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31.12 : Ada
Nous partîmes quand Sae fut assez reposée. Elle reprit assez vite du poil de la bête et n'avait plus qu'une hâte : que je l'emmène. Je ris de son impatience en montant dans la voiture. Il était vingt-trois heures trente, on serait à l'heure pour la nouvelle année.
Pendant le trajet, Sae chantonna une chanson qu'on avait entendu chez Ange. J'essayai de ne pas prêter trop d'attention à elle, comme je le faisais depuis le début. La vérité, c'était que Sae était sublime. Je ne l'avais jamais vu aussi belle et rayonnante, et pourtant nous passions beaucoup de temps ensemble.
Quand elle était apparue devant moi dans sa robe, j'avais été si surprise que j'avais fait comme si de rien n'était. Aucun compliment n'avait passé mes lèvres même si je crevais d'envie de l'en abreuver. J'étais restée muette comme une carpe, laissant une déception visible s'installer sur son beau visage.
La boîte où nous nous rendions disposait d'un parking assez grand mais il était déjà plein, aussi dus-je me garer dans une rue adjacente. Sae était à nouveau fraîche et prête à faire la fête. Nous entrâmes dans la boîte bras-dessus bras-dessous et je me délectai de l'ambiance qui s'imposa brutalement. La musique était forte, les lumières électriques et une foule s'agglutinait, nous bloquant la vue.
À mes côtés, je sentis Sae se tendre. Si c'était sa première fois, sa réaction ne m'étonnait pas : la discothèque était un lieu peut-être un peu violent pour qui n'y était pas habitué. Moi, j'aimais beaucoup. J'avais l'impression de pénétrer un autre monde. Mon corps devenait léger, mon esprit s'anesthésiait. Je profitais, sans penser à rien.
Mais ce soir, j'avais la responsabilité de quelqu'un. Aussi je ne me laissai pas tenter par la foule de danseurs et entraînait Sae plus en avant dans la salle, à la recherche de nos amis. Ils avaient réservé une table et nous finîmes par les apercevoir.
— Sae, Ada !
C'est Gabriel qui nous vit en premier et se leva pour nous laisser de la place. Les chaises étaient minuscules et pas forcément très propres ; Sae chercha à s'ajuster pendant plusieurs secondes, tirant sur sa robe. La pauvre, elle n'avait pas l'habitude.
Puisque j'étais familière des lieux, j'avais opté pour un costume trois pièces assez classe, qui me donnait un look d'enfer. Je n'étais pas très robes, de toute façon. Je ne portais rien sous mon veston, n'avait attaché qu'un bouton de ma veste, et le pantalon s'évasait de façon vraiment classe. J'étais très fière de ma tenue, je savais que j'allais briser des cœurs ce soir.
Après m'être servie un nouveau verre, je proposai à tout le monde d'aller danser. Ange, Alexandre et Alice acceptèrent, et je partis avec eux, amusée, que nous formions ainsi le club des « A ». Comme j'avais embarqué son petit copain, j'étais presque sûre que Gabriel nous rejoindrait bientôt, mais ma véritable cible était plutôt Sae.
Je ne niais pas l'attirance que j'avais pour elle. Elle était gentille, talentueuse et belle comme un cœur Elle me plaisait sûrement déjà quand nous avions commencé à traîner ensemble. Mais j'étais quasi certaine qu'elle était plus qu'hétéro. Nous n'en avions jamais parlé, en partie parce qu'il me semblait que les Japonais n'étaient pas très familiers du sujet. Je me trompais peut-être.
En m'éloignant sur la piste de danse, je pris soin de rester dans son champ de vision. La musique qui passait n'était pas vraiment à mon goût mais ça ne m'empêcha pas de me mouvoir à son rythme, paupières fermées, m'offrant toute entière à la musique. Parfois, je sentais une main m'effleurer. J'ouvrais alors les yeux pour échanger un long regard avec l'inconnu. Le flirt était une partie importante de l'instant. Il fallait sentir que l'on se mouvait dans une marée de corps brûlants, tout autant éméchés, prisonniers de la musique.
Au bout d'une vingtaine de minutes, je fus prête à me résoudre que je devrais me trouver quelqu'un d'autre ce soir. Mais, au même instant, je vis Sae se lever et nous rejoindre. Elle dansa d'abord avec Ange, timidement. Il la fit tourner plusieurs fois sur elle-même, la guidant dans une mimique de valse plutôt amusante. Elle riait aux éclats et moi, je ne la quittais pas des yeux.
Enfin, elle laissa les garçons en tête à tête et me fit face. Sous les néons, sont visage resplendissait et je déglutis.
— Tu t'amuses ? lui criai-je.
— Quoi ?!
Renonçant à me faire entendre, j'attrapais ses hanches et l'attirai vers moi. Nous dansâmes sans se quitter du regard. Deux musiques s'enchaînèrent, puis un slow. Je poussai le vice jusqu'à coller nos hanches. Je voyais dans son regard qu'elle hésitait, et je fis en sorte de paraître la plus assurée possible. Ne pas lui montrer qu'en moi, un volcan bouillonnait.
