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Couché en étoile de mer dans le canapé, je zappe les différentes chaînes télé pour tenter de trouver quelque chose de potable.

            

Je crois que j'aurai plus de chance si j'allais sur Youtube.

            

J'ai la dalle.

Pourquoi est-ce que ce soir, maman a décidé d'être une épouse dévouée bien plus qu'une mère dévouée ?

Elle me manque.

J'ai faim.

Faim de ses repas dignes d'un restaurant sept étoiles.

        

Arg ! Je vais mourir, j'ai trop la dalle !

            

_ Hyungwon est où ? questionne mon grand frère, en arrivant dans le salon, vêtu de l'un de ses habituels shorts et t-shirts sans manches.

_ Sous la douche, pourquoi ? réponds-je, en fixant toujours la télévision.

_ Est-ce qu'on peut, discuter ? hésite-t-il, nerveux.

        

Curieux et étonné, je tourne la tête en sa direction, et m'assieds correctement pour lui laisser la place de venir à mes côtés.

        

_ Viens là, lui suggéré-je, en tapotant sans délicatesse le canapé.

          

Amusé par son côté timide que je ne vois presque jamais, je souris en le regardant s'asseoir.

          

_ J'imagine qu'hier soir, tu, dit-il, stressé et nerveux.

            

Est-ce que je l'ai déjà vu comme ça ?

             

Eh bah, voilà qui est impressionnant.

         

Regarde dans quel état tu mets mon grand et fort hyung. 

Méchant chéri.

        

_ Je vous ai vu, oui, souris-je, pour tenter de le rassurer.

_ Est-ce que, soupire-t-il, en fixant ses mains entrelacées, les coudes posés sur ses cuisses. Est-ce que tu m'en veux ?

_ Pardon ? m'offusqué-je, en glissant dans le regard qu'il essaye de m'offrir. Pourquoi je t'en voudrais exactement ?

_ J'en sais rien, marmonne-t-il, inquiet et perdu. Je suis ton grand frère, et... et j'agissais comme tel avec lui aussi, mais, les choses ont un peu, disons, changés.

_ Un peu ? souris-je, malicieux.

           

De plus en plus nerveux, il se gratte le crâne, les oreilles rouges.

             

J'ai le plus adorable des êtres humains comme frère.

           

_ Hyung, posé-je alors, pour tenter de calmer la tempête qui gronde à l'intérieur de son crâne, je vous aime tous les deux plus que tout au monde, soufflé-je, en posant la paume de ma main sur son avant-bras. Vous êtes grands, vivez comme vous l'entendez, moi je veux juste votre bonheur.

          

Son regard timide et quelque peu humide me fixe sans sourciller. Il semble sérieux et impassible, mais je ressens sa peur jusqu'au plus profond de mes os.

           

_ Je te demande juste de faire attention avec lui. Je sais que vous agissez au feeling, mais ça reste un jeu dangereux, clarifié-je, inquiet.

_ Je le sais ça, je le sais très bien, soupire-t-il lourdement, en observant à nouveau ses doigts.

_ Mais tu n'arrives pas à le repousser, à t'éloigner, à lui dire non.

           

Muet, il acquiesce, tout en respirant bruyamment.

               

_ Tu sais qu'il n'y a qu'avec lui que tu es comme ça ? m'amusé-je à le titiller, pour le faire un peu plus réfléchir. Tu joues avec ses cheveux toutes les trois secondes, le sers dans tes bras, lui sourit tendrement, dors avec lui...

_ Je l'ai toujours considéré comme mon frère, tout comme toi, répond-il, sans plus tarder. Il est normal que je sois proche de lui. Je l'aime bien, il fait partie de la famille.

_ Tu devrais essayer de le considérer un peu plus comme mon meilleur ami, plutôt qu'un membre de la famille. Ça changerait peut-être les choses.

           

Il est temps de te remettre sérieusement en question, très cher hyung.

Arrête de fuir.

          

_ Tu es au courant de ses sentiments pour moi depuis longtemps, pas vrai ? pose-t-il, le regard vissé au sol.

