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_ Minhyuk reste avec les autres, Hoseok et Changkyun n'ont pas vraiment bu de la soirée, ils vont les gérer sans problème, on peut y aller, confie, délicat, mon précieux ami, une main rassurante placée dans le bas de mes reins, me poussant ainsi avec grande délicatesse vers la sortie.

     

Le maquillage légèrement coulant, les globes oculaires en sang, et le nez rouge, je sors de cette boîte avec une lenteur sans nom.

La fraîcheur de la nuit apaise la chaleur de mon visage, ça fait un bien fou.

   

_ Désolé d'avoir gâché ta soirée, marmonné-je, en montant dans la voiture.

_ Ne dis pas de bêtises, tu n'as rien gâché du tout, dit-il, d'un ton un peu trop sérieux à mon goût.

    

Je baisse la tête, mal à l'aise, et joue avec mes doigts, la ceinture déjà attachée, alors qu'il allume seulement le moteur.

La main posée sur ma cuisse, comme pour m'apaiser, il s'exprime enfin, après de longues minutes de route, alors que je fixais l'extérieur, la gorge nouée et les yeux toujours aussi humides.

    

_ C'est fini.

    

Étonné et perdu, je tourne la tête vers lui, et soupire bruyamment après quelques secondes, l'esprit revenu peu à peu dans la réalité.

    

_ Fini ? répété-je. Tu parles de la soirée, ou de ce cirque stupide à propos de tenter en vain de plaire à l'homme que j'aime ? Sans doute les deux, j'imagine, soufflé-je, en retournant à ma contemplation de ce ciel aussi sombre que l'intérieur de mes pensées. Oui, tu as raison.

     

Il ne dit rien de plus, et nous rentrons dans ce lourd silence.

Trop épuisé mentalement et physiquement, je m'affale bruyamment dans mon lit, dès notre retour, et soupire d'aise lorsque mon ange me démaquille avant de faire la même chose avec son magnifique visage de poupon.

Il s'allonge ensuite à mes côtés, et sans même nous être changés, blotti dans les bras l'un de l'autre, je prends plaisir à l'observer s'endormir, apaisé.

     

Les doigts caressants avec délicatesse la joue de l'être le plus merveilleux du monde, je ne cesse de remettre ma vie en question, le coeur un peu plus brisé au fur et à mesure des secondes qui s'écoulent.

   

   

Je suis vraiment dérangé.

    

Hyunwoo est l'homme le plus beau qu'il m'a été donné de rencontrer.

Le plus beau, impressionnant, doux, attendrissant.

Il est parfait en tout point, personne ne pourra jamais contredire ça.

     

Seulement...

J'aurais pu simplement l'idolâtrer, l'admirer.

    

Au lieu de ça, j'en suis tombé amoureux.

    

J'aurais pu aisément le considérer comme un modèle, sauf que ça aurait été bien trop simple.

     

Moi qui n'étais attiré que par les femmes, je me suis mis à désirer le corps d'un homme. 

De cet homme.

   

Vouloir être embrassé, touché, caressé, par le beau et masculin grand frère de mon meilleur ami.

    

C'est insensé.

    

Et s'il savait ça, le pauvre.

Il se dirait qu'il n'a pas été exemplaire, qu'il n'aurait jamais dû être aussi proche de moi.

Il s'en voudrait, s'éloignerait, pour mon bien.

    

Mais je ne veux même pas l'imaginer.

Ce qu'il s'est passé ce soir m'a bien trop fait souffrir.

Je ne veux pas qu'il s'éloigne. 

Même si être proche de lui est parfois bien plus difficile, je préfère nettement ça.

Je suis bien trop dépendant à lui, même en ayant le strict minimum de sa part.

     

Je ne veux plus insister. C'est fini.

Je ne fais plus rien, ne risque plus rien.

C'est peine perdue de toute manière, je le sais pertinemment. Je l'ai toujours su.

    

Je suis un homme, je n'ai rien de désirable pour lui.

