01 | « On aurait dû prendre la tente deux secondes de mon père »
H O R T E N S E
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MA MÈRE a toujours pensé que le camping c'était sale mais bon enfant. Mon père quant à lui, vouait presque un culte à cette activité avant de la connaître. Et moi... Bah j'aurais largement préféré passer mes vacances d'été dans un hôtel cinq étoiles, plutôt que de devoir vivre dans une toile de tente sentant le renfermer. Mais bon, quand on est jeunes et qu'on part par ses propres moyens, c'est dur de se payer quelque chose de décent. Alors faute de grives on mange des merles.
Et avec Nola on mange souvent des merles.
Nola Terrence, c'est ma meilleure amie depuis aussi longtemps que je m'en souvienne. Elle a un an de plus que moi, mais on s'en fiche car au fond de nous, on a le même âge mental... Cinq ans si vous voulez tout savoir. Cette année, Nola avait passé son permis de conduire et dès que nous avions su qu'elle l'avait eu, on s'était tout de suite empressées de réserver trois semaines dans un camping paumé, le camping des Trois Dauphins.
Si jusqu'à présent on n'avait aucune idée de la situation dans laquelle on s'était embarquées, maintenant qu'on est debouts devant notre tente complètement effondrée, je peux vous assurer que le message est bien passé.
— J't'avais dit qu'on aurait dû prendre la tente deux secondes de mon père ! râlai-je en levant les yeux au ciel.
— Hortense, je gère ! Laisse-moi juste cinq minutes de plus pour évaluer la situation..., marmonna la brune en s'emparant d'un pan de la tente.
Elle attrapa non sans difficulté un des arceaux noirs et le fit passer à travers l'encoche prévue à cet effet. Je me reculai légèrement, les bras croisés, observant ce qu'elle faisait les lèvres pincées. Elle réussit à faire passer l'intégralité de la barre métallique et allait s'attaquer à une autre. Néanmoins, elle trébucha sur une des sardines que j'avais au préalable sorti de leur poche et atterrit, fesses les premières, sur le sol en sable. Nola lâcha complètement ce qu'elle tenait dans ses mains et prit sa tête entre ses paumes.
— Va chercher de l'aide. Va chercher de l'aide avant que je n'attaque cette toile de tente au couteau suisse, lança Nola d'une voix étouffée.
Et cinq secondes plus tard, j'étais partie à l'autre bout du camping, désireuse de trouver main forte. Mis à part le fait que nous n'arrivions pas à monter notre fichu abri, le camping dans lequel nous nous trouvions était plutôt cool. Enfin, vu comme ça du moins. Les allées en terre battue étaient bordées de par et d'autre de pins, de petits palmiers ou encore de pots remplis de plantes grasses. Une arche fleurie marquait l'entrée du camping, qui semblait beaucoup plus vaste que sur le site Internet.
Juste après l'entrée, à cent mètres à peine, se trouvait l'accueil. C'était une sorte de petite chaumière au toit recouvert de paille. Du lierre grimpait le long des murs en crépis et la couleur criarde des volets — bleu turquoise — donnait vraiment une ambiance de vacances à l'endroit, et rappelait la couleur des polos que portait l'ensemble du personnel.
Un banc en bois vernis avait été déposé devant la grande baie-vitrée qui donnait sur la réception. Une dame et son fils étaient assis dessus quand j'étais passée devant tout à l'heure. Le petit m'avait fait un signe, et j'avais dû combattre mon manque de sociabilité pour lui répondre.
Puis, j'avais poursuivi mon chemin pendant quelques mètres, avant de me faire accidentellement arroser par une bande de jeunes de mon âge. J'avais eu du mal à retenir mon envie d'encastrer leurs têtes dans un mur. Cependant, quand un des leurs — un blond aux yeux verts, plutôt mignon si vous voulez mon avis — s'était excusé auprès de moi en posant sa main sur mon épaule, ma colère s'était envolée et un petit sourire niais était apparu sur mon faciès.
J'avais bredouillé que ce n'était rien et avais poursuivi mon chemin, non sans m'être retenue de me retourner pour demander son prénom au blond.
C'est ainsi que j'avais découvert l'existence de la piscine.
J'avais alors repris mon chemin, le top trempé, remerciant le ciel pour ne pas l'avoir rendu transparent, et les tongs couinant à chaque pas effectué. J'étais alors passée devant une grande place en terre battue, où des joueurs de pétanque s'exerçaient calmement pour leurs prochains tournois. Une petite estrade avait été montée dans un coin, des baffles étaient entreposées sur un côté et des techniciens semblaient occupés à régler le son.
De vieilles affiches complètement détrempées étaient encore accrochées à l'un des panneaux d'informations de la place. Ces dernières indiquaient la date du concours de Miss Camping. Dommage que cela soit dans un mois, parce que j'aurais bien inscrit Nola.
Juste pour la faire chier.
