Chapitre 2
" Issac! Issac!"
C'est ma mère qui m'appelle. Il est maintenant 7h15 du matin.
Je suis encore bien enroulé dans ma couette parce que j'ai vraiment la flemme de me lever. Surtout qu'aujourd'hui c'est le jour des reposants.
Le jour des reposants est pour tout ceux qui vont mourir dans 48h. La police leur propose de venir dans les écoles pour partager leurs connaissances avant de mourir. C'est comme ça que j'ai pu avoir des notions en langues. Je parle couramment le latin grâce à un linguiste qui est mort en allumant le feu de sa cheminée et qui s'est pris le feu en pleine poitrine.
Un arrêt cardiaque à cause de la panique donc une mort rapide , ce qui n' a rien d'époustouflant ici. Les habitants de Temporia ont toujours rêvés d'une mort lente et atrôce, de quelque chose d'agônisant, leur permettant d'atteindre la mort par petit pas, comme si elle venait nous pêcher dans ses bras.
Moi honnêtement... Je ne sais pas ...
Je finis par sortir de mon lit, les yeux rivés sur la tour de contrôle que je vois depuis ma chambre. Impossible de la rater. Elle non plus ne nous rate jamais depuis sa hauteur. Personne ne peut lui échapper ici. Et si on essaie, on risque certainement la prison.
J'ai la nausée rien que de penser que je vais croiser les policiers toute la journée.
J'enfile une chemise délavée ( de toute façon, je ne suis pas très bon en style), une cravate en lin ainsi qu'un bermuda blanc qui remonte sur mes genoux fléchis.
Purée... J'ai vraiment perdu du poids.
Si j'étais resté le petit obèse que j'étais , avec toute la bouffe que je m'enfilai sans m'arrêter, mon cœur déjà fragile n'aurait certainement pas tenu. Peut être que je serai décédé avant ma date de mort.
Mais impossible. Ma mère tient tellement à ma date de mort. Elle est très traditionnelle et elle tient beaucoup à ce pouvoir que nous avons.
Pff... C'est vraiment pour elle, sinon si je pouvais, je me laisserai bien mourir avant.
Je m'attarde deux seconde devant la glace, inspectant minutieusement ma barbe irréprochable. Je n'ai pas la tête à aller en cours.
Franchement la seule chose qui me hante en ce moment, c'est cette date, cette satanée date qui se rapproche.
Le 16 Septembre 2017.
C'est la date de mon décès. Elle est inscrite sur ma peau, près de mon omoplate droite, avec un tatouage noir indélébile.
Quoi qu'il m'arrive, je vais perdre ma vie à cette date. Comme tout le monde.
Je descends les escaliers et je rumine.
Foutaise, c'est de la foutaise...
"Bah alors Isaac ! Tu fais une de ses têtes ! Tu vas bien ? "
Ma mère est en train de préparer le petit-déjeuner sur le plan de table. Elle se tourne vers moi avec un grand sourire.
Pfff... Quel hypocrite.
Elle sait très bien que c'est bientôt le jour de ma mort. Ma date, celle de mon père et la sienne, elle les a fait inscrire sur le mur de la cuisine et elle est toujours en train de les admirer comme-ci il s'agissait de médailles en or que l'on échange chez le forgeron pour qu'il nous fabrique des matériaux de luxes.
Elle joue dans la douceur. Dans le fond, ce n'est pas méchant. Mais ça fait tellement sadique. Mauvaise stratégie...
" Moi : Hmm... T'en fais pas.
Ma mère : Tu me fais peur ! Tu veux manger avant de partir ?
Moi : Rien du tout. Il est où mon père ?
Ma mère : Il est parti très tôt ce matin. Aujourd'hui, il y a beaucoup de gens à enterrer. Beaucoup devaient mourir le 2 Septembre. Tu t'en rappelles ? Je t'en avais parlé !
Moi : J'avais mis ça loin dans ma tête.
Ma mère : Ta petite tête qui oublie... Ah la la ! Un jour, tu oubliera ta propre date mon fils !
Moi : Ne t'inquiète pas. Je ne mourrais pas à ma date. "
Ma mère lâche brusquement le couteau qu'elle tient. Et moi je m'assois tranquillement sur la table pour jouer avec les pétales de roses de la table.
Elle fait trop l'hypocrite. Ça m'agace.
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