46. L'amour d'un frère
― Tu devrais mettre un peu plus d'épices dans la sauce tomate pour relever le goût, mais ça reste délicieux et bien meilleur que les horribles préparations du traiteur. J'avais oublié le goût de la véritable cuisine.
Nous sommes rentrés à l'appartement depuis bientôt deux heures en compagnie de Julia. Elle s'est empressée de prendre une douche et de déposer ses affaires dans la chambre qui attendait impatiemment son arrivée. Nathaniel tente d'adopter un comportement chaleureux afin de ne pas brusquer sa petite sœur. Qui aurait cru que je passerais la soirée avec mon ancienne ennemie ? Celle que j'ai détesté à cause de sa méchanceté gratuite. Elle est la preuve qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Nathaniel essuie sa bouche avec une serviette en papier en souriant.
― J'ai suivi la recette de maman, mais je prends note de ta remarque constructive.
― Je ne peux pas me passer d'épices dans mes plats comme tu le sais.
Je suis impressionnée par le calme dont elle fait preuve après ces événements. Nous ne savons pas exactement les circonstances ayant poussé Julia à abandonner son domicile au milieu de la soirée. Il s'est passé quelque chose de grave, c'est une évidence. La blonde découpe un morceau du pain à l'ail préparé par Nathaniel puis soupire.
― Désolée, j'ai gâché votre soirée en amoureux.
― Ce n'est pas exactement ce que j'imaginais, mais l'important est que tu sois en sécurité et bien au chaud. On discutera du reste demain quand maman reviendra.
Julia lâche son bout de pain en secouant la tête.
― Je ne souhaite pas envahir vos vies respectives, Nathaniel. J'ai un peu d'argent pour louer une chambre d'hôtel pendant quelque temps et je trouverais un travail pour subvenir à mes besoins et ceux du... bébé.
― C'est hors de question et je suis catégorique. Nous sommes ta famille et la dernière chose que maman et moi souhaitons est de te voir dans une vieille chambre d'hôtel. Ta place est auprès de nous.
Des larmes apparaissent au coin des yeux de la jolie blonde. Elle a manqué de tant d'amour en restant auprès de cet homme froid et autoritaire. Je n'imagine pas l'horreur de vivre dans une maison dénuée de toute émotion. Le confort financier vaut-il vraiment la peine de faire abstraction de l'amour d'un père ?
― Même en étant enceinte ?
― Qu'est-ce que tu crois ? Je ne vais certainement pas te mettre dehors parce que tu attends un bébé ! Dans une famille, on doit se soutenir, c'est capital. Nous nous entendons pas toujours, mais tu es ma petite sœur.
Elle baisse les yeux.
― Papa s'est empressé de me jeter dehors en apprenant la nouvelle, il souhaite que j'avorte parce que je ne suis pas capable d'élever un enfant. La dernière fois que je l'ai vu dans une telle colère c'est quand maman a demandé le divorce.
― Personne ne devrait obliger une femme à avorter contre son gré. C'est ta décision et qui sommes-nous pour te contraindre à faire une chose que tu ne veux pas ? Ce bébé est de la famille.
Nathaniel attrape doucement la main de sa sœur en la regardant. Il n'éprouve aucune colère envers Julia juste une profonde inquiétude. Je me sens presque de trop dans cette réunion intime, ils devraient avoir l'occasion de parler rien que tous les deux et rattraper le temps perdu. J'envisage d'envoyer un message à Sam pour venir me chercher et les laisser ensemble.
― Est-ce que tout va bien ? demande brusquement Nathaniel.
― Pardon, j'étais perdue dans mes pensées !
Julia hausse les épaules.
― Elle se demande la façon la plus polie pour te demander de partir.
― Tu veux partir ?
― Vous avez certainement beaucoup de choses à vous dire et je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas. Julia a vécu suffisamment d'émotions fortes pour aujourd'hui alors... il est préférable que je rentre chez moi.
Julia claque sa langue contre son palet en secouant la tête. Je ne sais pas comment elle est parvenue à comprendre mon envie de les laisser rien que tous les deux, mais on peut dire qu'elle est très perspicace.
― Je n'ai aucune envie de te voir partir, Price.
― Mais...
