11 ans
Le collège... À peine habituée à ce nouvel environnement, on me tendit un maillot de bain et on me poussa dans un vestiaire rempli de têtes que je connaissait depuis quelques semaines à peine.
Alors, comme tout le monde, je me suis changée. Et c'est à moitié dénudée que je les ai rejoints sur le bord du bassin. J'ai observé. Les silhouettes fines de certaines et celles plus arrondies des autres. Finalement, où est ce que je me situais ?Une diversité qui me poussait à me questionner. Des questions qui m'angoissaient. Une angoisse qui me fatiguait. Une fatigue qui m'attristait. Une tristesse qui inquiétait.
Manger le moins possible mais me goinfrer le soir même tellement j'en avais marre.
Marre de devoir gâcher ma vie avec ça. Devoir, parce que maintenant que j'avais commencé, j'étais obligée.
Je venais de découvrir le plaisir addictif de maigrir.
L'effet yo-yo a commencé, et chaque kilo que je perdais était repris et doublé. Une perte d'espoir s'en suivit.
Peut-être que je me fais souffrir pour rien : peu importe mes efforts, je vivrais jamais dans un corps que j'aime.
Il y a d'autres solutions.
Et pour la première fois de ma vie, j'ai cherché de l'aide pour résoudre de problème. Car oui, je me suis rendue compte que ce n'était pas normal. Que je n'avais pas à vivre avec cette pression sur les épaules. Malheureusement, cet appel à l'aide a été plus difficile que prévu. Et au final, j'ai pris ça pour un échec.
Mais ce n'était pas un échec. C'était un petit pas de volonté vers la bonne solution.
Je me suis rendue sur un site internet destinée aux jeunes, j'ai démarré la discussion avec un professionnel. J'étais sûre de bien faire, je m'imaginais déjà 10 min plus tard, quittant l'ordinateur, mes problèmes disparus et mon cœur réparé. Mais c'est impossible.
Il fallait être patiente.
J'ai pris mon courage à deux mains, et une nouvelle fois, j'ai pu cracher les mots que je retenais prisonniers depuis des années.
« Je me trouve grosse, et je veux maigrir, mais je n'y arrive pas »
La réponse ne se fit pas attendre, et on me demanda plus d'informations. Et je me retrouvais bloquée. Dans un second message, on insista : « Je vous ai posé une question. »
La part de sensibilité en moi se réveilla. Mes yeux relurent le message a une vitesse grand V. Dans ma tête je devinais l'intonation du médecin qui m'avait écrit ces mots. Alors, prise de panique, je répondis que je me débrouillerais seule, et quittai la discussion.
Tremblante, je me suis empressée de recopier tout ça dans mon carnet.
Et des années après, tu allais relire cette histoire la boule au ventre. C'était le 28 mars.
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