13. Instant confession
Il est un peu plus de dix-huit heures lorsque j'arrive près du restaurant. Ce n'est pas dans mes habitudes d'être en retard, mais j'ai perdu beaucoup de temps à parler avec Nathaniel en ligne. Je tapote l'écran de mon téléphone afin d'envoyer un message à Adam afin de lui signaler ma présence.
De Max
06 Septembre - 18h10
Hey ! Je viens juste d'arriver devant le restaurant, j'espère ne pas m'être trompée mais normalement non. Est-ce que tu arrives bientôt ?
Je glisse une nouvelle fois mes écouteurs dans les oreilles en attendant que Adam arrive. Je regarde les personnes profitant de ce beau début de soirée pour se balader. Les amoureux, les adolescents et les enfants chahutant sur la plage. C'est apaisant de voir le monde s'écouler de façon différente d'une personne à l'autre.
Un soupir s'échappe de mes lèvres lorsque je vois les minutes s'écouler sans apercevoir Adam. Une main tapote mon épaule, ce qui me fait sursauter. Je me retourne, la main posée sur le coeur.
— Excuse-moi du retard, Max.
— Pas de souci.
Je retire les écouteurs de mes oreilles puis range mon portable dans ma poche. Adam passe une main dans ses cheveux bruns en me souriant. Nous descendons sur la plage pour discuter avant de nous rendre au restaurant.
Il semble nerveux et ne prend pas la parole tout de suite. Je décide de détendre l'atmosphère en enlevant mes chaussures pour plonger mes pieds dans le sable encore chaud. Je me tourne vers Adam qui contemple la mer avec un sourire triste.
— Est-ce que c'est mal d'apprécier le maquillage en tant que garçon ?
— Absolument pas. Le maquillage n'est pas une chose réservée aux femmes tout comme les vêtements n'ont pas de genre, selon moi.
Adam s'installe sur le sable en baissant davantage les yeux. Sa question ne m'interpelle pas, il avait évoqué le sujet l'année dernière lors d'une réunion. Le plus difficile dans cette situation est la crainte du regard des autres. Je ne comprendrais jamais les personnes à l'esprit trop étroit pour accepter la différence.
― Je suis resté auprès de mes grands-parents pendant les vacances, c'était incroyable. Ils sont bien plus modernes que mes parents et acceptent facilement chaque personne peu importe son orientation sexuelle ou son genre. Ma grand-mère avait comprit depuis des mois que je n'étais pas heureux dans ma peau actuelle.
Il marque une pause.
― Nous sommes allés dans des conférences données pour les personnes qui ont traversé les mêmes épreuves que moi. Je me suis documenté pendant deux mois pour comprendre que je ne suis pas un monstre même si mes parents pensent le contraire.
― Ce sont eux les monstres pour repousser leur enfant. Je suis contente que tu sois entouré par tes grands-parents, ils ont l'air bienveillants. Nous ne sommes peut-être pas très proches, mais sache que tu peux toujours compter sur moi en cas de besoin.
— Mes parents veulent que je trouve une gentille fille et que je sois heureux. Je dois impérativement oublier toutes ces « bêtises » sur mon identité. Je suis un garçon parce que la nature l'a décidé.
La société dans laquelle nous vivons est encore très critique sur la perspective qu'il n'y ait pas seulement des femmes et hommes. Il faut accepter cette réalité et ce n'est pas une mauvaise chose bien au contraire. Je place ma main sur la sienne en lui lançant un sourire.
Adam soupire une nouvelle fois avant de reprendre la parole. Je suis heureuse que ses grands-parents lui apportent toute l'aide dont il a besoin. Le club le soutiendra dans chacune de ses démarches, j'en fais le serment.
— Je n'arrive pas à me définir comme un homme ou une femme parce que chaque jour est différent. Il y a des moments où j'arrive pleinement à me considérer comme un homme, mais le lendemain je suis susceptible de me sentir mieux dans la peau d'une femme. Je ne suis pas certain du terme, mais je crois qu'on appelle ça le genderfluid. J'aimerais qu'on utilise les pronoms Iel pour me définir.
— Tout ce que tu veux.
— Tu es la première personne avec qui j'évoque le sujet. Alex est quelqu'un de formidable, mais j'avais besoin de quelqu'un plus calme.
J'éclate de rire.
— Alex peut être très sérieux lorsqu'il le faut, mais je comprends. Il ne se vexera pas j'en suis certaine. En tout cas, je suis touchée que tu te tournes vers moi.
— Je pense que tu es la personne la plus attentive que j'ai rencontré dans ma courte vie. Tu es honnête, passionnée et investie dans chaque projet que tu mènes. J'espère que tu gagneras la confiance nécessaire pour t'élever au sommet.
