Quatre
Collin Denver était chez moi. Et c'était la pire chose qui me soit arrivée. Collin était le plus bel être humain de la planète. Il avait des cheveux bruns qui étaient vraiment brillants et doux (pas que je les ai une fois touchés). Mais ce sont ses yeux qui m'attirent le plus. Si nets et d'un bleu éclatant qu'on pouvait les repérer à un kilomètre de distance. Ou du moins, depuis l'autre bout d'un couloir scolaire bondé. Il avait le visage d'un ange. Comme s'il était né pour faire la couverture des magazines ou passer à la télévision. Il n'a jamais eu d'acné. Il avait toujours un léger bronzage, même si nous vivions dans le Massachusetts. Il était grand et jouait dans l'équipe de football de l'école. Il portait des polos tous les jours. J'aimais particulièrement quand il portait les rayures. Une fois, je me suis suffisamment approchée de lui pour remarquer qu'il sentait le savon Irish Spring. Et ses bras étaient toujours couverts de bracelets en fil que beaucoup de ses “fans” lui fabriquaient. Parce qu'il était tellement gentil. Il était la perfection. De la manière la plus humainement possible. Et maintenant, il était assis en face de moi à la table de la salle à manger. Je détestais ma mère pour avoir invité sa famille pour le dîner de Pâques. Mes parents ne fréquentaient jamais ses parents jusqu'à ce que son père rejoigne le club de golf de son père. Ils ont contribué aux collectes de fonds du club de golf. Et ma mère aimait vraiment les gens qui avaient beaucoup d'argent. Plus important encore, elle aimait les gens qui le montraient. Cependant, elle n'aimait pas beaucoup les dentistes suédois comme la famille de Vincent. Quoi qu'il en soit, c'était comme si Collin avait été trié sur le volet pour faire partie de ma famille. Nous pourrions être ensemble et nos parents nous soutiendraient. Peut-être même, payer notre mariage au club de golf. Ce serait aussi un grand et bel événement. J'étais allée à des mariages au club de golf, et ils étaient toujours magnifiques et coûteux. Il n'y avait qu'un tout petit, tout petit, tout petit problème qui pouvait entraver tout ce bonheur incroyable. Eh bien, il y avait en fait beaucoup de petits problèmes. D'un, Collin avait une petite amie. Elle s'appelait Hannah. Elle était vraiment jolie et jouait dans l'équipe de football des filles. Elle était impeccable et équilibrait en quelque sorte la fine ligne entre être vraiment sportive, et vraiment girly à la fois. Elle était une bête sur le terrain mais allait se faire faire les ongles avec ma soeur toutes les deux semaines. Elles étaient des meilleures amies. Et je n'avais jamais été invitée. Parfois, j'y allais quand ma mère se faisait faire les ongles, mais principalement parce que la dame qui lui faisait les ongles pensait que j'étais hilarante et mignonne, et offrait toujours des réductions à ma mère. Mais de toute façon, je faisais fausse route. Collin avait une jolie petite amie. Il était trop beau pour moi. Et la chose la plus importante qui entrave notre vie heureuse ensemble ? Collin ne savait pas que j'existais. Comme sa petite amie était amie avec ma soeur, on pourrait penser qu'il aurait au moins entendu mon nom une ou deux fois. Mais non. Et je le savais parce qu'il était l'aide-enseignant de mon cours d'anglais en sixième. Une fois, quand le professeur lui avait donné un morceau de papier et lui avait dit de me le donner, il l'avait regardé pendant un long moment avant de dire « Qui est Piper ? » Le professeur m'avait pointée du doigt, et j'ai fait signe. Mais, il a quand même fini par le donner à la fille assise à côté de moi. Je n'existais pas. Et pour la plupart des gens aussi, pour être tout à fait honnête. La seule personne qui m'ait jamais dit bonjour à l'école, à part mon amie Lauren, c'était Vincent. Mais il était généralement avec Paige, et elle lui donnait un coup de coude et lui disait d'arrêter de me parler avant que je ne les embarrasse. Le plus triste, c'est que lorsque sa famille est arrivée, ma mère les a conduits directement dans la salle à manger et l'a fait s'assoir juste en face de moi. Elle avait déjà découvert pour le canapé et le Fort. J'ai essayé de rejeter la faute sur les enfants, mais ils ont tous commencé à sauter autour de moi en criant « Toutes nos salutations, Seigneure Piper ! » comme je le leur avais appris lorsqu'on jouait. Alors j'ai été blâmée pour cela et renvoyée à table. On m'a donnée des instructions strictes pour ne pas suspendre d'ustensiles à des parties de mon corps.
