Hello Sydney
Une nouvelle semaine débute dans notre tournée et comme toutes les autres, aucune ne se ressemble. Qu'il s'agisse des paysages, des langues, des cultures ou bien de nos aventures, chacune offre son lot de nouveautés. Aujourd'hui, nous la commençons dans un pays que je ne pensais jamais voir de mes propres yeux. Synonyme de bout du monde, de terres encore vierges et d'animaux rares, l'Australie me donne des étoiles plein les yeux. Je vais enfin pouvoir observer les koalas, mon animal préféré, dans leur milieu naturel.
Cependant, avant d'aller profiter de la faune locale, nous nous familiarisons avec la ville de Sydney dans laquelle un concert est prévu demain. Je ne sais pas encore comment je vais pouvoir jouer avec ma main blessée, mais il va falloir que je me dépêche de trouver une solution. Je n'ai pas le droit de lâcher l'équipe pour une simple entaille encore douloureuse.
Notre petite troupe déambule dans les rues animées du quartier de The Rocks où se trouve un immense marché de produits locaux. L'air dans la ville la plus célèbre d'Australie est chaud et sec, un peu étouffant même, alors les passages ombragés sont un véritable bonheur. Je profite de la fraicheur d'un d'entre eux en laissant mon dos se poser contre les briques fraiches d'un vieil immeuble historique. Mike m'imite et se place un peu plus loin sur le même mur. Je le regarde étendre ses bras quand je remarque une énorme tâche noire entre nous deux. Ce n'est pas une brique plus sombre que les autres, c'est une araignée aux dimensions surhumaines. Je ne peux me retenir de crier d'effroi.
— Quoi ?! Qu'est-ce qu'il y a ?! s'empresse de m'interroger le pianiste.
— Là ! U-une grosse araignée ! m'époumoné-je en pointant la concernée du doigt.
— Attends, tu cris juste pour ça ? J'ai cru que c'était grave.
— Mais ça l'est !
— C'est qu'une bébête, dit-il en se recollant au mur comme si de rien n'était.
Voir Mike à quelques centimètres de cette « bébête », comme il dit, me donne la chaire de poule. Des frissons me parcours le corps et s'intensifient lorsqu'une main se pose doucement dans mon dos. Je me retourne en vitesse vers le propriétaire de celle-ci et frotte chaque parcelle de ma peau pour enlever une bête invisible.
— Hey calme-toi, ce n'est que moi, se défend Shawn en levant ses deux mains en l'air.
— T'es fou de faire ça !
— Je ne savais pas que tu étais devenue allergique à mon touché.
— Et moi je ne savais pas que vous vous touchiez, fait remarquer Andrew.
— Qui touche qui ? interroge Ian en arrivant avec les bras chargés de boissons fraiches.
— C'est l'araignée qui va toucher Mike ! réponds-je avant que la discussion ne dérape.
Le concerné rit et assure qu'elle ne lui fera rien. Je n'y crois pas un traitre mot, sachant pertinemment qu'avec leur gros corps velu et leurs yeux de petite peste, ces monstres sont d'une grande fourberie. Elles adorent nous faire coucou en passant leur tête par-dessus la télévision les longs soirs d'hiver, puis disparaissent dans un coin où elles peuvent observer notre panique. De vrais démons sortis tout droit des Enfers !
— Bon je vais la toucher pour que tu puisses te rendre compte que les araignées sont inoffensives, conclu Mike en approchant ses doigts de la créature.
— Non arrête, ne fais pas ça ! crié-je.
— Mais si, regarde, elle ne va rien me faire.
— Mike, s'il te plait, je n'ai pas envie de me retrouver à l'hôpital parce que tu te seras fait mordre par une araignée plus grosse que ma main, s'exaspère le manager.
Le brun ignore royalement les mises en garde, il titille les pattes de l'arachnide qui ne semble pas être dérangée. Je me recule loin de la scène, allant jusqu'à me cacher derrière Shawn hilare de la situation. Je lui donne un coup dans le bras et bougonne des « ce n'est pas drôle » et « ne te moque pas » qui ne semblent pas le faire sourciller.
— Tu vas moins rire quand elle va te sauter dessus, grommelé-je.
Finalement, ce que j'ai craint depuis le début arrive enfin. L'araignée s'agace et décide donc de s'en-aller en courant. Un nouveau cri s'échappe de ma bouche, c'est plus fort que moi. Mike reste cependant très calme, il hausse les épaules et dit même au revoir à son amie. Ce garçon est tout aussi étrange qu'affligeant, je me demande comment son cerveau tourne.
