Chapitre 5
21 juin 2004
Allongé sur son lit, Shane gardait son regard braqué sur le plafond de sa chambre. Il était vingt-deux heures, le soleil venait à peine coucher et les phares des voitures sur l'avenue dessinaient des ombres sur la peinture blanchâtre, près du lustre. Aussi inquiétantes que poétiques, elles se mouvaient, s'entremêlaient puis disparaissaient, comme emportées par le rythme d'une étrange danse macabre.
Depuis quelques années maintenant, la mort semblait s'être amourachée des iris clairs du garçon et passait son temps à les embuer de larmes douloureuses, pour les rendre plus brillants que les émeraudes dont ils avaient hérité la couleur. Ainsi faisant, elle avait réussi à prendre une telle place dans la vie du jeune adolescent que, la plupart du temps, il faisait fi de ses apparitions singulières au sein de sa chambrée. Pire encore, sa présence lui était presque devenue amicale.
Le claquement de la porte d'entrée sortit Shane de sa rêverie morbide. Comme chaque soir, Logan venait de rentrer du bureau après de longues heures supplémentaires passées à ranger ses multiples dossiers. Il déposait maintenant ses chaussures dans le hall, en bâillant d'ennui, avant de se rendre dans la salle à manger pour enfin profiter du bon repas de son épouse. L'odeur épicée du dîner qu'avait préparé Loïs embaumait déjà l'ensemble de l'appartement.
Shane inspira profondément par le nez, sans pour autant bouger du moindre centimètre. Il s'était habitué à cette routine banale, sans pour autant y prendre goût. À ce moment précis, le garçon savait pertinemment que dans quelques minutes à peine, Loïs viendrait l'extirper de l'étreinte des fantômes de son passé pour le forcer à venir ingérer un repas dont il n'avait aucune envie. Le tout en priant ciel et terre qu'aucun autre conflit n'éclate entre le chef de famille et son filleul.
Et ce fut précisément ce qui arriva. Les quelques coups rapides, qui retentirent contre la porte de sa chambre, l'obligèrent à dévier son regard du ballet d'arabesques au-dessus de sa tête.
— Shane, c'est prêt. Tu viens manger ?
Le silence reprit presque aussitôt ses droits à la suite des paroles de Loïs. L'adolescent poussa alors un profond soupir de dédain et quitta péniblement son lit.
Après avoir arpenté le couloir obscur sans faire un bruit, Shane accéda à la salle à manger où, comme d'habitude, il prit place à table, à côté de Loïs. Dans cette configuration, il se retrouvait donc en face de Logan, qui lui-même veillait sur Cheryl à sa gauche. Comme à l'accoutumée, cette dernière s'était réveillée à grands coups de hurlements capricieux, puis s'était invitée à la table familiale en pyjama et les yeux encore brillants du sable des rêveurs. Le père de famille se pencha alors sur sa fille qu'il embrassa tendrement avant de s'installer à son tour en poussant un soupir de satisfaction. Loïs arriva peu de temps après de la cuisine, les bras chargés de deux plats fumants qu'elle déposa sur la table, avant de prendre place aux côtés de Shane, en souriant.
— Et voilà ! Attention, c'est chaud !
Animé par un profond ennui, le garçon se laissa aller contre le dossier de sa chaise, le regard perdu dans le vide.
— Tiens-toi droit, un peu.
Interloqué par cette directive, il releva lentement ses yeux clairs sur Logan, qui le toisait durement. Un nouveau repas, une nouvelle scène de guerre. Shane était habitué aux sermons de Logan, qui ne cessaient de pleuvoir sur lui depuis plusieurs mois maintenant. Mais l'animosité qui régnait à présent entre eux était telle que Loïs se devait d'intervenir presque à chaque altercation, afin d'éviter que les deux mâles n'en viennent aux mains. Aussitôt, le sourire qui ornait son visage vacilla et elle intima au jeune adolescent d'obéir, d'un délicat mouvement sur son dos.
