13 | « Alors ? On attend pas Patrick ? »
H O R T E N S E
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VOUS AVAIS-JE DÉJÀ DIT QUE JE VOUAIS UN CULTE AU FILM "CAMPING" ? Probablement pas, parce qu'à vrai dire, c'était un peu la honte. Et que pour l'instant, ça n'avait pas trop de rapport avec ce qui était en train de se passer. Mais bon, passons.
Cinq minutes à peine s'étaient écoulées, depuis que Maël avait jugé qu'il serait bon de mélanger nos salives pour fêter notre victoire sur le boucher du village. Durant ce lapse de temps, le silence s'était autoproclamé roi et seuls les regards furtifs que je jetais de temps à autre à Maël, ainsi que les gorgées du jeune homme, venaient le troubler. Du moins, jusqu'à ce qu'une voix légèrement strident ne vienne déchirer cette atmosphère de gêne en criant :
— Wououh ! Dans ta face tête de farce !
Nola. Elle venait d'arriver.
Je me redressai sur le qui-vive, prête à l'accueillir. Néanmoins, j'avais oublié que mes jambes repliées étaient toujours emmêlées à celles de Maël. Je trébuchai alors et tentai vainement de me rattraper à quelque chose, la toile de tente par exemple. Cependant, mes doigts glissèrent sur le tissu lisse et je me retrouvai propulsée en avant... En plein sur Maël.
Le jeune homme écarquilla les yeux en voyant mon corps se rapprocher à vitesse grand "V" du sien, et essaya de me retenir du mieux qu'il le put. Hélas, il s'y prit trop tard et bientôt, je me retrouvai écroulée de tout mon long sur lui. Lorsque je rouvris les yeux, je ne pus m'empêcher de lâcher un petit hoquet de surprise. Un bruit qui alerta bien sûr ma commère de meilleure amie.
La toile de tente fut tirée d'un seul coup, dévoilant nos deux corps enchevêtrés au reste du monde. Bon sang... Mais qu'avais-je fait pour mériter de vivre des moments aussi gênants que ceux-là ? Est-ce que c'était parce que j'empêchais tout le monde de dormir à l'école maternelle, durant les heures de sieste ? À moins que tout ceci ne soit un mauvais sort lancé par Hector Guillard, un mec flippant qui voulait sortir avec moi en quatrième ? Oh non... Dites-moi que ce n'était pas à cause de lui qu'il m'arrivait toujours des choses de ce style !
— Bordel de merde ! J'ai rien vu, j'ai rien vu !
Toujours est-il que lorsque je daignai tourner la tête vers l'extérieur de la tente, je constatai que Nola, Dorian et Jules avaient ramené des gens, dont le gars qui avait voulu m'assassiner avec son frisbee. Un bruit d'appareil photo retentit d'un coup et je compris tout de suite, que l'un d'entre eux venait de faire un snap de Maël et de moi.
Je grognai à cette pensée et me relevai finalement, ignorant l'aide que me proposait désespérément le blondinet. J'époussettai prestement mes genoux ainsi que mon fessier, passai une main dans mes cheveux emmêlés et sortis de sous la tente, tout en tentant de garder le peu de dignité qu'il me restait — et croyez-moi, elle avait presque entièrement disparu.
— Alors ? On attend pas Patrick ? lâchai-je en constatant que le saucisson venait d'être entamé.
Dorian stoppa net son mouvement, tout en me dévisageant d'un air coupable. Ses joues avaient rougi et il fuyait discrètement le regard accusateur que je lui lançais, totalement embarrassé. Dans sa main droite, coincé entre son pouce et son index, se trouvait l'objet du crime... Une tranche de saucisson. Mes yeux s'écarquillèrent et ma bouche s'entrouvrit — telle un poisson rouge — lorsqu'il enfonça le bout de charcuterie dans sa bouche.
— Mais... Mais..., réussis-je à articuler en le dévisageant.
Nola posa une main réconfortante sur mon épaule. Néanmoins, ce geste n'eut que le don de m'énerver davantage. Ainsi, contrariée par le geste de Dorian, je retirai ma tong et la levai à bout de bras. Un air agressif s'était emparé de mon visage et lorsque je commençai à courir dans sa direction, Dorian comprit aussitôt qu'il avait merdé quelque part.
— Recrache ! T'avais pas le droit de commencer sans nous ! Ça se fait pas ! m'égosillai-je en tentant de le frapper du plat de ma tong.
