Chapitre 24 : Roman

—   Qu'est-ce que tu fais ? m'inquiétai-je en suivant chacun de ses mouvements.

—   Je ne vais pas dormir habillé, souligna-t-il.

Je me préparais à une nouvelle provocation de la part de Jay, pourtant, il me surprit en me tournant le dos pour s'infiltrer sous les draps. Mon pouls ralentit considérablement en sachant que je n'aurais pas à lutter contre un Jay bourré et libidineux.

—   Je peux avoir un verre d'eau, s'il te plaît ? marmonna-t-il au creux de mon oreiller.

—   Bien sûr.

L'aller-retour pour la cuisine ne me prit qu'une minute et en revenant, je vis Jay allongé sur le côté, parfaitement à son aise. Dans mon lit. Il devait respirer mon odeur, mettre la sienne sur mes draps et... bordel, j'étais entiché.

En m'entendant arriver. Il se redressa sur un coude et je lui tendis le verre, qu'il but d'une traite.

—   Merci.

—   Pas de soucis, tu veux autre chose ?

—   Oui, répondit-il dans un petit sourire.

—   Quoi ?

Jay releva le menton pour m'observer dans les yeux et l'air se chargea subtilement d'électricité. Son visage, même fatigué et les yeux rouges, était tout ce qu'il y avait de plus beau.

—   Tu pourrais dormir dans ton lit, et non sur le canapé, souffla-t-il.

—   Jay, non...

—   Je vais rien tenter, je suis trop mort pour ça. Promis. Juste... dors avec moi.

J'en avais tellement envie. Mal à l'aise, je considérais cette proposition. Et je conclus que je n'avais rien à craindre. J'étais bien trop respectueux pour profiter de Jay alors qu'il avait bu. Et puis cela me ferait un bon entraînement. Résister à Jay était primordial si je voulais vivre quelque chose avec lui.

Putain, ça n'avait aucun sens. Même dans ma tête.

—   D'accord, acceptai-je dans un chuchotement.

Le visage de Jay s'illumina et tout à coup, il se releva, titubant sous l'effet de la rapidité. D'une main, je le stabilisai pour ne pas le voir embrasser le parquet gris de ma chambre.

—   Où tu vas comme ça ?

—   J'ai besoin d'aller à la salle de bains, dit-il précipitamment.

Haussant un sourcil, je retins tout commentaire et l'emmenai dans le couloir menant à la pièce d'eau.

—   Aurais-tu... euh... tu sais...

—   Quoi ? insistai-je, ne le voyant pas poursuivre.

—   Une brosse à dents, murmura-t-il.

La surprise dura l'espace de deux secondes avant qu'un rire chaud vienne agiter ma cage thoracique. Les joues de Jay se colorèrent et il souffla fortement.

—   Quoi ? Qu'est-ce qui te fait rire ? Tu ne te brosses pas les dents, espèce de porc ?

—   Si, rigolai-je de plus belle. Mais je ne rougis pas en y pensant.

—   Je ne... je ne rougis pas ! s'écria-t-il.

Sa tête se tourna vers le miroir au-dessus du lavabo et ses mains vinrent se poser sur ses joues, les triturant énergiquement. Mon ricanement se poursuivit, mais je pris sur moi pour fouiller dans le meuble sous l'évier pour lui trouver une brosse à dents neuve. Malheureusement, je n'en avais pas. Qui avait des brosses à dents neuves dans ses placards ? Lorsque j'annonçai ça à Jay, son visage s'affaissa.

—   Mais... j'ai besoin de me brosser les dents, geint-il.

—   Je comprends, oui. Utilise ton doigt, proposai-je.

—   Mon doigt ?

—   Oui.

Il resta interdit un instant avant d'éclater de rire.

—   J'utilise mon doigt pour tout un tas de choses... insinua-t-il en me faisant un clin d'œil, mais certainement pas pour me brosser les dents.

—   Il y a bien une première à tout, répliquai-je, ignorant sa réflexion.

Mon sexe n'ignora rien du tout, lui, le traître. Jay soupira et je me plaçai derrière lui pour récupérer ma brosse à dents et mon dentifrice. Lentement, je m'affairai à me laver les chicots, alors que les yeux de Jay m'observaient, envoyant des éclairs.

—   T'es du genre sadique, donc ?

—   Ba du cou, je me grosse les ents, baragouinai-je, du dentifrice plein la bouche.

Jay se poussa sur le côté pour me laisser me rincer la bouche. Une minute d'inattention, le temps que je m'essuie avec une serviette et Jay faisait déjà des siennes. Surpris par le bruit, je me retournai vers le lavabo pour contempler Jay utiliser ma brosse à dents ! Ébahi, ma bouche s'ouvrit, certainement pour l'injurier.

—   Qu'est-ce...

Son pouce se leva dans un geste universel pour dire que tout était ok. Il s'amusait visiblement drôlement. Et malgré moi, ce petit insolent me faisait rire. Je lui envoyai tout de même une tape derrière la tête.

