Grain de café || 8

Un duo d'officiers de police en uniforme pénétra dans la boutique d'Ambre, interrompant la quiétude de l'instant qu'elle venait de partager avec Luke. Le premier déclina son identité comme on récite une liste de course; d'une voix monotone et sèche. Le second sortit un sachet en plastique de la poche de sa veste d'uniforme. Un objet tréssautait à chaque secousse qu'il assénait au paquet transparent. Ils débitaient des phrases dans un jargon qu'eux seuls comprenaient. Et, lorsque le deuxième balança le mystérieux contenant du sachet plastifié sur le comptoir, sous les yeux d'Ambre; son monde sembla se dérober sous ses pieds.

Un briquet gisait là, la narguant de sa couleur rouge criarde et affichant malicieusement ses initiales en lettres blanches. Son briquet venait de réapparaitre. La jeune femme attrapa d'une main tremblante l'objet de toutes les attentions et l'étudia avec horreur. Le premier officier lui asséna le coup fatal;

- C'est le briquet qui a été retrouvé sur les lieux de l'incendie, la veille.

Le regard de Luke naviguait avec une totale incompréhension entre les policiers et le visage horrifié d'Ambre. Il déroba le sachet des mains de son amie qui lui céda sans opposer de résistance. Évidemment, le blond fit immédiatement le rapprochement avec ses initiales. Et, alors, qu'aux yeux de tous elle figurait comme une probable coupable, elle connaissait avec certitude l'identité du véritable pyromane.

Luke la vit devenir d'une pâleur de craie et se précipita à ses côtés pour l'aider à s'asseoir sur son tabouret.

- Nous avons plusieurs questions à vous poser, intervint l'un des officiers.

Les prunelles émeraude d'Ambre s'embruèrent au fur et à mesure que les morceaux du puzzle s'assemblaient. Elle opina mollement du chef, incapable de formuler une phrase intelligible. Un choix se profilait; protéger le véritable coupable et plonger à sa place ou trahir ses sentiments.

- Ce briquet vous appartient-il ?

Elle sentit l'incertitude noyait son jugement. Un nouveau hochement de tête répondit à la question.

- Où étiez-vous au moment où l'incendie s'est déclaré ?

- Chez moi, souffla-t-elle, la voix chevrotante.

L'anglais la fixait, cherchant à analyser la source de ses larmes et de l'abattement dans le timbre de sa voix.

- Quelqu'un peut-il en attester avec certitude ?

Luke approuva avec conviction, expliquant en détaille les faits de son appel à leurs retrouvailles devant l'immeuble en flamme. Les policiers prirent notes des attestations des deux jeunes gens avant de disposer; emportant l'arme du crime dans leur passage. La porte tinta à leur sortie, sortant Ambre de sa léthargie momentanée. Elle saisit ses clefs à côté de la caisse, enfila sa veste et suivit les pas des policiers au pas de course. La jeune femme s'élança dans une course effrénée dans les rues de Cannes.

Derrière elle, les cris de Luke ne parvenaient pas à calmer les pulsions d'adrénalines qui coulaient dans ses veines. Mais, la voix du blond réussissait tout de même à couvrir l'écho de ses pensées les plus sombres. Ambre déambula jusqu'à son appartement qu'elle s'empressa d'ouvrir pour découvrir un chaos sans nom. Dans le salon, les meubles jonchaient le sol, les rideaux pendaient misérablement aux fenêtres, troués, déchirés. Dans la chambre, le désastre se répétait, entrainant ses habits dans un tourbillon de lambeaux. Seul l'écrin contenant la bague de fiançailles de Marlo conservait sa place, sagement disposée sur le lit réduit en deux morceaux branlants.

Ambre s'accrocha tant bien que mal à l'encadrure de la porte pour ne pas défaillir sous le carnage qui s'imposait à ses yeux.

- Tu ne vas pas être en mesure de le protéger dans ces conditions...

La jeune femme fit volte-face pour découvrir Luke, planté dans l'entrée du salon entre un barreau de chaise et les vestiges d'un vase. Dans un sanglot déchirant, Ambre traversa les débris de sa vie en trombes pour se réfugier dans les bras de l'anglais qui la recueillit. Et, se fut cet instant que choisit Marlo pour claquer la porte de la salle de bain. Un cri aigue et mortifié perça les murs de l'appartement quand le regard de la brune tomba sur le pistolet qui siégeait dans la main de son ancien amant. Une arme à feu qu'il dirigeait droit dans sa direction.

-

Comme annoncé précédemment, ce chapitre est donc la fin du premier tome de Grain de café. Le tombe 2 arrivera dans les jours à venir et, marquera le tournant de l'histoire. N'hésitez pas à réagir dans les commentaires pour me faire part de vos avis ! Je vous embrasse, Jude x

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