Afin de me remettre de mes émotions, Andrew me propose de choisir là où nous déjeunerons. Je prends le pari d'un petit bar à salade situé dans une rue un peu plus loin, la décoration très « naturelle » m'ayant convaincu. Nous avons donc manger sur de confortables chaises en osier, devant une table faite en bois flotté et au milieu de plantes recouvrant les murs et le plafond. Un endroit frais, charmant et surtout sans araignée prête à me sauter au visage. C'est agréable de partager une journée off avec tous les membres de l'équipe, c'est la première fois que cela arrive. Même la nouvelle mascotte Amour fait partie de la visite. Ce chat est un chien réincarné, il se laisse promener en laisse par Marie sans broncher. J'ai presque l'impression qu'il apprécie ça.
Repus, nous nous dirigeons vers la Sydney Tower Eye pour l'activité que les garçons attendent impatiemment depuis ce matin. Ils n'ont qu'une seule chose en tête : le SKYWALK de Sydney. En revanche, en ce qui me concerne je suis beaucoup moins enthousiasme qu'eux. L'idée de me retrouver à deux cent soixante-huit mètres de haut au-dessus de la ville ne me réjouit guère. Quand bien même le panorama sera certainement incroyable, je ne suis pas une adepte des choses en hauteur. Je n'ai pas le vertige, mais je ne me sens pas pour autant à l'aise.
Enfiler la combinaison bleue de sécurité, ainsi que les harnais qui assureront notre sécurité là-haut, ne m'aident pas à décompresser. Tout cet attirail m'angoisse, mon cœur s'accélère à mesure que nous gagnons de la hauteur grâce à l'ascenseur.
— J'aurais dû rester avec Marie et Amour en bas, marmonné-je.
— Mais non, tu verras ce sera cool, me répond Shawn tout bas.
Je lui offre un sourire crispé et rassemble tout mon courage pour sortir de l'ascenseur. Le vent fait voler les quelques mèches s'échappant de ma queue de cheval que je replace derrière mes oreilles. J'avance prudemment sur la plateforme à la merci des éléments. Lorsque je rejoins enfin le groupe, le guide a déjà commencé sa visite. Il nous montre les différents monuments emblématiques de la ville visibles d'ici. Chacun à sa petite particularité, mais celui qui me laisse sans voix est évidemment le célèbre opéra de Sydney. Il veille sur la baie comme la Statue de la liberté à New York, c'est certainement pour cela qu'il me plait plus que les autres, il me fait penser à ma ville.
Après avoir observé la vue et pris quelques photos, le guide nous invite à nous rapprocher du bord, là où le sol de la plateforme est constitué d'immenses vitres nous donnant l'impression de marcher dans le vide. Nous accrochons nos mousquetons à une solide rambarde en fer, et avançons à la chaine. Mon tour arrive, un voile de panique tétanise mes muscles qui me laissent planter là telle une idiote. Les garçons sont déjà tous en train de s'amuser sur le sol en verre, seuls John et moi manquons à l'appelle.
— Courage Mel, tu peux y arriver, me dit John en posant ses larges mains sur mes épaules.
— Je suis désolée je te gêne, tu devrais passer devant moi.
— Bien sûr que non, on va y aller ensemble d'accord ? me propose-t-il.
— D'accord, murmuré-je stressée.
Je saisis les mains de John toujours placées sur mes épaules avant de poser un pied sur la première vitre. Mon cœur tambourine comme un fou dans ma poitrine, la peur se mélange avec l'envie de rejoindre les autres. L'adrénaline parvient à me donner la force de poser le second pied dans le vide. Mes yeux sont alors indéniablement attirés par les deux cent soixante-huit mètres qui me séparent de la rue en bas.
— Regarde l'horizon, Mel.
— J'aimerais bien, réponds-je à John la voix tremblante.
— Je suis là ma grande, on le fait ensemble.
Le ton chaud et rauque du garde du corps de Shawn est rassurant, je me laisse convaincre. Nous nous dirigeons tous les deux là où le vide pourrait me faire tourner la tête si j'étais seule.
— Tu vois, ce n'est pas si terrible.
Je lui lance un sourire par-dessus mon épaule et parviens enfin à profiter du moment. Je réussis à garder la tête relevée pour ne pas affronter ce qu'il y a sous mes pieds, mon cœur retrouvant un peu son calme. J'arrive même à apprécier l'activité.
— Tu ne te sens pas le roi du monde ? me questionne John. Enfin la reine du monde.
— Si, j'ai l'impression d'être libre.
— Alors profite, remplie-toi de ce sentiment.
Sur ses conseils, je prends une grande et profonde inspiration. Mes muscles se décontractent, mes épaules s'abaissent et je me délecte de ce moment privilégié en compagnie de mes nouveaux amis. Je réalise alors la chance inouïe que j'ai de faire partie de cette équipe.
— Quand ma fille sera plus grande, c'est sûr que je l'emmènerai ici avec ma femme pour partager cet instant. C'est vraiment époustouflant, me confie John.
