H O R T E N S E
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          — HORTENSE, J'PEUX TE PARLER CINQ SECONDES ? questionna Nola alors que je finissais de payer ma glace.

Je me tournai vers elle, un sourcil arqué, prête à entendre ce qu'elle avait à me dire. Ma meilleure amie redonna à Dorian sa glace au melon, jeta un ultime coup d'œil en direction de Jules, et s'avança prestement vers moi. Je tendis l'oreille, prête à l'écouter, mais Nola ne sembla pas de cet avis et me prit par le bras, m'entraînant légèrement à l'écart du groupe, de l'autre côté du chalet du vendeur de glaces.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? demandai-je une fois que nous nous fûmes arrêtées.

— Est-ce que tu sais quelque chose à propos d'un plan visant à mettre Jules en couple avec moi ? lâcha-t-elle de but en blanc.

Je manquai de m'étrangler avec ma glace suite à cette révélation, et toussai un bref instant pour reprendre mes esprits. Bon sang, mais qui avait tout cafté à Nola ?

— Ok, donc tu sais quelque chose, conclut la brune en voyant l'air que j'arborais.

En temps normal, j'étais une tombe, et ce n'était pas pour me vanter ! Je vous jure, vous pouvez me dire n'importe quel secret, banal ou grave, je n'ouvrirai jamais ma bouche pour le clamer au premier inconnu rencontré. Cependant, je venais de perdre toute crédibilité à l'instant même où Nola avait prononcé "la" question. Ainsi, je me voyais donc dans l'obligation de lui révéler ce qu'elle souhaitait entendre, tout en gardant un petit peu de mystère bien entendu. Parce que c'était pas drôle sinon...

— Bah, il se pourrait bien que deux personnes veuillent vous mettre ensemble tous les deux, répondis-je prudemment en essayant de reprendre un peu de contenance.

— Qui ? Qui est-ce qui est dans le coup ? Me dis pas que c'est Dorian et Maël ?

Pour toute réponse, je haussai les épaules, bien que je savais que Nola avait trouvé et qu'elle le savait surtout ! Mon amie se mordit la lèvre légèrement, sa glace au citron dans sa main droite — oui, elle avait finalement choisi ce parfum. Elle semblait soucieuse, confuse et j'avais l'impression qu'elle pesait le pour et le contre dans sa tête. Je profitai alors de son moment d'absence pour attirer l'attention de Dorian, et lui faire un geste qui signifiait quelque chose du genre : "la prochaine fois, j'te castre". Le jeune homme leva les mains en l'air en signe d'apaisement, et se retrouva malencontreusement avec de la glace au melon sur le bras.

Aussi irrécupérable que moi, ce gars-là.

— Ils m'auront pas, déclara finalement Nola en rabattant une mèche derrière son oreille.

— Hein ? fus la seule réponse que je lui donnai.

À vrai dire, mon cerveau venait également de décrocher, aussi n'avais-je pas suivi un traître mot de ce qu'elle venait de dire. Je fronçai de plus bel les sourcils, tandis que Nola leva les yeux au ciel, en signe d'exaspération.

— Ils vont pas réussir à me faire sortir avec Jules, reprit finalement la brune, modifiant sa phrase antérieur. En plus, j'ai l'impression qu'il me fait la gueule depuis ce matin...

— Eh bah voilà ! C'est peut-être un signe qu'il ne t'est pas indifférent ! m'écriai-je, en proie à mon éternel optimisme indomptable.

— Comment ça ? Qu'est-ce qui te fait dire ça ? s'enquit la jeune femme en croquant dans son cornet gaufré.

— Eh bien..., commençai-je avant de me faire interrompre.

— Hey ! C'est fini les cachotteries là-bas ! s'écria Maël en mettant ses mains en porte-voix.

Pour toute réponse, Nola se retourna vers lui et lui tendit son majeur, un petit sourire au bord des lèvres. Dorian explosa de rire en voyant la mine contrariée du blond. Je remarquai que Jules riait du bout des lèvres, comme s'il n'était pas très convaincu, qu'il se forçait simplement pour que cela ne paraisse pas étrange. Je pris une grande inspiration et me pinçai les lèvres, tandis que Nola finissait sa glace en paix, sans prononcer le moindre mot. Enfin, nous rejoignîmes le trio infernal qui déjà, s'apprêtait à refaire un tour de toboggan, mais avec Maël cette fois-ci.

