8 ans

'Cause 8 is not a pretty number...

20h. Ça y est, j'ai changé. À partir de maintenant, j'arrête de me goinfrer. Je n'ai qu'un objectif et je dois l'atteindre. Je dois être maigre. La plus maigre de toute mes amies. Et c'est sur ces pensées qui me rassurent tant que je m'endors, le sourire aux lèvres.

Je suis capable d'y arriver. Ce n'est qu'une question de contrôle.

Tu ne contrôles rien ma belle. 

9h, le lendemain. Je marche en direction de la salle de sport de mon école, un goût de trop peu dans la bouche. Ce matin, rien. J'affronte cette nouvelle journée l'estomac vide. Et pourtant, je me sens bien. Légère. 

Je vais leur montrer de quoi je suis capable. 

Tu es capable de tout, même du pire.

10h. Le cours de sport est lancé. La classe de CE2 est animée par une question cruciale. Qui aura l'honneur de voltiger lors du spectacle de fin d'année ? Des mains timides se lèvent, dont la mienne. Oui, je suis définitivement faite pour se rôle. 

Je veux que tout le monde me trouve forte

Tu vas t'affaiblir davantage.

11h. Les yeux sec mais la gorge humide de toutes ces larmes ravalées. Je retiens les sanglots qui menacent de faire surface. Cette phrase résonne dans mon cœur mais surtout dans un corps qui m'angoisse. « Non, tu es trop lourde, mais c'est parce que tu es grande ». 

Alors si je ne peux pas changer ma taille, je changerais mon poids.

Bien sûr, comme à ton habitude, tu vas te changer pour plaire.

12h. Heure sacrée. Mais quand je vois le plat qui m'est servi, je ne pense même plus à mes promesses de la veille. Alors je mange, je ris, je bois. Et quand mon ventre est plein, je m'arrête. Et tout va bien. Et ordinairement, je me serais sentie heureuse. Mais pas aujourd'hui. 

J'ai échoué.

Tu n'as pas encore échoué : tu es à l'entrée du tunnel sans fin qui te fera échouer.

13h. Enfermée dans les toilettes, la boule au ventre. J'avais oublié. Je me sens bête, je me sens seule. J'avais tellement faim que j'ai oublié de me restreindre.

À partir de maintenant, je dois réussir.

Non, tu ne dois pas. Tu peux encore reculer.

14h. Retour en classe. Première arrivée, mes yeux scrutent mes camarades qui entrent dans la salle. Mon cerveau photographie, analyse, devine, classe, trie, compare. Mon cœur encaisse. 

Je suis grosse.

 Tu te sens grosse.

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