— C'est une excellente idée, elles seront ravies.
— Et toi, si tu devais partager ce moment avec quelqu'un, ce serait qui ? m'interroge-t-il.
Je prends quelques instants avant de lui donner ma réponse, un grand sourire aux lèvres.
— Avec vous.
— Ah oui ? demande-t-il surpris.
— Pourquoi ça semble autant te surprendre ? rigolé-je.
— Parce que je m'attendais à ce que tu me répondes ta famille.
— Quand un instant est parfait, comme là maintenant, pourquoi vouloir changer quoi que ce soit ? lui souris-je chaleureusement.
— Ne dis pas ce genre de choses s'il te plait, tu vas finir par me faire pleurer.
Voir l'âme sensible de ce grand costaud est si touchant que c'est moi qui suis émue. Je ne résiste pas à le prendre dans mes bras, le câlinant tout en continuant d'admirer la vue. Tout compte fait, marcher dans le vide n'est pas aussi terrible que ce à quoi je m'attendais. Avec John, nous ne nous sommes pas quittés et avons passé toute la visite collés l'un à l'autre. Je ne le remercierai jamais assez d'avoir été là pour m'aider à vaincre ma peur. Je me suis sentie épaulée jusqu'à ce que des ailes me poussent dans le dos.
Nous regagnons la terre ferme après plus d'une heure la tête dans les nuages. Malgré que mes pieds aient retrouver un sol sans vide, ma tête est restée là-haut face au panorama grandiose. L'opéra de Sydney ne cesse de me trotter dans la tête, à tel point que je demande au petit groupe si nous pouvons aller le voir de plus près.
— Oui bien sûr, me répond Shawn. Moi aussi j'ai envie de le voir et puis ça terminera bien notre journée.
Le soleil commence à décliner lorsque nous gagnons la grande dame blanche, les décorations de noël installées dans la ville prenant petit à petit la relève du soleil. La magie des fêtes opère, je suis sous le charme de la métropole australienne.
Nous prenons des dizaines de photos devant le monument emblématique comme de véritables touristes. Shawn me montre les photos qu'il a mémorisé afin de mes les envoyer quand, par mégarde, il remonte trop loin dans sa bibliothèque où j'y remarque des clichés de moi en train de manger. J'ignorais l'existence de ces images volées.
— Ce jour-là, tu avais de la mayonnaise partout à cause de ton hamburger, j'étais obligé, hausse-t-il les épaules pour rendre son acte sans importance.
— J'ai l'air d'une grosse goinfre, m'offusqué-je.
Nous nous chamaillons gentiment, nous provoquant en poussant l'épaule de l'autre. Cependant, Shawn n'y va pas avec des pincettes et finit par déraper. D'un coup un peu plus violent que les précédent, il me pousse et je bouscule un pauvre passant aussi surpris que moi de voir nos visages à quelques centimètres l'un de l'autre. Je me recule en vitesse tout en me confondant en excuses. Ma gêne semble amuser l'inconnu à la peau bronzée et aux cheveux d'or assez long pour les attacher en un petit chignon.
— Tout va bien ? me demande-t-il d'un grand sourire.
— Moi oui, mais c'est plutôt à toi que je devrais poser la question.
— Comment se sentir mal quand une jolie fille me tombe dans les bras, me taquine le blond au style très australien avec son t-shirt blanc et son short de plage.
Je ris nerveusement à ses compliments qui me font plaisir. Intéresser un garçon est toujours quelque chose de gratifiant, on se sent soudain plus belle, plus importante, plus privilégiée. Surtout lorsque le garçon en question est d'une attirance magnétique. Mais ses yeux chocolat me ramènent rapidement à la réalité. Ils me rappellent ceux de Shawn, celui qui s'approprie doucement mon cœur.
— Moi c'est Austin, rigole le blond voyant que mon silence est synonyme de malaise.
— Et moi c'est Mélanie, réponds-je après une courte hésitation.
L'australien entrouvre les lèvres pour me dire quelque chose, mais Shawn vient couper notre discussion. Il vérifie que je n'ai rien et s'excuse de m'avoir bousculé un peu trop fort. Il fait comme si Austin n'existait pas, lui tournant délibérément le dos.
— Il fallait le dire que tu avais déjà quelqu'un, je ne suis pas un briseur de couple, dit-il en retournant avec son groupe d'amis un peu plus loin.
— Qu'est-ce qu'il te voulait ? m'interroge Shawn une fois Austin parti.
— Rien de méchant si ça peut te rassurer. Tu n'étais pas obligé de le faire fuir en l'ignorant comme tu l'as fait.
— Je ne l'ai pas ignoré, se défend-il avec une petite moue qui le trahit.
— Tu lui as mis un vent magistral.
