Ne me laissant pas le temps de réagir, le Mage s'éloigne rapidement dans les airs, et je me retrouve de nouveau seule au milieu de l'océan.

Je me laisse couler lentement, encore sous le choc, pour essayer de garder mon calme. Mes mains tremblent et mon cœur cogne encore fortement dans ma poitrine.

Pourquoi jamais rien ne se passe comme prévu ?

Je viens, en seulement quelques heures d'intervalle, de ruiner la confiance que Maître Océana avait choisi de mettre en moi. Et j'imagine déjà sa déception lorsqu'elle apprendra l'accident.

J'ai beau ne pas comprendre ce qu'il vient de se passer, j'ai eu un témoin (et pas des moindres) pouvant certifier que je ne maîtrise pas assez mon Elément pour pouvoir rester parmi les humains plus longtemps.

Je vais devoir laisser mon appartement, c'est certain. Ainsi que mes études à la faculté, et mon amie Elya. Et je n'en ai aucune envie.

La tentation de fuir l'Académie m'effleure l'esprit...

Mais l'espace d'un instant, j'imagine créer ce genre d'incident incontrôlable au fond de l'océan, pendant le Conseil des sirènes auquel je suis conviée dans quelques jours. Cette idée me donne la chair de poule et m'ôte immédiatement toute idée de résistance. Je n'ai pas le choix, il faut que j'apprenne. Et auprès de Maîtres expérimentés, c'est la meilleure solution pour ne pas être une source de problème constant.

Elya comprendra. Ce ne sera que temporaire.

Et moi, je vais forcément m'habituer, non ? Ça ne va quand même pas être si compliqué que ça !

**

Assise sur la chaise du bureau de la Mage de l'Eau supérieure, je dois avoir recours aux conseils de Maître Fuera pour garder mon calme.

Inspirer. Expirer. Inspirer. Expirer...

Le Mage chauve vient de faire son rapport, tranchant, irrévocable, je n'ai rien à ajouter. Que dire, de toutes façons ? Les yeux baissés sur mes genoux, je n'ose pas croiser le regard – sans doute déçu – de celle qui a cru en moi et m'a défendue.

J'ai la soirée pour rassembler mes affaires et m'installer dans une des chambres de l'internat dont on me donne le numéro et la clé. Point final.

J'ai le temps de donner une explication rapide à mon amie métamorphe qui m'attendait chez moi, tout en faisant ma valise. Je suis en rogne contre moi-même et dois prendre sur moi pour garder mon calme.

Inspirer. Expirer. Inspirer. Expirer.

C'est Cassandra qui m'accueille, alors que la nuit commence à tomber. Elle a l'air contente de me revoir et me fait signe de la suivre en prenant un de mes sacs pour m'aider.

― Quand j'ai su que tu allais t'installer avec nous, je me suis proposée pour partager ma chambre, me dit-elle en traversant un couloir interminable. Je suis seule depuis le départ de ma voisine qui a passé son examen l'année dernière, et je suis bien contente d'avoir une nouvelle colocataire !

Je lui souris en retour, même si ce n'est pas aussi franc. Le cœur n'y est vraiment pas.

― Alors comme ça, tu as créé une sorte de catastrophe naturelle ? me lance Cassie avec un petit sourire en coin.

Je soupire sans répondre. Il ne faudrait pas qu'elle en rajoute, non plus...

― Ne t'inquiète pas, continue-t-elle en m'aidant à faire rentrer ma valise dans l'ascenseur. Ça arrive assez régulièrement avec les jeunes Apprentis. Un Basique n'aurait pas pu faire ça, par contre.

Alors que je ne l'écoutais que d'une oreille en fixant les boutons dans la cabine qui monte à l'étage, ses derniers mots me font tiquer. Je m'apprête à lui en demander plus, mais elle est plus rapide que moi :

― Maître Océana t'a dit que tu étais finalement une Intermédiaire ?

Je secoue la tête, surprise :

― Pourquoi ? Elle aurait dû ?

― Eh bien... Ça se sent, en fait.

Les portent coulissent devant nous et nous sortons pour nous retrouver dans un long couloir.

― Comment ça ?

― Tu vas sûrement voir ça dans un cours prochain. On peut ressentir la magie des autres. C'est pratique lorsque nous nous trouvons parmi les humains, pour nous reconnaître.

― Donc toi, là, tu sens que ma magie est Intermédiaire ?

