Chapitre 18
— T'as couché avec Kukai, lâcha-t-il finalement. Et tu en es tombée enceinte.
Mon souffle se coupa et mes genoux se dérobèrent sous moi. Ma tête se vida et un sentiment furieux m'envahit face à l'accusation. Un silence plana pendant quelques secondes inconfortables.
— C'est n'importe quoi, Grey, commença Lisanna. Lucy ne ferait jamais une chose pareille, n'est-ce pas ?
— T'as raison, Lisanna. Je ne ferais jamais une chose pareille. Mais lui, il ne c'est pas gêné.
Le visage de Grey changea et toute trace de sa beuverie disparue. Il avait compris. Comme les deux autres filles. Ses paroles me revinrent en tête : "Et tu en es tombée enceinte."
— Je... Je suis enceinte ?
— Tu n'avais pas remarqué ?
Je secouai la tête. Je ne pouvais pas être enceinte de ce monstre. C'était tout simplement impossible. Une sensation étrangère se manifesta dans mon ventre, comme pour me contredire. Et je sentis un coup. Je me roulai en boule au sol et pleurai. Au début, personne ne réagit, ne sachant pas trop comment me réconforter. Puis, je sentis Grey s'asseoir à mes côtés et commencer à me caresser le dos.
Pourquoi toutes ces choses m'arrivaient? Qu'est-ce que j'avais fait pour mériter ça? Grey me redressa et m'attira vers lui, où je me laissai sangloter contre son torse.
— Ne t'en fais pas... Nous sommes là.
Sa voix douce me rassura et me calma un peu, mais des larmes continuaient de rouler sur mes joues. Je dus m'endormir, car je me réveillai le lendemain, couchée sur une paillasse. Pendant un instant, je restai calme. Puis les mémoires de la veille me revinrent en tête et ma respiration s'accéléra et je gémis en me tortillant.
— Hé, je suis ici, chuchota Grey, m'attirant vers lui. Tout va bien aller.
Je fermai les yeux plus fort et me laissai bercer contre lui. Il tenait ma main droite, la gauche reposant sur mon cœur.
— Je ne veux pas, murmurai-je, presque silencieusement.
— Crois-moi, nous allons t'aider. C'est une promesse.
Je serrai sa main le plus que je pus, comme un remerciement. Soudainement, un cri se fit entendre. Un cri que je connaissais bien.
— Wendy !
Je me levai en vitesse et couru vers l'entrée, sans me soucier des points noirs qui picotaient ma vue. La petite fille au cheveux bleus était étendue à même le sol et ne bougeait plus. Dans sa main, un morceau de papier avec mon nom écrit à l'encre noir attira mon attention. Je le pris et le fourra dans une poche de mes pantalons avant de la prendre dans mes bras. Je la portais jusqu'à l'infirmerie improvisée et la déposa sur un lit de paille.
Peu après, Grey arriva et sursauta quand il vit Wendy.
— Qu'est-ce qu'elle fait ici ?
— Je ne sais pas, je l'ai trouvé à l'entrée, inconsciente.
Il se pencha et tâta son cou, puis ses bras et ses jambes avant d'hocher la tête, satisfait. Il ouvrit la porte d'une armoire que je n'avais jamais remarqué jusque là et en sorti une menotte reliée à une chaîne de platine. Il referma la contrainte sur le poignet de la jeune adolescente et se tourna vers moi.
— C'est juste au cas où.
Je hochai la tête et m'assis à côtés de la jeune mage. Son corps mou retombait du lit, me faisant rigoler.
— Je vais aller chercher à manger pour elle. Je reviens.
Il quitta l'alcôve d'un pas lourd. Je sortis le petit morceau de papier et le dépliai lentement.
Juste un petit cadeau,
Ma belle Lucy.
Félicitations, Chérie !
-Kukai
Ma mâchoire se serra. Comment pouvait-il savoir ? Mon corps trembla alors que je sentais un regard sur mon dos. Un coup de vent fit tourbillonner mes cheveux et je sus qu'il m'observait, d'une façon ou d'une autre.