— Shane, fais ce qu'il te dit.
Avec une parfaite nonchalance, ce dernier s'exécuta, sans jamais quitter Logan des yeux. Les braises du mépris que le compagnon de sa marraine attisait avaient fini par embraser le cœur du garçon et ternir sa bienveillance. L'ouragan de l'adolescence, porté par la vague de l'insolence et le souffle de la provocation, commençait à balayer l'esprit de Shane, si bien que Loïs ne savait plus réellement comment gérer la situation. Alors, afin d'éviter toute explosion conflictuelle, elle s'empressa de remplir les assiettes des deux ennemis, en proie à un duel de regards assassins, dans une vaine tentative de détourner leur attention.
— Rôti aux haricots verts ce soir ! J'espère que ça vous plaît.
— Bien sûr que ça nous plaît ! Il n'aura pas le toupet de cracher sur du rôti quand on sait qu'avant, il ne mangeait que de la purée.
— Logan !
Instinctivement, Loïs tapa du poing sur la table, outrée par les propos tenus par son époux. Encore à moitié plongée dans le sommeil, Cheryl émit un petit rire, encouragée par son père. Shane garda le silence, méditant sur les paroles de Logan. Depuis la mort de Marguerite, le garçon s'était peu à peu laissé gangrener par la haine. Chaque jour, il payait le prix de la fureur qui parasitait la bonté que sa mère avait su planter dans les profondeurs de son cœur. Cette douleur, fruit de sa colère, ne faisait que lui rappeler tout ce qu'elle lui avait pris et lui prendrait encore, s'il n'arrivait pas à annihiler le chaos qu'il portait en lui. Et bien que Shane savait que Logan ne méritait ni sa haine ni son amour, son mépris et son dédain n'étaient plus suffisants pour contrer ses paroles et ses regards acides.
— Shane a les cheveux aussi longs que moi ! On dirait une fille !
Cheryl. Petit clone de Logan, aussi répugnante d'orgueil et de vanité. Loïs n'avait vraisemblablement réussi à léguer aucun de ses traits à sa fille, si ce n'était sa beauté. Aussitôt, la mère lança un regard en biais à l'enfant en rétorquant :
— Cheryl, enfin... Cela dit, elle a raison. Il faudrait qu'on te fasse couper les...
— Non.
La réponse cinglante du garçon jeta un ouragan glacial sur la table et les convives. Logan s'arrêta de manger et braqua ses yeux sur son rival presque en même temps que Loïs.
— Comment ça, non ?
— Personne ne touche à mes cheveux. J'ai dit non.
Le chef de famille posa lentement ses couverts sur son assiette, pour mieux confronter son regard à celui du jeune adolescent. Loïs, de son côté, poussa un profond soupir et se contenta de réduire ses haricots à l'état de purée, tête basse.
— Depuis quand tu décides de quoi que ce soit dans cette maison ?
Le cœur battant à tout rompre sous le joug de la haine, Shane ancra ses deux émeraudes dans les yeux ternes de Logan en rétorquant, porté par la redoutable assurance de ses quatorze ans.
— Ce sont mes cheveux. Ça me regarde. Et c'est pas parce que tu n'as plus un poil sur le caillou que je suis obligé de te ressembler.
Bien entendu, l'insolence qui résonnait dans chacun des mots que Shane prononçait ne manqua pas de porter grandement sur l'état de nerfs de Logan. Ce dernier se tourna aussitôt vers son épouse en pestant :
— Tu vois ! Je te l'avais dit. Ce gosse est mal élevé, insolent, arrogant...
— Logan, je t'en prie, tout ça pour une coupe de cheveux...
— Je suis aussi mal élevé que ta fille. Comme quoi, tu vois. J'ai pas tout raté.
