18 | « Tu m'expliques d'abord pour Jules et moi »


N O L A

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          — VAS-Y DORIAN, ATTRAPE SA JAMBE DROITE, hurlai-je à mon coéquipier.

Ce dernier opina du chef sans broncher et se saisit de la jambe de Jules, avant de la lever le plus haut possible pendant que j'arrivais par derrière pour lui enfoncer la tête dans l'eau.

— Bien joué, me félicita Dorian d'un ton pompeux comme si nous venions de remporter la troisième guerre mondiale.

Je tapai dans la main qu'il me tendait, un air complice sur mon visage, pendant que Jules s'appliquait à recracher toute l'eau de la piscine que nous lui faisions ingurgiter depuis vingt bonnes minutes.

— C'est vraiment dégueulasse le chlore, commenta-t-il simplement avec une grimace de dégoût. Vous me le paierez un de ces jours.

— Laisse tomber, lançai-je avec provocation, Dorian et moi, nous sommes invincibles pour ce qui est de noyer les gens.

Jules plissa les yeux en regardant dans ma direction et je pris soudain conscience que j'aurais mieux fait de ne rien dire, si je ne voulais pas boire la tasse. Change de sujet, Nola, vite, ça vaut mieux pour toi.

— Et... Si on allait au toboggan ?! proposai-je en pointant du doigt le-dit toboggan.

À ma grande surprise, les deux garçons acceptèrent immédiatement.

— Faut prévenir Hortense et Maël, intervins-je en tournant la tête dans tous les sens pour essayer de repérer ma meilleure amie et le beau blond.

— On va surtout éviter de les déranger, ricana Dorian en me tirant hors de la piscine pour rejoindre Jules, qui commençait déjà à faire la queue pour le toboggan.

Je fronçai les sourcils sans comprendre, mais Dorian ne tarda pas à me montrer du doigt les deux concernés. Un sourire naquit sur mes lèvres tandis que j'observais discrètement Hortense et Maël du coin de l'œil. Tous les deux étaient visiblement en pleine discussion, accoudés contre l'un des bords de la piscine.

— Finalement, plutôt que Jules et toi, c'est ces deux-là qu'on devrait essayer de caser ensemble, commenta Dorian d'une voix songeuse alors qu'on rejoignait la queue pour l'attraction.

— Pardon ?!

Je m'étais arrêtée en plein milieu du chemin, et le métisse sembla se rendre compte qu'il avait dit quelque chose qu'il n'aurait pas du dire, car il plaqua sa main droite contre sa bouche avant de commencer à siffloter d'un air innocent.

— On devrait se bouger, Jules ne va pas pouvoir nous garder la place plus longtemps, tenta Dorian d'une petite voix.

— Tu m'expliques d'abord pour Jules et moi. Ensuite, on ira au toboggan, tranchai-je d'une voix catégorique.

Dorian avait l'air d'avoir envie de disparaître sous terre, mais devinant à mon air renfrogné que je n'en démordrais pas, il abdiqua et me baragouina quelque chose à propos d'une histoire de placard. J'allais demander de plus amples détails, quand on me coupa la parole.

— Hé, bougez-vous ! nous appela Jules. Vite, il y a quasiment personne là !

Dorian profita de cette diversion pour m'adresser un grand sourire, et m'attrapa l'avant-bras droit avant de me tirer jusqu'au bas de l'échelle qui conduisait au fameux toboggan. Après avoir monté quatre à quatre les marches, nous arrivâmes enfin au sommet.

— Qui passe en premier ? demanda Jules.

En remarquant le sourire en coin de Dorian, je ne pus m'empêcher d'intervenir.

— Si tu me dis encore que c'est honneur aux dames, je t'étrangle.

Le métisse se contenta d'éclater de rire et je ne tardai pas à le rejoindre. Jules, sourcils froncés, faisait la navette entre Dorian et moi, le regard perdu.