J'avais tant envie d'elle, depuis si longtemps.
Finalement, nous ne fîmes rien. À la fin de la chanson, alors que nous étions enlacées confortablement, elle s'éloigna de la piste, peut-être pour reprendre ses esprits. Je ne la poursuivis pas.
Du coin de l'œil, je captai le regard de Gabriel. Il semblait avoir compris la situation, et je haussai les épaules en retour. Évidemment, Gab' était le seul de mes amis à savoir que je penchais des deux côtés. Ma mère était plus inquiète par mes coucheries répétées que par mon orientation sexuelle, et je l'imaginais bien faire un infarctus si je lui révélais que, non seulement elle n'aurait pas de petits-enfants, mais en plus peut-être pas de gendre.
Comme Sae ne revenait pas, même après un petit moment, je m'inquiétai qu'elle se soit perdue. Ça ne serait pas étonnant, l'endroit était bondé et les lumières n'aidaient pas à y voir clair. Je murmurai mes intentions à Gabriel et commençai à m'éloigner.
Difficile de chercher quelqu'un dans cette nuée de corps qui se ressemblaient tous. Je fis le choix de m'éloigner de la piste de danse, pariant sur le fait que Sae cherchait du calme. Quand je ne la trouvai pas aux toilettes, l'inquiétude me gagna.
Rejoignant le bar, je commandai un verre de n'importe quel alcool qui me vint à l'esprit. J'avais vraiment besoin d'un remontant. Mes yeux sondaient la foule et j'avalais d'une traite mon verre, l'arrachant presque des mains du barman. Ensuite, je repartis pour un tour.
Enfin, et après des minutes interminables de recherche, je trouvai Sae. Dans un coin de la boîte, terriblement proche d'un type qui était à deux doigts de lui mettre la main aux fesses. Sans m'en rendre compte j'accélérai, bousculant plusieurs personnes au passage.
Je ne comprenais pas son attitude. Clairement, elle le laissait la draguer, mais ce n'était pas son genre. T'es sûre ?
Arrivée vers eux, je me saisis du poignet de la brune et m'éloignai avec elle. Elle se débattit à peine, criant mon nom sans que je ne lui jette un seul regard. Je cherchai un coin tranquille et plaquai Sae contre le mur. Elle avait le souffle court, les yeux égards, mais je m'en fichais.
— Désolée, Sae.
Désolée pour ce que j'allais faire, sans doute, désolée pour mon attitude exécrable et désolée de ne pas pouvoir te laisser draguer un gars.
— De quoi tu parles ?
— Tu ne peux pas draguer n'importe qui. C'est dangereux.
— Oh... mais toi, tu peux.
Sa voix était traînante, mais l'ironie était claire. Je grognai de frustration et me rapprochai d'elle, ancrant nos regards l'un dans l'autre. Sa bouche s'entrouvrit, comme une invitation et je me penchai encore, emmêlant nos souffles. J'attendais d'être certaine.
Son corps fondit contre moi et je ne tins plus. Je conquis ses lèvres avec passion, la rapprochant un peu plus de moi. Ses bras fins entourèrent ma nuque, m'offrant un cocon chaleureux. Je mêlais mes doigts à ses cheveux sombres.
Autour de nous, les cris résonnaient, fêtant la nouvelle année. Je me reculai, occultant tout autour de moi.
— Bonne année, princesse, susurrai-je.
— Bonne année.
La vision de la Japonaise, haletante et rayonnante m'envoya mille papillons dans le ventre. Je la ramenai, nos mains enlacées, jusqu'au groupe qui s'était assis. Personne ne fit le moindre commentaire, même quand je pris Sae sur mes genoux. Ils avaient tous peur de moi. Seul Gabriel brava l'omerta en s'asseyant près de nouveau, louchant clairement vers ma main sur la hanche de la brune. Je lui lançai un regard équivoque et resserrai ma prise sur ma conquête.
— Ça t'étonne, lançai-je à mon ami.
— Pas trop. Je vous souhaite plein de bonheur.
Je ris et m'apprêtais à embrasser Sae, quand je me rendis compte qu'elle dormait à moitié sur moi. Bon, eh bien nous ne ferions rien cette nuit.
— Je vais ramener le grand bébé chez elle, sinon ses parents vont me tuer.
Gabriel m'aida à la redresser et il fallut la secouer un peu pour qu'elle se réveille vraiment. Saluant tout le monde d'un geste vague, nous sortîmes tous les trois.
~*~
TADAAAA bon j'espère que ce chapitre vous aura plu ! Aussi, j'aurais une question pour vous : à ce jour, qu'est-ce qui vous semble inachevé ? Qu'est-ce qu'il manque ?
J'annonce d'ailleurs que Grandiose va de nouveau prendre une pause. Je n'ai plus beaucoup d'idées donc je veux prendre le temps d'y réfléchir, et en plus j'ai commencé un autre projet que j'ai vraiment envie d'avancer. Je vous en parlerai plus en détails quand j'aurai décidé de quand je commencerai à poster, mais je pense que ça vous plaira.
Merci de me suivre, encore et toujours, à bientôt, des bisous <3
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