- Chapitre 3 : Juliette -

Juliette déposa ses clés sur le buffet.

- Y a quelqu'un ?

Elle vit une ombre jaillir devant elle pour la prendre dans ses bras en guise de réponse. Elle ébouriffa les cheveux ébènes de sa jeune sœur avant de se défaire de son étreinte. La petite fille était le portrait craché de sa grande sœur. La chevelure d'un noir jais, la peau pâle et les iris d'une couleur grise argent. La seule différence était leur taille et leur caractère. L'aînée était franche et caractérielle, tandis que la cadette était timide et bienveillante. Cinq ans les séparaient, mais les deux sœurs étaient complices comme des jumelles. Juliette et Agathe étaient inséparables.

Juliette monta dans la chambre qu'elle partageait avec sa sœur. Elle s'écroula sur le lit sans ménagement et ferma les yeux quelques minutes. Elle aimait se vider l'esprit après les cours. Elle souffla un grand coup avant de se relever. La jeune fille alla retrouver Agathe dans la cuisine afin de préparer le dîner. Leur père rentrait tard et elles se devaient de l'aider.

L'homme rentra à l'heure du dîner. La table était déjà dressée et ses filles l'attendaient pour commencer le repas. L'aînée faisait ses devoirs tandis que la cadette s'entraînait à son violon. Cette dernière jouait depuis maintenant six ans et progressait de jour en jour. Leur paternel les embrassa sur le front et enleva son manteau. Il s'installa autour de la table et invita les filles à faire de même. Ces dernières savaient ce qui les attendaient. Leur père travaillait dans la police, et passait ses journées à enquêter sur Shadow. Il leur faisait un rapport chaque soir.

****

Les deux sœurs étaient allongées côtes à côtes sur leur lit, en se racontant leur journée. La chambre était petite. Une seule fenêtre occupait les murs blancs, et donnait sur la rue. Les filles aimaient regarder ce qu'il se passait plus bas dans la ruelle. Elles avaient collé leurs lits afin de n'en faire qu'un.

- Tu crois qu'ils arriveront à l'attraper ? demanda Agathe d'une petite voix.

- Tu parles de Shadow ?

La petite fille hocha la tête, l'air absent. Contrairement à sa sœur, Agathe craignait cet individu qui se faufilait dans les rues sous le nez de la police.

- Je n'en sais rien...

Juliette espérait que Shadow continuerait à taguer les rues. Elle aimait les couleurs qui ornaient les murs. Elle aimait qu'on exprime ce que le monde pensait tout bas. Elle aimait Shadow. Enfin, elle le pensait.

Ce soir là, Agathe et Juliette restèrent éveillées jusqu'à très tard. La cadette s'endormit la première, dans les bras de son aînée, le visage doux et paisible.

*****

La jeune fille fut réveillée par sa petite soeur. Elle jeta un coup d'œil à son réveil et se rendit à l'évidence : il fallait se lever. Elle repoussa ses draps et traîna son corps à la salle de bain.

L'adolescente poussa un soupir en voyant sa tête. Elle exécuta sa routine du matin, avec les mêmes gestes, devenus automatiques. Elle retrouva sa petite sœur dans la cuisine, occupée à dévorer une tartine au miel. Juliette s'en prépara deux et s'installa afin de la déguster. Elle et sa sœur n'étaient pas particulièrement grognons le matin, mais chacune savait que l'autre n'avait pas envie de parler. Ainsi, le petit-déjeuner se déroula dans le silence.

Juliette accompagna sa sœur jusqu'à l'arrêt de bus, où elles prendraient deux lignes différentes. Elle étreigna sa petite sœur avant de monter dans son bus. Elle y retrouva plusieurs personnes de son lycée. La jeune fille chercha une place assise. Elle en trouva une et s'assit. Juliette s'isola avec ses écouteurs. Elle fut tirée de son monde lorsque quelqu'un s'assit près d'elle. L'adolescente jeta un coup d'œil sur l'individu. Il s'agissait de ce garçon, Gabriel. Elle détourna le regard lorsque ce dernier le croisa.

La jeune fille descendit du bus. Évidemment, Gabriel sortit au même arrêt.  Après tout, ils étaient dans le même lycée. Vous savez, ce moment gênant où un voisin marche près de vous et que vous ne savez pas lui dire ? C'est exactement ce que ressentait Juliette. Finalement, elle opta pour la simplicité : elle accéléra le pas afin de ne pas avoir à lui parler.

*****

- Vous avez compris le sujet ?

Les élèves répondirent en coeur :

- Oui monsieur !