_ Hyung, soufflé-je, en levant les yeux au ciel, je savais qu'il était amoureux de toi deux ans avant qu'il ne me l'avoue.

_ Deux ans ? répète-t-il, attristé.

_ On a vingt-six ans, Hyunwoo hyung. On n'est plus des enfants, murmuré-je, calme.

_ Je sais, je sais, soupire-t-il. Plus les jours passent, et plus je m'en rends compte.

          

Ah, vraiment ?

           

_ Tu l'aimes bien ? tenté-je, euphorique.

_ Bien sûr, conclut-il, sans hésitation.

_ Non, hyung, souris-je, je veux dire, est-ce que tu aimes l'embrasser ?

             

La mâchoire crispée, et les mains furieusement attachées l'une à l'autre, il se cloître une nouvelle fois dans le silence.

Je ne l'avais jamais vu si perdu.

             

_ Ça vous dit qu'on commande des pizzas ? place nonchalant Wonnie, en revenant de la salle de bain, un long pull lui cachant les mains, et un short ample.

_ Hell, yeah ! hurlé-je, au comble du bonheur.

_ Tu traînes trop avec Changkyun, toi, pouffe chéri, en s'avançant vers nous.

           

Ses cheveux humides tombant sur son visage le rendent sexy, alors que sa tenue le rend enfantin.

Mon chéri est si beau, qu'il est naturel pour mon Hyunnie de le regarder de ce désir inavoué.

                 

Mon grand frère est en train de succomber aux charmes du plus grand. J'ai envie de crier mon bonheur au monde entier.

Quand je pense qu'il y a quelques semaines, on était prêt à tout abandonner.

On était juste trop pressé et brusque.

Il avait juste besoin de temps, et de douceur.

Heureusement pour lui, Hyungwon est doué pour ça.

            

_ Je vais passer commande, répond simplement l'aîné, en tournant sa tête vers moi.

             

D'un regard tacite, je lui fais comprendre que personne n'aura connaissance de cette conversation, et d'un clin d'oeil amusé, je lui souffle que cette discussion m'a amusé.

Il inspire une grande goulée d'air, et se lève pour se diriger vers son téléphone, posé sur l'îlot de la cuisine.

En passant devant mon meilleur ami, il contracte son poing, et finalement, laissant libre cours à ses émotions, il plonge les doigts dans sa tignasse humide.

Hyungwon sourit tendrement et Hyunwoo s'autorise à son tour un doux et discret sourire.

             

Ils sont adorables. Aussi adorables que Kyun et Hoho.

Si pures, si passionnés.

Ils méritent tellement le bonheur.

Ils méritent  de s'aimer, de s'apaiser l'un l'autre, de s'offrir de l'amour.

             

Ils me rendent si niais.

Beurk.

               

_ Ça va ? pose Hyungwonnie, en s'asseyant à mes côtés.

_ Ça ne pourrait pas aller mieux, souris-je, calme, et toi ?

_ On peut dire que ça va, sourit-il, à moitié serein.

_ Le livreur sera là dans environ trente minutes, informe hyung. J'ai pris deux pizzas de plus, Seok et Kyun viennent passer la soirée ici.

_ Oh, trop bien ! m'écris-je, heureux.

_ Je crois qu'on a plus de bières et de quoi grignoter par contre, marmonne-t-il ensuite.

_ On va passer à la supérette du coin, propose le plus grand, en frottant sa chevelure ébouriffée.

_ Hyungwon, va vite te sécher les cheveux si tu sors avec Joo, tu vas attraper froid si tu sors comme ça, râle l'aîné, protecteur.

_ Je vais mettre ma capuche, tente-t-il, d'un regard piteux.

_ Tu tombes malade très facilement, Wonnie.

          

Mon Dieu, ils sont si chou !

               

_ Mais, j'ai la flemme, boude l'enfant géant.

             

Le regard désapprobateur du plus vieux se fait toujours aussi insistant, et finalement, comme s'il était prêt à céder, chéri tente le tout pour le tout.

             

_ Tu me les sèches ?

                  

Sans un mot, mon grand et gentil frère s'avance vers les escaliers.

           

Un vrai petit couple.

           

Si adorables.

                  

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