45. Un amour hivernal

La journée s'est achevée dans la bonne humeur uniquement grâce à la présence de mes plus proches amis. Je soupçonne Nathaniel d'avoir touché quelques mots aux autres pour alléger l'ambiance. Emy est la grande gagnante de la course de cadeaux, une fois n'est pas coutume c'est vraiment la meilleure. Je me positionne en seconde place tandis que Alex se retrouve dernier pour la première fois depuis l'invention de ce jeu. Il s'est laissé distraire par les beaux yeux de Julian.

― Comment tu te sens ? demande-t-il.

― Je vais bien.

― Essaie de ne pas te prendre la tête, d'accord ?

Je hoche la tête, les joues rouges. C'est idiot de ma part de ne pas être encore à l'aise avec le fait d'avoir un copain dans ma vie. Nous nous connaissons depuis un an, Nathaniel n'est plus un inconnu et il me connaît mieux que la plupart des personnes. Il serre davantage ma main dans la sienne pour me guider vers notre destination.

Les lumières de la ville sont allumées, cela donne une apparence magique à Dunwood. Quelque chose de froid tombe sur mon front, pendant une brève minute j'ai la crainte que cela soit la crotte d'un animal volant, mais je remarque les flocons virevoltant au rythme du vent. Certains viennent se loger dans mes cheveux, ce qui me fait sourire.

― Je croyais que tu détestais l'hiver ?

― Pas totalement, mais il y a beaucoup trop de
contraintes.

Nous arrivons rapidement devant la porte du café. Nathaniel fouille dans les poches de son manteau à la recherche de la clé. Plongé dans l'obscurité, le Lovely Coffee a des allures de film d'horreur. Il serre ma main dans la sienne puis me guide vers la seconde porte menant cette fois à l'appartement. L'inconvénient est le manque de lumière dans les escaliers, mais j'arrive à monter sans trébucher.
Nathaniel s'empresse de m'accueillir à l'intérieur en allumant toutes les lumières. J'essuie mes chaussures sur le tapis de l'entrée en regardant autour de moi. La décoration est similaire à la dernière fois, la grande différence est certainement le nouveau tableau accroché dans la petite entrée. Je retire mon manteau puis l'accroche pour ne pas mouiller la maison à cause de la neige.

― Est-ce que je peux enlever mes chaussures ? demandé-je.

― Installe-toi, tu n'as pas besoin de me demander l'autorisation !

Je dénoue les lacets de mes Converse puis les place dans un coin pour ne pas gêner le passage. Je m'avance dans l'appartement en serrant mon portable dans la main. C'est exactement comme dans mes souvenirs : confortable et chaleureux. J'entends Nathaniel s'activer dans la cuisine tandis que je prends place dans le canapé.

― J'attendais mon retour avec impatience pour que nous passions une soirée ensemble. J'espère que tu apprécieras tout ce que j'ai préparé, j'ai demandé à Alex ce que tu appréciais en nourriture pour être certain de ne pas me planter.

― Est-ce que tu as besoin d'aide ?

Il fait irruption dans le salon avec un petit plat contenant des roulés de jambon au fromage. J'écarquille les yeux, choquée par cette délicate intention. J'adore les roulés au fromage, j'en mangeais souvent lorsque j'étais plus jeune. Il se penche pour m'embrasser, un baiser ardent et presque fiévreux.

― Je veux que tu profites du moment présent.

― C'est façon très polie de me dire non.

Le blondinet retourne dans la cuisine pour déposer différentes saveurs de chips ainsi que des crevettes dont je raffole. Bon sang ! Je savais que Nathaniel était romantique, mais pas à ce point. Il ajoute deux verres sur la table puis s'installe enfin à mes côtés. Lorsque nos regards se croisent, je ne peux m'empêcher de rougir.

― C'est pourquoi tout ça ?

― Pour célébrer notre premier anniversaire.

― Je te rappelle que nous avons rompu et que cela ne fait que vingt-quatre heures que nous sommes de nouveau ensemble...

Il me fait taire en m'embrassant une nouvelle fois, je sens ses mains caresser avec douceur mon dos. Ce contact provoque un sentiment curieux que je ne saurais décrire. Nous nous détachons l'un de l'autre, le souffle court.

― Nous n'étions plus ensemble, mais cela ne m'a jamais empêché mon cœur de t'aimer. J'attendais le bon moment pour revenir dans ta vie en espérant que tu voudrais bien de moi, je suis imparfait avec un sacré nombre de conneries à mon actif.

― Des erreurs qui appartiennent à ton passé.

