Et c'est là que le cauchemar a commencé. Que tout s'est enchaîné. Mais personne n'a rien vu venir. 

J'ai commencé les compétitions de gymnastique. Forcée de m'intégrer dans un groupe de filles que je détestais, tantôt rejetée tantôt jalousée. Dans les vestiaires les discussions tournaient sur les mêmes sujets. La grosseur des bras, la rondeur des joues, l'écart entre les cuisses. Poids, taille, IMC, tout était dit et enregistré. Et à chaque entraînement il fallait mettre le justaucorps, montrer et exposer mes complexes plus encore.

Me priver de manger est devenu une question de vie ou de mort. Il fallait éliminer pour le concours de janvier.
Je ne le faisais même plus pour moi, je le faisais pour les autres. 

Mais quand personne ne regardait, je me resservais. Une assiette de plus, qu'est ce que ça allait changer ? 

La puberté s'est déclenchée, et forcément, s'en est suivi beaucoup de changements. Chaque jour mon reflet me rappelait que je n'étais pas parfaite. Très vite j'ai intégré l'équation mon corps = mes capacités. Il m'est devenu impossible de me contrôler. 

En voulant moduler mon alimentation, je l'ai déréglée. Je ne savais même plus ce qu'était la sensation de satiété. Me remplir était un moyen de me consoler, mais quelques heures après je regrettais, et je m'en voulais. 

J'ai commencé à me haïr, je ne voulais qu'une chose c'était me punir. 

Alors que tu étais déjà en train de souffrir.

Je me suis battue pour une beauté qui n'a fait que m'enlaidir.