Je pourrais encore être nu dans son lit, en lui soupirant que j'ai envie qu'il me fasse l'amour, qu'il ne dirait encore qu'un simple, « arrête tes blagues absurdes, et descendons manger ».

    

C'est se faire du mal pour rien, et dans cette matière, je suis déjà le roi.

Autant ne pas cumuler les absurdités.

     

     

· • —– ٠ ✤ ٠ —– • ·

    

     

_ Ah, je pensais que tout le monde dormait encore, grommelle Hyun dans le couloir, alors que je sors de la salle de bain, les cheveux encore humides.

    

Les siens sont en pagaille et ne donnent qu'une seule envie, celle de fourrager les doigts à l'intérieur.

      

Pourquoi me torturer si tôt le matin, alors que je n'ai pas pu fermer l'oeil de la nuit ?

     

_ On dirait que tu as passé une nuit encore plus courte que la mienne, pourtant, tu es parti plus tôt, plaisante-t-il, comme si rien ne s'était passé la veille, alors qu'il avait une moitié d'érection dans le pantalon, et l'intention de briser ce qu'il me restait de coeur.

     

Ses yeux rieurs me regardant derrière ses lunettes rectangulaires font resurgir bien trop de choses que j'aimerais enfouir au plus profond de moi, et inconsciemment, les larmes dépassent à nouveau la barrière de mes paupières.

Dans la seconde, les yeux grands ouverts, étonné et attristé, il s'affole, et me demande encore et encore ce qu'il m'arrive, avant que finalement, je n'enlace mes bras autour de son cou, les larmes inondant silencieusement son t-shirt.

Il me frotte le dos et les cheveux, tout en embrassant ma tempe, et au bout de longues secondes d'un câlin réconfortant dans les bras de mon tortionnaire, je m'éloigne enfin.

Le regard fuyant, je souris faiblement, et longe le couloir pour rejoindre mon ange, au rez-de-chaussée.

     

_ Tout va bien hyung, je suis juste fatigué, soufflé-je, lui tournant le dos, déjà près des escaliers.

    

Sans d'autres échanges, je descends rejoindre Joo, après m'être un minimum essuyé le visage.

    

_ Hey chéri, sourit bien trop grandement le plus précieux de tous les êtres. Je t'ai préparé un chocolat chaud. Je pense que c'est le meilleur que tu ne pourras jamais goûter de toute ta vie, j'ai mis le paquet !

    

Assis au comptoir de l'îlot de cuisine, je souffle très longtemps sur cette boisson fumante, sous le regard bienveillant et impatient de mon meilleur ami, accoudé de l'autre côté de l'îlot, la tête soutenue par ses mains et coudes.

Les lèvres enfin trempées dans la boisson préparée avec amour par mon ange, je sirote sans plus tarder ce délicieux breuvage durant de longs instants.

Son regard me crie un gigantesque, « Alors ? Alors ? », et rien que par ce constat, mon sourire revient peu à peu.

      

Il est si facile de lire en lui.

    

_ Alors ? Alors ? s'enjoue-t-il, ses petits yeux bridés tout pétillants.

     

Je ris bruyamment, heureux de ce moment simple et parfait, et finis par me calmer après quelque temps.

Sa moue boudeuse et interrogatrice me fixe, impatient, et après une nouvelle gorgée, je lui réponds, le sourire aux lèvres.

     

_ Il est vraiment délicieux. C'est un chocolat spécial ?

_ Recette secrète ! s'écrie-t-il, euphorique. On verra qui pourra me dépasser maintenant ! dit-il, déterminé, bombant le torse.

_ Personne, jamais personne, souris-je, heureux. Où sont les parents ?

_ J'en sais rien, je me suis levé tout comme toi, place-t-il, en haussant les épaules.

