Jour
Un jour de juillet
Moi, Carlos, Le petit Charlie
Trois silhouettes sur le bitume
Tracées à l'encre
On avance.
Un seul homme gonflé de fierté et de testostérone,
Un seul homme à peine assez homme pour sortir du lit sans l'appréhension de l'accident
De la blague de trop
Du nez en moins,
De la terreur des caïds de la rue à peine plus pileux que le vieux bichon de la vieille folle du coin de la rue du Jannie's.
La veste en cuir sur le dos
La veste chinée refilée par l'inconnu
La veste a déjà une histoire
La veste
Cette veste
Elle écrit la mienne
La trace de son son grain dur,
Comme une trace de charbon sur la porcelaine,
Une tâche de cambouis sur une robe neuve.
La teinture couleur de sang séché
Phosphène parmi les autres moucherons bandés de peaux
Ces adolescents aux cheveux gominés
Soigneusement repassés par le peigne les samedis midi
Les cheveux qui luisent, qui suintent de partout
Ça pique les yeux
Ça glisse.
Moi, Carlos
On marche devant.
Le petit Charlie suit
Il trotte
Presque trop fier
Quatorze résonne à soixante-cinq pour lui
Le petit Charlie
C'est mon frère
Il trotte.
Un jour de juillet.
La transpiration sous le coton des débardeurs
Sous les jeans.
Les bottent qui claquent.
Un homme avance
La rue autour se dessine
On dirait une rue de feuilleton
La laverie, le drugstore, le Jannie's Cafe rien ne manque tout est là tout que c'en est presque incensé ridicule de se retrouver là sous les trente-cinq degrés de la pauvre ville de province qui nous habite tous.
On le sait nous
Ça fait longtemps que c'est la ville qui nous habite
Pas l'inverse.
Rien ne bouge.
Rien n'a bougé depuis que la ville a ce qui fait
d'elle une ville décente – La laverie, le drugstore, le Jannie's Cafe –
Rien ne bouge sauf les centimètres qui montent sur les jambes des gosses qui naissent et meurent ici
Rien n'avait bougé avant nous
Soixante-cinq est un coup de marteau porté aux assiettes accrochées sur les murs de nos cuisines vétustes
La porte du Jannie's Cafe s'ouvre.
On entre.
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