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— "Veillée nocturne, observons les étoiles dans le ciel. Rendez-vous à 22h sur la place du camping, n'hésitez pas à emmener vos couvertures et à préparer une liste de vœux !", lus-je lorsque nous passâmes devant le panneau d'affichage situé près de l'accueil. Ça a l'air cool tout ça... On y va ? questionnai-je en me tournant vers mes amis.

Jules sursauta suite à mon geste vif, tandis que Maël lâcha un petit rire en lui tapotant l'épaule. Ils acquiescèrent tous les deux et Dorian leva les deux pouces en l'air. Enfin, pour ce qui était de Nola, cette dernière me rendit le sourire radieux que j'adressais au petit groupe. Ah... Qu'est-ce que c'était cool de traîner avec des personnes toujours prêtes à faire des activités, et qui détestaient se tourner les pouces durant toute une journée. Franchement, ça me changeait de l'été que j'avais passé chez un de mes cousins, le genre de type constamment en train de regarder la télévision, et qui sort de chez lui tous les trente-six du mois.

— Mais avant ça, je propose un petit barbecue ! s'exclama Jules, qui semblait enfin avoir recouvré sa joie habituelle.

— C'est une bonne idée, approuva Nola d'un hochement de tête. Mais par contre... Comment on fait pour aller chercher la viande ? On peut décemment pas l'acheter nous même chez le boucher du village.

— C'est sûr que s'il nous reconnaît, c'est nous qui allons finir en merguez et être servis aux prochains clients avides de viande fraîche ! répliqua Dorian en frissonnant suite à sa réponse.

— Vous inquiétez pas, j'ai peut-être une solution ! les rassurai-je en remontant légèrement mon short — j'avais oublié ma ceinture à la tente et ce stupide vêtement ne faisait que descendre. Est-ce que, par le plus grand hasard, quelqu'un aurait pris le numéro de Noé ou d'Ulysse ?

Les quatre adolescents se regardèrent tour à tour, les sourcils haussés. Personne ne semblait avoir pris la peine de demander leurs coordonnées aux deux jeunes garçons de Montdesbois. Cependant, au bout de quelques instants de réflexion, Dorian se réveilla et tendit la main en l'air, comme s'il était à l'école.

— Il me semble que j'ai le snap de Noé, lâcha-t-il en sortant son téléphone de sa poche.

Il chercha pendant quelques secondes, en proie à une concentration intense. Un petit bout de langue dépassait de ses lèvres et ses yeux faisaient la navette d'un bout à l'autre de son écran. Voyant qu'il prenait du temps à trouver un simple snap, je décidai de m'asseoir sur le banc le plus proche, et posa mon sac à dos dessus. Cinq secondes plus tard, Nola m'avait rejointe, tandis que Maël et Jules avaient entamé une mini partie de football avec, en guise de balle, une pierre blanche et toute pleine de poussière. Finalement, après toutes ses recherches intenses, Dorian poussa un petit cri et se mit à pianoter sur son écran, aussi rapidement qu'un écureuil dopé à la caféine.

— C'est bon ! Je lui ai demandé s'il pouvait nous ramener des chipolatas, et des ventrèches de chez le boucher. Et puis tant qu'à faire, je l'ai invité à passer la soirée avec nous et je lui ai dit d'amener autant de gens qu'il voulait, termina le métisse en rangeant son cellulaire dans sa poche.

— Attends..., débutai-je, légèrement ébahie. T'as mis quarante ans à trouver son nom sur snap, mais tu as écrit ce message super long en trois secondes chrono ? Tu serais pas un peu bizarre, Dorian ?

Le jeune homme pouffa suite à ma réplique et répliqua qu'il était constamment lent, mais qu'une fois qu'il était sur sa lancée, il pouvait devenir aussi rapide qu'Usain Bolt. Je souris à cette remarque et commençai à me tordre distraitement les mains, attendant avec impatience la réponse de notre nouvel ami à la tignasse blonde et bouclée. Tiens... On devrait l'appeler Boucle d'or !

— Les gars... C'est bon. On a notre bouffe pour ce soir !

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chapitre de :
-missIndecise

musique :
Feels — Calvin Harris, Pharrell Williams, Katy Perry, Big Sean