Nathaniel se sent encore responsable de tout ce qui s'est passé pendant son année de Seconde durant laquelle il a fermé les yeux sur les actes odieux de Jason et pour ne pas avoir soutenu ma sœur lorsqu'elle a tenté de parler du comportement néfaste de son copain. Aujourd'hui, Sam n'éprouve plus aucune rancœur envers lui, mais je sais qu'une partie d'elle continue de se méfier de lui par crainte qu'il me blesse à nouveau. Ce sont les secrets qui ont détruit notre relation, mais aujourd'hui nous
sommes toujours honnêtes l'un envers l'autre.

― Tu es une personne incroyable, Maxine Price.

― Je ne cesserai jamais de t'impressionner ?

Il secoue la tête en passant une main sur mon visage.

― Je crains que non.

― Tu es un vilain flatteur !

Nathaniel se redresse puis allume la télévision à la recherche d'un programme à diffuser. Je frotte mes mains moites sur mon pantalon en regardant une nouvelle fois autour de moi. Il me faut un temps d'adaptation pour me sentir totalement à l'aise. Je me penche pour prendre un roulé au fromage sous les yeux de mon petit ami.

― Parle-moi de Londres... Je veux tout connaître de ta vie là-bas et ce que tu as fait ces derniers mois.

― J'adore ce pays ! Londres est une ville magnifique avec un grand nombre de choses à voir, je me suis rendu dans plusieurs musées pour me documenter et en apprendre davantage sur la culture anglaise. J'ai rencontré de nouvelles personnes, Kate m'a emmené faire le tour de la ville en me montrant certains coins qu'Internet ne dévoile pas.

― Ai-je des raisons de m'inquiéter ?

― Kate est lesbienne, je doute qu'elle soit intéressée par ce qui pend entre mes jambes.

Mes joues s'empourprent une nouvelle fois, ce qui fait rire Nathaniel. Je ne suis pas une personne coincée avec ce sujet, mais il m'est impossible de parler à voix haute de sexe sans devenir une énorme tomate surtout devant un garçon. Il est évidemment essentiel d'évoquer la chose quand on est en couple et que cela devient sérieux. Combien de fois ai-je entendu papa évoquer le consentement dans une relation intime.

― Est-ce qu'il y a eu... d'autres filles ?

― Non, je n'avais qu'une jolie brune dans la tête.

― Je parle surtout... intimement.

Il secoue la tête.

― La seule personne avec laquelle j'ai envie de faire l'amour c'est toi, Max.

― Je...

― Je ne parle pas de ce sujet pour te mettre mal à l'aise, bien au contraire. La communication est primordiale et je souhaite que tu te sentes suffisamment en confiance pour évoquer tes craintes avec moi.

Il m'est arrivé de penser à la première fois que je ferais l'amour avec un garçon. Je n'ai jamais demandé des détails à ma sœur, son premier garçon était Jason. Il utilisait son corps pour son propre plaisir et je crains que Nathaniel ne change après ça. Et si notre relation se basait uniquement sur le sexe ?

― J'ai peur que cela... change entre nous.

― Explique-moi.

― Je ne veux pas que notre relation soit centrée sur le sexe. J'ai conscience que c'est tout à fait naturel d'avoir des relations intimes, mais je ne souhaite pas devenir une simple conquête ou je ne sais quoi.

Il sourit.

― Je ne vais pas te mentir, la plupart des mecs pensent avec... ce que tu sais. Nous ne sommes pas tous comme ça, mais je connais un grand nombre de connards qui jouent avec les femmes pour leur plaisir personnel. J'ai été un tel connard, mais je ne le suis plus. Tu es la seule et unique personne que je veuille avoir auprès de moi. Rien ne changera parce que j'aime chaque centimètre de ta peau et cela ne changera jamais, je t'en fais la promesse.

― Et si je n'étais pas suffisamment... bonne ?

― Ce qui compte n'est pas l'acte en lui-même, mais le fait que deux personnes s'aiment.

Il enveloppe ma main dans la sienne.

― Est-ce que tu te poses toutes ces questions parce que nous sommes seuls ce soir ?

― Oui...

― Je n'avais aucune arrière pensée en t'invitant à passer la soirée avec moi. La communication est primordiale dans une relation, je ne te forcerais jamais à faire quelque chose dont tu n'as pas envie.
Il passe ses doigts sur ma main avec une délicatesse qui me donne des frissons.

― Tu ne m'en veux pas de ne pas être prête ?

― Bien sûr que non !

― Une relation ne se base pas uniquement sur le sexe alors ne te prend pas la tête. Je souhaite passer une soirée avec toi et profiter de ta présence. Tu ne peux pas savoir comment tu m'as manqué ces derniers mois.

