Chapitre 50 : Jay

C'était le moment, c'était le moment, c'était le moment.

J'étais dans un état proche de l'arythmie, j'angoissais. Pourquoi diable étais-je stressé ? J'avais voulu vivre cet instant depuis le début de ma rencontre avec Roman. Je pensais à coucher avec lui sans cesse, comme un obsédé ! Je n'avais jamais éprouvé cette peur.

Lorsque j'avais eu droit à des moments intimes... jamais je n'avais ressenti ce poids dans mon estomac, alors que se passait-il ?

J'en avais envie, tellement envie que le simple frottement de mon caleçon sur mon sexe pourrait me faire jouir. Et je savais que Roman y pensait aussi, il le désirait tout comme moi !

Et peut-être était-ce la raison de mon stress.

Le fait que Roman soit prêt à passer à l'étape sérieuse, ça me paralysait. Avant, il luttait contre moi, il cherchait à me ralentir, même s'il en avait envie. Je misais sur ma fougue sans réfléchir. Aujourd'hui, tout avait plus de signification et d'importance, je ne pouvais plus me protéger derrière mon arrogance. Au contraire, je devais me montrer vrai, honnête, sincère, c'était ce qu'on s'était promis.

Coucher avec des mecs trouvés sur des applications ne m'avait jamais angoissé, et j'aurais pourtant dû ! Je n'étais plus puceau, je savais comment m'y prendre et ce qu'un homme attendait d'un autre, mais... ce n'était que des baises rapides et furtives. Avec Roman, ce serait forcément différent, il attendrait plus de ce moment.

Notre connexion, cette alchimie entre nous, allait nous conduire sur un chemin bien particulier, ce serait guidé par l'amour et la luxure. Rien à voir avec ce que je connaissais. Pour moi le sexe, c'était une pipe dont le seul but était de faire jouir rapidement et pas de prendre ou de donner du plaisir, et si j'étais chanceux, une baise en moins de dix minutes.

À ces souvenirs, je grimaçai sans pouvoir m'en empêcher. Heureusement, mon gobelet d'Ice Tea camoufla mon expression. En mangeant lentement, je repoussais le moment, tout en trépignant d'impatience. Quelle contradiction !

Je jetai un coup d'œil vers Roman qui dévorait son burger et je me mis à imaginer le nombre de ces expériences. L'ampleur de ses connaissances sur le sujet. Il avait certainement dû faire ça de multiples façons, avec de multiples personnes. Devais-je lui parler de mes craintes, de mes doutes ? J'avais besoin qu'il me rassure.

Je me remémorais la seule fois où j'avais osé quelque chose de sexuel avec Roman, c'était cette fellation qu'il s'était empressé d'arrêter. J'avais pris mon temps pourtant, pour essayer de faire les choses correctement, pour être à la hauteur. 

M'avait-il arrêté parce que je m'y prenais mal ? Bon Dieu, pourquoi me posais-je ces questions de merde ? Personne ne s'était jamais plains de ma façon de sucer !

Excédé par mes ruminations, je claquai le gobelet sur la table basse avec énergie. Roman releva son regard gris vers moi, la mine surprise.

— Ça va pas ? dit-il.

— J'ai envie de toi.

Je le vis déglutir avec difficulté à mes mots. J'en avais assez, il fallait qu'on passe à l'action sinon j'allais devenir fou. Mon intrépidité refit surface pour chasser mes doutes.

— Et toi ? demandai-je.

— Bien sûr que oui, répliqua-t-il, les yeux brillants de luxure.

— Alors fait quelque chose, soufflai-je.

C'était clairement une supplique. Il fallait que Roman le décide, qu'il vienne vers moi, qu'il soit l'instigateur de ce moment. J'avais besoin que ce soit lui en contrôle et non moi. Mon arrogance s'était fait la malle, mais surtout, je ne voulais pas reproduire les mêmes conneries qu'auparavant.

Non, je voulais de la sincérité, de l'émotion. Je voulais le sentir lui, son corps, son cœur et son âme. Je ne savais pas si c'était même possible, je me faisais l'effet d'un pauvre con au cœur d'artichaut. Pourtant, cette nuit devait représenter quelque chose. 

J'avais peur que cela ressemble à toutes mes expériences insipides. Avec Roman, j'avais besoin que ce soit plus que ça, que ce soit une étape importante dans notre relation, dans ma vie. Une vraie première fois. La première fois que je ferais l'amour et non simplement baiser à la va-vite.

