin de lui. Il m'adressa une petit moue contrariée mais je m'en fichai : j'avais désormais le meilleur emplacement pour espionner Nola en paix.

Et ça... C'était trop beau si vous voulez mon avis.

Ma meilleure amie et notre ami métisse semblaient plus calmes désormais. Nola pointait du doigt les constellations qu'elle reconnaissait et échangeait quelques mots avec Dorian. Ce dernier ne la quittait pas des yeux et souriait bêtement à chaque fois qu'elle sortait une blague. Sa façon de la regarder, me faisait penser à ma tête à chaque fois que j'apercevais un poulet basquaise ou encore mon crush du lycée : de l'admiration mélangée à du désir.

Malheureusement pour moi, ma contemplation fut perturbée par un bruit de métal. Je tournai la tête et soufflai d'agacement.

— Arrête de me suivre, c'est insupportable, sifflai-je en me tournant vers l'élément perturbateur ambulant aussi connu sous le nom de Maël.

— T'as prévu de faire quoi comme vœux ? demanda-t-il en ignorant ma réplique cinglante.

— Je sais pas, sûrement de prier pour que tu te trouves une autre personne à coller, ou pour que J.K. Rowling sorte un huitième Harry Potter.

J'aime pas trop ton premier vœux, mais j'aime bien le second. Harry Potter c'est cool, ajouta-t-il en rivant ses orbes verts sur moi.

— Me dis pas que t'aimes Harry Potter parce que t'as juste envie de m'embêter..., soupirai-je en jetant un coup d'œil au ciel.

La voûte céleste était peinturée d'indigo ce soir-là. Les étoiles brillaient dans le ciel, majestueuses, scintillantes. Un oiseau passa au dessus de nos têtes et seule sa silhouette svelte se fit percevoir. C'était beau, très beau. J'avais l'impression d'être perdu dans une sorte de pays merveilleux recèlant de mille secrets, où le rêve était l'unique passion des habitants, et où les personnes agaçantes n'étaient pas conviées.

Maël par exemple.

— J'dis pas que j'aime ça parce que t'aime bien. J'dis que j'aime parce que Harry Potter c'est la seule saga de livres que j'ai réussi à lire jusqu'à présent. Et puis... J'ai mis Pottermore en favori sur mon portable, expliqua-t-il en bombant le torse.

— J'te crois pas, déclarai-je d'un ton malicieux, juste pour l'embêter encore un peu.

Et pour me prouver qu'il avait raison, le jeune homme sortit de sa poche de bermuda son téléphone. Après l'avoir déverrouillé, il se rendit sur Internet et me montra ses favoris : et effectivement, Pottermore y figurait et ceux, en premier. Je m'emparai de son smartphone et appuyai sur le lien. S'il disait tant être fan d'Harry Potter, il avait sûrement fait le test qui permettait de déterminer sa maison.

— "My Hogwarts house : Slytherin", lus-je de mon plus bel accent. Et bah, raison de plus pour que tu me détestes : je suis une Gryffondor.

— Oh mon dieu ! s'écria Maël.

— Je ne te le fais pas..., commençai-je en relevant les yeux vers lui.

Néanmoins, avant que je ne puisse finir ma phrase, Maël m'attrapa vivement le menton et tourna ma tête dans la direction opposée. J'écarquillai les yeux en percevant enfin ce qui se passait près de moi et déglutis difficilement, choquée face à la scène qui se déroulait devant moi.

C'est-à-dire Nola et Dorian penchés vers l'autre, prêts à s'embrasser à tout instant.

||°

chapitre de :
-missIndecise

musique :
Sugar — Robin Schulz

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top