Puis je suis restée assise là pendant un long moment à rêver de ce soufflé aux framboises vraiment délicieux avec de la crème fraîche que j'ai vu à la télé ce matin. Et puis, la famille Denver est arrivée. Les yeux de Collin ont immédiatement glissé sur moi comme si je n'étais rien d'autre qu'une tache sur le mur. Il s'est immédiatement plongé dans une discussion avec Vincent d'un groupe qu'il avait vu à Boston le week-end précédent. Je soupirai profondément et me délectai de sa beauté. S'il y avait quelque chose de bien dans le fait d'être invisible, c'était que je pouvais regarder les gens, et ils ne le remarquaient presque jamais. Mais là encore, quand ils le remarquait, c'était toujours un peu embarrassant, et ils en faisait tout un plat. Comme la fois où je rêvassais dans le vestiaire, et cette fille se tenait devant moi en train de se changer. Elle l'a fait remarquer à tout le monde et m'a traitée de lesbienne. Et maintenant, les autres filles refusait de se changer devant moi. Depuis ce jour, je me changeais dans les toilettes. Le truc, c'est que je n'avais même pas réalisé qu'elle était là quand c'est arrivé. Je pensais à cette émission spéciale que j'ai vue à la télévision sur les lapins nains en voie de disparition, et il se trouve qu'elle était juste dans ma ligne de mire. Le pire, c'est que si j'étais lesbienne, elle ne serait même pas mon genre. Elle avait trop d'estime pour elle-même, et j'étais trop gênée par tout ça pour me défendre. Mais de toute façon, revenons à Collin. Il portait à nouveau un polo d'un bleu turquoise, et ses cheveux bruns étaient coiffés en arrière sur son visage. Il avait les mains sur la table. Ses bras étaient toniques et bronzés, ces bracelets autour de son poignet. Ils étaient formés de perles qui disaient des choses comme « Merci ! » et « Tu es le meilleur ! » et « Collin et un tel sont des meilleurs amis ! » Il s'est apparemment porté volontaire pour enseigner des tactiques de football ou quelque chose comme ça, et les gens l'aimaient beaucoup. C'était facile d'aimer Collin.
Mon béguin a commencé au collège. Il était déjà au lycée à l'époque. Mais nous avons fait un truc en football un jour, et il s'est présenté avec un tas d'autres joueurs de football du lycée pour nous apprendre à faire des dribbles ou quelque chose du genre. J'ai été jumelée avec une fille arrogante qui grognait plus qu'elle ne parlait, et n'était clairement pas destinée à enseigner quoi que ce soit aux enfants, parce qu'elle était tellement frustrée par nous qu'elle nous appelait toutes “petites salopes”. Mais depuis que j'ai vu Collin sur le terrain, faisant rebondir un ballon de football sur ses genoux et se montrant devant, je suis tombée amoureuse de lui. J'étais à peu près sûre que c'était le véritable amour. Et il m'aimerait probablement aussi s'il réalisait que nous respirions le même air.
— Piper, dit quelqu'un dans un murmure aigu de mon côté.
Mon attention s'interrompit et je me tournai vers ma soeur. Paige souriait, puis elle articula quelque chose. J'ai secoué ma tête. Je ne savais pas ce qu'elle essayait de dire.
— Quoi ? j'ai demandé.
Elle a répété, mais je ne pouvais pas lire sur ses lèvres. Je n'avais aucune idée de ce qu'elle disait.
— Je ne t'entends pas, murmurai-je.
— J'ai dit d'arrêter de le regarder, dit-elle plus fort.
Vincent s'est retourné pour voir à qui elle parlait, et ses yeux ont croisé les miens. J'ai jeté soudainement un coup d'oeil par-dessus la table. Collin avait tout à coup remarqué mon existence. Sans réfléchir, je sautai de ma chaise et me précipitai hors de la salle à manger. j'ouvris en grand la porte de ma chambre. Je n'ai même pas remarqué que Reggie se précipitait dehors dans le couloir. Je donnai un coup de pied au tabouret de ma coiffeuse en osier puis me jetai sur mon lit. J'ai détesté ma vie. Je détestais ma soeur et ma famille. Je détestais la fête de Pâques. Le jambon n'était même pas bon. Je restai assise pendant une minute, essayant de me convaincre que Collin n'avait probablement pas réalisé que je le fixais. Il ne me regardait même pas quand c'est arrivé. Il pensait probablement que je fixais Vincent ou quelqu'un d'autre. Il ne m'a donc peut-être pas remarquée. Peut-être qu'il avait juste regardé l'horrible tableau suspendu derrière moi.
Il y eut d'un coup un bruit de fracas venant d'en bas, suivi par le jappement et le sifflement d'un chat. Je fermai les yeux et gémis. Cela arriverait d'une seconde à l'autre maintenant.
— PIIIPPPERRRR ! j'entendis un instant plus tard.
Je soupirai et me levai, luttant avec les volants de ma stupide robe de bambin.
— Stupide chat, marmonnai-je.
Reggie était techniquement le chat de la famille, mais il n'aimait que moi. Probablement parce que mon père n'était jamais à la maison, ma mère et Paige pensaient qu'il sentait mauvais, et Phillip était trop occupé à être parfait pour le remarquer. J'étais la seule à jouer avec lui et à lui donner des croquettes. Donc, quand il faisait de mauvaises choses, c'était moi qui en étais blâmée. J'étais également chargée de nettoyer sa litière.
Je suis redescendue dans la cuisine, où ma mère se tenait avec les restes de jambon sur le sol, ainsi que plusieurs oeufs de Pâques écrasés.
— Je suis désolée, dis-je.
Elle tapa du pied, les bras croisés sur son joli pull pastel.
— Comment est-il sorti ? elle a demandé.
— Je l'ai accidentellement laissé sortir. J'ai oublié qu'il était là-haut.
— Pourquoi étais-tu là-haut ?
— Parce que Paige m'a embarrassée.
— Nettoie moi ça !
— Oui, M'dame.
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