10 | « J'ai un plan pour voler un saucisson »

N O L A
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          — VOUS ALLEZ VOIR CES VÉLOS sont de super qualité, vanta le vendeur affilié au camping.

Dans la cinquantaine, un ventre sûrement entretenu par des litres de bières avalés en un été et moulé dans un tee-shirt bleu turquoise Les Trois Dauphins. Le plus surprenant restait tout de même son imposante moustache blonde. 

— J'ai comme un gros doute sur la qualité, marmonnai-je à ma meilleure amie.

Dorian et Jules venaient d'éviter à la dernière minute de se rentrer dedans en ne contrôlant par leur direction, et Maël râlait contre la chaîne de son vélo, qui venait de dérailler pour la quatrième fois en l'espace de vingt minutes.

Si on arrivait vivant au village de Montdesbois, ce serait un exploit.

Je regardai d'un air suspicieux le vélo couleur rouille que venait de me louer le vendeur, en assurant qu'il serait parfait pour moi. Honnêtement, je n'avais pas vraiment confiance en cet énergumène qui me faisait penser à Astérix avec quelques kilos en plus.

— Bon, allez on y va ! lança Dorian d'un ton enjoué et qui, visiblement, ne contrôlait toujours pas son vélo après avoir renversé l'une des chaises du local.

Pour ma part, j'essayai de ne pas rester collée à mes coéquipiers, afin d'éviter une collision qui se transformerait en domino. Apparement, tout le monde avait eu la même idée que moi, car on semblait tous s'appliquer à rester à bonne distance les uns des autres. C'était la clef du succès pour arriver sans problème, malgré nos vélos bancales, au centre du village de Montdesbois.

— On peut les laisser ici, proposa Jules en avisant une espèce de parking à vélo où une bonne dizaine était déjà accrochée aux épaisses barres en fer.

— En plus je crois que la place du village est juste de l'autre côté de cette rue, approuvai-je.

J'avais, en effet, effectué une petite recherche sur le village de Montdesbois avant de partir en vacances. Outre la célèbre réputation des croissants du pâtissier du village, j'avais lu sur le site internet, que Montdesbois proposait régulièrement des évènements tel que des vide-greniers, foires animalières ou marché hebdomadaire.

Ce dernier était d'ailleurs en pleine effervescence quand nous arrivâmes sur la place — vraiment petite, je tenais à le préciser. Néanmoins, j'adorais cette ambiance qui me rappelait la maison de campagne de mes grands-parents, dans un lieu à peu près semblable au village de Montdesbois.

Les marchands avaient installé leurs étalages depuis bien longtemps et chaque centimètre carré de la place était occupé — soit par ces derniers et leurs marchandises, ou bien par les nombreux habitants et touristes de Montdesbois venus se promener.
Ainsi, c'était avec difficulté que nous entreprîmes de faire le tour de la place.

Mon regard glissa sur les magasins et les étalages pour finir par s'arrêter sur la pâtisserie, devant laquelle balayait un jeune homme de mon âge — ou peut-être plutôt de celui d'Hortense — qui me rappelait vaguement quelqu'un. Ah, oui. C'était l'un des deux gars qui avaient manqué de m'écraser hier en vélo et le copain de celui qui avait assommé Hortense avec son frisbee.

— Hum, ça sent super bon, murmura Hortense.

— Je crois que le gars là-bas vend des épices, remarqua Dorian en pointant du doigt un monsieur derrière son étalage recouvert à craquer de sacs remplis d'épices, telles que de la poudre de piment, du curry et compagnie.

— Non c'est pas ça, le contredit Hortense en cherchant quelque chose du regard.

J'haussai les épaules devant le regard interrogateur de Jules. Moi non plus je ne savais pas ce qu'elle cherchait. Ce n'était pas parce qu'on était meilleures amies que je lisais dans ses pensées.

Et, enfin, l'odeur que sentait Hortense depuis plusieurs minutes parvint jusqu'à mon nez. 

— Ça sent le saucisson, m'exclamai-je en me tournant vers ma meilleure amie. 

Cette dernière claqua des doigts, en jurant qu'elle ne comprenait pas pourquoi elle n'avait pas identifié cette odeur si significative plus tôt. Pour ma part, je dirais que c'était parce qu'un beau blond aux yeux verts était juste devant elle.

Nous nous mîmes donc en quête de l'étalage d'où provenait cette odeur divine. Pour Hortense et moi-même, le saucisson était un met, que dis-je, une institution dont nous étions les plus grandes fans.