À ces mots, le chef de famille déposa lourdement sa serviette sur la table, au bord de la crise de nerfs. Lassée, Loïs se laissa aller contre le dossier de sa chaise et Cheryl fusilla Shane du regard, qui s'empressa de lui rendre ses bonnes grâces. Logan prit alors une profonde inspiration pour conserver son calme et reprit :
— Ton insolence et ta médiocrité ne m'étonnent même pas. Après tout, ce n'est pas de ta faute. Les chiens ne font pas des chats, comme on dit.
— Logan, arrête. Tu vas trop loin.
Soudain exaspéré par le manque de soutien de sa compagne, le père de famille pointa un doigt menaçant en direction du garçon en vociférant :
— Je vais trop loin ? Tu trouves que je vais trop loin ? Tu le sais aussi bien que moi, Loïs. On en a déjà parlé l'autre jour. Il ne va jamais en cours, il ne fait que traîner dans les rues ! Il n'obéit pas et en plus, il me manque de respect ! Plus le temps passe, plus j'ai l'impression d'avoir ce voyou d'Ayden devant moi !
— Mon père n'était pas un voyou !!
L'exclamation du garçon vint déchirer l'atmosphère de la salle à manger et retentit longuement dans les esprits de la famille. Shane s'était levé, les deux poings plaqués contre la table. Son regard noir ne quittait plus le visage de Logan et les lourds battements dans sa poitrine résonnaient maintenant comme le rire de la haine qui se délectait de chaque seconde de ce conflit.
Alors, d'un seul coup, tout apparu clairement à l'esprit du garçon. Voilà donc la raison de cette aigreur, de ce mépris... Quand il posait les yeux sur Shane, le père de famille ne voyait pas le filleul adoré de son épouse. Il ne voyait pas non plus l'orphelin inoffensif, élevé par la douce Angélique, qu'il avait côtoyée pendant ses études. Non... Il voyait le reflet du diable qui avait hanté ses jeunes années. Les mêmes yeux, les mêmes boucles brunes, la même ténacité et la même arrogance qu'Ayden. Le même rictus moqueur au coin des lèvres que celui dont il avait été le souffre-douleur à l'université. Alors à bout de nerfs, en proie lui aussi à de violentes bouffées de rage et de souvenirs torturés remontés à la surface, Logan vociféra de plus belle :
— Bien sûr que si ! Il a vécu comme un voyou, il est mort comme un voyou ! Et tu sais quoi ? Bon débarras !
Soudain, Shane recula vivement sa chaise, possédé par de puissantes bouffées de colère qu'il ne parvenait plus à réfuter. Cette perte de contrôle le poussa dans ses retranchements, désespéré de céder une nouvelle fois à la violence. Face à ce geste de provocation, Logan bondit de l'autre côté de la table, bousculant les plats et les verres qui vacillèrent dangereusement au passage. Comme pour prévenir une éventuelle fuite du garçon, il l'empoigna fermement par le bras.
— Toi, écoute-moi bien. Je vais te faire une prédiction, j'espère que tu ne l'oublieras jamais. Que tu le veuilles ou non, tu vas finir par suivre le même chemin que ton cher père. Tu mourras de la même manière que lui, dans la souffrance et la solitude, parce que tu n'es qu'un vaurien, comme lui ! Tu as ça dans le sang !
— Shane, arrête !
En une fraction de seconde, le barrage contre la haine que Shane avait vainement tenté d'ériger en son cœur se fissura. Le poing levé, il fondit sur Logan, frappant à tout va sans même s'en rendre compte. Dans une cacophonie de verre brisé et des cris apeurés de Cheryl, Loïs se rua sur son filleul et enserra sa taille de ses bras pour tenter de l'éloigner de Logan. Shane, furieux de se voir maîtrisé de la sorte, regretta amèrement de ne pas être encore un homme capable de se défaire de l'emprise de sa marraine. Il hurla de plus belle :
— Lâche-moi ! Mais lâche-moi tout de suite ! Lâche-moi !!
Le cœur brisé par le drame qui se jouait sous ses yeux, Loïs s'exécuta et libéra le garçon qui, pris dans son élan, s'affala lourdement sur le sol. Aussitôt, Logan se précipita sur lui et empoigna son bras.