Roman se pencha vers moi et passa sa main dans mes mèches bouclées. La caresse fut douce, tellement intense. Je fermai les yeux, appréciant la tendresse jusqu'à ce qu'il bouge et me pousse à m'allonger sur le canapé. Il me recouvrit de son corps chaud et sa bouche fondit sur la mienne. Rapidement, nos langues dansèrent l'une contre l'autre dans un mélange de passion et de langueur.

En un instant, nos deux corps furent enflammés, hors de contrôle, munis d'une énergie incroyable. Les vêtements volèrent dans tous les sens, mes mains flattèrent la peau musclée de Roman jusqu'à ce que j'atteigne son sexe. 

Je n'eus pas le temps d'agir sur cette hampe dure, mon homme glissa sur mon torse, sa bouche faisant frissonner mon épiderme. Des vagues de plaisir ondulaient sur moi, des vagues qui me noyèrent totalement lorsque les lèvres de Roman s'enroulèrent autour de mon gland. Je hoquetai, le corps raide et les yeux fixés sur cette vision érotique. Toutes mes inquiétudes furent balayées.

Ses prunelles grises ne me quittèrent pas un seul instant. Sa bouche humide et chaude me prit avec délice, dans un ensemble de va-et-vient sensuel et hautement irrésistible.

— Roman, gémis-je lorsque mon sexe heurta le fond de sa gorge.

Mon corps se tortillait en tous sens, j'allais jouir. Roman insista, augmentant ses succions. Une de ses mains vint jouer avec mes bourses. La pression à ce niveau-là me bouleversa. Ma colonne vertébrale vibra sous la sensation, excitant chaque terminaison nerveuse et provoquant mon orgasme. Un cri étrange sortit de ma gorge et jouis dans sa bouche tandis qu'il continuait à me sucer. Le plaisir m'enveloppa avec force.

Au bout d'un temps indéterminé, je revins sur Terre. Mes paupières clignèrent plusieurs fois et enfin, j'aperçus le plus beau visage devant moi. Le sourire de Roman fit battre mon cœur encore plus vite. Sans un mot, il m'embrassa. Ma saveur se déposa sur ma langue et l'échange fut étrangement excitant. Lorsqu'il se recula, ses traits exprimèrent une nuance craintive.

— Est-ce que tu es certain de vouloir aller jusqu'au bout, Jay ? m'interrogea-t-il.

— Oui, murmurai-je.

— Je ne veux pas casser l'ambiance, mais j'ai besoin d'être sûr... as-tu déjà été passif ?

Sa question me tira un rire nerveux, je me frottai les yeux, dissipant les réminiscences de cet orgasme incroyable.

— Oui, répondis-je simplement.

— Aimes-tu ça ?

— Pourquoi tu me poses ces questions ? répliquai-je, légèrement sur la défensive.

— Je ne veux rien faire qui ne te plaît pas.

— Et alors quoi ? Tu vas me laisser te baiser à la place ? le provoquai-je, un sourire en coin sur les lèvres.

Roman ricana et baissa la tête pour la nicher dans mon cou. Je sentis ses dents râper sur ma peau ce qui me fit haleter.

— Pourquoi prends-tu ce ton, Jay ? Tu t'imagines que je ne peux pas être passif ?

— Je... je ne sais pas, soufflai-je, désorienté par ses morsures et ses coups de langue.

— On verra ça pour une prochaine fois... 

— Oh bordel, lâchai-je dans un souffle étranglé, désorienté par ses morsures et ses coups de langue.

Les images dans ma tête me firent durcir à nouveau. À chaque fois que j'avais imaginé coucher avec Roman, je jouais le rôle du passif. Non pas que ce soit ce que je préférais, simplement, mon cerveau trouvait ça... évident. Encore une fois, je constatai que je n'y connaissais pas grand-chose dans ces dynamiques. 

— Tu es partant ? reprit mon homme en me regardant dans les yeux.

— Partant pour tout, oui. 

Je hochai la tête vivement, me mordant la lèvre inférieure d'impatience. Roman m'agrippa et me souleva pour m'amener dans la chambre. Ses draps avaient son odeur et me plongèrent dans une bulle réconfortante.

Malgré le feu qui rampait sous ma peau, j'avais un peu peur de décevoir Roman, que ce soit dans un rôle comme dans l'autre... C'était si étrange. Il récupéra dans sa table de nuit des préservatifs et du lubrifiant, un petit sourire aux lèvres.