_ C'est la semaine de leur anniversaire de mariage, marmonne Hyunwoo, en passant le couloir, nonchalant, les cheveux encore humides de sa récente douche. On est revenu tard hier, ils n'ont pas voulu nous réveiller pour nous dire au revoir. Ils sont partis une semaine, complète-t-il, en se servant son repas dans la cuisine, pas le moins du monde entaché par l'alcool ingurgité la veille.

_ Oh, c'est vrai ! Je vais les appeler ! s'écrie alors Joo, en fonçant vers le premier étage, où se trouve sûrement son téléphone.

    

Je le suis du regard jusqu'au-dessus des escaliers, et finis par reporter mon attention sur notre grand frère, qui me fixait déjà d'un regard inquiet depuis sans doute un moment.

     

_ Ça va mieux ? tente-t-il, calme, avant de prendre une énorme bouchée de riz.

_ Oui, souris-je, timide, tiens, goûte, proposé-je ensuite, en lui tendant ma tasse.

    

Sans grande conviction, il ne dit rien de plus, et se fait un plaisir de s'abreuver de mon repas du matin.

     

_ C'est délicieux ! s'enquit-il. On dirait bien qu'il m'a surpassé, pouffe-t-il, sans le moindre soupçon d'inquiétude.

_ On dirait bien, souris-je. Vous êtes rentré à quelle heure ?

_ Deux heures après vous, je crois.

_ Si vous vous êtes bien amusé, alors c'est le principal, murmuré-je, d'un sourire forcé.

_ Je ne me souviens pas de tout, mais effectivement, je crois que c'était le cas, sourit-il, en buvant son café. Et vous deux ? Vous étiez à ce point fatigué ?

    

Sans pouvoir le contrôler, je pouffe, ironique, et me lève de ma chaise haute.

      

_ Oui, souffle-je, en apparence calme. J'étais vraiment épuisé, mentalement et physiquement.

    

Avant même la fin de ma phrase, je me dirige vers le salon, où je m'assieds confortablement, tout en zappant à la télévision.

     

Étrange...

   

Pourquoi son regard semblait si inquiet et perdu lors de ma dernière phrase ?

    

Peu importe, je dois encore me faire des films.

   

_ Les garçons ! Maman et papa sont au téléphone, venez leur dire bonjour !

     

       

· • —– ٠ ✤ ٠ —– • ·

         

    

_ Ça te dit qu'on refasse comme la dernière fois ? suggère le cadet, le dimanche suivant, après être sorti de la douche, fouillant dans son tiroir à la recherche de vêtements intéressants.

_ C'est-à-dire ?

_ Jeux vidéo, films, et grignotages, tous les trois.

_ Oui, pourquoi pas, réponds-je, neutre.

_ Ok parfait, descend déjà, je vais appeler Hyun !

     

Allongé de tout mon long sur le canapé, j'attends sagement leur arrivée.

Une fois présents, ils se postent fièrement devant moi, et surélève les extrémités de mon corps, pour pouvoir s'asseoir sans me déplacer totalement, le tout, sous mes rires.

Mes jambes sur celles de Joo, la tête sur les cuisses de Hyun, je souris bêtement, heureux de cet instant doux et chaleureux.

Un moment parfait en famille.

     

Les doigts du plus vieux glissent avec tendresse dans mes cheveux, et d'un sourire niais, je me demande vraiment ce qu'il leur trouve, à toujours les toucher ainsi.

Mes yeux se ferment instinctivement, sous ce contact tendre, et je savoure durant de longs instants ce moment indescriptible.

    

Même si nos parents sont en vacances, nos cours, eux, sont toujours d'actualité, voilà pourquoi c'est à une heure raisonnable que le plus vieux me porte jusqu'aux chambres, alors que je m'étais assoupi durant le film.

Ainsi accroché à l'aîné tel un koala, les jambes de part et d'autre de son bassin, je continue d'agripper sa nuque, alors qu'il essaye de me placer dans mon lit.

Tout en me frottant le dos, je les entends vaguement discuter comme si je n'étais pas là.

     

_ Je pense qu'il va dormir avec moi cette nuit.