Une heure s'était écoulée depuis que j'avais quitté le campement, mon t-shirt était sec et j'avais mal aux pieds. Pendant tout ce temps, j'avais arpenté les nombreuses allées de long en large, étais revenue sur mes pas plus d'une fois et avais failli me faire renverser par une voiturette de golf. Je n'avais croisé personne qui était capable de monter une tente, enfin si... Mais disons que j'avais un peu peur de ramener un quinquagénaire aux airs de pédophile pour qu'il monte notre tente.
C'est ainsi que je revins, les bras ballants, à notre emplacement numéro cinquante-six. La petite voiture de Nola était toujours garée là, le coffre encore ouvert avec nos valises qui n'attendaient plus qu'une seule chose, être descendues. Je m'apprêtai à déclarer à ma meilleure amie que je n'avais trouvé personne, mais quelque chose me choqua.
La tente. Elle avait été montée.
— Dis-moi que tout ceci n'est pas un rêve et que je ne suis pas morte déshydratée suite à ce long périple, lançai-je en sentant ma bouche pâteuse.
Nola, qui venait de sortir de nulle part, sauta devant moi, les bras écartés tout en criant un flamboyant : "tadaaa !". Non, ce n'était pas une blague, la tente était réellement debout, accrochée fermement au sol en sable. Nola semblait toute fière : un large sourire s'étirait sur ses lèvres à mesure qu'elle se pavanait devant son exploit. J'étais décontenancée, mais genre, vraiment.
J'avais l'impression que ma bouche allait se décrocher tant j'étais stupéfaite. Non, je ne rêvais pas. Cette tente était bien là, devant moi. Et dire que quand j'étais partie chercher de l'aide, il y a une heure à peine, Nola n'était même pas fichue de passer un arceau dans son encoche. Hum...
— Nola... Est-ce que c'est toi qui as monté cette tente ? demandai-je en plissant les yeux.
La brune aux yeux bleus eut un court moment de doute. Néanmoins, elle se rattrapa en me décochant un sourire légèrement figé. Il ne m'en fallut pas plus pour comprendre que non, elle ne l'avait pas fait toute seule. Elle avait sûrement dû demander de l'aide aux voisins, d'ailleurs, les voici qui sortaient tous les trois de leur tente de compétition.
Ah ouais... Je comprends mieux.
— Salut, nouvelle voisine ! s'exclama un métisse aux cheveux rasés.
— Contente du résultat ? répliqua un brun aux cheveux mi-longs et aux yeux noisettes et chafouins.
— Tu sais, on travaille pas gratuitement par contre. Alors si vous pouviez nous proposer un p'tit truc à boire ce serait pas de re..., commença le troisième avant de s'interrompre. Eh mais attends... J'te reconnais toi !
Et en effet, moi aussi je le reconnaissais. C'était le gars de tout à l'heure, celui qui s'était excusé après m'avoir accidentellement arrosée, ses amis et lui. Si je ne l'avais pas bien aperçu tout à l'heure, j'avais désormais tout le loisir de le reluquer. Ses courts cheveux semblable à des épis de blés étaient coupés en brosse, mais des mèches vagabondes réussissaient tout de même à tomber devant ses iris clairs. Son visage était plutôt fin, de même que le restant de son corps. Aussitôt, le souvenir de son corps à moitié dénudé me revint à l'esprit et... Hortense. Du calme.
— Euh..., débuta Nola en nous observant tour à tour. Je peux savoir ce qu'il se passe ici ?
— C'est à cause de lui que j'étais toute mouillée..., commençai-je à répondre avant que mon subconscient maléfique ne se rende compte de ma bourde. Parce que ses potes m'avaient arrosée en sortant de la piscine ! me rattrapai-je en esquissant un petit sourire innocent.
Les deux autres garçons se pincèrent les lèvres, se retenant de partir dans un fou-rire incontrôlable. Devant moi, le blond — dont j'ignorais totalement le prénom — faisait comme s'il n'avait rien entendu, bien qu'un petit sourire en coin se soit glissé sur ses lèvres fines. Enfin, à mes côtés, le regard bleuté perdu dans le vide, Nola avalait difficilement sa salive. Je pouvais presque entendre sa voix intérieure me crier quelque chose, son habituel expression quand une situation honteuse se présentait à nous.
Ouais, je pouvais légèrement percevoir le petit "gênant" chanté sur un ton de chant religieux.
— Bon, lança le métisse en se frottant les mains. Qu'est-ce que vous nous proposez à boire ?
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Hey ! On espère que ce premier chapitre vous aura plu ! Qu'en avez-vous pensé ? Dites nous tout en commentaire !
Vos premières impressions sur Nola ? Hortense ? L'histoire en général ?
On ne sait malheureusement pas encore quand le prochain chapitre va sortir, mais on vous tiendra au courant lorsqu'on aura planifié tout ça !
Sur ce on vous laisse !
-missIndecise
& chercheusedemots
chapitre de :
-missIndecise
musique :
Young Dumb & Broke - Khalid
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