—   Hey !

Sans prendre la peine de répondre, je fis demi-tour pour retrouver ma chambre. J'allais devoir changer de brosse à dents à cause de ce morveux. J'ôtai mes baskets et mon pantalon, gardant mon tee-shirt et mon caleçon. Réfléchissant à toute allure, je récupérai un short de sport et l'enfilai. Mieux valait être prudent. D'autant plus que Jay paraissait reprendre du poil de la bête.

Ce dernier entra dans la chambre et glissa naturellement sous mes draps bleu foncé. Sans gêne, sans un mot, il gigota pour trouver une bonne position, sur le côté, une main sous l'oreiller et l'autre agrippant le drap.

—   Allez viens, je vais pas te manger, intervint-il, me voyant douter sur le bord du lit.

Soupirant faiblement, je m'allongeai à mon tour, le corps raide.

—   Enfin... pas tout de suite en tout cas, rajouta Jay dans un murmure.

—   Tu n'en perds pas une, hein ? répliquai-je en tournant ma tête vers lui.

—   J'y peux rien si tu es sexy.

Imitant sa position, nos visages se retrouvèrent face à face, très proches l'un de l'autre.

—   On ne couchera pas ensemble avant tes dix-huit ans, Jay, assurai-je fermement.

Jay se mordit la lèvre inférieure, les yeux ambrés plissés.

—   Est-ce que ça veut dire que tu as pris une décision ? demanda-t-il, faiblement.

—   Je crois... je ne suis pas sûr. J'ai pas envie de nier ce que je ressens, j'ai pas envie de devoir te virer, mais... j'ai pas envie d'être accusé de détournement ou pire. Et j'ai pas non plus envie que Théo me casse la gueule.

—   Qui... qui t'accuserait d'une telle chose ? questionna Jay, la confusion sur le visage. Si personne ne sait, personne ne peut te reprocher quoi que ce soit.

Il se redressa sur un coude, m'offrant ainsi toute son attention, comprenant que le sujet était sérieux. Son attitude changea radicalement, plus de Jay insouciant et provocateur. De nouveau, je vis la facette de Jay qui me charmait le plus, celle qui le montrait sous un jour plus mature, cultivé et intelligent.

—   Si j'envisage quelque chose avec toi, je préfère que Théo soit au courant. Je ne veux pas lui mentir. Et forcément, tes parents finiront par le savoir, ils peuvent mal le prendre.

—   Mes parents ? s'étonna Jay en grimaçant. Pourquoi mettre mes parents au courant ? Ils ne sont jamais au courant de mes histoires, c'est ma vie !

—   Tu penses que Théo ne leur dira rien ?

—   Je ne vois pas pourquoi il le ferait. Il est venu me parler pour vomir son discours sur le sexe et toutes ces conneries. On a parlé, j'ai dit des trucs un peu... cru et il n'a rien répété, c'est pas une balance.

D'un geste souple, ma main se retrouva sur la joue de Jay, caressa la douceur de son visage. Il était si naïf parfois et paradoxalement, je le trouvais bien trop ouvert au monde.

—   J'ai bien peur que ce soit plus compliqué que ça, Jay, chuchotai-je.

Il frotta sa joue sur ma main, les yeux fermés puis lorsqu'il les rouvrit sur moi, une lueur de désir prit racine, m'attirant irrésistiblement.

—   J'ai juste envie d'être avec toi, confia-t-il tout bas, comme un secret.

C'était si étrange. Nous étions passés de rien à tout en l'espace de quelques jours. La tension sexuelle avait été là dès le début, sans que je ne m'en rende véritablement compte, puis l'alchimie, la complicité avaient grandi, créant ainsi de minuscules fils entre nous. Une relation était née et les sentiments venaient d'être exposés purement et simplement. Il n'y aurait plus aucun retour en arrière. J'avais pris ma décision.

Les yeux brillants de Jay m'imploraient. Sans aucune retenue, je me penchai sur lui pour poser mes lèvres sur les siennes. Avec douceur. Une simple caresse, aussi légère qu'une plume. Le contact me fit tressaillir et je sentis Jay frémir. Une de ses mains se posa sur mon flanc, cherchant à me rapprocher et je cédai. Le baiser devint plus appuyé, mais toujours aussi doux. Sensuel, langoureux, divin.

Jay finit par rompre cette union, le souffle court, les joues rosies.

—   Est-ce que c'est une réponse, Roman ?

Sa question semblait être davantage une supplique qu'une véritable demande. Sa voix était chargée d'émotion. Avait-il peur que je joue avec lui ? Mon cœur se serra dans ma poitrine. Je ne voulais pas lui faire de mal, je voulais le protéger. Depuis le début de cette histoire, c'était mon seul objectif. Le protéger, l'empêcher de faire des erreurs, de se mettre en danger. Je n'avais rien prévu de tout ceci.