— Logan, qu'est-ce que tu fais ?!
— Je me débarrasse des cafards.
Hors de lui, Shane se débattit en hurlant, jusqu'à asséner un coup de pied au tibia de Logan qui laissa échapper un couinement de douleur. Effondrée, Loïs se précipita sur sa fille en larmes et l'emmena dans la cuisine, à l'écart de toute cette violence. Ce qu'elle redoutait tant venait de se produire. Son époux et son filleul avaient atteint le point de non-retour qu'elle avait trop souvent ignoré.
Dans la salle à manger, Shane avait réussi à s'enfuir en direction de sa chambre, mais c'était sans compter la folie furieuse qui s'était emparée de son beau père. Le spectre de ses douleurs d'hier avait noirci son âme et il était maintenant prêt à tout pour assouvir sa vengeance. Rouge de fureur, Logan fondit sur Shane alors que ce dernier pénétrait dans sa chambre. Il agrippa ses doigts dans les cheveux du garçon qui fit preuve d'un courage hors norme en se retenant de pleurer.
— Ça suffit ! Tu vas aller prendre l'air, ça te calmera un coup. Et quand tu reviendras, tu auras droit à un aller simple pour la maison de redressement !
Logan le libéra de son emprise et s'avança dans la pièce. Il récupéra avec rage le blouson en cuir que Shane conservait précieusement sur la chaise de son bureau, eut une moue de dégoût en le tenant entre ses doigts, puis lui lança à la tête.
— Prends ça avec toi ! Je ne veux plus rien qui ait appartenu à ce monstre chez moi. Ça vaut aussi pour toi.
Le garçon eut à peine le temps de récupérer le blouson que, déjà, le père de famille s'était emparé de son bras et le traînait maintenant en direction du hall d'entrée. Au même instant, Loïs déboula dans le couloir, horrifiée par la situation.
— Logan, tu es devenu fou ?! Qu'est-ce que tu fais ? Arrête ! Tu n'as pas le droit de faire ça, ce n'est qu'un enfant !
— Justement, ça va lui faire du bien d'aller dans la rue prendre un peu l'air ! C'est bon pour la croissance !
— Logan, je t'en prie ! J'ai juré à Angélique que je m'occuperai de lui. Il est hors de question que... !
Mais Loïs n'eut pas le loisir d'argumenter davantage. Sans que Shane eût le temps de comprendre, la porte d'entrée s'ouvrit à la volée. Le garçon virevolta alors sur le palier, engloutit par les ténèbres du couloir éteint, puis entendit le lourd claquement du battant derrière lui, qui étouffait à présent les protestations de sa marraine.
Shane resta prostré sur le sol pendant de longues minutes, à écouter la dispute qui allait bon train entre Loïs et son époux, lequel refusait catégoriquement d'ouvrir la porte d'entrée, malgré les supplications de cette dernière.
Encore sous le choc des évènements, le garçon ne prit pas tout de suite conscience de ce qu'il venait de se produire. Dissimulé sous le blouson qui s'était échoué sur son crâne lors de sa chute, il plongea son nez dans le tissu, inspira profondément l'odeur qui y était ancrée et se laissa submerger par les souvenirs de son passé. L'image de sa mère lui revint alors en mémoire. Son regard bienveillant et ses cadeaux emplis de douceur... Shane ferma les yeux. Il revit ses jours heureux, à Central Park. Le sourire de Marguerite et leurs après-midi de jeu. Les livres qu'il aimait feuilleter et les tartes aux pommes dont l'odeur embaumait son foyer.
Et puis, blotti dans le lourd blouson, il chercha l'image de son père. Celui que Logan avait dépeint comme un monstre de cruauté ? Non. Celui dont sa mère parlait avec un sourire mélancolique et des étoiles plein les yeux. Celui qui n'avait jamais pu être remplacé dans son cœur. Celui qui la faisait rire et dont le souvenir lui rendait les joues roses. C'était à lui qu'il voulait ressembler. À lui et à personne d'autre. Mais ne parvenant pas à visionner son visage, Shane se contenta de ressentir sa chaleur et soudain, un long sanglot de tristesse secoua son corps tout entier.
