5. Escapade au sein de l'école
Connaissez-vous les différentes formes de tortures au sein d'un lycée ? C'est une chose commune à laquelle personne ne peut échapper. Un soupir s'échappe de mes lèvres en voyant le professeur inscrire un nouveau problème de mathématiques au tableau. Je ne comprends pas comment il est possible de comprendre ces chiffres et toutes ces formules incompréhensibles. Ma voisine de classe entoure le chiffre sur son calepin en fronçant les sourcils. Cela me rassure de ne pas être la seule à ne rien comprendre.
Je fixe ma feuille puis me contente de suivre la leçon des yeux afin de comprendre la façon dont il faut procéder. La vie est comme un problème de mathématiques trop compliqué à comprendre. Mon enseignant se tourne vers nous, un sourire aux lèvres.
― Ce problème n'est pas bien difficile pour le début de l'année scolaire.
― Je ne suis pas certaine de comprendre la formule, monsieur.
Monsieur Murray s'approche du pupitre de mon camarade en fronçant les sourcils. Cela fait à peine un mois que nous le connaissons néanmoins il reste le plus grand connard du monde. Il est arrogant et n'hésite pas à ridiculiser les élèves en cas d'incompréhension. Je déteste ces genres de professeurs. Ne doivent-ils pas aider les élèves au lieu de les ridiculiser ? Il circule dans la classe en faisant des commentaires sur certaines feuilles. Je ne vais pas faire exception à la règle. Mon regard se pose sur Alex, un crayon coincé dans la bouche.
― Monsieur Watters, comptez-vous attendre que la réponse apparaisse toute seule ?
― C'est une excellente idée, monsieur.
Alex est une personne sociable et franche. Il n'hésite pas une seconde à regarder une personne droit dans les yeux et lui couper la parole. Toute la classe a les yeux rivés dans notre direction, les yeux écarquillés. Ce n'est pas la première fois que mon meilleur ami attire l'attention lors d'une heure de cours, mais le faire au milieu du cours de mathématiques est autre chose. Tout le monde a peur du professeur Murray.
― Votre arrogance n'a pas sa place dans cette classe, monsieur Watters.
― Je ne suis pas arrogant.
― Nous sommes dans une salle de classe et non dans un camp de vacances !
Mon meilleur ami tourne le crayon dans sa main en fixant le professeur.
― Pourtant votre comportement est semblable à un moniteur de colo.
― Je vous demande pardon ?
Monsieur Murray frappe violemment la table de mon ami en hurlant. Alex ne cille pas une seconde et se contente de ranger ses affaires dans son sac de cours en prenant la direction de la porte. J'entends notre enseignant l'insulter de petit con arrogant. Je fronce les sourcils en regardant ce vieil homme mauvais.
― Alex n'est pas un petit con ! m'exclamé-je.
― C'est la première fois que j'entends votre voix depuis le début de l'année, mademoiselle Price. Je ne suis pas étonné que vous preniez la défense de votre camarade, mais dans ma classe il est question de respect.
― Est-ce normal d'insulter un élève dans ce cas ?
Il pointe son doigt accusateur dans ma direction.
― Dehors !
― Quoi ?
― Je ne supporte plus l'insolence des lycéens de votre genre.
Je ne m'attarde pas davantage et récupère mes affaires en un geste tremblant et maladroit. C'est la première fois que je suis renvoyée de cours et je ne sais pas quoi penser de ce qui vient de se produire. Je tiens fermement mon manteau contre moi tout en maintenant la anse de mon sac sur mon épaule. Connard de professeur qui ne supporte pas d'entendre la vérité.
J'enfonce la main dans la poche de mon pantalon en quittant la classe. Je suis sur le point de prendre la direction de la salle de permanence lorsque je découvre mon meilleur ami dans le couloir. Il passe une main dans ses cheveux bruns puis me lance un sourire.
― Il faut que j'aille faire corriger ma vue, est-ce que c'est vraiment toi ?
― Ton humour est hilarant.
Il attrape mon bras puis me traîne jusque la porte de secours en me demandant de ne pas faire de bruit. Ne devrions-nous pas nous diriger vers la salle de permanence ? Alex ferme la porte dans mon dos en silence puis marche jusqu'au terrain de sport. Notre école est suffisamment grande pour posséder des gradins à l'extérieur. Je ne m'installe jamais ici parce qu'il y a presque toujours des personnes en train de bavarder. J'ai besoin de calmer et c'est presque impossible avec le brouhaha lors du déjeuner.
― Qu'est-ce qu'on fait ici ? demandé-je.
― On va passer le reste de l'heure à papoter ici.
― Qu'est-ce que tu comptes faire si les surveillants nous surprennent ?
Il hausse les épaules.
― Excellente question.
― Je ne veux pas avoir de problèmes avec le lycée, Alex.
― Pas de panique.
Mon meilleur ami s'empresse de monter les marches pour s'installer tout en haut. Je soupire puis décide de le suivre en espérant ne pas nous faire surprendre. Les idées de celui-ci sont toujours problématiques, mais amusantes. Je ne suis pas certaine que mon père accepterait mes choix.
― Tu veux un bonbon ? demande-t-il.