— Qu'est-ce que vous..., commença t-il, mais il fut coupé par le hurlement de Dorian.

— J'y vais le premier !

Sur ces mots, le métisse se jeta littéralement à plat ventre et tête en bas dans le tube du toboggan — sans oublier d'hurler tel Tarzan se balançant au bout d'une liane.

— Faudrait peut-être lui dire que c'est pas un manège à sensation mais un toboggan pour des enfants de plus de huit ans, plaisantai-je.

Sans réponse de la part de Jules, je tournai la tête vers lui mais ce dernier détourna rapidement le regard, avant de s'avancer pour se préparer à descendre à la suite de son ami.

— J'y vais en deuxième, lança t-il simplement avant de se jeter à son tour dans le toboggan.

Je le regardai faire, les bras ballants et légèrement décontenancée. Il n'avait même pas relevé ma plaisanterie sur Dorian — qui était franchement super drôle en vérité — et en plus, il n'avait pas voulu croiser mon regard.

Qu'est ce que j'ai fait encore ?

Après m'être donnée une petite tape sur chaque joue pour reprendre mes esprits, je m'élançai à mon tour dans le toboggan. M'allongeant sur le dos pour gagner de la vitesse, j'atterris rapidement dans le bassin avant de remonter à la surface et de m'écarter au plus vite — être aplatie par la personne suivante ne me disait étrangement rien.

— Hé, Nola ! m'appela Hortense depuis le bord de la piscine où elle s'était assise.

En deux trois mouvements aquatiques, j'avais déjà rejoint mes amis au bord du bassin.

— Ça te dirait d'aller manger une glace ? me proposa ma meilleure amie. Il y a un glacier artisanale juste là-bas.

Sans même jeter un coup d'œil dans la direction qu'elle m'indiquait, j'acquiesçai. Je refusais rarement une glace, surtout par cette chaleur et sachant que j'avais passé la moitié de l'après-midi à me battre dans l'eau — et la piscine, ça creuse, c'est bien connu.

— C'est parti, lança Dorian à la cantonade en se hissant hors de l'eau.

Après que tout le monde l'eut imité, nous prîmes la direction du glacier qu'avait repéré Hortense. S'en suivit le moment le plus difficile de la journée : choisir un parfum de glace.

— Nola, m'apostropha Hortense, tu prends quoi ?

— Hum, j'hésite trop entre citron et melon, marmonnai-je d'un air indécis alors que ma meilleure amie me rejoignait pour se pencher sur les différents parfums glacés.

— Tu prends toujours melon d'habitude, me fit-elle remarquer.

— Ouais, mais c'est le genre de glace qui a pas un bon goût partout, alors je sais pas trop.

— Moi, je vais prendre mangue je pense, décida Hortense avant de s'avancer vers le vendeur pour passer sa commande.

J'étais tellement concentrée sur les parfums de glace que je manquai de faire une crise cardiaque quand Dorian posa sa main sur mon épaule. Il ne manqua d'ailleurs pas de le remarquer car il partit dans un grand éclat de rire en voyant la tête que je tirais en me retournant vers lui.

— C'est que moi, rit-il. Tiens, j'ai pris melon, précisa-t-il en me montrant sa glace. Si tu veux goûter pour faire ton choix, tu peux.

Je devais le regarder d'un air bizarre, car il se sentit obligé de préciser :

— Comme tu veux hein, je sais qu'il y a pleins de gens qui craignent ce genre de chose, se justifia-t-il en se frottant l'arrière de la tête.

— Non, non, moi ça ne gêne pas.

Au moment où je prenais la glace de Dorian entre mes mains pour la goûter, je croisai le regard de Jules juste derrière lui. Alors que je m'attendais à un sourire de sa part — c'est incroyable comment ces trois gars sont tout le temps en train de sourire — il se contenta de détourner rapidement le regard encore une fois pour commencer une discussion avec Maël.

Bizarre...

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chapitre de :
chercheusedemots

musique :
Classic — MKTO

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