_ Tu es sûr qu'il ne te dérange pas ? Il a le sommeil lourd, force un peu et il se détachera.

_ Il ne me dérange pas, tu le sais bien.

_ Ok, ok, passez une bonne nuit alors.

_ Toi aussi, à demain.

      

Nous partons ainsi jusqu'à sa chambre, où je me détache une fois certain de toucher le matelas.

Semblant inconscient, j'enlève mon bas de pyjama, et me tourne sur le ventre, les bras sous l'oreiller et l'une de mes jambes nues positionnée en chien de chasse.

Après quelques instants silencieux, un corps se joint à moi, et alors que j'allais bouger, je le sens tirer difficilement sur la couette.

Souriant, je me surélève, et le laisse poser cette dernière sur mon corps. Il glisse à mes côtés et rapidement, je sens quelque chose sur ma joue.

Ses doigts caressent la peau de mon visage quelques longues secondes, avant qu'il ne s'installe correctement, prêt à dormir.

     

Mon coeur va exploser dans ma poitrine.

     

C'est pas vrai.
  
Ce n'est pas possible.
  
Je ne peux pas rester à ses côtés s'il ne se contente pas du minimum.

    

_ Hyungwon, entends-je finalement murmurer.

_ Mmh ? réponds-je, trop flemmard pour être plus clair.

    

Pour une fois que je ne dors pas.

           
 
Je ne sais pas pourquoi spécialement aujourd'hui.

Peut-être que je ressens ce besoin de rester éveillé. Comme si mon instinct me le suggérait.

    

_ Est-ce que tu es très fatigué ?

     

Même lui sentait que je ne dormais pas.

Il me connaît décidément très bien.

Plus que je ne le crois sans doute.

    

_ Dis-moi ce qui te tracasse, marmonné-je, en me rapprochant un peu de lui.

_ Est-ce que tu t'éloignes de moi ? pose-t-il, de but en blanc.

      

Le coeur battant anormalement vite, surpris et stressé par cette discussion qu'il commence, je lui réponds, les paupières toujours closent.

    

_ Non, bien sûr que non. C'est juste que j'ai beaucoup de travail pour l'unif ces derniers temps.

_ Tu en es certain ? insiste-t-il, semblant anxieux.

    

Non, bien sûr que non.

     

_ Certain.

_ Tu n'avais pas beaucoup bu samedi dernier, je me trompe ? dit-il alors.

    

Le souffle court, et le cerveau en bouillie, je tente de garder mon calme, réellement surpris par la tournure de la conversation.

    

_ Je me souviens de toute ma soirée, si c'est ça que tu sous-entends, confié-je, avec honnêteté.

    

Sa respiration s'accélère, et inconsciemment, mon corps se rapproche encore du sien, comme pour le rassurer.

    

_ Je suis tellement désolé, souffle-t-il, au bout de longues secondes de réflexion, la voix calme et peinée. Je me suis très mal comporté avec toi. Ce n'est pas une image que j'ai un jour voulu te montrer de moi. Je me sens si honteux. Je peux comprendre ton état après cette soirée. Si tu savais comme je m'en veux. Je n'ai jamais voulu t'infliger ça. S'il te plaît, trouve la force de me pardonner. Par pitié, ne garde pas cette mauvaise image de ton hyung.

    

Les yeux ouverts et humides, je l'observe, la poitrine douloureuse. Allongés tous les deux sur le côté, je caresse tendrement sa joue de mon pouce, un sourire timide aux lèvres.

      

_ Hey, ce n'est pas grave, arrête de t'en faire pour si peu. Je t'avoue que ça m'a un peu choqué, mais ce n'est pas à cause de ça que j'ai réagi comme ça, tenté-je de le rassurer. Tu n'es en rien fautif, d'accord ? C'était ma faute, je n'aurais jamais dû te coller comme ça. Tu es un homme, et moi aussi. Nous ne sommes que des êtres humains, nous ne sommes pas infaillibles. Je ne t'en veux pas. Jamais, conclus-je, sincère, les doigts se frottant toujours discrètement à sa pommette.