Grey revînt avec un plateau remplit de victuailles et aperçu le message dans mes mains. Il s'approcha et je le laissai lire les quelques mots qu'on m'avait laissé. Il soupira et déposa son plat parterre.
— Je vois.
Sa voix était sèche et quelque peu rauque. Il posa son poignet sur le front de Wendy et vérifia son pouls.
— Elle se sera réveillée d'ici une heure. Tu vois ici ? Demanda-t-il en pointant un point rouge dans son cou.
Je hochai la tête, trop contente de changer de sujet. Je fourrai le papier dans ma poche et m'approchai.
— C'est sa morsure, commença-t-il. La mouche l'a libéré, probablement sous ordre de Kukai. Quand nous l'avons entendu crier, c'est sûrement le lien entre son cerveau et l'insecte qui se brisait.
Je souris alors que je remarque que son visage reprend ses couleurs. Elle bougea les doigts et ses paupières se serrèrent. Mais, malheureusement, elle resta endormie. Je pris doucement sa main et caressai sa peau de mon pouce.
— Tu viens marcher ? Demanda Grey.
— Oui, bien-sûre.
Nous sortîmes de la caverne et nous promenâmes dans la forêt qui l'entourait. Nous marchâmes en silence pendant plus d'une demi-heure, mais je dus m'arrêter par épuisement.
— Pourquoi je ne peux plus rien faire ?
Je sentis alors des larmes couler sur mes joues et fut étonnée de cette soudaine sensibilité. J'ai l'impression de toujours pleurer ces temps-ci. Et ça me met vraiment en rogne. J'essayai rageusement mon visage et reniflai un coup avant de partir vers notre Q.G. . Grey me rattrapa et me bouscula légèrement en souriant.
— Voyons, c'est sûre que, après avoir poignarder quelqu'un, on considère que tu ne peux plus rien faire.
Il prit une pause et regarda aux alentours avant de prendre une grande bouffée d'air frais.
— On fait la course ? Proposa-t-il.
Comme toute réponse, je me penchai, ramassai une pile de feuille morte et la lui balançai au visage avant de partir en courant, riant comme une folle. Mais mon bonheur fut freiner par la vue des longues flammes qui léchaient le ciel. J'accélérai l'allure en faisant fit de mes poumons, qui commençaient à brûler.
Après quelques minutes, Grey me rejoignit et nous arrivâmes devant la grotte. Et là se tenait Natsu, lançant des attaques un peu partout et détruisant tout sur son passage. Accoté sur un arbre, Kukai le regardait faire en souriant, ne portant plus aucune marque de sa dernière bataille.
Lorsqu'il m'aperçut, il me salua de ses deux doigts, partant de son front, comme on salut un ami. De l'ombre, une silhouette masculine sortit et je reconnus Elfman, complètement impassible. Kukai siffla pendant quelques secondes en me regardant et, soudainement, Natsu s'approcha.
Le mage de feu enflamma son poing en s'avançant doucement vers notre ennemi. Un instant, je cru qu'il était devenu notre allié, mais la réalité me rattrapa bien vite. La boule de feu noirâtre se dirigea à une vitesse ahurissante sur le plus vieux de la famille Strauss et, avant que personne n'ait pu réagir, alla s'écraser sur sa poitrine.
J'entendis un cri féminin se mêler à celui de douleur de Elfman et je tournai la tête vers son origine pour découvrir Lisanna, se précipitant sur son frère. Elle n'avait même pas fait cinq pas qu'une nouvelle balle enflammer toucha sa jambe. Elle s'effondra en gémissant et arrêta de bouger.
Encore abasourdie, je n'avais pas fait un geste. D'un commun mouvement, Grey et moi rejoignîmes la caverne. Il s'accroupit et se concentra tandis que je traînais Lisanna avec moi.
— Je suis prêt ! Cria Grey.
Je m'installai derrière lui et toucha doucement son épaule. Une épaisse couche de glace s'éleva dans l'entrée et commença à recouvrir la roche de l'extérieur. Avant que le mur ne soit complété, la voix qui hantait mes cauchemars s'éleva :
— Dans trois mois et demi, Lucy. La guerre commence.
***
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-Andréanne
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