Il se plaça entre mes jambes, sa bouche effleurant mon ventre. Mon sexe avait déjà repris du poil de la bête, avide d'en avoir plus. Oui, même si j'avais un peu peur, j'étais terriblement excité. Je le voulais tellement.

Roman embrassa chaque centimètre de ma peau alors qu'une de ses mains se posa sur mon érection. Il la flatta sans s'y attarder et ses doigts glissèrent plus bas. Il utilisa du lubrifiant, la sensation de froid me faisant tressaillir.

Ne pouvant plus être immobile, je me secouais pour reprendre un peu l'assurance qui me permettait de ne pas m'effondrer. La peur ne gagnerait pas, je rêvais de vivre ce moment. Le désir dans mon sang m'animait et me soutenait. 

— Je veux te toucher aussi, clamai-je dans un souffle.

Roman se redressa et j'en profitai pour glisser une main sur son sexe, le caressant avec amour, un mélange de tendresse et de fermeté. Lorsqu'il me pénétra de ses doigts, mes halètements devinrent plus lourds.

De son côté, des bruits rauques m'apprirent qu'il appréciait les mouvements que j'effectuais, ce qui me rassura. Perdu dans le plaisir, je lâchais de plus en plus de gémissements. Le lubrifiant facilitait l'introduction de ses doigts et je me demandais combien il en avait mis quand tout à coup, mon corps sursauta. 

Électrifié, je rejetai la tête en arrière. Bon sang, cet endroit était magique ! 

Roman lécha mes tétons, accentua la pression sur cette zone merveilleuse, au creux de mes chairs et j'ondulai sans honte mes hanches dans le but d'approfondir les pénétrations. C'était incroyable.

— Tu es si beau, chuchota Roman contre mes pectoraux. Et j'ai tellement envie de toi.

— Eh bien... haletai-je dans un hoquet de plaisir. Je... suis à toi.

Un grognement de plus et Roman se redressa sur ses genoux. Mon cœur s'affola en voyant son regard envoûté. Il n'y eut plus aucune crainte chez lui, pas d'hésitation, pas de peur et certainement pas de culpabilité. À cet instant, tout ce qui se passait était pur bonheur. Rien n'entacherait ça. La joie m'étreignit, resserrant ma gorge.

Roman releva mes jambes pour m'exposer un peu plus, ses mains enfilèrent un préservatif sur son érection puis il se plaça prudemment, initiant une pénétration lente. 

Je me mordis la lèvre sous la sensation qui m'assaillit. Un mélange étonnant. Je savais que la douleur serait là, elle l'avait été les quelques fois où j'avais testé, mais pouvait-elle laisser place au plaisir ? Je ne l'avais pas vraiment expérimenté. Soit les mecs étaient nuls, soit je n'appréciais pas ça. Quoi qu'il en soit, j'étais stressé d'avoir la réponse.

Roman imprima des va-et-vient lents et peu profonds, tous très bien ciblés. Mon cerveau s'éteignit , comme s'il avait disjoncté purement et simplement. Ma bouche s'ouvrit sans qu'aucun son ne sorte. 

Ma boule d'extase fut sollicitée encore et encore, jusqu'à ce que je sois complètement ailleurs. Ma main caressa mon érection fuyante, stimulant l'orgasme que je sentais monter pour la deuxième fois. 

Roman serrait sa prise sur mes hanches alors qu'il augmentait le rythme, l'angle changea, ma prostate n'eut plus de stimulation directe, pourtant tout mon corps vibrait sous les sensations. Je respirais de plus en plus fort, surpris de prendre autant de plaisir tandis que mon regard se noyait dans les prunelles grise de Roman.

— Je t'aime Jay, susurra-t-il en se penchant vers moi.

Son corps, couvert d'une fine pellicule de sueur, me réchauffa jusqu'à l'âme. Ses mots, l'amour dans ses yeux, le fait de le sentir en moi... ce fut bien trop bouleversant pour moi. Je ne parvins pas à répondre, mais ma tête lui hurlait à quel point je l'aimais aussi. L'instant était tout simplement trop fort.

Roman me faisait l'amour avec cette tendresse qu'il me réservait et qui cachait ce désir brut. Un mélange qui m'étourdissait. Et qui me fit succomber une deuxième fois. La jouissance me faucha de plein fouet, constellant ma vision de points pétillants. Des milliers d'étoiles inédites, semblant représenter l'intensité de mon amour pour Roman.

Alors c'était ça... 

Ne faire plus qu'un avec une personne que l'on aimait profondément...

*

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