_ Ce n'est pas une raison, j'aurais dû agir comme un adulte, et me contrôler. Je n'aurais pas dû boire autant. Ce n'est pas l'exemple que je dois te donner, soupire-t-il, coupable, les yeux tristes et fatigués bloqués dans les miens.

_ Tu es mon exemple, depuis déjà tant d'années, hyung, avoué-je, toujours aussi souriant. Tu m'as donné la plus belle des images durant tout ce temps. Je ne pourrai jamais être un homme aussi parfait que toi, Hyunnie. Merci de m'aider et m'épauler chaque jour. Tu es le meilleur des soutiens. N'aie pas honte de toi, parce que tu as eu une faiblesse. Tu es un être humain, pas un robot.

_ Tu es bien trop gentil, marmonne-t-il, les yeux clos. Je ne te mérite pas. Même si c'est la seule erreur que j'ai pu commettre avec toi, c'est bien la pire que j'aurais pu faire. Je ne t'ai pas respecté, tu n'aurais jamais dû vivre ça, c'était bien trop déplacé.

_ Tu trouves ça déplacé, parce que c'est ce que tu aurais pu faire en temps normal à une femme ? demandé-je, à présent perturbé.

_ Oui, répond-il. Je suis tellement désolé. En plus, je sais que tu aimes les hommes, alors cette situation n'en est que plus irrespectueuse, pardonne-moi, s'il te plaît, dit-il, piteux.

_ Je n'aime pas les hommes, hyung, claqué-je, peut-être un peu trop brusquement. J'aime un homme. Ce n'est pas la même chose.

_ Tu as sans doute raison, marmonne-t-il, peu sûr de lui.

_ Je suis tombé amoureux, parce que je n'ai pas pu faire autrement. Que je sois hétéro ou non, cette personne a su me faire aimer la différence. Il est tellement parfait, si tu savais, soufflé-je nostalgique. Je ne suis pas excité par les hommes, je n'aime pas vraiment ça, mais je n'ai pas pu faire autrement. Il est l'homme que j'aime. C'est ainsi depuis des années, et ça le sera encore pour un très long moment. Conclusion, ne t'excuse pas pour ça, parce que je ne suis pas gay.

_ Tu es adorable, chuchote-t-il, en ouvrant les yeux, la peine et la culpabilité se lisant encore en lui.

_ Tu n'es plus en colère contre toi-même ? posé-je, souriant, caressant toujours sa joue douce et moelleuse. Parfait, je suis content.

_ Pourquoi es-tu si adorable ? questionne-t-il à son tour, en glissant les doigts dans mes cheveux.

_ Parce que je suis un petit chaton inoffensif ? soufflé-je du nez, amusé, l'air enfantin.

_ Un petit chaton qui me dépasse de quelques centimètres, pouffe-t-il, en fourrageant plus férocement ma tignasse.

_ Hyunwoo, dis-je alors, plus sérieux. Tu te rends compte que j'ai déjà vingt-six ans ?

_ Pas vraiment, avoue-t-il, comme je le pensais.

_ On a seulement deux ans de différence, c'est minuscule, pas vrai ?

_ C'est vrai.

_ Je suis en âge d'aimer et désirer, tout comme toi, essayé-je de lui faire comprendre, fatigué de fuir. Si tes actes te semblent parfois irréfléchis, dis-toi que j'en fais aussi, et si nos fautes se rejoignent, alors nous sommes fautif tous les deux.

_ C'est vrai, réitère-t-il. Il faut vraiment que je me fasse à l'idée que vous êtes des adultes vous aussi.

     

Le laissant vivement grattouiller mon crâne, je clos les paupières sans le vouloir, et souris niaisement, de plus en plus enclin à affronter tout ce que je fuis.

      

D'où me vient cette force ?