- Alors à vos pinceaux !

Les étudiants étaient chargés de peindre quelque chose qui représentait leur quotidien. Juliette hésita longuement. Comment pouvait-on définir sa vie par une seule chose ? Lorsqu'elle eu une idée en tête, elle rassembla le matériel nécessaire. Sur un fond gris, des nuances de couleurs prenaient place.

Chaque jour, son père lui parle de graffitis qui salissent les beaux quartiers. Chaque matin, elle passe devant ces graffitis. Même chose l'après midi. Tout ce répète chaque jour, chaque semaine, chaque mois...

Au signal du professeur, Monsieur Page, les élèves dûrent poser leur matériel, et tourner leur toile à la vue de tous. En voyant certains travaux, Juliette eût honte du sien. Monsieur Page parcourut des yeux chaque oeuvre. Lorsqu'il finit, il se plaça au centre de la pièce.

- Ce travail avait un but. J'essaie de trouver un rapport entre chacune de vos oeuvres afin de former des groupes. Plusieurs sujets reviennent, comme des livres, ou des téléphones portables...

Certains élèves ricanèrent et Juliette ne put réprimer un sourire. Elle se reconcentra sur le professeur.

- Cependant, deux sont sortis du lot. Je demanderai à leurs auteurs d'expliquer leur sens. Juliette, Gabriel, pouvez vous nous en dire plus ?

Si elle l'avait pu, la jeune fille serait partie en courant se cacher sous une table, ou dans un trou de souris. Elle n'était pas du genre à rougir, mais ses mains se mirent à trembler. Juliette ne pût s'empêcher les essuyer contre son jean. Elle était peut-être à l'aise pour rétorquer lorsqu'il y en avait besoin, mais parler d'un sujet " sérieux " devant tout une classe était autre chose. L'adolescente jeta un regard hésitant à Monsieur Page, qui l'encouragea d'un geste de main. Elle prit une grande inspiration, et fit tout son possible pour paraître détendue.

- Si j'ai peint un graffiti, c'est parce que j'en entend parler tous les jours. Le soir, quand mon père m'en parle, le matin et l'après-midi, quand je passe devant... Comme tout le monde j'crois.

- Vous parlez sans doute de Shadow ?

La jeune fille hocha la tête.

- Ouais.

Elle se rassit sur sa chaise, et ce fut au tour de Gabriel. Ce dernier avait peint des bombes de peintures.

- J'ai peint des bombes de peinture parce que mon père tient un atelier de peinture.

Et il s'assit à son tour. Clair, net et précis. Monsieur Page tapa dans ses mains.

- Bien. Je vais noter sur le tableau vos groupes.

Juliette se doutait bien de son partenaire, mais elle priait de toutes ses forces pour que ce ne fut pas le cas. Tout le monde sauf lui ! Malheureusement, ses craintes furent confirmées quand le professeur inscrit son nom près de celui de Gabriel. Monsieur Page s'adressa au deux adolescents :

- Vous n'avez pas de sujet précis. Je veux juste que vous créiez une grande oeuvre sur le thème de la peinture.

Juliette hocha la tête,  même si elle n'avait pas compris ce que le professeur attendait d'elle. À son grand soulagement, la cloche sonna, et elle put partir sans avoir à parler à Gabriel. Roxanne la rattrapa.

- Tu vas faire quoi ?

- Une oeuvre sur la peinture.

- Oui ça je sais, mais avec Gabriel ? T'es pas tombée sur le meilleur... Faut déjà que tu arrives à lui décrocher un mot.

Juliette ricana, et haussa les épaules. Elle n'en savait rien. La dernière chose dont elle avait envie était de parler à ce garçon.

- Au moins, il peint bien... Je vais peut-être avoir une bonne note en le laissant tout faire, plaisanta la jeune fille

Roxanne aperçu Gabriel quelques mètres plus loin, et poussa Juliette vers lui. Cette dernière soufflait à son amie d'arrêter, et essaya de piler, sans succès. Elle se retrouva face au garçon, et se retrouva au dépourvu. Elle chercha quelque chose à dire, et ne trouva que ceci :

- Faudra organiser un truc pour commencer le projet.

Le garçon lui répondit un simple "ok." et rabattu sa capuche avant de s'écarter des filles.

○○○○○○○○

Voili voulou !

J'espère que ça vous a plu ! J'aime beaucoup écrire cette histoire, et j'espère que vous aimez la lire.

Laissez un petit commentaire pour me dire ce que vous en avez pensé !

Je vous fais plein de bisous baveux et vous dit à très bientôt !

FondOfWriting

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top