Il étouffa ses gémissements dans le tissu qui recouvrait l'intérieur du blouson, lequel s'imbiba peu à peu de ses larmes salées. Shane ne pleurait pas uniquement ses parents. Il pleurait aussi Marguerite et son innocence envolée. Il pleurait sa solitude et son désespoir. Son avenir, aussi sombre que l'obscurité qui l'entourait. Il pleurait ce destin qu'il ne comprenait pas.
Les minutes s'écoulèrent comme des heures, rythmées par ses larmes et par la dispute de Logan et Loïs qui s'éternisait de l'autre côté de la porte. Exténué par ces éclats de voix, Shane épongea grossièrement son visage et décida de quitter les lieux, en quête d'un peu de calme. Après tout, ses poumons, oppressés par l'angoisse, avaient bien besoin d'un peu d'air frais. Il se releva et, à tâtons, parvint à rejoindre la cage d'escalier de secours.
Lorsqu'il ouvrit le battant, le souffle froid de l'inconnu et de l'abandon fit voleter ses longues boucles brunes autour de son visage. Pendant une brève fraction de seconde, il pensa faire demi-tour et frapper à la porte de l'appartement. Il s'excuserait platement de n'être que le fils d'un voyou et ramperait ventre à terre jusqu'à sa chambre, en priant pour que Logan renonce à l'envoyer en maison de redressement. Mais il se résigna quand il réalisa que Loïs ne parviendrait probablement pas à dissuader Logan de revenir sur sa décision. Shane savait que les étoiles qui traçaient son destin n'avaient qu'un avenir toujours plus sombre à lui offrir. Alors, armé de tout son courage, il secoua la tête, réfuta ce chemin de vie et franchit le seuil de la cage d'escalier pour en dévaler les marches quatre à quatre.
Son cœur vibrait de peur et de désespoir. Son souffle saccadé par les émotions ne cessait de s'accroître, jusqu'à ce que, une fois à l'extérieur, la douceur du soir de l'été caressât son visage. En proie à une vive montée d'angoisse, Shane enfila le blouson trop grand et se blottit à l'intérieur. Il se recroquevilla ensuite dans l'angle du perron de l'immeuble, qui formait une petite niche. Là, il se laissa glisser sur le sol, tout en essayant de calmer sa respiration irrégulière.
C'était là. Ce soir et pour la première fois de sa vie, il allait passer la nuit dehors, sous la lune et les étoiles qui perçaient la noirceur du ciel. Toujours animé par l'adrénaline de la peur que son cœur ne cessait de pulser dans ses veines, le garçon plongea les mains dans les poches du blouson. Dans deux d'entre elles, il trouva le médaillon de sa mère et le couteau qu'il avait réussi à sauver de son ancien appartement. Dans une poche intérieure, il extirpa également un billet de cinquante dollars. Shane trouva un certain réconfort dans ces objets et réussit à apaiser quelque peu son souffle. Il replongea alors le billet de banque en sécurité à l'intérieur de sa veste et passa le médaillon autour de son cou. Il se regroupa ensuite en position fœtale et ferma le blouson tout autour de lui. Ainsi emmitouflé dans le vêtement de cuir, il serra dans sa main le manche du couteau aiguisé et se mit à guetter les environs, au rythme de la course effrénée de son cœur.
Cette nuit-là, Shane ne dormit que d'un seul œil, tourmenté aussi bien par les ombres de la ville, qui veillaient sur son présent, que par celles qui dansaient maintenant dans son avenir. Car à cet instant précis, les étoiles dans le ciel tracèrent une nouvelle voie pour le garçon aux yeux émeraude. Peinte à l'encre noire, intense, indélébile.
La même que les astres avaient utilisée pour écrire le destin tragique d'Ayden Adkins.
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