― Ma présence ne change absolument rien à votre soirée en amoureux. Je vais aller me coucher afin de me préparer psychologiquement à affronter ma mère demain. Et je suis certaine que Nathaniel souhaite passer du temps avec toi.
Le blond hoche la tête.
― Tu es de la famille aussi, Max.
― Je ne te déteste pas, tu es une bonne petite amie pour mon imbécile de frère.
Ils échangent un regard avant d'éclater de rire. Jamais je n'aurais cru possible de voir une parcelle de gentillesse dans le comportement de Julia. Elle n'a pas toujours fait les meilleurs choix, mais cela ne la rend pas horrible. Nous terminons de manger notre repas dans une atmosphère plus détendue.
J'écoute les anecdotes d'enfance de mon petit ami qui me permettent de mieux le comprendre.
Julia ne s'attarde pas auprès de nous et souhaite aller dormir. Je me retrouve de nouveau seule avec Nathaniel dans la cuisine à faire la vaisselle. Il enroule ses bras autour de ma taille en déposant un baiser sur ma tempe.
― Tu es extraordinaire, Maxine.
― Pourquoi un tel compliment ?
― Peu de gens pardonnent ceux qui lui ont fait du mal et pourtant tu as le courage de le faire. Julia s'est montrée impitoyable l'année dernière, mais ça ne t'a pas empêché de lui tendre la main lorsqu'elle en a eu besoin.
― On m'a appris que certains visages pouvaient s'avérer faux.
Nous terminons la vaisselle avant de nous installer dans le salon pour regarder un film. Nous avons opté pour une comédie pour passer un bon moment. La fatigue commence néanmoins à me gagner au milieu, mais je me contente de poser ma tête sur l'épaule de mon petit ami. Je n'aurais jamais cru avoir la chance de vivre une véritable histoire d'amour avec une personne qui m'aimerait pour ce que je suis. La main de Nathaniel caresse avec délicatesse mes cheveux en chuchotant les paroles de ma chanson préférée.
― Est-ce que tu veux aller dormir ?
― Je ne suis pas fatiguée.
― Vilaine menteuse.
Une fois le film terminé, je me rends dans la salle de bains pour me brosser les dents et enfiler mon pyjama. Je retire mes vêtements puis m'approche du miroir pour regarder mon reflet. Cette étincelle de vie que je croyais définitivement morte est toujours présente, il est le seul à provoquer ces sentiments.
J'enfile mon pull le plus confortable pour dormir puis relève mes cheveux en une queue de cheval. J'ai rendez-vous au mois de Janvier pour une nouvelle coupe et un rafraîchissement de ma couleur. Une fois les dents parfaitement propres, je me rends dans la chambre de Nathaniel. Je dépose mon sac à la même place que tout à l'heure lorsque je remarque une nouvelle photo sur le bureau. Nathaniel et moi sommes au bord de la piscine en pleine conversation. Elle est très belle et me rappelle à quel point nous avions passé un bon moment.
― Mademoiselle est curieuse à ce que je vois.
― Je ne me souviens pas de cette photo.
― Alex souhaitait conserver un souvenir de notre soirée interdite. Je lui ai demandé de me l'envoyer pour l'imprimer et l'encadrer. Tu es magnifique dessus et j'avais besoin de voir ton sourire à Londres.
Mes joues rougissent de plus belle.
― Je n'aime pas les photos, ça ne fait que montrer les défauts.
― Quels défauts ?
Il m'embrasse doucement, ce qui me fait rire.
― Je ne sais jamais quoi répondre aux compliments surtout venant de toi.
― Tu ne devrais jamais douter de ta beauté.
Il tire les rideaux afin de plonger la pièce dans une totale obscurité puis m'invite à m'allonger dans le lit. Nathaniel me rapproche de lui en enroulant un bras autour de ma taille, je frissonne à son contact. Il fredonne à mon oreille une berceuse tout en répétant à quel point il est amoureux de moi. Je sombre dans le sommeil en quelques minutes avec un grand sourire. Cette journée était fantastique si on oublie la présence indésirable de ma chère mère.
Hello ! Comment allez-vous ?
Je suis sincèrement désolée de l'absence de chapitre ces deux dernières semaines, moralement je n'étais au meilleur de ma forme et je n'arrivais pas du tout à écrire malheureusement. J'ai retrouvé de l'inspiration alors me revoilà !
À la semaine prochaine.
21.10.2023
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