— Tu crois que j'ai décoiffé ses beaux cheveux de surfeur devant lesquels tu bavais ?
— Ne dis pas n'importe quoi, le frappé-je gentiment. Je préfère les bruns tu le sais, je te l'ai déjà dit quand on était au Japon.
Ses deux perles de chocolat ne me quittent plus, j'en profite pour les dévorer avec envie. Il n'y a pas à dire, les yeux de Shawn sont bien plus séduisants que ceux d'Austin. Ils dégagent une dangereuse attraction. Je pourrais facilement y succomber si je ne retrouvais pas cette similitude entre l'apparence de Shawn et celle de Brent. Les deux ont des yeux noisette qui peuvent transpercer notre âme, une mâchoire carrée sur laquelle on aimerait laisser une pluie de baisers, des lèvres légèrement rosées d'une tentation exquise et des cheveux bruns désordonnés.
Regarder Shawn avec des yeux amoureux revient à sans cesse me rappeler ma plus grande déception sentimentale. L'attirance que j'ai pour lui gagne du terrain en moi, décuplant cette sensation de me revoir avec Brent il y a deux ans. Lui et moi, face à face à l'aéroport. Je lui dis au revoir dans une longue étreinte amicale que je finis par amèrement regretter lorsqu'il passe le contrôle de sécurité.
— Shawn je...
— Non ne dis rien, me coupe-t-il d'un sourire triste. Je ne veux pas que tu te perdes dans des excuses alors que tu n'as pas à le faire.
— Je suis désolée, dis-je tout de même. Je n'ai que de l'amitié à offrir.
— Et ça me va du moment qu'à toi aussi ça te va.
Je lui accorde un timide sourire et replace une mèche derrière mon oreille. Le fait qu'il se montre si compréhensif me touche. Cela me permet de ne pas agir trop bizarrement en sa compagnie, de garder l'incroyable amitié qui nous lie. Et c'est parce que je ne veux la perdre que je m'interdis de tomber amoureuse de lui. Je ne dois pas faire la même erreur qu'avec Brent en laissant l'amour s'installer dans une relation déjà parfaite.
— En revanche promets-moi de ne pas te priver. Ce n'est pas parce que tu as eu une mauvaise expérience que les futures le seront forcément. J'en ai eu aussi, tout le monde a connu des galères sentimentales, mais il faut avancer.
Je sais qu'il a raison et j'essaie de passer à autre chose depuis très longtemps, mais le passé finit toujours par me rattraper. C'est la seule relation sur laquelle je n'ai pas encore su tirer définitivement un trait. Naïvement, j'ai cru que Shawn pourrait m'y aider. Cependant, réaliser que mon cœur battait finalement pour quelqu'un similaire à Brent m'a fait douter. Et si je projetais l'amour impossible que j'ai eu pour mon ami sur le canadien ? Peut-être n'ai-je aucun véritable sentiment pour lui ?
— Je ne peux pas avancer avec quelqu'un qui me rappelle Brent, avoué-je sans pouvoir me retenir.
— Attends, tu me repousses parce que je ressemble à ton pote ? me demande-t-il choqué.
— Physiquement et mentalement vous avez certaines similitudes troublantes.
— Tu n'as pas répondu à ma question, s'impatiente-t-il les bras croisés sur son torse.
— Shawn, c'est compliqué.
— On dit souvent ça quand on ne veut pas avouer la vérité. Je suis compréhensif sur ta situation alors tu pourrais au moins te montrer honnête avec moi.
Ses yeux suppliant me conjurent de répondre à sa question, je capitule. Dans un long soupire, j'hoche positivement la tête. Il s'apprête à répliquer avant qu'une voix rauque et masculine l'appelle soudainement. Je ne connais pas cet individu, mais Shawn semble heureux de le voir.
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Trailer chapitre 27 :
"Moi : "Mais comment tu vas faire pour le concert ?"
Shawn : "On va s'arranger parce qu'on est une équipe. Comment t'as pu croire qu'on t'aurait renvoyé chez toi sérieux ?"
Moi : ma tête enfouie dans son torse. "Parce que c'est écrit dans le contrat."
Shawn : "On s'en fou de ce contrat, t'es une des notre.""
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Pour information nous sommes à la moitié de l'histoire sur ce tome et comme j'ai fini de l'écrire, je peux poster la suite n'importe quand sauf que j'aime faire un chapitre par semaine alors là c'est exceptionnel qu'il y en est autant en si peu de temps. Les prochaines fois où j'en posterai deux jours de suites ce sera quand on passera la barre des 3k puis 4k, 5K,...
Je dédicace ce chapitre à mon frère, le Shawn low-cost français qui a 14 ans aujourd'hui 😂❤️
Sinon merci de continuer à suivre cette histoire, je vous aime ❤️❤️
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