L'année de mes neuf ans, je me suis inscrite à la gym. Un sport qui m'avait souvent impressionné et qui m'intéressait vraiment. Piquée par la curiosité, j'avais été essayer, et j'avais adoré. 

Tout se passait super bien. Je progressais. Je me sentais vivante. C'est devenu très vite plus qu'un sport, c'était une passion. Et peut-être que ça m'a aidé, en vrai. Je veux dire, peut-être que ça m'a permis de m'épanouir a un moment où j'étais un peu perdue.

La vie avait un bon goût, à cette époque. En tous cas, j'en garde de bons souvenirs. Ma classe de CM1 était sympa. Je suis même partie en classe de mer. 

Pourtant, j'avais toujours cette arrière pensée. Une voix qui me rappelait à quel point je détestais mon corps. À quel point j'étais laide. Comment aurai-je pu me douter...

Et quand cette pensée, bien que lointaine, a commencé à prendre trop de place, je me suis posée des questions. Est-ce que j'étais normale ?

À cette époque, j'avais un carnet secret. Je trouvais ça super stylé, et trop mystérieux. J'adorais écrire dedans, raconter toutes mes disputes avec mes amies, toutes mes journées. Et pour la première fois de ma vie, ces mots se sont posés sur le papier.

Je vais essayer de moins manger.

Et c'était si douloureux à admettre que ma première réaction a été de gribouiller au marqueur noir par dessus. Imagine, si un jour quelqu'un tombait dessus ! La honte...

 Mais ça se voit toujours, Julie. Il suffit de la lumière d'un téléphone pour deviner le chemin du stylo sur la page, et on y devine facilement ce que tu as voulu écrire.

Alors je ne l'ai plus écrit pendant longtemps. Mon carnet, je l'avais eu à mon anniversaire, je ne voulais pas le raturer trop souvent. 

Il ne fallait pas raturer le papier, il fallait effacer ces pensées de ta tête.