Le métisse courait aussi vite qu'il le pouvait entre nos deux emplacements, tandis que je criais des insanités dans son dos, des insanités telles que : "tu seras châtié de la secte du saucisson !" ou encore : "l'apéro c'est entre amis ou tout seul en slip !". Dans mon dos, les autres garçons ainsi que Nola étaient tordus de rire : c'est vrai que la situation présente était des plus risibles, mais bon, ils auraient au moins pu me soutenir au lieu de nous pointer tous les deux du doigt !
À un moment donné, le pied gauche du jeune homme s'enfonça dans le sable de leur emplacement, le numéro cinquante-sept. Ses jambes se dérobèrent sous son poids et il lâcha un magnifique cri digne d'une star de télé-réalité. Les rires redoublèrent alors dans mon dos et j'en profitai pour me jeter sur lui. De toute façon, c'était le seul moyen que j'avais trouvé pour l'atteindre : la course et moi ça avait toujours fait quatre-vingt trois ; par contre, le rugby et moi, cela avait toujours été une grande histoire d'amour.
Et c'est ainsi que je m'étais retrouvée affalée sur Dorian, les deux mains cherchant à ouvrir sa bouche, désireuse de reprendre mon dû disparu au fond de son gosier.
— Hortense ! s'écria Nola depuis notre emplacement. Lâche Dorian tout de suite ! Y a encore du saucisson pour tout le monde !
C'est à contrecœur que j'arrêtai de persécuter ce pauvre Dorian, qui, si on y réfléchissait bien, n'avait rien fait de mal au fond : il avait juste faim, c'était complètement compréhensible. Alors sur cette dernière pensée je me relevai, balayant prestement d'un revers de la main le sable qui recouvrait mes genoux. Et dans un élan de gentillesse, je tendis ma paume à Dorian pour qu'il puisse se relever.
— Dis... Tu vas pas m'agresser si je prends ta main ? se risqua-t-il à demander en arquant un sourcil.
— Promis, assurai-je avec un petit sourire. Enfin... Ne reprends juste pas de saucisson tant qu'on aura pas trinqué à l'apéro.
Le métisse rit légèrement et s'emparai de l'aide que je lui accordais. Je remarquai, en l'aidant à se relever, qu'il était étonnamment léger : il n'avait sûrement pas dû abuser sur la charcuterie tout au long de cette année, pas comme Nola et moi. Je n'arrivais même plus à compter le nombre de raclettes qu'on s'était faites cet hiver... Et à vrai dire, je préfèrais ne pas le faire, juste pour éviter de culpabiliser.
— T'aurais pas des liens de parenté avec une fille du nom de Darla Vallois ? lança un des garçons que mes amis venaient de ramener, le blond aux cheveux bouclés, celui qui avait tenté de m'assassiner hier après-midi.
Je fronçai les sourcils : de qui donc me parlait-il ? Je jetai alors un regard aux alentours et constatai que tous les autres arboraient la même expression que moi, enfin... À l'exception de Jules qui paraissait encore plus décontenancé que nous. Il se tourna vers le blond, une main suspendue dans le vide, comme si sa question avait déclenché une sorte de court-circuit dans tout son organisme. Enfin, après ce qui nous parut une éternité, Jules lâcha :
— Comment tu la connais ?
— Elle est venue à Montdesbois l'année dernière, répondit le brun avec le bandana dans les cheveux. C'était une de nos amies.
Au terme "amie", le blond se tourna vers lui et lui lança un regard appuyé, le genre de regard qui veut tout dire si vous voulez mon avis. Cette fille avait été plus qu'une simple amie pour le brun, j'y aurais mis ma main à couper.
— Est-ce qu'elle est rousse, yeux bruns, peau aussi pâle que celle d'un vampire, du genre légèrement flippante, sarcastique, à râler tout le temps et à détester tout ce qui a quatre pattes ?
— Pourquoi ? Tu la connais ? s'empressa d'ajouter le brun, les joues déjà carmins.
— Et pas qu'un peu ! rétorqua Jules. C'est ma cousine, gros.
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Tatataaaaaaaaaa !
Qui s'attendait à ce petit
retournement de situation ahah ?
Sinon, on espère que vous avez apprécié le chapitre et que vous n'en voulez pas trop à Hortense d'avoir tenté d'assassiner Dorian, tout ça pour une tranche de saucisson !
On est ouvertes à toutes critiques du moment qu'elles sont justifiées ! Alors n'hésitez pas ! Et puis si vous voulez nous faire un éloge de qualité en commentaire, on prend aussi vous inquiétez pas 😏
Sinon, on vous souhaite une agréable journée / soirée et on espère vous revoir très bientôt !
-missIndecise
& chercheusedemots
chapitre de :
-missIndecise
musique :
Once in a while — Timeflies
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