― Mon père va me tuer.
― Il a peur que tu manges un bonbon ?
Je lui donne un coup dans le bras en éclatant de rire.
― Idiot ! Non, il risque d'apprendre ce qui s'est produit aujourd'hui.
― Et alors ? Tu as défendu mon honneur et je t'en suis reconnaissant.
Je vole un bonbon dans le paquet puis observe le ciel parsemé de nuages foncés. Un soupir s'échappe de ma bouche en me remémorant ma colère. Les adolescents ne sont pas les seuls à blâmer parce qu'il y a une grande communauté d'adultes cons. C'est la raison pour laquelle je veux que les choses changent. J'ai conscience que la remarque d'Alex aurait pu être formulé d'une façon plus correcte néanmoins le professeur avait-il raison de le traiter de con ?
― J'aime bien le fait que tu ne laisses personnes faire des critiques faciles.
― C'est une qualité ?
― Tu as toujours défendu les plus faibles, Max.
Je baisse la tête.
― Non pas tout le monde.
― C'était une erreur, tu n'as pas à t'en vouloir.
― Il faut croire que tu es le seul à le penser.
J'efface de ma mémoire ces mauvais souvenirs trop douloureux à supporter puis ferme les yeux. Ce n'est pas désagréable de nous retrouver à l'extérieur loin des problèmes du lycée. Je penche ma tête en arrière en souriant. Il y a peu de moments durant lesquels on peut s'installer dans le calme et ne pas songer aux problèmes du quotidien. Cela fait un bien fou. Alex demeure silencieux néanmoins je sens son regard tourné dans ma direction. Il s'inquiète énormément pour moi et souhaite que j'agrandisse mon cercle d'amis. Il est probable que je compte beaucoup trop sur la présence d'Alex.
― Il y a des filles sympas dans cette école.
― Est-ce une façon subtile de me demander de rencontrer de nouvelles personnes ?
Alex hausse les épaules.
― Non pas forcément, mais je t'ai connu un peu plus sociable.
― Quand ? J'ai toujours eu peu d'amis parce que c'est plus facile.
Mon meilleur ami attrape un bonbon recouvert de sucre piquant puis le place sur la langue. Il essaie toujours de me pousser à sortir de ma zone de confort pour révéler la véritable Maxine. Depuis l'année dernière, je tente de me métamorphoser en une version plus assurée et confiante. C'est une chose difficile qui demande un certain temps alors je doute d'être capable de changer en l'espace de quelques semaines.
― Toutes les personnes autour de toi ne sont pas forcément mauvaises, tu sais.
― Peut-être bien.
― Tu as juste peur de te lancer.
Alex m'attrape par les épaules afin de me secouer en me souriant. Il est vraiment prêt à tout pour que je sois heureuse et oublier tout ce qui s'est produit l'année dernière. Je dois reconnaître que c'était la pire de ma vie. Un véritable cauchemar que je m'efforce d'effacer de ma mémoire pour ne pas sombrer dans mes vieux démons.
― Ce n'est pas en croisant les bras que tu arriveras à changer les choses, Max.
― Tu as lu dans mon carnet ?
Mon meilleur ami secoue la tête néanmoins je le connais suffisamment pour reconnaître quand il ment. Comment peut-il me faire ça ? Je fronce les sourcils et lui donne une claque sur la joue en ne cachant pas ma colère. Le contenu de mon carnet est personnel, je refuse que quiconque le touche et vienne lire mes idées, pensées intimes et les choses dont je garde secrètes.
― Une seule page ! s'exclame-t-il.
― C'est beaucoup trop !
― J'essaie juste de t'aider du mieux possible.
Je ramasse mon sac en soupirant.
― Essaie de ne pas trop te mêler de mes affaires, Alexander William Watters !
― Je veux juste t'apporter mon aide.
― En lisant les pages de mon carnet ? Essaie de respecter la vie privée !
Folle de rage, je descends les marches en marmonnant. Ce n'est pas la première fois que mon meilleur ami dépasse les bornes. Je ne partage pas ce que j'écris avec les autres parce que c'est beaucoup trop intime. J'aime avoir mon jardin secret et personne n'a le droit d'y entrer. Maman ne voulait pas que je garde trop de choses en moi parce que ce n'est pas bon. Les mots sont éternels, je pourrais relire mes vieux carnets lorsque j'aurais une vie d'adulte.
Je rebrousse chemin puis décide de me rendre en salle de permanence en ne cherchant pas d'excuse à mon retard. Je risque d'avoir des problèmes avec mon paternel, monsieur Murray ne laisse jamais passer une occasion de contacter les parents d'un élève indiscipliné. La salle est plutôt vide, il y a peu de personnes. Une fille aux cheveux blonds, les yeux rivés vers une feuille, un adolescent jouant secrètement à un jeu mobile sur son portable ainsi qu'une autre fille dans un fauteuil roulant. Au moins, je ne risque pas de croiser Sam ou une autre personne indésirable. J'extirpe mon carnet de mon sac puis rédige un paragraphe sur mon meilleur et insupportable ami. Défouler ma colère à travers des mots m'aide à ne pas perdre le contrôle de mes émotions.
12.02.2022
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top