— Eh, c'est là qu'ils vendent du saucisson ! nous appela Maël en désignant l'étalage du boucher, où avait été exposée une multitude de saucissons pour tous les goûts.

— Et vous comptez faire quoi ? questionna Dorian en laissant échapper un bâillement et en replaçant sa casquette orange correctement. On est partis super vite du camping et personne n'a pris d'argent.

J'esquissai une moue déçue et le soupir de déception à ma droite m'indiqua qu'Hortense était dans le même état d'esprit que moi.

— Vous n'avez qu'à le voler, plaisanta Jules en rentrant ses mains dans les poches de son short en jean.

Dorian et Maël rirent mais s'arrêtèrent net en remarquant que ni Hortense, ni moi, n'avions ne serait-ce qu'esquisser un sourire suite aux paroles du brun. Pour ma part, c'était parce qu'après ce qu'avait dit Jules, mon cerveau tournait à plein régime pour trouver une solution.

— Il plaisantait, hein ? hésita Maël.

— Écoutez, commençai-je en me tournant vers nos voisins, un sourire narquois sur les lèvres.

Aucun des trois garçons ne semblaient rassurés quant à ce que j'allais dire, alors qu'Hortense me fixait, yeux plissés, certaine que je préparais un mauvais coup.

— J'ai un plan pour voler un saucisson.

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— Tu sais que si le vendeur te reconnaît, on pourra plus revenir ici, tenta de me convaincre Maël.

J'eus un sourire mystérieux et attrapai la casquette de Dorian. Elle n'était pas d'une couleur vraiment discrète — orange fluo, quelle idée — mais ferait l'affaire pour masquer ne serait-ce qu'un peu mon visage.

— Bon, vous avez tous compris ce que vous deviez faire ? Allez, tous à son poste.

Ça, c'était juste pour me croire dans une série policière style NCIS, parce qu'en vérité, mon plan était plus que foireux — j'étais d'ailleurs étonnée qu'Hortense accepte, mais il fallait croire que l'appel du saucisson était plus fort que son envie de respecter les règles — et ne nécessitait aucune préparation.

Explication : Maël, Hortense et Dorian devaient attirer l'attention du boucher — ce dernier était d'ailleurs au centre du plan, car c'était une vraie commère — et tandis que Jules vérifiait qu'aucun client ou autre habitant du village de Montdesbois ne regardait, je devais voler le saucisson le plus discrètement possible.

Bizarrement, tout ne se passa pas comme prévu dans mon plan.

Dorian avait réussi à distraire le boucher en vantant les mérites des couteaux qu'il utilisait — où était-il parti chercher cette idée ? Je ne savais pas —, et pendant que Maël et Hortense renforçaient la discussion à grands coups de "waouh" et de "incroyable", Jules guettait le bon moment pour que j'intervienne.

Après cinq minutes interminables, ce dernier leva le pouce en l'air dans ma direction. Je m'approchai donc innocemment de l'étalage et attrapai le saucisson qui me paraissait le plus appétissant. Sauf qu'au moment même où je m'emparais de l'objet tant convoité, le boucher eut la merveilleuse idée de montrer son plus beau couteau à Dorian. Qui était posé juste devant moi. 

Et, merde.

Il s'arrêta net en me voyant et je fis de même, la main posée sur le saucisson.

— COUREZ ! 

J'attrapai le saucisson et me mis à courir le plus vite possible, après un temps de réaction, les autres firent de même.

— ON SE SÉPARE !

Notre groupe éclata en plusieurs et chacun partit dans la direction qui lui paraissait la meilleure, laissant le boucher hurlant au vol derrière nous et la place du village de Montdesbois.


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Quelle bande de boulets ptn 😂

Mis à part ça, on espère que le chapitre vous aura plu : on commence vraiment à rentrer dans l'histoire là, bien qu'elle soit loin d'être terminée ahah.

Je ne sais pas si vous aviez remarqué, mais "Guide de survie en terrain hostile" a une nouvelle couverture !

Merci beaucoup à
Alba (shootingstark) ❤️

On vous conseille d'aller voir ce qu'elle fait, c'est super !

On a toutes les deux repris les cours hier matin, donc la publication du mercredi se fera dorénavant en milieu d'après-midi, étant donné que le matin nous sommes au lycée. D'ailleurs, on espère que vous avez réussi à surmonter ces premiers jours ! N'hésitez pas à nous les raconter !

Sur ce, on vous laisse et on vous dit à Samedi !

-missIndecise
& @chercheusedemots

chapitre de :
@chercheusedemots

musique :
What the hell — Avril Lavigne

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