Aujourd'hui, le protéger était toujours mon but alors comment devrais-je me considérer pour lui ? Un risque ? Étais-je un danger ? Je n'en savais rien. Ce qui était sûr était que je le respecterais, je serais honnête et je ferais les choses bien. Quitte à me mettre dans la merde.

—   Oui, soufflai-je alors, le cœur battant.

La couleur noisette de ses prunelles s'illumina pour se réchauffer dans cet ambre si magnifique.

—   On peut s'embrasser sans restriction, pas vrai ? osa-t-il en se rapprochant plus près de moi.

—   Oui, ça, je crois qu'on peut.

—   Dieu merci, soupira-t-il.

Son nez se frotta dans mon cou, laissant une traînée de frissons électriques. Ma main se porta à ses cheveux, appréciant la douceur de ses mèches d'un châtain clair. J'étais quasiment certain qu'il devait utiliser une tonne de produits pour les rendre aussi délicats au toucher, c'était incroyable.

Il s'endormit dans cette position, réchauffant mon être de l'extérieur comme de l'intérieur.

Quant à moi, le sommeil peina à me faucher. J'avais peur de ce qu'il adviendrait demain. Ma décision était guidée par mes émotions, je prenais le parti d'oblitérer les barrières qui rendaient notre relation difficile. Si Théo en parlait à ses parents et qu'ils désapprouvaient ou pire qu'ils m'accusaient... Mon ventre se crispa et je décidai de mettre mes craintes de côtés pour ce soir afin de profiter du moment.

*

Mon sommeil s'effrita à cause de plusieurs bruits lointains. Lorsqu'une présence se colla à moi, mes paupières s'ouvrirent. Jay apparut et l'odeur de mon gel douche flotta dans l'air.

— Bonjour, chuchota-t-il.

En plus d'avoir utilisé ma douche et mon savon, il s'était servi de ma brosse à dent. Encore.

— Désolé de te réveiller, mais j'avais envie de profiter de toi avant de partir pour le lycée.

— Bordel ! Quelle heure il est ? paniquai-je.

— Ça va, on a une heure devant nous. 

Jay gigota près de moi, cognant son nez sous mon menton jusqu'à ce que je m'abaisse vers lui. Mes bras l'enlacèrent et nous fûmes corps contre corps.

Sa langue lécha ma lèvre inférieure avec lenteur, créant un feu ardent dans mon bas-ventre. JJe happai à mon tour sa belle bouche cerise. Notre baiser était profond, tout mon être vivait ce moment.

J'en avais envie depuis si longtemps... La chaleur de Jay imprégnait ma peau, me délivrant une bouffée de satisfaction sans pareille.

Malgré cet échange intense et nos corps plaqués ensemble, Jay resta partiellement passif. Je fus surpris de le voir sur la retenue, de constater qu'il respectait ma décision. Le soulagement envahit mon être et étrangement, cela me rendit plus entreprenant.

Une main dans ses cheveux, l'autre glissa sous le drap pour aller à la rencontre de son dos et l'étreindre plus ardemment. Jay gémit et remua le bassin subtilement.

Sa peau... si douce. Son odeur, si parfumée. Ses sons... si excitants.

Mes doigts glissèrent sur la soie de son épiderme, appréciant la courbe de ses épaules, de son échine, de ses côtes, puis subtilement, j'enserrai sa hanche. Jay haletait entre deux baisers. Il se rapprocha de moi, au point de hisser sa jambe au-dessus de ma hanche.  Notre connexion devint plus érotique. Je percevais son excitation et lui la mienne. Le contour de ce qu'il cachait dans son caleçon, raide d'excitation. Mon esprit hurlait des choses indécentes. 

SA bouche dévia pour lécher ma clavicule et entama ma peau de ses dents piquantes. Un terrible frémissement foudroya mon corps pour délivrer une panoplie de décharges électriques dans mon bas-ventre. Le moment était en train de basculer. En un éclair, les choses étaient devenues hors limite.

Cependant, je ne fis rien de plus, je me contentai de le garder au plus près de moi, l'embrassant langoureusement. C'était tout ce que je m'autoriserais.

—   On va se calmer, chuchotai-je, plus pour moi que pour lui.

—   D'accord, accepta Jay sans aucune protestation.

Il se décala même un petit peu afin que nos érections ne soient plus en contact. Agréablement surpris par son attitude, je l'embrassais à nouveau en ralentissant le rythme. Mon cœur gonflait peu à peu, s'épanouissant comme pour me remercier de ma décision, de mon choix. Nous y arriverions.

Une toile s'était tissée entre Jay et moi, pour nous épingler à travers le désir, dans la passion de la danse, de l'art, dans l'humour... nous n'avions rien vu venir. Piégés dans cette toile, nous voilà réunis, sans plus aucune possibilité de nous échapper. L'un face à l'autre, nos cocons se rejoignaient. La question était de savoir s'ils allaient bel et bien ne faire plus qu'un...

*

⭐️

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top