Je ne sais pas pourquoi elle ne vient que maintenant, après tout ce temps où la peur me dévorait, mais je suis content.

J'en avais besoin.

    

J'en ai besoin.

      

_ Hyunwoo, continus-je de sourire, apaisé. Tu me conseillerais quoi pour oublier l'homme qui ne m'aimera jamais ?

    

Après mûre réflexion, la main vagabondant encore et encore dans mes cheveux qu'il aime tant, il répond.

   

_ Si tu es sûr de toi, alors tu devrais t'en éloigner. Tu ne pourras jamais l'oublier si tu restes à ses côtés, conseille-t-il. Même s'il ne comprend pas ce qu'il rate, c'est le mieux à faire.

      

Tais-toi, idiot.

    

_ Tu n'es pas gay, soupiré-je alors, mets-toi à sa place, ça peut se comprendre. Tu changerais d'orientation par amour, toi ? Tu changerais, pour lui ?

_ Ça dépend qui est lui, mais je ne pense pas.

    

La définition même d'un ascenseur émotionnel. 

Merci beaucoup, hyung, au moins, je sais à quoi m'attendre.

    

Je dois t'oublier, tu as foutrement raison.

Il le faut.

     

_ Donc voilà, tu as raison, le mieux serait que je m'éloigne de toi. Le problème, c'est qu'on vit sous le même toit, donc c'est compliqué pour moi, marmonné-je, en glissant mes doigts de sa joue à son haut de pyjama, que je trifouille quelques instants, avant de l'agripper fermement.

_ Hyungwon, l'entends-je souffler, abasourdi.

     

Le coeur libéré d'un poids, je me sens curieusement bien.

   

Peu importe ce qu'il peut répondre, ce qu'il peut se passer à partir de maintenant, j'arrête enfin de me cacher. Plus jamais je n'aurai à avoir peur de faire quelque chose qui pourrait me dévoiler à ses yeux.

Je suis libre, enfin.

    

Souriant discrètement, je lui réponds.

      

_ Mmh ?

_ C'est... moi ? pose-t-il, délicat.

_ Tu t'attendais à qui d'autre ? Il n'y a que toi qui ne vois rien, confié-je, de plus en plus à l'aise et confiant. C'est l'évidence même. Je ne regarde que toi, ne pense qu'à toi. C'est marqué sur mon visage, pouffé-je, amusé de mon ridicule, et du ridicule de la situation. Je n'aurais jamais réagi ainsi avec ta copine si ce n'était pas le cas, et je t'aurais encore moins embrassé. Tu joues aux aveugles, râlé-je, sans mâcher mes mots. À chaque fois, tu me trouves une excuse, alors que tout est tellement explicite. Je t'aime comme un dingue, avoué-je, le regard à présent planté profondément dans le sien. Même si tu es un homme, ta personnalité est si belle que mon coeur n'a pu que tomber pour toi. Arrête de faire l'aveugle, par pitié.

    

Perdu, il se décolle de mon corps, les sourcils froncés, les prunelles emplies d'incompréhension et de peine, et tente de calmer sa respiration.

    

_ Je ne sais pas quoi te dire, murmure-t-il alors, après une éternité d'attente.

    

Souriant, je ferme à nouveau les yeux, et conclus cette conversation longue et fatigante.

    

_ Il n'y a rien à dire, Hyun hyung. Je ne te demande rien. J'ai bien vu que ça ne serait jamais réciproque, c'est pas faute d'avoir essayé. On s'y est même mis à plusieurs, pouffé-je, résolu. Je ne veux rien, hyung, j'ai abandonné cette idée. Restons juste comme ça, d'accord ? Comme deux frères qui s'adorent, mmh ? Serre-moi dans tes bras, s'il te plaît, quémandé-je, piteux.

    

Le temps me semble si long, ce silence me semble si lourd.

    

Ai-je réellement tout perdu ?

     

Non, bien sûr que non.