― Oui, c'est assez clair.

― Et ça ne se sentait pas avant aujourd'hui ?

― Non. La magie des Apprentis est instable. Elle augmente jusqu'à un plateau qui restera ensuite tout le reste de la vie. La tienne est encore en évolution et a nettement augmenté depuis la dernière fois que je t'ai vue. Elle devrait se stabiliser rapidement maintenant.

Comme je suis mécaniquement Cassie, toute concentrée sur notre discussion, je ne sais pas trop comment je me retrouve assise sur un lit qui, visiblement, sera le mien dorénavant.

― Tu me dis si je t'embête avec toutes mes questions, hein. Mais toi, ta magie est stable ?

Elle me sourit :

― Ne t'inquiète surtout pas, ça me fait très plaisir de parler avec toi. Ça me manquait d'avoir une voisine de chambre. Pour en revenir à ta question, oui, ma magie est stable, au stade Avancé. Il faut qu'elle le soit avant l'examen de fin d'année, et nous avons des cours dédiés à ça.

― Des cours pour connaître nos limites ?

― Exactement. A faire sous stricte surveillance de Maîtres, bien entendu, rajoute-t-elle avec un clin d'œil appuyé.

Oui, bon, d'accord, j'ai fait une bêtise, on ne m'y reprendra plus ! De toute façon, maintenant, je suis cloîtrée ici... Que pourrait-il m'arriver ?

― Installe-toi tranquillement, enchaine ma voisine en voyant ma grimace. Moi je vais prendre une douche.

J'acquiesce en remarquant qu'elle est en tenue de sport. La porte de la salle de bain de referme sur elle et je me retrouve seule dans la pièce. C'est en fait une chambre pour quatre personnes. Cassandra devait vraiment s'y sentir seule !

Je me lève pour en faire rapidement le tour. Ce n'est pas très grand. Deux lits superposés, deux bureaux, deux grandes armoires pour les vêtements et des étagères a même le mur sur lesquelles sont entreposés des livres et des babioles.

Cassie doit être bien ordonnée, car rien ne traine. Tout a l'air d'avoir sa place propre. Je vais devoir faire un effort pour ne pas m'étaler et laisser mes affaires trainer un peu partout comme dans mon appartement !

L'unique grande fenêtre qui laisse entrer la lumière tamisée du soir mène sur la cour de l'académie. Je peux encore voir, en contrebas, le portail fermé et quelques bancs vides.

Mon regard est attiré par quelque chose de clair qui bouge sur le bord de la fenêtre. On dirait un bout de papier. Intriguée, j'entre-ouvre la vitre et attrape ce qui est effectivement une feuille froissée.

Je jette un regard rapide en direction de la salle de bain, indécise quant à ce que je dois en faire. Ça appartient peut-être à Cassie, et l'endroit où il a été mis est tellement étrange qu'elle a peut-être souhaité le cacher là ?

J'entends le bruit de la douche qui coule encore. La curiosité est trop grande maintenant que le papier est dans ma main. Je l'ouvre rapidement en me disant que je le reposerai tout aussi vite si cela ne me concerne pas.

A la lecture des quelques mots qui s'y trouvent, mon cœur bondit dans ma poitrine et mes mains se mettent à trembler, alors que tout mon corps se fige de stupeur.

Ce papier m'est adressé. Et les mots qui y sont inscrits me glacent le sang.

La voix de Cassie à travers la porte de la salle de bain me fait sursauter :

― Sarah ! Je sais que c'est pas le jour le plus joyeux pour toi, mais est-ce que tu peux éviter de refroidir l'eau de la douche, s'il te plaît ?

― Oh ! Dé... désolée ! bredouillé-je en calmant la source de ma magie qui s'est mise en ébullition à la découverte du bout de papier.

― Merci ! répond ma colocataire.

Le silence m'enveloppe de nouveau et je reste quelques secondes encore sans parvenir à faire un geste, tellement je suis surprise par ce que je viens de trouver.

Inspirer, expirer. Inspirer, expirer...

...

Hello ! Vous allez bien ? 😁

Je m'excuse pour cette première version qui n'est pas vraiment bonne, mais je préfère avancer et revenir dessus après, et je pense que vous serez de mon avis pour connaître la suite, non ? 😏

Alors, vous avez une idée de ce qui pourrait être écrit sur ce papier ? Et de qui il vient ? 😭