Nous optons finalement pour une série comique afin de discuter tranquillement. Il me parle de sa vie à Londres et de tout ce qu'il aimerait faire et où m'emmener. Je rêve de voyager dans un autre pays et l'Angleterre semble être la destination idéale. Je ne l'ai jamais vu aussi heureux depuis notre rencontre. La vie londonienne semble lui convenir.

― Il faut que j'aille vérifier le plat, je reviens dans cinq minutes.

― Aucun souci, je t'attends.

Il m'embrasse doucement avec de s'éclipser dans la minuscule cuisine de l'appartement. Je m'empare de mon portable pour vérifier mes messages et fronce les sourcils en voyant apparaître un numéro inconnu. Cette personne a tenté de me contacter au moins sept fois avant de me laisser un message vocal. Je compose ma messagerie en tapotant nerveusement la jambe par crainte que cela ne soit une énième tentative de Clara pour ruiner ma réputation et ma vie.

― Putain je suis vraiment pathétique pour appeler la copine de mon frère, mais tu étais le seul numéro que j'avais noté. Price, j'ai vraiment besoin de ton aide. Il s'est passé quelque chose de grave et je ne peux pas retourner chez moi... Est-ce que tu peux m'héberger pour la nuit ? Promis, je dégagerai au lever du jour, mais j'ai vraiment besoin d'un toit uniquement pour la nuit.

La voix de Julia est tremblante, cela ne ressemble pas à sa confiance habituelle. J'écoute le vocal suivant, la boule au ventre.

― Toutes mes amies ont donné une excuse pour ne pas m'héberger, ce qui prouve à quel point je suis seule. Tu es peut-être la seule âme bienveillante que je connaisse, je te rembourserai cette dette, mais je t'en prie rappelle-moi. Si tu écoutes ce message, je me trouve devant le lycée, j'avais aucune destination vers laquelle me rendre.

― Est-ce que tout va bien ?

Je me lève du canapé, mon portable dans la main.

― Julia a besoin de nous.

― Qu'est-ce que tu veux dire ? Elle a des problèmes ?

Je hoche la tête.

― Elle m'a appelé à plusieurs reprises pour me demander de l'héberger cette nuit. Il s'est passé quelque chose de grave, mais je ne sais pas de quoi il est question. Nathaniel, on ne peut pas la laisser dans le froid.

― Où est-elle ?

― Devant le lycée.

Nathaniel hoche la tête puis se dirige vers l'entrée pour enfiler ses chaussures et son manteau. Je fais de même, la gorge nouée en imaginant le pire. Que s'est-il passé pour que la grande Julia Hayes se retrouve à la rue en plein hiver ? La blonde n'a pas contacté sa famille pour les prévenir de la situation alors pourquoi moi ? Je ne veux pas le contrarier en emmenant son frère, mais je ne peux pas laisser Nathaniel dans le secret. Malgré la situation délicate entre eux, Nathaniel aime sa sœur plus que tout au monde.

Nous nous précipitons vers la voiture pour partir en direction du lycée. Je remarque les mains tremblantes de mon petit ami sur le volant. Il craint pour la sécurité de sa petite sœur. Je dépose ma main sur sa cuisse, un petit geste pour lui signaler ma présence. Il ne faut que dix minutes tout au plus pour nous retrouver devant le grand bâtiment scolaire. Une silhouette est adossée contre un lampadaire.

Mon petit ami ne prend pas la peine de garer correctement la voiture et sors sans couper le moteur. Je l'accompagne en restant légèrement en retrait pour ne pas déranger cette réunion de famille improvisée.

― Julia ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

― Nathaniel ?

La blonde recule de quelques pas.
― Ce n'est pas toi que j'ai contacté.

― Max m'a expliqué la situation, ne lui en veut pas.

Elle remarque ma présence et soupire en croisant les bras sur sa poitrine. Je remarque qu'elle porte une veste légèrement inadaptée à la température extérieure. Un sac de sport est à ses pieds, mais je doute qu'il contienne toutes ses affaires.

― Tu peux me faire confiance, Julia. Je ne te laisserai pas toute seule à attendre dans le froid, explique-moi ce qui s'est passé et je promets de t'aider et de résoudre le problème.

― Je suis enceinte, Nathaniel.

Coucou ! Comment allez-vous ?
Nous nous rapprochons peu à peu de la fin de ce second tome qui m'a demandé énormément de travail de réécriture en raison des nombreux changements. Mais je vois enfin le bout, ce chapitre est de loin mon favori depuis de ce second tome.
Merci d'être encore fidèle à cette histoire !

30.09.2023

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