Nous nous sourions mutuellement avant de rebrousser chemin pour aller au restaurant. Adam semble d'une humeur bien plus légère. Je suis contente de cette évolution dans notre relation amicale même si nous devons encore apprendre à nous connaître. Adam mérite tout le bonheur du monde, c'est difficile de trouver la personne qu'on souhaite être. Iel est déterminé à braver les obstacles et faire face à ses parents bien trop étriqués d'esprit.
Le restaurant en bord de mer est chaleureux, la musique tropicale m'envoie directement en vacances sur les plus belles îles. Beaucoup de couples viennent manger en amoureux profitant du beau temps avant l'automne. Nous nous installons à une table afin de commander un repas bien mérité. J'opte pour du cabillaud avec des pommes de terre à la vapeur et de la salade. Adam reste simple en commandant une salade de pommes de terre.
― Il faut impérativement que tu goûtes la noix de coco du restaurant, c'est un délice.
― Je ne suis pas certaine que mon estomac accepte une telle chose.
Nous éclatons de rire face au mythe concernant la noix de coco. Je n'ai aucune envie de passer la nuit aux toilettes avec des douleurs d'estomac. Iel arrive cependant à me convaincre de goûter cette boisson avec des arguments digne d'un grand vendeur. Je me coupe du monde en sa compagnie, je ne songe pas au départ de Nathaniel ou les problèmes de cette nouvelle année scolaire. Je profite juste de l'instant présent.
Nos plats sont rapidement apportés au grand bonheur de mon estomac criant famine. J'écoute les anecdotes de mon ami.e avec le plus grand soin. Son enfance n'était pas malheureuse bien au contraire, ses grands-parents lui ont donné l'amour nécessaire pour grandir sereinement. J'ignore combien de temps nous passons à discuter, mais suffisamment pour que je sois rappelée à l'ordre par ma soeur.
― Il faut que je rentre avant que ma famille ne s'inquiète.
― Merci d'avoir accepté de me voir aujourd'hui.
― Je serais toujours présente pour mes amis même dans les pires situations.
♡♡♡
Je descends rapidement du bus en prenant la direction de ma maison, les écouteurs enfoncés dans les oreilles. Le soleil est lentement en train de disparaître derrière les nuages, il n'est pas tard mais je préfère ne pas traîner dans les rues la nuit. J'enfonce mes mains dans les poches arrières de mon pantalon tout en prenant la direction de ma rue.
Une brise nocturne soulève mes cheveux, ce qui me fait sourire. Cette parenthèse en compagnie d'Adam m'a permise de retrouver mon calme et voir cette nouvelle année d'un bon œil. Je songe également à ma meilleure amie qui est toujours contrainte de suivre ses cours par correspondance. J'ai tendance à oublie que nous n'avons pas tous la chance d'aller au lycée pour diverses raisons.
Je passe devant la maison du coup de coeur de mon meilleur ami lorsque des éclats de voix retentissent au-dessus de ma musique. Je m'empresse de les retirer en m'approchant avec crainte. J'ai conscience que cette conversation ne me regarde pas, mais j'ai la crainte que les choses dégénèrent.
― Est-ce que je t'ai demandé de te mêler de ma vie ? Je n'ai pas besoin de voir ta seule gueule dans ma maison, maintenant tu vas dégager avant que j'appelle la police. Ton amant doit impatiemment attendre ton retour.
― Ce comportement ne te ressemble pas, Ava.
― Casse-toi !
Mon coeur tambourine à toute vitesse dans ma poitrine face à cette violente dispute. Je reconnais facilement la voix de la soeur de Julian dont je ne connaissais pas encore le nom. Elle semble perdre le contrôle de ses propres émotions face à cet inconnu. Je devrais m'enfuir le plus vite possible afin de rentrer à la maison, mais ma curiosité l'emporte sur la raison.
― Nous formons toujours une famille que tu le veuilles ou non.
― La seule chose que nous formons c'est des conneries. Tu n'es qu'un menteur et manipulateur de première et le simple fait de te voir me donne envie de vomir. Julian, maman et moi sommes revenues dans cette ville pour nous reconstruire loin de toi, mais en tant que psychopathe tu as trouvé le moyen de nous suivre.
Lorsque les pas se rapprochent, je m'empresse de rejoindre ma propre maison. En l'espace de quelques minutes, j'ai découvert bien des choses sur la famille de Julian. Le prénom de sa soeur inconnue semble bien trop doux pour cette adolescente à l'expression froide et indéchiffrable. Que s'est-il vraiment passé pour que sa famille vole en éclats ? Dois-je me rapprocher d'elle et l'aider ? Ou bien ne plus interférer dans sa vie ?
Bonsoir ! Comment allez-vous ?
Je suis vraiment désolée ce chapitre sort avec une journée de retard parce qu'il n'était pas prêt à la publication et j'étais trop occupée hier.
Le prénom de la mystérieuse voisine est maintenant dévoilée j'ai hâte d'avoir vos retours.
À la semaine prochaine !
12.02.2023
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