Même si mon monde semble s'écrouler, je n'ai pas tout perdu.

Ça passera un jour ou l'autre.

Ça passe toujours, pas vrai ?

Il faut juste du temps.

Tout est une question de temps...

Le plus important, c'est qu'il fallait que je le fasse, pour pouvoir correctement passer à autre chose.

    

Je suis fier de moi.

Jooheon aussi sera fier.

J'ai hâte de lui dire.

     

S'il te plaît, hyung, ne me dit pas que j'ai totalement perdu ton amitié.

Ne me laisse pas comme ça, sers-moi dans tes bras.

Je suis déjà bien trop pitoyable, par pitié, ne me fais pas ça.

Je ne mérite pas ça.

    

Ouvrant les yeux, pour tenter de voir un quelconque miracle se produire, je l'observe m'observer, les sourcils froncés, totalement perdu dans ses pensées.

    

Je ne pensais pas qu'il allait ainsi se torturer l'esprit.

    

Un sourire rassurant aux lèvres, j'ouvre les bras, et attends mon miracle.

Après de nouvelles secondes longues et pesantes, ses épaules se détendent, et souriant tristement, il s'approche, enlace mes épaules de ses grands bras musclés et chauds, et embrasse mon crâne avec son habituelle tendresse.

Mon coeur fond sous ses actes, et les bras enserrant ses hanches, je prends plaisir à frotter mon nez contre son cou, pour certainement la dernière fois.

    

    

· • —– ٠ ✤ ٠ —– • ·

      

     

_ Mmh, grommelle mon ange gardien, alors que je m'allonge discrètement à ses côtés.

     

Le torse appuyé contre son dos, le bras posé contre sa hanche, je hume son odeur rassurante et apaisante, le nez enfoui dans sa chevelure.

Alors que je le pensais toujours endormi, il se tourne lentement, tout en marmonnant quelques paroles incompréhensibles, et love sa tête dans le creux de mon cou.

     

_ Tu ne dors pas ? chuchoté-je, les doigts glissés dans sa tignasse désordonnée.

_ Inquiet pour toi, balbutie-t-il. Pourquoi t'es là ?

_ Parce que je suis fatigué.

_ Fait jour dehors, marmonne-t-il, la bouche pratiquement collée à ma peau, l'est tard, t'as pas dormi ?

_ Non, pas très bien.

_ Pourquoi ?

_ J'ai avoué mes sentiments à ton frère, avoué-je, le coeur tiraillé entre douleur et légèreté.

     

Redressé en un millième de seconde, les yeux à moitié fermés, et les sourcils froncés, il me fixe, l'esprit agité d'un réveil brusque.

     

_ Tu as quoi ? répète-t-il, étonné et inquiet.

_ Il était très choqué, expliqué-je brièvement. Je lui ai dit que je ne lui demandais rien, à part qu'il reste mon frère. Il a beaucoup hésité avant de m'autoriser à glisser entre ses bras, souris-je, tristement.

     

Les larmes aux yeux, je commence, avec lenteur, à me rendre compte que je ne prends pas la chose aussi bien que j'ai pu le penser.

     

Je n'ai pratiquement pas fermé l'oeil de la nuit.

J'ai ressassé cette horrible soirée encore et encore, jusqu'à ce que les larmes cèdent la barrière de mes paupières.

     

Le coeur compressé dans ma poitrine, je me rends compte que je pleure à nouveau, lorsque mon meilleur ami me serre dans ses bras, le menton posé sur mon crâne, et ses doigts caressant avec affection mon dos.

     

_ Il va s'éloigner, pas vrai ? soufflé-je du nez, les joues trempées. Je l'ai perdu, hein ?

_ Chéri, souffle-t-il, impuissant, sa prise se resserrant autour de mes épaules. Essaye de dormir, d'accord ? Tu en as bien besoin, marmonne-t-il, bienveillant, avant d'entamer une berceuse apaisante qui finit par avoir raison de mon cerveau agité.

     

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